Les occasions de voir les Prisoners en live se font rares. Si certains chanceux ont pu les apprécier en concert en août dernier, il faudra attendre février 2026 pour les voir à nouveau fouler les planches d’une scène. Il est heureusement toujours possible d’écouter et découvrir leurs différents albums. Et à ce jeu-là, la compilation Hurricane offre une superbe entrée en matière à cet excellent groupe britannique. D’abord publiée en 2004, en CD, par Big Beat/Ace, le label suédois Busy Bee Production s’est chargée d’en faire un compendium vinyle l’année dernière. Hurricane perd dix morceaux mais certainement pas la joie que procure ce groupe, à travers cette sélection au cordeau. Piochée dans les différents singles et albums du groupe, Hurricane propose une expérience d’écoute enthousiasmante, et les excellents Prisoners n’y sont évidemment pas étrangers. Continuer la lecture de « The Prisoners, Hurricane (Busy Bee Production) »
Catégories festivals
Babehoven, UTO, Flora Hibberd : 3 groupes à voir au festival Les Femmes s’en Mêlent

Depuis le 30 octobre et pour trois semaines encore, le festival Les Femmes s’en Mêlent sillonne la France – une quarantaine de dates pour une trentaine de villes tout de même –, avec une programmation forcément très fournie, mettant à l’honneur des musiciennes indépendantes d’ici et d’ailleurs. Bientôt 30 ans d’existence pour ce festival qui, parce qu’il s’étire sur plusieurs semaines, se fond durant tout l’automne dans le paysage musical, par des concerts qui ponctuent nos quotidiens. Au-delà des « têtes d’affiche » américaines de cette année (on reste quand même dans l’indé, hein) que sont les géniales Frankie Cosmos et Automatic, on voulait vous conseiller trois concerts à ne pas manquer dans les jours à venir.
Deux places sont à gagner pour l’un d’entre eux en envoyant un mail à section26popmoderne@gmail.com
Catégories blindtest
Blindtest : Steve Gunn

Dans la liste des choses qui mériteraient d’être enseignées dans les écoles de journalisme, l’interview blindtest à distance en visio via google meet figure assez bas. Chaotique dans sa mise en place, douloureuse à retranscrire, elle ne délivrera un résultat publiable qu’à la seule condition de trouver un candidat exceptionnellement érudit, motivé et patient. Quelqu’un comme Steve Gunn – et si possible Steve Gunn lui-même. Contacté quelques heures avant son concert la St Matthias Church de Londres, étape de sa tournée automnale (qui a évité la France), l’Américain a pendant près d’une heure fait honneur à sa réputation de mélomane sans foi ni loi, qu’aucun obstacle – ni la chaîne des compressions digitales, ni la piètre connexion due à l’épaisseur des murs paroissiaux, ni l’éclectisme piégeux d’une sélection comprenant Hermeto Pascoal et les Dead Milkmen – n’a pu décourager. Une fois échauffé, il a même formulé quelques jolies pensées sur la musique qu’il aime, la musique qu’il joue et les dialogues qui se nouent entre l’une et l’autre, depuis son adolescence hardcore jusqu’à l’ascèse ambient-folk de ses deux derniers albums (l’instrumental Music for Writers paru le 15 août 2025 et Daylight Daylight le 7 novembre). Parfois, une interview mal préparée ne fait pas un mauvais papier. Continuer la lecture de « Blindtest : Steve Gunn »
Catégories documentaire
« Lenoir en questions » de Anne Kuhn et Jean-Baptiste Erreca

Il y a quelque temps, en relisant des extraits d’un livre que j’avais rangé depuis trop longtemps au fin fond de ma bibliothèque, j’ai (re)découvert une phrase parfaite, ou plutôt une phrase que j’ai trouvée parfaite car elle disait en peu de mots exactement tout d’un de mes groupes de chevet – et même, sans doute, de la majorité des disques de ma discothèque : “Cette musique ressemblait parfois à de petits morceaux de cristal colorés et, quelquefois, c’était la chose la plus douce, la plus triste qu’on pût imaginer”. C’est Carson McCullers qui écrit cela dans le magnifique Le Cœur Est Un Chasseur Solitaire paru en 1940 – et plusieurs semaines après, je trouve toujours qu’elle résume à merveille les chansons de The Apartments, d’hier mais surtout d’aujourd’hui. Et quelques autres, donc. Continuer la lecture de « « Lenoir en questions » de Anne Kuhn et Jean-Baptiste Erreca »
Catégories chronique réédition
Anne Laplantine, Partons pour tu (Frissons)

« Ça marche ? »
Anne Laplantine est une figure légendaire quoique toujours discrète qui a hanté le début du XXIe siècle : musicienne de l’ombre, elle a produit un certains nombres d’artefacts (cassette, vinyle, CD) sur plusieurs maisons de disques plus ou moins visibles. Avec cette façon de ne jamais être là où on supposait qu’elle soit : entre une synthpop en français bizarre, des piècettes lo-fi cubisto-brutes, et les instrumentaux électro 80s enregistrés – on imagine – sur ordi ou sur 4-pistes, elle a convaincu des marques qui avaient plutôt le vent en poupe : que ce soit à l’étranger chez les Allemands de Tomlab, ou que ce soit chez les Parisiens de Gooom Disques. Elle a aussi croisé ses compositions avec le top du pointillisme pointu, le trouvère folktronic Momus pour une pièce magnifique, Summerisle et joué avec quelques masques, comme une protection supplémentaire (alias Michiko Kusaki par exemple), l’amenant à être écouté plus en dehors du pays qu’ici même (de l’Allemagne au Japon en passant par les États-Unis). Le truc, c’est que si on l’avait un peu perdue de vue, elle n’a jamais arrêté, continuant d’œuvrer sur des cellules avant-gardistes cassettophiles Tanzprocess ou Midi Fish. Continuer la lecture de « Anne Laplantine, Partons pour tu (Frissons) »
Catégories documentaire
« Pauline Black : A 2 Tone story » de Jane Mingay

Programmé lors du festival de documentaires musicaux de Bordeaux, Musical Écran, le film consacré à Pauline Black, chanteuse de The Selecter, révèle une figure atypique et offre un visage original de l’explosion du ska two-tone en Angleterre. Il retrace surtout le destin d’une femme noire au sein de la pop culture — une dimension souvent occultée. Le ska two-tone connaît un regain d’intérêt. En tout cas, il se patrimonialise avec succès. Série télé, documentaire sur Madness sur Arte, livre sur Terry Hall… Ce courant dit revival, né à la fin des années 70 dans la traînée de poudre du punk, ne se résume plus à un simple sous-genre, une hybridation entre l’héritage jamaïcain et la culture british. Il a acquis ses lettres de noblesse dans la discographie idéale du streaming triomphant. Continuer la lecture de « « Pauline Black : A 2 Tone story » de Jane Mingay »
Catégories documentaire
« S/He Is Still Her/e » de David Charles Rodrigues

Le film sur la musique est un genre singulier, tant il est délicat de discerner ce qui constitue ses spécificités. Déterminer un langage formel qui lui serait propre est souvent une tâche complexe. Par exemple, les travaux d’Anton Corbijn ou de Marie Losier réinvestissent à leur manière les codes du documentaire, en réinterrogeant ce qui constitue son matériau – le réel, en l’occurrence ici la musique, est saisi par une logique de mise à distance et via un détour par la fiction notamment. Autrement dit : une pratique qui s’assume comme un art de l’image, avec ses codes et son esthétique spécifiques. Mais les limites de ce type de film apparaissent aussi très souvent, cantonnant nombre de propositions dans le domaine du traitement journalistique, dans celui du reportage. Continuer la lecture de « « S/He Is Still Her/e » de David Charles Rodrigues »
Catégories documentaire
« Paul Di Anno, Iron Maiden’s Lost Singer » de Wes Orshoski

En de nombreuses occasions, un peu pour le plaisir de faire chier mais surtout parce que je le pense vraiment et sincèrement, il m’arrive d’inclure une ou deux saillies d’Iron Maiden première période dans ma liste des meilleurs morceaux post punk de tout l’étang. Prowler, Running Free, Women In Uniform, Iron Maiden, Drifter, Wratchild (une ligne de basse introductive à faire caguer JJ Burnel et Peter Hook de concert), Killers (chédeuvrabsolu, dans le genre les Allemands ont essayé de tuer nos parents pendant quatre longues années, seul le Section 25 de The Beast – Matrixmix —, sorti 6 mois plus tard, est à niveau), Purgatory, n’en jetez plus. Continuer la lecture de « « Paul Di Anno, Iron Maiden’s Lost Singer » de Wes Orshoski »
Catégories documentaire
« Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane » de Michael Mabbott et Lucah Rosenberg-Lee

Le téléphone retentit, une femme réagit incrédule : « …but who is Jackie Shane ? » — cut — dans l’effervescence obscure d’un cabaret de Toronto des années 1960, une voix chante, s’éraille et harangue au milieu des clameurs du public… le décor est planté, la question est désormais brûlante : qui est donc la belle inconnue ? C’est Jackie Shane, chanteuse noire transgenre dont l’existence constitue une intrigue fascinante pour certain·es et un véritable culte d’adoration pour d’autres — « I opened for Etta James, The Drifters, Marvin Gaye, The Temptations… » — qui crève l’écran dans Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane, signé Michael Mabbott et Lucah Rosenberg-Lee, un documentaire-biopic qui tente de la ressusciter par fragments, par invention nécessaire, transformant une absence en une présence qui demeure, spectrale. Continuer la lecture de « « Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane » de Michael Mabbott et Lucah Rosenberg-Lee »
Catégories documentaire
« Butthole Surfers, The Hole Truth and Nothing Butt » de Tom Stern

Bien avant Primal Scream et un peu au même moment que New Order, le groupe Texan ZZ Top a su lui aussi faire un salutaire rapprochement entre la musique rock et la techno. J’espère que tu as bien de l’urticaire à lire ceci. Sauf que c’est rigoureusement vrai. Eliminator est sorti le 23 mars 1983, soit à peine 4 mois après Thriller de Jacko et précisément 16 jours après Blue Monday. Mais tu dois foncièrement te dire que le Texas c’est sympa comme tout et que ces sympathiques chantres du heavy blues aux systèmes pileux revendiqués ne sont finalement que la partie un peu fun d’un état rétrograde et miné par un conservatisme rural arriéré. Je pense, mon petit bonhomme que tu n’es pas au bout de tes peines. Continuer la lecture de « « Butthole Surfers, The Hole Truth and Nothing Butt » de Tom Stern »
Catégories sous surveillance
Sous Surveillance : Hey! Music

Qui ?
Margosha : guitares, voix, theremin, synthé
Oliver : batterie, voix
Nico : bouzouki, basse, voix
Paule : synthé, voix
Wannès : violon, basse, voix
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Catégories Chronique en léger différé
Slow Leaves, In Solitude, For Company (Birthday Cake Records)
Je n’écris pas de chansons tristes, j’écris des chansons sur la solitude. Je crois que c’est à partir de ce moment là, quand j’ai lu ces mots, ces mots qui m’ont parlé, que j’ai définitivement chaviré et que j’ai plongé tout entier dans les 14 titres de In Solitude, For Company de Slow Leaves, le projet de Grant Davidson, un musicien canadien qui vit à Winnipeg. Après trois albums réalisés avec un budget très limité sous son propre nom, a fait ses débuts sous le nom de Slow Leaves en 2014 avec Beauty Is So Common, suivi de Enough About Me (2017), Shelf Life (2020), Holiday (2021), Meantime (2023) et enfin, In Solitude, For Company (2025). La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment et pour qui aime la musique, pour qui aime les voix douces, pour qui aime ces guitares d’un autre temps, pour qui aime, tout simplement, ce disque est un miracle. Il y a quelque chose qui bouleverse et qui bouleversera ceux qui accepteront de se laisser emporter par ces chansons dépouillées – une voix, une guitare – mais tellement riches – de mélodies discrètes, de mots justes -. Continuer la lecture de « Slow Leaves, In Solitude, For Company (Birthday Cake Records) »
Catégories mardi oldie
The Cure, The Head On The Door (Fiction / Polydor, 1985)
Ah c’est déjà fini ?
Profitant d’un abrutissement dit du nouveau variant (je me retape un Covid) je me suis permis de me retaper aussi un joyau de l’adolescence, The Head On The Door, paru le 30 août 1985 soit il y a, oui, quarante ans. Et si je suis encore amusé voire sidéré par un certain nombre de choses, c’est surtout sa brièveté qui m’étonne aujourd’hui. Trente-sept minutes et quarante-sept secondes. Qui passent en fait comme un quart d’heure bien agencé d’une convers(at)ion en bonne et due forme. Pour les puristes, fort marris de voir leur groupe chéri au Top 50, une purge, une trahison communautaire. Pour les nouveaux venus, que les autres appelleront bile en tête curistes* une véritable porte d’entrée vers quelque chose de plus important. C’est un disque de réconciliation, de concorde nouvelle, d’un nouveau départ. Continuer la lecture de « The Cure, The Head On The Door (Fiction / Polydor, 1985) »
Catégories chronique nouveauté
The Autumn Defense, Here And Nowhere (Yep Roc Records)
Il y a ces deux albums publiés à quelques semaines d’intervalle, coup sur coup, mais tellement différents. Difficile pourtant de résister à la tentation comparative puisqu’ils apparaissent simultanément comme deux surgeons d’un des groupes américains les plus importants du début de ce siècle. Twilight Override de Jeff Tweedy est un triple album – ce seul constat factuel pourrait fort bien suffire à écluser le sujet – rempli jusqu’à saturation des fragment d’introspection sur l’état dramatique de l’époque et d’ébauches musicales capturées sur le vif, dans une forme de profusion éclectique et d’inachèvement spontané qui n’exclut ni les coups de génie, ni les fausses pistes. Here And Nowhere de The Autumn Defense – ce groupe formé il y a vingt-cinq ans par John Stirratt et Pat Sansone, en marge de leurs activités d’instrumentistes au sein de Wilco – contient tout simplement onze chansons douces, mélodieuses, arrangées avec soin et classicisme, qui parlent le plus souvent de l’amour et du temps qui passe. Toute honte bue, je crois que j’éprouve davantage de plaisir à écouter – et même réécouter trois fois de suite, pour rééquilibrer la balance – le second. Continuer la lecture de « The Autumn Defense, Here And Nowhere (Yep Roc Records) »
Catégories playlist
LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS D’OCTOBRE 2025

A l’heure ou on se réfugie chez soi, cette sélection automnale a tout pour nous réconforter. Un nouveau Stereolab, beaucoup d’artistes qu’on suit depuis quelques temps (Ulrika Spacek, Peel Dream Magazine, Courtney Barnett, Tony Molina, U.S. Girls, Oneohtrix Point Never), des retours en flamme (eat-girls, Galán) et quelques belles découvertes (Snocaps, Gloubiboulga, They Are Gutting a Body of Water), de quoi patienter avec sérénité en observant le monde s’écrouler.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify.
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Catégories interview
Studio Electrophonique : « Je voulais tenter autre chose »

Dans un monde où tout va à cent à l’heure, il n’est pas nécessaire de convaincre James Leesley, seul maître à bord de Studio Electrophonique, que prendre son temps peut rendre nos existences plus riches. Avec seulement vingt-deux titres publiés en sept ans, Leesley a pourtant réussi à s’imposer comme un des songwriters les plus singuliers de sa génération avec une musique minimaliste, flirtant parfois avec le lo-fi, mais avec une vision forte et des idées bien arrêtées. Pour preuve, ce premier album éponyme enregistré sur un huit pistes avec du matériel trié sur le volet qui est accompagné de vidéos somptueuses tournées en système D. Continuer la lecture de « Studio Electrophonique : « Je voulais tenter autre chose » »
Catégories portrait
Inclassable Misha Panfilov

La procrastination et la dérive au gré des plates-formes de streaming peut parfois mener à des contrées enchantées dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Alors que je suivais nonchalamment le courant de l’algorithme, je me suis ainsi tout récemment retrouvé sur l’île merveilleuse de Misha Panfilov, multi-instrumentiste surdoué, aussi prolifique qu’inspiré. Dans la vraie vie ce petit génie estonien qui réside au Portugal n’a cessé de sortir des disques à un rythme frénétique, sans pourtant que la qualité de ses productions n’en soit le moins du monde affectée. Continuer la lecture de « Inclassable Misha Panfilov »
Catégories chroniques
The Beths, Straight Line Was A Lie (Anti-)
Aujourd’hui, partons à l’autre bout du monde, quelque part dans la mer de Tasman aux confins du Pacifique. Ce mystérieux pays gagne régulièrement la coupe du monde de rugby à notre détriment. Nous sommes à Auckland, la plus grande ville de Nouvelle Zélande à la découverte de The Beths. Si nous connaissons historiquement la scène du Dunedin Sound (The Bats, The Verlaines, The Chills, The Clean etc.), finalement assez peu de groupes actuels nous parviennent. En plus de The Beths, mentionnons tout de même, ces vingt dernières années, les D4, Datsuns, Unknown Mortal Orchestra et les excellents Salad Boys (Trouble In mind). Continuer la lecture de « The Beths, Straight Line Was A Lie (Anti-) »
Catégories hommage
Soft Cell, beauté osée

Soft Cell, au casque, en arpentant à grandes enjambées la nuit un peu morne d’une ville un peu fade. La rue se voudrait moderne et fun, cool, insouciste, égoissive et jouissante. A cet instant, abandonnée au ressac sans fards de sa réalité revenue avec la nuit, elle n’est que le décor parfait de cette expérience urbaine presque pure, en tous cas intense.
Chorégraphiés par le pulse idéal de machines motownisées avec autant de talent que d’amour, mes pas parcourent la série de fantaisies synthphoniques cruciales qui déploient en moi, une nouvelle fois, leur électricité lyrique, leurs synthèses romantiques. Continuer la lecture de « Soft Cell, beauté osée »
Catégories chronique nouveauté
Alex G, Headlights (RCA Records)

Deux mois, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour digérer le nouvel album de celui dont je pensais ne jamais pouvoir être déçue ; car je crois que c’est de la déception que j’ai ressentie cet été en écoutant le reste de Headlights. Les singles parus les semaines précédentes – Afterlife et June Guitar en particulier – m’avaient fait l’effet habituel lorsqu’il s’agit d’Alex G : déroutants d’abord, puis obsédants ensuite. Mandoline, banjo, accordéon, le folklore organique de Rocket (2017) était là, les effets de voix et autres bizarreries de House of Sugar (2019) ou God Save the Animals (2022) aussi, le tout dans une énergie accrocheuse.
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Catégories sunday archive
Playlist : Tous les chemins mènent à Saint Etienne

Je l’ai déjà maintes fois dit / écrit / crié : Saint Etienne reste pour moi l’incarnation même de l’une des plus grandes injustices de l’histoire de la pop – moderne ou pas –, en particulier dans nos contrées, où leurs disques ont le plus souvent été accueillis dans une indifférence polie (oui, même le fameux Saint Etienne Daho de 1995) alors que sincèrement, ces gens-là ont écrit plus de singles que tous leurs contemporains réunis. Surtout, ils ont aussi mené leur barque comme ils auraient voulu que leurs groupes ou artistes favoris mènent la leur. Alors, ils ont laissé certaines de leurs compositions entre les mains d’artistes dont ils étaient fans, renoué avec les traditions de singles de Noël et des compilations offertes aux membres du club de fans ; ils ont continué d’imaginer des structures épatantes pour produire des groupes chers à leur cœur (Icerink, Royal Mint, Emidisc), composé pour (ou remixé) d’autres, offert des chansons à des petits labels le temps de 45 tours vinyle précieux – à une époque où le mot même de « vinyle » était banni. Alors voilà, plutôt que de résumer tout cela en décalquant l’une des compilations consacrées à ce trajet exceptionnel (mention spéciale pour London Conversations), j’ai préféré piocher parmi ces titres qui font d’ordinaire le bonheur des collectionneurs. Pour mieux illustrer, non sans une pointe de prétention, le talent de Bob Stanley, Pete Wiggs et Sarah Cracknell, responsables de la bande originale rêvée de tous ceux qui pensent qu’une seule chanson peut changer le cours d’une vie.
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Catégories interview
Saint Etienne, le dernier disque du reste de leur vie

C’est toujours la même histoire depuis quelque temps déjà… Se souvenir de la première fois. De la première fois où l’on a découvert tel groupe, tel disque, telle chanson. Parfois, ledit souvenir est clair, limpide et ramène à un lieu, un jour tellement précis qu’on a l’impression de pouvoir revivre l’instant. Parfois, il a été comme effacé de la mémoire, sans raison particulièrement valable. Et sans doute encore moins valable lorsqu’il s’agit de Saint Etienne, tant c’est l’un des groupes qui a beaucoup compté dans ma vie professionnelle (les années Mushroom, les premières piges pour Rock & Folk, la naissance de la RPM) et la vie privée (nous y reviendrons – enfin, peut-être), tant il a accompagné la dernière décennie du XXe siècle presque au quotidien et les premières années du XXIe siècle sur un rythme presque identique. Continuer la lecture de « Saint Etienne, le dernier disque du reste de leur vie »
Catégories selectorama
Selectorama : Robert Scott (The Bats)

Avec Corner Coming Up, somptueux nouvel album de The Bats – en rupture de stock le jour même de sa sortie -, Robert Scott confirme qu’il est bien ce diamant brut dont le passage du temps n’aura jamais terni l’éclat. Bien rare sont les musiciens qui, comme lui, peuvent se targuer d’avoir été membre de deux groupes majeurs, quand il est déjà assez glorieux d’avoir pu l’être d’un seul. Car avant d’assurer dès 1982 le chant, la guitare rythmique et la composition au sein de The Bats, l’ami Robert était déjà depuis 1980 le bassiste des mirifiques The Clean, qu’on pourrait sans exagération qualifier de Velvet Underground néo-zélandais, tant par leur lien de parenté esthétique avec le groupe de Lou Reed que par leur influence sur toute la luxuriante scène néo-zélandaise regroupée autour du label Flying Nun, mais aussi sur la scène indie mondiale.
Nouveau : Le selectorama est en écoute en podcast ci-dessous !
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Catégories Chronique en léger différé
Bandit Voyage & Milla Pluton, Millacore (Cheptel Records)
Quand on écrit sur un disque, on commence généralement par parler du label, de l’historique, tout ça — c’est l’usage, ça marche, c’est bien. En l’occurrence, ce serait cependant mentir un peu : je ne connaissais ni Milla Pluton, ni Bandit Voyage, ni même Cheptel Records. Et puisque nous sommes à l’heure des confidences, j’avais à peine entendu parler de la Suisse, où vit tout ce monde. Ah si ! Je sais qu’un certain nombre de Françaises et Français traversent cette frontière chaque jour, quitte à se foutre dans des bouchons interminables – infirmières, contrôleuse de gestion, vendeur en prêt à porter, universitaire… j’en passe, et des meilleurs. C’est donc plutôt par hasard que je suis tombé sur cet album, en fouillant les goûts de je-ne-sais-qui sur last.fm — vous savez, ce site aujourd’hui très démodé qui enregistre, compte toutes vos écoutes. J’ai tout de suite trouvé ça superbe et, une vingtaine d’écoutes plus tard, je suis encore du même avis. Continuer la lecture de « Bandit Voyage & Milla Pluton, Millacore (Cheptel Records) »
Catégories interview, mardi oldie
Pet Shop Boys, Behaviour (Parlophone, 1990) : la frasque et la plume
Tout est parti d’une conversation impromptue, à la sortie d’un concert au printemps dernier, avec le coordinateur de ces pages, qui regrettait l’absence d’article sur les Pet Shop Boys dans les colonnes de Section26, alors que beaucoup de ses contributeurs sont fans du duo. J’ai alors réalisé que l’année 2025 coïncidait avec le trente-cinquième anniversaire de la sortie de Behaviour, un album vraiment à part dans la discographie désormais pléthorique de Neil Tennant et Chris Lowe, pourvoyeurs depuis maintenant quatre décennies d’une électro-pop aussi sensible qu’efficace, où mélodies accrocheuses et textes mélancoliques entrent en symbiose avec une élégance rare.
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Catégories chronique nouveauté
Jessica93, 666 Tours de périph’ (Born Bad Records)

« Nique sa grosse mère »
Division ruine. On avait plus qu’une intuition que la maison de disques au coq pas sportif savait y faire quand il s’agissait de solder les comptes du passé. On ne parle pas ici des compilations rétrospectives qui jalonnent la discographie de Born Bad avec un aplomb après-nous-le-déluge, mais de cette volonté écrite à l’encre sympathique d’essayer d’encapsuler un genre plus ou moins issue de la sauvagerie et de la liberté des sous-sols punks et associés des 20 dernières années. Ce non-mouvement a fait déferler depuis Metz, disons, et sur tout le pays des hordes de groupes sans lendemain mais aux disques importants suivis par des aventures plus ou moins solo picaresques (Marietta, Usé, Ventre de Biche, Heimat, Zad Kokar, Theoreme….), avec certains déjà pris dans les filets (de sécurité). Continuer la lecture de « Jessica93, 666 Tours de périph’ (Born Bad Records) »
Catégories selectorama
Selectorama : Vanille

Après les excellents Soleil ’96 (2021) et La Clairière (2023), la chanteuse québécoise Vanille (Rachel Leblanc) revient avec un troisième album intitulé Un chant d’Amour, toujours sur le label Bonbonbon. Entourée de Christophe Charest-Latif ainsi que de Julien Comptour, Philippe Noël et Christophe Rosset-Balcer, Vanille s’est inspirée de la sunshine pop qu’elle apprécie tant. Pour Section26, elle a accepté de nous proposer une sélection de chansons qui l’ont inspirées ou parmi ses favorites dans le genre. Voici donc dix merveilles des sixties, sélectionnées avec Amour par Vanille, autant d’occasion de redécouvrir cette grande période musicale dont le souvenir s’éloigne à mesure que ses participants tirent leur révérence. Cette musique reste pourtant d’une fraîcheur et d’une puissance évocatrice unique comme en témoigne les choix avisés de Rachel Leblanc dont on attend aussi l’album avec impatience.
Nouveau : Le selectorama est en écoute en podcast ci-dessous !
Catégories sous surveillance
Sous Surveillance : Vérité Synthétique

Qui ?
Où ?
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Catégories chronique nouveauté
The New Eves, The New Eve Is Rising (Transgressive/Proper/Berthus)
Déjà repérées il y a plusieurs mois sur la foi d’une très belle proximité avec quelques révolutions new-yorkaises pré-punk de pas beaucoup, The New Eves de Brighton sortent enfin leur premier album. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas le disque le plus agréable du moment, mais il n’est pas là pour ça. Et puis en fait il l’est souvent, agréable, mais surtout parce que corrosif, vital, essentiel, inspirant, déraisonnable et inspiré. Un vrai jeu de piste entre la déraison et la beauté. On sort les références importantes dans deux minutes, soyez patient.e.s un peu, merde. Continuer la lecture de « The New Eves, The New Eve Is Rising (Transgressive/Proper/Berthus) »
Catégories billet d’humeur
De l’avenir

Certains l’auront remarqué, d’autres sans doute pas, nous avons mis notre site en pause depuis début octobre. Une rentrée particulièrement difficile, on le voit et on le lit partout, et qui nous concerne aussi, à notre échelle. Le premier constat évident, près de huit ans après le début de notre aventure collective, est que nous avons changé. Nous avons vieilli, la pop moderne a évolué, les usages d’écoute de musique aussi. Que faut-il déduire de tout cela ? L’équipe historique, celle de la RPM, partage toujours ses passions musicales. Avec parfois un peu plus de ferveur en ce qui concerne celles qui ont traversé le temps, ces groupes ou artistes qui sont aujourd’hui notre patrimoine. Sur une autre note, depuis nos débuts, on a eu très à cœur d’accueillir de nouveaux venus, qui ont chacun à leur manière réussi à ouvrir le champ des découvertes. Somme toute, une histoire qui résume l’avancée en âge de tout média qui s’attache à évoluer au fil de son existence. Nous avons interrogé en interne l’engagement de nos auteurs, mais la question qui se pose est aussi un peu plus vaste. Comment évoluer et continuer à toucher un public, même de niche, quand la recommandation musicale passe par les algorithmes, au moment où la critique musicale se limite à une story sur les réseaux ? A-t-on réellement encore le temps et l’envie de lire du texte à l’heure où nos cerveaux sont mitraillés de vidéos sur les réseaux et d’informations sur les médias ? Une amie me disait récemment que nous sommes épuisés par notre époque, et il y eu un véritable tournant au moment de la pandémie. C’est sans doute vrai, et cela explique surement en partie nos doutes. La seconde question vous concerne. On échange souvent, dès que vous le souhaitez, sur le site ou sur les réseaux. On vous rencontre de visu lors des concerts ou autres évènements, mais ces moments sont informels, on ne sait pas précisément ce qui anime votre lien avec la musique. Alors oui, on vous engage à vous manifester, à nous dire si ce qu’on vous propose vous convient toujours. Est-ce que la critique musicale a toujours du sens en 2025 ? Est-ce que l’on doit prendre d’autres chemins pour vous parler de musique ? Une chose est certaine, nous n’avons pas fini d’avoir envie de vous partager nos coups de cœur, éternels ou récents. On vous laisse même le choix de nous contacter si vous avez envie de nous rejoindre. Et d’ici là, nous reprendrons le cours de nos publications, en espérant que ces lignes auront sollicité votre écoute, et on l’espère, vos réactions. (TS)
Catégories mardi oldie
Les Roche Martin, Id (Warner Music France)
Petit événement pour les amateurs de pop ouvragée des années soixante : enfin une réédition des Roche Martin ! Nous étions nombreux à l’espérer. Les deux EPs de 1967 ne viennent pas seuls, mais accompagnés d’inédits. Pour la répartition, Warner a fait simple en choisissant de publier les huit titres déjà existants en 45 tours en face A et les dix nouveaux de l’autre coté. Si le nom de Roche Martin a échappé a beaucoup d’entre vous, ses membres devraient, en revanche, vous parler davantage. Nous y retrouvons en effet François Bernheim et les sœurs Violaine et Véronique Sanson. Continuer la lecture de « Les Roche Martin, Id (Warner Music France) »
Catégories chronique nouveauté
Jemima, Even the Dog Knows (All Night Flight Records)
La découverte d’un nouveau disque est toujours une expérience contradictoire : partagée entre l’immédiateté de l’affect et une logique plus oblique, mobilisant un savoir référencé typique de l’érudit-pop. C’est précisément ce qui se produit avec Even the Dog Knows du duo londonien Jemima. On pense aux influences post-rock et avant-folk/lo-fi – Movietone, Palace ou encore Gastr del Sol constituent d’évidents points d’ancrage. Des titres comme What is it ou Coming Over nous projettent en terrain connu : boucles arythmiques et vacillantes, guitares éthérées et collages sonores bancals contribuent à une esthétique folk soustractiviste, qui n’est pas non plus sans rappeler les travaux hypnagogiques typiques de The Caretaker. Continuer la lecture de « Jemima, Even the Dog Knows (All Night Flight Records) »
Catégories playlist
LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE SEPTEMBRE 2025
Si on s’attache souvent à dégotter le plus souterrain et le moins convenu, la moisson saisonnière commence cette fois par un groupe qu’on n’imaginait pas forcément trouver dans nos pages. Un signe qu’on n’est jamais définitif avec nos goûts, et qu’il y a toujours des choses à (re)découvrir, avec l’envie d’élargir et de renouveler notre passion pour une musique amplifiée et indépendante qu’on ne prend plus vraiment la peine de catégoriser. Écoutez, vibrez, partagez… (TS)
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify.
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Catégories chronique nouveauté
Joanne Robertson, Blurrr (AD 93)
Là où le champ de l’expérimental rejoint l’immémorial folk : un ode, un node, un nœud — là au fond de la gorge qui prend aux tripes mammifères où le reptilien ne sait plus s’il est poule ou œuf — c’est un nouvel album de Joanne Robertson qui apparaît en plein mois de septembre. Elle est là. Là derrière sa guitare et son écho, deux spécificités rien qu’à elle. À cet endroit précisément Joanne Robertson trace un trait. Une ligne d’horizon au lointain mais qui vient nous susurrer des émotions primordiales, ouatées. Blurrr le dit très bien dans son nom, c’est une masse floue, qui ronronne, mieux encore : qui déroule, enroule, empoigne. Robertson nous laisse là le temps — un luxe — d’entrer dans la chimie du son de la guitare, dans la métaphysique chordiale. Continuer la lecture de « Joanne Robertson, Blurrr (AD 93) »
Catégories mardi oldie
Las Grecas, Gipsy Rock (CBS, 1974)
Te Estoy Amando Locamente de Las Grecas est partout à la radio en Espagne en cette année 1974. Fierté de la culture cañi (gitane), la chanson est désormais un classique de la pop espagnole. Il y a quelques années, Rosalía reprenait d’ailleurs le titre dans ses concerts. Derrière cet étonnant 45 tours, les sœurs Carmela et Edelina Muñoz Barrull chantent le flamenco comme personne d’autre. Nées en Espagne, les chanteuses font leurs armes dans des fêtes espagnoles en Argentine. Après leur retour au bercail, la plus grande des deux (Carmela) chante dans un tablao, bientôt rejointe par la benjamine. Continuer la lecture de « Las Grecas, Gipsy Rock (CBS, 1974) »
Catégories borne d'écoute
Retour en grâce de Sam Fleisch

Presque une décennie sépare Nunna Daul Isunyi du nouvel album Saturnine Child, l’un sorti chez Teenage Menopause, l’autre chez Les Disques Du Paradis, un label Bordelais. Articulé autour de Sylvain Kablfleisch, Sam Fleisch a toujours cette patte ambitieuse et mélodique. Moins lofi et avant-gardiste que son premier album, Baltimore, seule chanson en écoute pour le moment, est plus revêche, mais garde ce côté cotonneux et candide qui la sublime. L’enregistrement est signé Arthur Satàn et l’album sortira sur Les Disques du Paradis.
Saturnine Child par Sam Fleish paraîtra le 26 septembre sur Les Disques du Paradis
Catégories portfolio
L’Officine du bruit
A l’incroyable 5e édition du festival francilien Frisson Acidulé, les franco-belges ont fait vriller le Cirque Electrique

On ne savait plus trop quelle heure il était, quelle saison on subissait le week-end dernier au Cirque Electrique à Paris. Les têtes de noiseux croisaient quelques vieux punks, des dégaines de skaters fanés ou d’autres sombres figures sans doute attachés à des rituels chamaniques qu’on ignore. Et les têtes connues. Parmi elles, Philippe Lévy, toujours à l’appel. On ne vous refera pas les présentations, notez qu’il nous avait offert une photo de Sprung Aus Den Wolken prise en 1991 pour l’unique édition du fanzine Mushroom il y a 8 ans, postface à qui vous savez et prequel de ce site. Il y avait aussi Victor Hamant, ce mec qui nous arrose de partout de musiques païennes, en programmant des concerts démoniaques à Metz ou en partageant des nouveautés ici-même. Grâce à lui, on a vu certains des meilleurs groupes de cette fantastique édition de Frisson Acidulé, programmée par Arrache-toi un oeil, très New Trad (coucou Vince), entre la messe Cromorne, les fées Bacchantes, les anciens The Ex ou encore Officine, trio sauvage qui n’avait aucun scrupule à nous massacrer les tympans et à nous élever dans une folie rare. Pour célébrer tout ça, un portfolio, une petite dizaine de photos signées par Philippe, qu’on embrasse au passage. Une affaire de famille tout ça. Continuer la lecture de « L’Officine du bruit »
Catégories mardi oldie
The Loft, Once Round The Fair 1982-1985 (Creation, 1988)
On devrait immensément se réjouir et frétiller de gratitude de pouvoir (enfin) assister à un concert de The Loft en 2025, le samedi 20 septembre, lors du Paris Popfest*. Parce qu’en fait cela ne tient qu’à deux singles. Mais pas deux petits singles, attention. Réunis compilatoirement bien après leur sortie, et à au moins deux reprises depuis chez Rev-OLa ou Cherry Red avec un peu plus et pour notre jeune gouverne en 1988 (j’étais en première et je ne m’en suis visiblement toujours pas remis) sous l’intitulé Once Round The Fair The Loft 1982-1985. Une citation des paroles de Up The Hill And Down The Slope, morceau toujours ahurissant dont l’incipit, « My Magpie Eyes Are Hungry For The Prize » titra également la nécessaire, quoique contestée, saga du label Creation sous la plume de David Cavanagh (rip) parue juste à l’aube du nouveau siècle. C’est dire si dans la genèse du label d’Alan McGee la jeune troupe menée par Peter Astor fait office de CNR par rapport à l’histoire officielle qui voudrait qu’à l’origine, hors les têtes de morts d’East Kilbride**, point de salut. T’as qu’à croire. Continuer la lecture de « The Loft, Once Round The Fair 1982-1985 (Creation, 1988) »
Catégories selectorama
Selectorama : SCHØØL

Ecouter ce qu’on a aimé joué par des groupes de maintenant, voilà le point de rupture pour certains qui imaginent ne pas pouvoir laisser la transmission faire son œuvre. On est forcément projeté en arrière en écoutant SCHØØL, mais ce quatuor formé par des membres d’autres groupes (Francis Mallari de Rendez-Vous, Erica Ashleson de Special Friend, Eggs et Dog Park, Jack Moase de Liquid Face et Alex Battez de Marble Arch) arrive à cristalliser l’état adolescent dans toute sa poésie émotionnelle dans ce premier album très réussi où les ballades rock font l’effet d’un scrapbook nineties illustré par quelques collages et dessins d’époque. Et cette projection dans un moment de vie fantasmé est surement le meilleur moyen d’échapper à la cruauté du moment. Comment ne pas résister au plaisir de demander au groupe quels étaient leurs fantasmes musicaux de teenagers… Continuer la lecture de « Selectorama : SCHØØL »
Catégories cover
Robert Robinson & The Connecticut River Band, Albemarle Station (Silver Jews cover)

Lorsqu’en 2019, avec l’ami Baptiste Fick, nous avons mis en chantier la compilation-hommage à David Berman, je me suis rappelé de Robert Robinson, connu alors sous le nom de Sore Eros et dont j’avais jadis chroniqué (pour un mensuel dont seul le nom a subsisté) le magnifique Second Chants (2009). Je n’avais alors aucune crainte quant à la proximité spirituelle de Sore Eros avec son aïeul, mais je demeurais bien curieux de connaître le résultat, car si on peut évidemment parler d’indie rock et de folk pour qualifier les productions de Robert Robinson, il est tout aussi certain que son art s’éloigne très souvent du minimalisme de Silver Jews.
Catégories billet d’humeur
Essentiel ? Logique !
Une brève introduction à Lora Logic, vibrante figure de l’after-punk

On devrait immensément se réjouir et frétiller de gratitude de pouvoir assister à un concert de Essential Logic en 2025, le jeudi 18 septembre, lors du Paris Popfest. C’est peu dire que Lora Logic est une femme-figure de l’after-punk (comme disent les ancien·ne·s) de haut vol, encore trop peu reconnue. Et pourtant, quel accomplissement en l’espace de quelques années (1977-82) : co-fondatrice et membre éphémère d’X-Ray Spex, que serait Oh Bondage! Up Yours! sans ce saxophone qui amorce et soutient sans faillir le courroux de Poly Styrene ?
Catégories disques rares et oubliés
Dusty Trails, id. (2000, Atlantic)
Pourquoi ? Pourquoi, un beau jour, un disque se rappelle-t-il à votre bon souvenir, presque sans crier gare, sans que l’on en sache les raisons exactes ? Pourquoi un disque que l’on a écouté sans doute plus que de raison pendant un temps plus ou moins long, puis remisé (au mieux) au fin fond de sa discothèque ou (au pire) au fin fond d’un carton sans raison a priori valable se pointe-t-il donc, accompagné qui plus est d’une foultitude de souvenirs (plus ou moins incertains) pour mieux redevenir une bande comme originale de notre quotidien ? Continuer la lecture de « Dusty Trails, id. (2000, Atlantic) »
Catégories chronique nouveauté
Thomas Pradier, Tout passe (Lunadélia)

« Les conflits m’épuisent, et me désespèrent,
chacun se pense en noyau de l’univers »
On a du mal à mettre des mots sur l’attirance qu’on éprouve pour les disques de Thomas Pradier. Depuis La nuit au ralenti qui fête ses dix ans cette année, on n’a eu un peu le temps d’y réfléchir, mais c’est toujours un peu mystérieux. Comme on a notre propre histoire, on s’est d’abord dit qu’on tenait en ce jeune homme chic un cousin au Dean Wareham de Galaxie 500, même voix un peu perchée, fragile, même poésie teintée de mélancolie et d’humour léger, mêmes obsessions velvetiennes. A force, on s’en fiche un peu de ce truc de similitudes avec les anglo-saxons qu’on a vénérés, parce qu’à l’heure de ce troisième album, on ne pense plus qu’aux chansons si personnelles du musicien toulousain. Continuer la lecture de « Thomas Pradier, Tout passe (Lunadélia) »
Catégories interview, photos
Dave Rowntree : « Mes photos racontent une histoire inédite sur Blur »

Dave Rowntree est sans conteste le membre le plus discret de Blur, mais aussi le plus surprenant. Ne se contentant pas d’une carrière dans la musique, il a en parallèle du groupe exercé le métier d’avocat. Il est également un membre actif du parti travailliste pour lequel il s’est présenté pour différents mandats, mais aussi directeur d’une société d’animation qu’il a créée. Contrairement aux trois autres membres de Blur qui sont loin d’avoir fait profil bas sur leur vie au sein du groupe, que ce soit dans la presse ou à travers des livres, Rowntree était resté plutôt discret jusqu’à la sortie cet été de No One You Know, recueil de photos qu’il a prises pendant les premières années du groupe. Plutôt que de rabâcher des anecdotes entendues mille fois, il a pris le parti de nous raconter des histoires à travers plusieurs sélections de photos évoquant les premières fois du groupe. Continuer la lecture de « Dave Rowntree : « Mes photos racontent une histoire inédite sur Blur » »
Catégories selectorama
Selectorama : Paris Popfest

A l’heure où à Paris, les lieux de concerts indie se raréfient à vue d’œil (même si Le Chinois à Montreuil a repris de plus belle hier soir, ndlr), les amateurs de pop de l’ombre peuvent toujours compter sur l’équipe infatigable de l’excellent Paris Popfest pour entretenir la flamme. Depuis plusieurs années, Joanny et Emmanuel sont parvenus à faire jouer une grande partie du gratin de l’indie pop canal historique, notamment Amelia Fletcher, White Town, 14 Iced Bears, Miki Berenyi (Lush), Lawrence, Michael Hiscock (ex-The Field Mice, The Gentle Spring), pour ne citer que les premiers me venant à l’esprit. Mais loin de tout passéisme, les deux compères n’ont jamais manqué l’occasion d’inviter les nouvelles pousses du genre, comme Jeanines, Lightheaded, Smashing Times, Roberta Lips ou nos Local Hero Eggs.
Et à voir le programme de l’édition 2025 qui aura lieu au Hasard Ludique les 18, 19, et 20 septembre prochain, on se croirait revenus au temps béni d’Indietracks, le très regretté festival anglais qui a vu passer tous les grands de l’ère C86 et leurs nombreux héritiers. A l’affiche on trouvera les valeurs sûres comme The Loft, Comet Gain, Would-Be-Goods et Essential Logic, mais aussi des formations plus récentes comme les très flyingnunesques Holiday Ghosts, les jeunes The Cords et pléthore d’autres surprises.
On ne dira jamais assez de bien des organisateurs de concerts comme Joanny et Emmanuel, sans lesquels la pop ne trouverait aucun asile et les groupes les plus cools ne pourraient venir répandre la bonne parole. Les deux éternels popkids parisiens viennent aujourd’hui nous parler de leurs chansons préférées. Continuer la lecture de « Selectorama : Paris Popfest »
Catégories chronique nouveauté
Saint Etienne, International (Heavenly Recordings)
Saint Etienne, comme j’aime le dire, c’est un arc-en-ciel musical, souvent mélancolique, parfois triomphant, par moments euphorique mais toujours optimiste. Ou alors, un cristal dont la couleur varierait en fonction de la lumière.
Écouter Saint Etienne c’est s’ouvrir à un récit qui est le leur – Sarah Cracknell, Bob Stanley, Pete Wiggs -, une récit qui est aussi devenu le nôtre – nous, les enfants de la pop moderne -, un récit qui toujours nous hypnotise, un récit qui nous intrigue par sa délicatesse, par son élégance. Saint Etienne revient avec un nouveau et dernier album – ils l’ont annoncé ainsi, ndlr -, International. J’ai réfléchi pendant des jours à ce que je pouvais en dire, j’ai d’abord écrit des choses sans grand intérêt et puis, j’ai fini par réaliser qu’il me fallait d’abord, parler des deux disques précédents, I’ve Been Trying to Tell You et The Night. Continuer la lecture de « Saint Etienne, International (Heavenly Recordings) »
Catégories chronique nouveauté
Histoire de coeur, Lost French Synth-Pop 7’ers & Euro-Bombs 1980-89 (CTR)

« Sauve moi, sauve moi, sauve moi,
de cette machine infernale' »
Où la décennie 80 n’en finit jamais avec son histoire, écrite, réécrite, visée, révisée. Ce coup-ci, c’est le digger britannique John Kertland – sa maison de disques s’appelle CTR comme Caroline True Records – qui la raconte à sa manière via Histoire de coeur, compilation thématique où sont rassemblées une dizaine de chanteuses. Sorties de l’obscurité grâce à leurs chansons synthétiques, elles pratiquent leur art à la croisée des chemins new wave, europop, italo disco, variété voire French boogie (rappelez-vous les deux beaux livres d’histoire de la maison Born Bad). Continuer la lecture de « Histoire de coeur, Lost French Synth-Pop 7’ers & Euro-Bombs 1980-89 (CTR) »
Catégories playlist
LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE L’ÉTÉ 2025

On n’y est pas encore tout à fait, et cette année la rentrée à un goût de risque encore plus difficile à accepter que d’habitude. Ces renversements en perspective, sans cesse rabâchés par les médias qui finissent par décrypter non plus ce qui est arrivé mais ce qui va arriver sont autant de bonnes raisons de se réfugier encore un peu dans l’une de nos valeurs les plus sures : la pop moderne. On n’a pas été là tous les jours cet été mais alors qu’on rentre tous progressivement, voici notre pêche estivale. Savourez-là tant qu’il est encore temps. Gargarisez-vous jusqu’à plus soif, dansez jusqu’à l’aube, on ne sait plus du tout de quoi demain va être fait.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify.
NDLR : les playlists créées sur certaines plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.
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Catégories section 16
Section 16 S2 E7 : Louise, 16 ans
Qu’écoutent réellement nos kids ?

Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins,
des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? C’est exactement ce que l’on va découvrir avec la septième sélection de cette deuxième saison : elle est l’œuvre de Louise, 16 ans, une jeune fille moins Sauvage que son patronyme ne pourrait le laisser penser.
AVIS A LA POP.ULATION : Vos enfants aiment la musique (TOUS types de pop moderne) ? Envoyez-nous un mail à section26.popmoderne@gmail.com !
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Catégories chronique nouveauté
Chris Staples, Don’t Worry (Hot Tub Recordings)
Parfois, ça ne tient pas à grand chose une histoire d’amour. Surtout une histoire d’amour avec un disque. La story d’une amie sur un réseau social, un nom qui ne nous dit rien du tout comparé à un autre nom qui nous dit vaguement quelque chose – Andy Shauf… Mais une pochette qui attire immédiatement l’attention, comme un clin d’œil à celles des deux premiers albums de Kings Of Convenience (certifié disques de chevet absolus dans ces parages) – lettrages vert et blanc, lumière apaisée, contre-jour maitrisé… Alors, forcément, la curiosité qui s’éveille, parce que par ici, on se dit toujours un peu plus que le hasard n’existe pas vraiment (ou alors, pas bien souvent…). Continuer la lecture de « Chris Staples, Don’t Worry (Hot Tub Recordings) »
Catégories chronique nouveauté
Lolas, Big Hits And Freak Disasters (Kool Kat)
Rappel des – nombreux – épisodes précédents. Vétéran méconnu de la scène indie-rock américaine (Carnival Season, The Shame Idols), Tim Boykin a choisi de se consacrer depuis trois décennies environ à l’approfondissement d’un style musical – la powerpop – où s’entremêlent ses passions adolescentes pour les mélodies simples et lumineuses et les guitares nerveuses du punk. Au fil d’une discographie intermittente et confidentielle, le résident de Birmingham en Alabama est ainsi parvenu à produire sous le nom de Lolas une dizaine d’albums, par séries successives. Cinq d’abord entre 1998 et 2008, suivis d’une pause de dix ans. Puis quatre autres depuis 2019 quand, bouleversé par le décès de Kim Shattuck (The Muffs), il a fini par se convaincre que l’existence était trop brève pour ne pas célébrer en consacrer une bonne partie à exercer ses talents sous la forme qui lui sied le mieux, toujours plaisante et parfois brillante. Continuer la lecture de « Lolas, Big Hits And Freak Disasters (Kool Kat) »
Catégories réédition
Brian, Understand (1992, réed. Needle Mythology)
Originaire de Birmingham comme Lawrence, Peter Paphides a écrit sur le rock principalement pour le Times et a également œuvré pour la BBC. En 2019, Peter Paphides a fondé le label Needle Mythology. Évidemment, un label qui porte le nom d’une chanson de Stephen Duffy ne peut publier que des rééditions impeccables. En effet, Needle Mythology nous permet de découvrir des albums passés sous les radars et de faire des économies en se procurant des disques dont les prix sur Discogs sont prohibitifs. Après avoir réédité le somptueux Think Once More – A Journey With… des Montgolfier Brothers, Needle Mythology s’occupe du non moins splendide Understand de Brian. Continuer la lecture de « Brian, Understand (1992, réed. Needle Mythology) »
Catégories mardi oldie
Walk like The Clash and sing like The Supremes
La trop brève histoire des Redskins, fers de lance des skins de gauche anglais.

Je n’arrive plus à me souvenir de la première fois que j’ai entendu The Redskins. Je pense qu’il s’agissait de leur titre Unionize sur une compilation des Peel Sessions par Bernard Lenoir. Mais cela me semble un peu tardif. J’étais allé, encore lycéen, à un concert de SOS Racisme place de la Bastille en 1986, où le groupe s’était produit. Je n’en garde toutefois aucune trace dans ma carte mémoire. Je vous parle d’une époque sans Internet, sans la moindre chance que ce style de musique passe sur la FM ou les grandes ondes (si ce n’est Radio Libertaire, et je n’y mettrais pas ma main à couper). Quant à trouver leur unique album, à part peut-être chez New Rose du côté de Saint-Michel ou à la Danceteria à Cardinal Lemoine (et je ne parle pas des 45 tours), la quête demandait une âme de stakhanoviste impénitent. D’ailleurs, impossible de comprendre comment, ou par quel miracle, leur Peel Sessions – on y revient – a fini dans ma collection personnelle.
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Catégories section 16
Section 16 S2 E6 : Noam, 15 ans
Qu’écoutent réellement nos kids ?

Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? C’est exactement ce que l’on va découvrir avec la sixième mixtape de cette deuxième saison : elle est l’œuvre de Noam, 15 ans, fils du plus érudit des érudits de la Section26.
AVIS A LA POP.ULATION : Vos enfants aiment la musique (TOUS types de pop moderne) ? Envoyez-nous un mail à section26.popmoderne@gmail.com !
Catégories Chronique en léger différé
Young Gun Silver Fox, Pleasure (Légère Recordings)
Avec une régularité presque métronomique, à raison d’un album tous les deux ou trois ans, Young Gun Silver Fox fête dix ans de carrière discographique avec Pleasure, sorti le 2 mai dernier, toujours chez Légère Recordings. Derrière ce curieux patronyme, nous trouvons un duo : Andy Platts, le jeune loup britannique et Shawn Lee, le renard argenté étatsunien. Le premier chante (également dans les Mamas Gun) et le second, multi-instrumentiste, arrange. Depuis une décennie, Young Gun Silver Fox explore le son des années 70 et plus particulièrement ce que l’on nomme désormais yacht rock, mais aussi (plus historiquement) AOR, soft rock ou westcoast. Continuer la lecture de « Young Gun Silver Fox, Pleasure (Légère Recordings) »
Catégories mardi oldie
Jimmy Webb, A Life In Words And Music (Cherry Red)
Vingt ans après la première publication de cette rétrospective par Rhino Handmade, épuisée depuis bien longtemps – The Moon’s A Harsh Mistress, Jimmy Webb In The Seventies (2004) – ce coffret rassemble donc les cinq premiers albums solo de Jimmy Webb accompagnés d’un live enregistré à Londres en 1972 et d’un septième CD de démos et d’inédits. Soit le meilleur rapport qualité-prix de l’été, haut la main. S’y trouve en effet condensée une partie de l’histoire de la pop américaine d’autant plus captivante qu’elle commence alors même que le premier chapitre – le plus glorieux – s’est déjà achevé. Cela lui confère un charme tragique et la teinte d’un mystère que la répétition ravissante des écoutes ne dissipera sans doute jamais complètement. Continuer la lecture de « Jimmy Webb, A Life In Words And Music (Cherry Red) »
Catégories chroniques
Rémi Klein, Friend in Need (Tricatel)
L’année dernière, nous découvrions la formation LORD$ avec leur premier album Speed it Up (2024). Un an plus tard, l’espace d’un instant, Rémi Klein s’échappe du groupe et propose à son tour un essai en solitaire. Le musicien reste cependant fidèle à Tricatel. La maison de disque de Bertrand Burgalat a ainsi publié Friend in Need, le 20 juin dernier, à un mois d’intervalle de l’excellent Blomovinho de Leo Blomov. Si les deux disques prennent des cheminements fort différents, quelque chose les relie sensiblement. Il est question d’une pop ouvragée, ne dédaignant pas quelques subtilités harmoniques et s’inscrivant (partiellement) dans un héritage seventies. Continuer la lecture de « Rémi Klein, Friend in Need (Tricatel) »
Catégories selectorama
Selectorama : Baignade Sauvage #5

Pour la cinquième fois déjà, la sublime Vallée du Tarn s’anime au son des « musiques hors normes, aventureuses et inclassables », comme le précise Benjamin Maumus, responsable de la programmation de ce festival engagé et militant, où la campagne s’impose comme écrin préservé. A Ambialet, petite commune de 500 âmes située à l’est d’Albi, « la découverte est de mise, tous les projets à l’affiche tous méritent le même intérêt, le même éclairage, pas de classement ni de tête d’affiche ici », nous confirme-t il. Un choix serein détaillé dans ce selectorama estival où il ne manque que les sons de la nature. Continuer la lecture de « Selectorama : Baignade Sauvage #5 »
Catégories chronique nouveauté
Fortunato Durutti Marinetti, Bitter Sweet, Sweet Bitter (We Are Time/Quindi)
Fortunato Durutti Marinetti : derrière ce pseudonyme aux résonances anarcho-futuristes, se dissimule – ou s’expose, c’est selon – Daniel Colussi, un songwriter d’origine turinoise, installé au Canada et qui est parvenu en quelques albums – celui-ci est déjà le quatrième – à édifier l’une des œuvres les plus originales et les plus passionnantes des années 2020. A l’instar de quelques-uns de ses plus illustres prédécesseurs – Leonard Cohen, Baxter Dury – Colussi s’est engagé tardivement, la trentaine déjà bien entamée, dans cette non-carrière solo d’interprète presque réticent, après plusieurs décennies de tâtonnements collectifs au sein de diverses formations confidentielles – The Shilohs, The Pinc Lincolns. Trop tard en tous cas pour se bercer encore des illusions adolescentes communément associées à la reconnaissance publique ou pour songer à s’excuser de chanter sans être vraiment chanteur. Continuer la lecture de « Fortunato Durutti Marinetti, Bitter Sweet, Sweet Bitter (We Are Time/Quindi) »
Catégories mardi oldie
Richard Pinhas, Iceland (Polydor, 1979)
À la fin des années soixante, l’arrivée des synthétiseurs comme le Minimoog change profondément la musique populaire. D’abord, utilisé pour ses textures inattendues et singulières (toute la moogsploitation), l’outil électronique devient un instrument à part entière. Qu’ils pratiquent la disco, le rock progressif ou le jazz-funk, de nombreux musiciens s’approprient leur synthétiseur. Dans les années 70, des courants naissent même sous son impulsion. Si l’Allemagne a le vend en poupe de Berlin (Tangerine Dream, Klaus Schulze) à Düsseldorf (Kraftwerk, Cluster), la France n’est pas en reste et développe une riche scène électronique à la fin des années 70. Parmi les pionniers figurent certainement Jean-Michel Jarre ou Richard Pinhas. Continuer la lecture de « Richard Pinhas, Iceland (Polydor, 1979) »
Catégories sunday archive
Serge Clerc, ligne claire

Si la passion pour la chose musicale nous a attrapés pendant les années 1980 – et en particulier lors de leur première moitié –, il était souvent impossible de dissocier le fond (les chansons) de la forme (ce qui les emballait, tout en nous emballant). Avec l’émergence du punk et des graphistes qui étaient tout à la fois voleurs et novateurs, certaines pochettes de 45 tours ou albums justifiaient à elles seules l’achat d’un disque – ou peu s’en faut. Dans un joyeux foutoir et avec un vent de liberté et de créativité qui allait faire voler en éclats la « chappe de plomb culturel » qui sévissait en France lors des années 1970, des dessinateurs allaient faire de leur 9e art un acteur majeur du monde de la musique et détruire les carcans. Continuer la lecture de « Serge Clerc, ligne claire »
Catégories sous surveillance
Sous Surveillance : The Moment Of Nightfall

Qui ?
Yuji Usui : basse, synthé
Tomomi Usui : chant, claviers
Yoko Satori : chant
Continuer la lecture de « Sous Surveillance : The Moment Of Nightfall »
Catégories borne d'écoute
La première fois d’Idlewild

En 2002, les Écossais d’Idlewild avaient toutes les cartes en main pour casser la baraque au Royaume-Uni avec leur quatrième album. Noel Gallagher était en cale sèche, Coldplay occupait un certain créneau… Il y avait donc une place à prendre. Le 15 juillet 2002, Idlewild publiait fièrement The Remote Part, un disque qui avait tout, sur le papier, pour réussir. Enregistré avec Dave Eringa après des sessions de travail partagées avec Stephen Street (The Smiths, Blur) et Lenny Kaye, The Remote Part tentait vainement de faire la synthèse entre les cours de musculation d’Oasis et les leçons sentimentales de Coldplay. Il y avait de belles choses et de belles longueurs. Continuer la lecture de « La première fois d’Idlewild »
Catégories mardi oldie
Toti Soler, Idem aka El Gat Blanc (Edigsa, 1973)
Barcelone fut l’un des grands épicentres de la révolution rock ibérique. Après la vague beat des années 60, les groupes underground trouvèrent, dans la décennie suivante, une communauté active et dynamique dans la capitale catalane. Toti Soler fut de toutes ces aventures. Né à Vilasar de Salt, pas loin de Mataró, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Gaudí, en 1949, le jeune guitariste suit un cursus classique. Cela l’amène au conservatoire de Barcelone ou au Spanish Guitar Center de Londres. En parallèle il joue dans des groupes pop catalans. D’abord, il obtient énormément de succès avec Pic-Nic, formation internationale (des Vénézuéliens, une Anglaise des locaux) qui connaît un gros succès national avec le classique Cállate niña en 1967. Cette chanson folk-rock délicate lance la carrière de Jeanette mais aussi celle de Toti Soler et son camarade Jordi Sabatés. Continuer la lecture de « Toti Soler, Idem aka El Gat Blanc (Edigsa, 1973) »
Catégories chronique réédition
Ilpo Väisänen, Asuma (Editions Mego)
Il faut faire retour sur le tournant de la séquence fin 90 / début 2000 : une certaine musique électronique est à son apogée, le minimalisme numérique et l’austérité micro-house constituant en effet les principales caractéristiques des courants post-rave (IDM, Laptop Music, Exterme Computer Music, etc.). Des labels comme Mille Plateaux ou Mego dessinent les contours d’une scène qui se sera imposée comme le chaînon manquant entre les expérimentations pionnières électro-acoustiques des années 50 et 60 et le brutalisme hardcore / industriel issue de la scène techno. Continuer la lecture de « Ilpo Väisänen, Asuma (Editions Mego) »
Catégories Chronique en léger différé
Panda Bear, Sinister Grift (Domino)
Animal Collective a très brièvement été considéré comme un sommet musical inégalable (entre 2006 et 2009) avant de devenir complètement has been, emporté par le naufrage de l’indie rock, des voix haut perchées et des pseudonymes se référant à la faune. Bien à tort. Ce qu’a fait Panda Bear / Noah Lennox est d’intérêt et, parfois, sublime. Bien avant 2006, sa discographie avec Avey Tare / David Porter est un recueil de psychédélisme foisonnant et lyrique. Lyrique : ce mot est important. Ils n’ont pas (ou rarement) fait de la musique pour de la musique, pour s’émerveiller de leur propre inventivité (ils auraient pu). Ils ont cherché l’émotion. Continuer la lecture de « Panda Bear, Sinister Grift (Domino) »
Catégories chronique nouveauté
My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife)
S’il avait fallu attendre 13 ans entre le deuxième et le troisième album de My Raining Stars, seulement trois années ont suffi à Thierry Haliniak pour sortir Momentum. Ces treize années d’absence avaient forcément marqué un gap en termes d’ambiance sonore et de composition. Une écoute discrète pourrait faire penser que Momentum est le successeur logique de 89 Memories et pourtant, il n’en est rien. Cela semble dû à deux facteurs. Le premier étant les compositions d’Haliniak. Momentum donne l’impression d’écouter un best of imaginaire de la musique qui obsède son auteur. De l’indie pop old school (Better Life et sa basse qui fait penser aux premiers titres de Ride), au shoegaze (Stop The Time), en passant par quelques emprunts à Oasis (For Good, bien fait pour ta pomme Noel Gallagher !), chaque titre vous happe par son immédiateté et sa sincérité. Continuer la lecture de « My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife) »
Catégories hommage
Ozzy Osbourne, un chanteur de chansons

Il n’a jamais été le préféré, ni le plus déterminant, mais il était le plus évident.
Il était le passeur.
En voiture, à la fin des années 2000, alors que le streaming n’a pas encore fini d’écraser le reste, au volant on choisit le disque qui passe, c’est la règle, et pour la énième fois on met Black Sabbath. Peu de groupes comptent autant. Sur le siège passager, un camarade entré par erreur dans la chose métallique par Rage Against the Machine et deux riffs de Korn, un petit tour et puis s’en va, tient à indiquer qu’il ne pourrait pas écouter ça deux minutes s’il n’y avait cette voix qui lui disait – je suis là – écoute-moi – qui donne accès à tout le reste. Continuer la lecture de « Ozzy Osbourne, un chanteur de chansons »
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Lifeguard, Ripped and Torn (Matador)
Cinq après leurs débuts, deux ans après leur signature chez Matador (Interpol, Guided By Voices, Pavement, Yo La Tengo, Car Seat Headrest…), le trio de Chicago Lifeguard sort Ripped and Torn, son premier album. Affilié à un prestigieux label indépendant étatsunien, Lifeguard affiche pourtant à peine vingt ans de moyenne d’âge en moyenne. Composé d’Asher Case, Isaac Lowenstein et Kai Slater, ces jeunes musiciens sont solidement implantés dans la scène underground locale. Les deux premiers ont ainsi joué dans le backing band de Horsegirl (avec la sœur d’Isaac, Penelope Lowenstein) à ses débuts, tandis que le dernier a son propre projet, l’excellent groupe powerpop The Sharp Pins. Accompagné par Randy Randall (No Age) à la production, Lifeguard n’a pas renâclé à la tâche. Ripped and Torn est un coup de poing dans le plexus, un disque intense et sans concession. Bruyant, agressif, Lifeguard ne cherche pas à plaire à tout le monde. Continuer la lecture de « Lifeguard, Ripped and Torn (Matador) »
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