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Redd Kross, Phaseshifter, (This Way Up/Mercury, 1993)

Redd Kross, PhaseshifterLaissez-moi vous parler d’un temps que les moins de trente-cinq ans ne peuvent pas franchement se représenter. Un temps où UN SEUL disque pouvait rester introuvable assez longtemps. Une époque, bénie ou non, où le combustible d’un FANtasme pouvait rester à vif à rougeoyer assez longtemps. Un temps où la quête était probablement plus importante que son objet. Et l’objet, le grand secret, en l’occurrence ce n’est pas ce disque mais bien le précédent album de Redd Kross, Third Eye, paru chez Atlantic (une major, un comble) en 1990. On a eu beau faire quelques belles maraudes (en France, dans l’espace Schengen, en région et au Royaume Uni), impossible de mettre la main sur Third Eye, le disque d’un groupe qui alors, dans notre petit cercle d’initiés, jouit d’une encore plus grande renommée cool que, au hasard, les Beastie Boys. C’est rigoureusement exagéré (les rappeurs du Bronx n’ont pas vraiment encore tout à fait regagné leurs galons dans la sphère indie) mais ça vous donne une assez belle idée du charisme rétrospectif et toutefois intact de Redd Kross. Bisque bisque rage mais pas si grave, au niveau CEE (les îles britanniques y sont encore) nous avons The Pooh Sticks sous la main, un groupe gallois excessif qui prône également un retour glamour aux bonnes vieilles valeurs du, lâchons les chiens, classic rock. Comme chez les Américains, le détournement et l’ironie ne se départissent jamais d’un respect profond et inaltérable. Continuer la lecture de « Redd Kross, Phaseshifter, (This Way Up/Mercury, 1993) »

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Dummy, Free Energy (Trouble In Mind)

Après deux EPs en 2020, Dummy publiait l’année suivante Mandatory Enjoyment, un premier album remarqué. Dummy s’y emparait, entre autre, de l’héritage de Stereolab, le revigorant d’une frénésie rare, proposant un rock hypnotique, nerveux et électrique. Trois ans plus tard, nous sommes ravis de retrouver les Californiens, autour de la promesse d’une Free Energy, toujours chez la solide maison de disque Trouble In Mind (En Attendant Ana, Melenas, The Tubs, Klaus Johann Grobe etc.). Joe Trainor, Emma Maatman, Alex Ewell et Nathan O’Dell reviennent gonflés à bloc. Là où Dummy aurait pu se contenter de faire fructifier les idées du précédent, les quatre musiciens ont expérimenté et se sont mis en danger. Continuer la lecture de « Dummy, Free Energy (Trouble In Mind) »

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Uni Boys : « La power pop ne doit pas être un modèle dont il faut respecter scrupuleusement les règles »

Uni Boys / Photo : Instagram @uni.boyss
Uni Boys / Photo : Instagram @uni.boyss

Attablés à la terrasse d’un bistrot, les Uni Boys au quasi-complet – Reza Matin, co-leader et guitariste, a du prématurément abandonner ses camarades pour rejoindre en tournée The Lemon Twigs dont il est également le batteur et le bassiste – semblent goûter sans réserve aux plaisirs estivaux de leur escapade parisienne. La prononciation est encore un peu hésitante à l’heure de commander une tournée de « Kir Royal » mais la descente est impeccable. Noah Nash (guitariste et chanteur), Michael Cipolletti (basse) et Artie Fitch (batterie) paraissent avoir oublié pour quelques jours leur Los Angeles natal ainsi que les corvées attenantes aux jobs alimentaires qu’ils ont encore contraints d’occuper. Manifestement, le fait d’avoir enregistré coup sur coup deux des albums de rock mélodique et densément électrifié les plus remarquables et les plus rafraichissants de la décennie en cours ne garantit même plus à ces jeunes aussi talentueux que passionnés de pouvoir vivre décemment de leur art. Dont acte. Il n’en demeure pas moins que ces dignes héritiers locaux des Nerves d’antan méritent amplement qu’on prête une oreille attentive à leurs tubes flamboyants. Et qu’on s’intéresse un peu à leur parcours – encore bref mais plein de promesses à tenir. Comme chantaient The Who, ces kids sont dac. Continuer la lecture de « Uni Boys : « La power pop ne doit pas être un modèle dont il faut respecter scrupuleusement les règles » »

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Redd Kross, Redd Kross (In The Red)

J’ai écouté le futur des frères D’Addario et il s’appelle Redd Kross. Blague – et référence springsteenienne – à part, c’est une source d’étonnement et de même de perplexité qui n’est pas prête de se tarir. Pourtant, force est de constater qu’au beau milieu des foules qui s’extasient légitimement sur les performances virtuoses de The Lemon Twigs, l’évocation du nom de Redd Kross ne suscite, très souvent, qu’une indifférence embarrassée ou un haussement d’épaule qui dissimule tant bien que mal l’ignorance ou l’absence d’intérêt. Des frangins longilignes – un guitariste et un bassiste – qui secouent leurs tignasses impeccablement échevelées, attifés de panoplies rétros témoignant ostensiblement d’une maîtrise irréprochable des codes pop sous-culturels et qui brassent, par chansons de trois minutes interposées, soixante années de références musicales ? Ça ne sonne la cloche de personne ? Eh bien non, manifestement. Ou de pas grand monde. Continuer la lecture de « Redd Kross, Redd Kross (In The Red) »

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Selectorama : Mayfly Two

Mayfly Two / Visuel : DR
Mayfly Two / Visuel : DR

Mayfly Two, c’est d’abord l’occasion de retrouver avec joie Anne Bacheley, légende discrète de la pop française anglophone des années 2000. A la tête d’une petite œuvre fais-le-toi-même plus ou moins difficile à trouver (des CDR, des œuvres numériques), elle a eu le privilège de figurer dans des listes de recommandations de Stephen Pastel himself. Bien sûr que les Pastels figurent en bonne position dans les influences de la dame, mais Anne est avant tout une âme libre qui se fiche de tout carcan et de toute étiquette. Elle écrit et compose parce qu’elle en ressent le besoin, le reste n’est pas son problème. Plutôt solitaire musicalement jusqu’ici, elle semble avoir trouvé en Chris Fox (from Dundee, 100 km au nord d’Edimbourg) un alter ego musical avec qui elle partage sa passion pour la musique et cet alias de Mayfly Two. Continuer la lecture de « Selectorama : Mayfly Two »

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Michèle Bokanowski, Cirque (Kythibong Records)

La parution il y a deux ans de Rhapsodia / Battements solaires dans la géniale série Recollection GRM nous avait convaincu du caractère décisif du travail de Michèle Bokanowski. Son passage au festival Présences électroniques aussi, avec Deuxième chambre d’inquiétude, une pièce au minimalisme peu commun. Car il faut reconnaître au parcours de Michèle Bokanowski une exigence et une cohérence à l’image de la virtuosité de son traitement du matériau électro-acoustique : profondeur et richesse des textures côtoient sophistication des timbres, et portent à leur point le plus haut une pratique du montage et de la manipulation des objets sonores. Continuer la lecture de « Michèle Bokanowski, Cirque (Kythibong Records) »

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La première seconde du reste de la vie de Sinaïve

Extrait du clip de Sinaïve, "S.S. Superstar", réalisé par Nassim Barbot
Extrait du clip de Sinaïve, « S.S. Superstar », réalisé par Nassim Barbot

Sans doute que Calvin Keller, tête penseuse et organe central créatif du désormais trio Sinaïve a du penser à ceux qui appuieront sur play pour écouter le premier album de son groupe, et ce dès la première seconde. On s’était déjà répandu en éloges sur l’inspiration pop et noise du groupe, depuis un certain temps déjà. Et d’un EP à l’autre (sept au total depuis 2018, si on compte leur cassette de reprises), ils n’avaient presque pas fait défaut. (SuperStructure) Superstar est donc le premier titre de ce premier disque. Et il démarre comme un avertissement. Vous aviez aimé leurs guitares au bruit presque blanc, leurs batteries martelées métronomiquement par la fascinante Alicia Lovich, leurs basses lugubres et possédées jouées par Séverin Hutt ? Le morceau démarre d’une toute autre manière, avec une boite à rythmes syncopée. Clap de mains andalou, guitare et claviers aux intonations presque nord-africaines, ce souk noise nous éblouit, sans que le groupe ne perde un instant son identité ultra forte. Quand au clip ? Un noir profond aux silhouettes découpées, superposées, chorégraphiées d’une élégance folle, réalisé par le jeune vidéaste Nassim Barbot. En voilà une entrée en matière flamboyante.


Le premier album de Sinaïve, Pop Moderne, sortira le 25 octobre sur les labels Antimatière et SuperStructure. Ils seront à Paris le même jour pour la release du disque à La Mécanique Ondulatoire aux côtés de Ela Orleans et Bobby Would.

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Tequila, Rock and Roll (Zaphiro, 1979)

Les Madrilènes de Tequila traversent les époques et les pays. Leur musique appartient aux années 70 mais annonce les années 80, tandis que ses membres rassemblent l’Argentine, l’Espagne et leurs histoires respectives. En 1976, Ariel Rot et Alejo Stivel débarquent dans notre bonne vieille Europe. Cette année là, Isabel Perón est renversée par un coup d’état. Les deux jeunes musiciens fuit la dictature militaire (1976-1983) et rejoignent un pays fraîchement démocratique : l’Espagne. L’année précédente (1975), Franco décède. À la surprise générale, son successeur, le roi Juan Carlos 1er, accompagne l’Espagne dans une transition démocratique. Ce changement bouleverse la scène culturelle et musicale ibérique. Il donnera lieu, aux débuts des années 80, à la mythique movida Madrileña

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« Avez-vous peur ? »

Time Is Away, "Turn On Arabic Radio Oscura" (Knekelhuis)
Time Is Away, « Turn On Arabic Radio Oscura » (Knekelhuis)

Dans ces moments tragiques, d’apocalypse pour le pays de ma naissance et ses habitants, la seule chose que je sache faire depuis le lieu où je suis c’est continuer à travailler, et écrire ici, en disant les sentiments et les réflexions et les fragments de pensée : car la pensée n’est plus, à propos du Liban et ce que la guerre infinie fait de nous, que fragmentée, irrésolue, indicible dans sa totalité. Car la totalité n’existe plus vraiment : lorsque la réalité, là-bas, est celle des bombardements et des combats, il ne reste rien à quoi se raccrocher. Ce qui m’a toujours extirpé de la violence, ce sont les lectures, enfant, les disques, ensuite. J’essaie de le dire ici. Et parfois certains résonnent avec le monde comme celui-ci : un seul morceau, emprunté à Muslimgauze et à Ssiege, mixant les deux via le duo Time is Away. Que reste-t-il ? Une hypnose rythmique et des voix en arabe qui naviguent au gré du morceau. J’en reconnais une ou deux, j’entends un « mich Khayef » qui veut dire « je n’ai pas peur ». Est-il adressé à un amour ou à une violence ? Il me rappelle juste que tout au long de nos vies entamées par la guerre, nous n’avons jamais eu droit qu’à une seule question : avez-vous peur ? Et une seule réponse possible : non. Parce que le contraire nous aurait tué depuis longtemps. J’écoute ce morceau, je me laisse avoir par sa beauté entraînante, et je dérive dans l’écho de ses voix. Et puis une autre dit « liom khayfa » – aujourd’hui j’ai peur. Je songe à celles et ceux qui sont là-bas. Depuis ici, nous sommes tous là-bas.


NDLR : Ce texte a été publié sur le compte instagram de son auteur.
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Matthew Caws (Nada Surf) : « Les chansons sont un espace de sécurité totale »

Nada Surf / Photo : Paloma Bome
Nada Surf / Photo : Paloma Bome

Pendant longtemps, bon nombre des groupes que nous chérissions étaient ceux avec lesquels nous avions grandi. Désormais, il y a ceux avec lesquels nous choisissons de vieillir. Parfois, ce sont les mêmes. Mais pas toujours. En musique comme en amour, la nuance est d’importance. A la simple continuation nostalgique des émois de jeunesse, dont l’intensité initiale suffit parfois à retarder la dissipation inévitable, il faut parvenir à substituer une autre source d’enchantement. Moins bouillonnante, sans doute. De celle qui puisse survivre à la dissipation des attentes illusoires de la nouveauté radicale, d’un chef d’œuvre susceptible de rebattre l’ensemble des cartes usées aux encornures d’un jeu distribué il y a plusieurs décennies. Les albums de Nada Surf se suivent, plus ou moins régulièrement. Ils se ressemblent aussi, souvent, et ça n’est pourtant jamais un motif de déception. Le sillon creusé avec persévérance par Matthew Caws et ses camarades est suffisamment profond et fertile pour y replonger à chaque occasion. Comme tous ses prédécesseurs sans exception, Moon Mirror contient sa douzaine d’excellentes chansons, alternant entre accélérations powerpop électrisées et ballades méditatives. Comme à chaque fois, l’impression s’impose d’entendre se renouer les fils d’une conversation intime avec l’un des auteurs les plus touchants dans les évocations honnêtes de ses fragilités. Continuer la lecture de « Matthew Caws (Nada Surf) : « Les chansons sont un espace de sécurité totale » »

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Selectorama : Diode

Diode / Photo : instagram diode.online
Diode / Photo : instagram diode.online

Depuis quelques années – on ne va pas s’en plaindre – un petit club de groupes américains ont su redonner du lustre au post-punk, constituant un nouveau sous-courant que quelques obsédés de la catégorisation ont nommé egg punk. Leurs noms ? Lithics, Snõõper ou encore Diode, pour ne nommer que les plus intéressants d’entre eux. S’abreuvant aux meilleures sources, ils ont notamment emprunté à Devo une certaine raideur rythmique mécanique ainsi que cette façon de chanter toute robotique qui a fait la gloire du quintette de Milwaukee. Ils se distinguent néanmoins de leurs illustres mentors par une production plus brute et sans chichis, plus caractéristique du punk pur sucre. Mais chez Diode, on apprécie particulièrement l’usage de synthés vintage et minimalistes, qui ajoute une dimension presque pop à l’ensemble. On ne
résiste pas non plus à la voix de furie de la charismatique Kiana (KT dans ce Selecto) qui apporte un grain de folie très réjouissant à la musique des Californiens. On recommandera à ceux qui découvriraient Diode aujourd’hui d’aller jeter une oreille aux excellents morceaux que sont Tomothy, Ugly, ou la formidable Card Dealer, meilleur titre de 2, leur dernier disque sorti cette année sur le très estimable label Under The Gun Records. Kiana, Theo et Vinny se sont prêtés au jeu du Selectorama, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on s’attendait pas à y trouver le dernier morceau ! Continuer la lecture de « Selectorama : Diode »

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Achim Szepanski (1957-2024)

Détail de la couverture de "In The Delirium Of The Simulation : Baudrillard Revisited" par Achim Szepanski
Détail de la couverture de « In The Delirium Of The Simulation : Baudrillard Revisited » par Achim Szepanski

Achim Szepanski
Achim Szepanski

Que ce soit comme musicien, théoricien et activiste, fondateur et animateur de labels (Force Inc. Music Works, Mille Plateaux, Ritornell, Position Chrome), Achim Szepanski aura marqué profondément tout un pan des contre-cultures électroniques. Celui qui, depuis ses premières formulations indus/post-punk jusqu’à l’explosion post-rave, aura toujours eu comme projet de faire dialoguer une esthétique sonore avec un radicalisme conceptuel et théorique. Références au post-structuralisme (DeleuzeGuattari, Baudrillard, Lyotard) et à une certaine gauche extra-parlementaire côtoient expérimentations glitch, micro-techno et illbient. Il faut en effet prendre la mesure du continent musical que Szepanski a permis de faire émerger : Post Acid Crash, Clicks & Cuts, Porter Ricks, Thomas Köner, Oval, Kim Cascone, Cristian Vogel, Pan Sonic, Pole ou Taylor Deupree, etc. Continuer la lecture de « Achim Szepanski (1957-2024) »

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Clairo, Charm (Clairo Records)

Clairo En 2017/2018, la jeune chanteuse Claire Cottrill se fait connaître via internet avec ses chansons Pretty Girl ou Flamin Hot Cheetos, et la voilà devenue égérie de la bedroom pop sous le nom de Clairo. Deux albums suivent logiquement en 2019 et 2021. Clairo travaille alors avec Rostam (Vampire Weekend) sur Immunity en 2019. Le décrié faiseur de hits Jack Antonoff (Taylor Swift, Lorde, Lana Del Rey…)  prend le relais sur Sling deux ans plus tard. Loin de se laisser impressionner par leurs CV, Clairo y développe une pop boisée, délicate, entre folk et indie. Pour Charm (2024), Clairo s’extirpe de cette case fort pourvue et concurrentielle, à la recherche d’autre chose. Continuer la lecture de « Clairo, Charm (Clairo Records) »

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Sous Surveillance : Dona Casque

Dona Casque / Photo : Titouan Massé
Dona Casque / Photo : Titouan Massé

Dona Casque fait partie de ces tout petits groupes au devenir prometteur, au tempérament à la fois fragile (je me souviens du premier morceau que j’ai vu d’eux sur scène, à La Mécanique Ondulatoire, c’était leur second ou troisième concert et je me suis demandé ce que ça allait donner tellement c’était instable) et intense (la suite du concert m’a complètement embarqué). Il y avait tout ce qu’on aime, un composite lumineux de rythmiques post punk, d’accords de claviers DIY, de mélodies entêtées et d’accords de basse tranchants, comme dirait l’ami Viktor. Depuis 2023, ils ont continué à jouer, et même s’il n’est toujours pas possible de trouver le moindre morceau d’eux sur la toile à part leur participation à En Lutte !, une compilation antifasciste pour un monde meilleur proposée par le Front des Musiques Indépendantes, on essaye de ne jamais louper une de leurs prestations scéniques, où l’on voit littéralement le duo prendre confiance petit à petit. Ils seront d’ailleurs ce mercredi 2 octobre sur la scène du Shakirail (Paris 18e) pour la dernière de Vaagues de Chaleur. En attendant impatiemment l’album, Maë a eu l’extrême gentillesse de nous parler de son parcours. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Dona Casque »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE SEPTEMBRE 2024

Pour cette rentrée, on a monté à 38 le nombre de morceaux de cette playlist, autant vous dire qu’on frôle la fièvre. Sans vous en dévoiler le contenu que vous irez pécher sur vos plateformes, il y a ici un bon nombre d’artistes que nous défendons depuis les débuts de section26 et même avant parfois, dans notre ancienne maison de papier. Chérissez-les autant que nous, achetez leurs disques, et allez les encourager en concert, c’est important pour leur devenir.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : les playlists créées sur les plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

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Selectorama : Nonstop

Nonstop dans son clip Crocodile Gandhi / capture YouTube
Clip du morceau Crocodile Gandhi / capture YouTube


« Un Français sur quatre s’insulte devant la glace
»

Frédo Roman, tchatcheur énervé du sud-ouest, remet des pièces dans sa machine à mots pour la quatrième fois en vingt ans. Après l’inaugural et séminal Road Movie en béquilles (2005), sa suite J’ai rien compris mais je suis d’accord (2009), le retour après une longue absence Zyklon Bio (2021), voici Alien au pays des aliénés, qui sort aujourd’hui.  Moulin à paroles, lance-flamme verbal, mitraillette à expressions, pistolet à phrases choc, Nonstop est de retour pour de bon. Derrière une nouvelle pochette monstrueuse et colorée dessinée par Blanquet (un fidèle du groupe), se cache le monde mental fourmillant de Frédo Roman, mis en musique par lui-même, son comparse Renan Guilcher et Richard Roman, le frère, ex Diabologum pour le coup, à la basse. En fan hardcore du slam eschatologique à accent prononcé du Toulouse 2000 (les racines Programme & Expérience), autant dire qu’on est aux anges.  Même si le monde s’est depuis peu à peu transformé en une version des pires visions de Frédo, Michniak ou Cloup, c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on replonge, histoire de trouver un sens dans tout ce bordel, jouir de cette absurdité, pleurer de ce délire, et pourquoi pas en rire comme jamais en un grand éclat (d’obus). Continuer la lecture de « Selectorama : Nonstop »

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The Waeve : « Il y a un sens aigu de paranoïa, de menace et d’anxiété dans notre album »

The Waeve / Photo : Alain Bibal
The Waeve / Photo : Alain Bibal

Plutôt que d’être l’année de Blur, 2023 aura surtout été l’année de Graham Coxon. Il a non seulement réussi à revoir son approche de la guitare sur The Ballad of Darren sans faire perdre son identité à Blur, mais il a sorti un des meilleurs albums de sa carrière avec The Waeve, groupe qu’il a formé avec sa compagne Rose Elinor Dougall. A peine plus d’un an après sa sortie, le duo nous offre le tout aussi captivant et inclassable City Lights sur le label Transgressive. Car The Waeve aime se perdre sur les routes sinueuses, et voir où cela va les mener. Plus ambitieux et plus direct que leur album éponyme, City Lights pourrait dérouter par ses chansons qui empruntent plusieurs directions en l’espace de quelques minutes, mais il n’en est rien. Leur force est de réussir à captiver l’auditeur grâce à un sens aigu de la mise en scène. Sans oublier des mélodies obsédantes malgré leur aspect parfois crasseux. On peut aisément imaginer cette musique complexe à créer. Ce n’est pourtant pas l’impression que donnent Rose et Graham lors de l’entretien qui suit. Composé lors de leurs rares moments libres, City Lights est né d’un besoin de repousser leurs limites communes par un ping-pong créatif, chacun répondant aux idées de l’autre, ce qui a rapidement donné naissance à ces dix titres surprenants. Rose et Graham évoquent en détail la naissance de ce nouvel album et reviennent également sur la naissance du groupe et la difficulté de sortir leur premier disque alors que le rouleau compresseur Blur sortait un nouvel album et tournait sans cesse. Continuer la lecture de « The Waeve : « Il y a un sens aigu de paranoïa, de menace et d’anxiété dans notre album » »

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Oublie la rentrée avec SCHØØL

SCHØØL en showcase au Fugazi à Paris / Photo : Maud Taylor
SCHØØL en showcase au Fugazi à Paris / Photo : Maud Taylor

La semaine dernière, le Fugazi, un bar du onzième, mélangeait les publics, entre faune indie et poseurs de la fashion week. Terrasse à ras-bord et intérieur bondé pour un petit concert donné par un groupe qui sort à peine de l’œuf, SCHØØL. Quelques têtes connues sur scène cependant : Francis Mallari au chant et à la guitare (Rendez-Vous) côtoie Erica Ashleson (Special Friend, Dog Park, Eggs) à la basse, Jack Moase (Liquid Face) à la guitare et Alex Battez (Marble Arch) à la batterie. On peut se demander s’ils ne sont pas ceux que l’on retrouvera vite estampillés du sceau de l’exclu dans d’autres médias (Mea Culpa : on l’a déjà fait, mais on décide d’arrêter cette stupide chasse à la nouveauté qu’on ne préconise plus depuis un certain temps dans nos colonnes), et bookés à la hâte dans des events sponsos avant de laisser leur place à d’autres nouveaux venus. Mais lorsque le quatuor lance ses mélopées saturées aux tempos lents, on dresse l’oreille. Et lorsqu’on nous dit qu’ils sont inspirés par des groupes 90s de shoegaze comme Swirlies ou Drop Nineteens, on se laisse vraiment emporter par cette expression familière. Voici un clip tourné cet été à Berlin par Francis Mallari et Ludovic Azemar, dernier arrêt avant un album plus tard dans l’année chez Géographie (Marble Arch, Dog Park). Continuer la lecture de « Oublie la rentrée avec SCHØØL »

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Sous Surveillance : Adam El Mutant

Adam El Mutant / Photo : Baptiste Okala
Adam El Mutant / Photo : Baptiste Okala

Cet été, on a croisé le chemin de ce jeune gars de 25 ans, originaire d’Amiens, tombé dans la musique très tôt, à l’âge de 7 ans. Sur scène, Adam joue une bedroom pop extrêmement attachante, où il accompagne sa voix veloutée d’une guitare sensible. Des compositions travaillées chez lui, dans son petit studio à Lille, qu’il a eu envie de développer en groupe avec deux amis. Il y a une certaine timidité chez lui, qu’il franchit allègrement sur scène en donnant beaucoup de lui-même à travers ses compositions mélancoliques où on sent l’influence de Kevin Morby ou Mac DeMarco, avec une petite pincée de poésie psyché.

Qui ?

Adam El Mutant : guitare, chant ; seul ou en groupe avec…
Charles Schreiber (Last Night We Killed Pineapple / Rainville / Marco Lionel) : batterie
Mathilde Thiney (MegaSurf) : basse

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Les Freluquets, La Débauche (Rosebud, 1990)

Faire de la pop à guitares a toujours été un sacerdoce en France. Née sous une mauvaise étoile, la musique électrique hexagonale a toujours du lutter pour exister et se faire une petite place sur les ondes des transistors. À chaque époque ses déboires, mais aussi ses vaincus magnifiques emportés par leur enthousiasme, prêts à en découdre pour déjouer l’oracle. Parmi eux, Les Freluquets tiennent une place de choix. Originaire de Perpignan, le groupe indie-pop publie De Nos Jours, un premier 45 tours en 1987, suite à tremplin organisé par une radio locale (RMS) et le disquaire Lolita. Les Freluquets s’inspirent des formations britanniques C86 de l’époque (Razorcuts, Chesterfields, etc) mais s’expriment en français, un choix délibéré, pour exprimer au plus juste [leur] humour et [leurs] préoccupations*. Continuer la lecture de « Les Freluquets, La Débauche (Rosebud, 1990) »

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J’entends mieux la guitare

En Attendant Ana, hier soir à Bagnolet / Photo : TS
En Attendant Ana, hier soir à Bagnolet / Photo : TS

Un concert, c’est quoi, en fait ? Une émotion musicale vécue dans l’obscurité face à un artiste livré à lui-même. Finalement, on s’en fout un peu du cadre. Il est parfois même plus vibrant de réduire un peu plus la distance entre l’artiste et nous-mêmes, la team premier rang acquiescera d’office. Cette année, j’ai eu la chance de voir des concerts dans des tout petits endroits, souvent alternatifs aux salles traditionnelles. Une maison familiale dans un quartier isolé de Rouen, un garage donnant sur un jardin (celui de mon ami Viktor, dans son épicerie / bar  Les Ronches), un local dans une zone commerciale (Strasbourg et son légendaire Diamant d’Or), la terrasse d’une barge, et d’autres encore. Hier soir, dans un loft à Bagnolet, deux des groupes les plus doués de la région (En Attendant Ana et Nick Wheeldon avec le violon céleste de Thomas Carpentier) entourés de fleurs géantes en papier crevaient le cœur d’une bonne cinquantaine de spectateurs. Continuer la lecture de « J’entends mieux la guitare »

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Tindersticks : « L’état d’esprit post-punk est toujours présent en nous »

Tindersticks / Photo : Neil Fraser
Tindersticks / Photo : Neil Fraser

On reproche souvent à Tindersticks, depuis maintenant plus de trente ans, de sortir des albums de qualité qui peuvent lasser de par leurs similitudes. Cela ne pourrait pas être plus éloigné de la réalité. Il suffit de comparer The First Tindersticks Album (1993) et leur dernière sortie, le très réussi Soft Tissue. Entre soul 70’s et ambiance morne de fin de soirée, Soft Tissue continue d’explorer un univers singulier et toujours aussi captivant. Car Tindersticks ne ressemble à aucun autre groupe, greffant toutes les expérimentations possibles autour d’une des sections rythmiques les plus solides du cercle indépendant. Si les expérimentations sont toujours présentes sur ce nouvel album, le côté plus dépouillé et les arrangements chaleureux, proches du live, de Soft Tissue en font une excellente porte d’entrée pour ceux qui connaissent peu ou mal le groupe. Et pourtant, comme nous l’explique Stuart A. Staples dans cette interview, Soft Tissue aurait très bien pu ne pas voir le jour. Les motivations en interne et les difficultés économiques post Covid rendant tout projet compliqué, le groupe s’est simplement rendu en studio juste pour voir ce que ça donnerait. C’est sur ce parcours compliqué, et la surprise de prendre un énorme plaisir à rejouer ensemble que revient Stuart A. Staples dans un entretien sans filtre. Continuer la lecture de « Tindersticks : « L’état d’esprit post-punk est toujours présent en nous » »

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Bill Callahan, Solo Residency

Bill Callahan au Café de la Danse à Paris / Photo : RP
Bill Callahan au Café de la Danse à Paris / Photo : RP

Alors que l’on décroche dans les rues parisiennes les derniers vestiges d’Olympiades qu’un leader hors-sol et désavoué peine à voir s’achever, Bill Callahan prend la Bastille pour deux soirs à l’approche de l’automne. Autant dire que la fête est terminée. Sur l’affiche de sa tournée européenne (Paris, Bruxelles, Dublin, Manchester et Londres), un simple mot d’ordre : Solo Residency. Soit un euphémisme de plus pour ce texan qui, même accompagné, semble toujours bien seul sur scène. Avec son allure de comptable – parfois déguisé en cowboy de pacotille – et son regard de serial killer, Callahan ne manque pourtant pas d’humour. Plutôt noir, l’humour. On le sait capable d’emmener son public au septième fiel… Cette fois au plus près de l’os, donc. Continuer la lecture de « Bill Callahan, Solo Residency »

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Panorama, French Soundtracks & Rarities (Transversales)

Pendant la période 69-80 que couvre cette compilation des très consciencieux Transversales, en gros mes dix premières années sur notre petite planète, j’étais scotché devant la télé. Pas que mes parents me délaissaient, non, mais au milieu d’activités cadrées (devoirs, football puis handball), je m’abandonnais devant le petit écran en noir et blanc de l’appartement de la rue de Ferrette à Belfort (au 47, si vous voulez tout savoir). De la bande-son de la lucarne, j’en ai soupé, génériques d’émissions, musiques d’interludes, bandes originales de séries, téléfilms et magazines, j’en ai gardé un souvenir assez grisaille. Je ne sais pas si les compositeurs de l’époque, que j’imaginais en blouse grise de laborantins, étaient des gros flippés de la vie, mais leur musique me fichait plutôt les chocottes, voire carrément les boules, ou peut-être que j’étais déjà trouillard et mélancolique. Il y avait en tous cas un sentiment d’étrangeté et d’inquiétude que me transmettaient ces musiques de la télévision publique, un truc de sérieux, lié aux sciences, à l’histoire ou à la conquête spatiale, avec des synthés inquiétants qui hululaient parfois comme dans des films d’horreur. On ne peut pas dire qu’on s’éclatait au Sénégal. C’est toute cette nostalgie un peu hantée que je m’apprêtais à éprouver à l’écoute de ce disque, égaré que j’étais par ce très bel emballage de l’impeccable graphiste Jean-Philippe Talaga (que j’avais interviewé dans la section Papivole, il y a quelques années) qui joue avec les formes de l’ancien logo de TF1, alors première chaîne publique.
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Aerial M, The Peel Sessions (Drag City)

Aerial M The Peel Sessions Drag CityEn écoutant d’une oreille volontairement inattentive cette Peel Session de David Pajo enregistrée en mars 1998 et parue enfin ces jours-ci avec une pochette respectant à dessein la charte graphique assez problématique du label Strange Fruit qui en publia une palanquée au mitan des années 80*, l’on s’aperçoit que l’inattention préalable ne peut pas être de mise bien longtemps. Par l’amitié brisée par balle auto-infligée d’un ami parti il y a 5 ans déjà. Et qui était fan de Slint à un niveau expert. Où que tu sois mon vieux Jac, ce disque t’aurait plu sous toutes ses coutures et j’aurais tant aimé me réjouir de cette petite mais assez dense demi-heure en ta compagnie. D’autre part, parce que Pajo y règle un certain nombre de comptes avec son passé avant de commettre un (autre) très grand disque sous le nom de Papa M, Whatever Mortal (2001). Et qu’à la jonction des deux, il arrive également à se joindre temporairement à ses anciens collègues Brian McMahan et Britt Walford sous bannière The For Carnation. Continuer la lecture de « Aerial M, The Peel Sessions (Drag City) »

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DJ Mehdi dans la légende

DJ Mehdi / Photo via arte.tv
DJ Mehdi / Photo via arte.tv

Si la France sait produire de grands documentaires, la culture populaire est rarement concernée. Encore moins des courants récents comme le Hip-Hop ou l’électro, si ce n’est sur le mode auto-promotionnel, sans parler des émissions sur la TNT pour combler la grille du samedi soir. L’hexagone semble penser que l’histoire s’est arrêtée dans les années 70 pour la musique. Il ne sait pas comment honorer les légendes qui sortent du crédo chanson ou variété. Nous ignorons mêmes souvent qu’elles existent. Continuer la lecture de « DJ Mehdi dans la légende »

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Joe Casey : « Il y aura toujours de la colère dans Protomartyr »

Joe Casey - Protomartyr, la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant
Joe Casey – Protomartyr, la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant

Difficile de ne pas sentir, au premier abord, intimidée par la présence de Joe Casey, leader charismatique de Protomartyr. Quand on a déjà vu le bonhomme sur scène, on se figure le costume noir, la bière glissée dans la poche, la clope à la main, le visage rougi par la puissance de ses esclandres. C’est bien ce personnage que les festivaliers de la Route du Rock allaient retrouver quelques heures plus tard sur la Scène des Remparts mais en attendant, cet après-midi-là, c’est un Joe calme et attentif qui s’est assis à côté de moi. L’occasion de discuter de Détroit, sa ville et son inspiration, de son ressenti face au récent boom de la scène post-punk, ou de la manière dont Formal Growth in the Desert, dernier album du groupe paru en juin, l’a aidé à faire face au deuil. Un échange honnête, dans lequel l’homme de bientôt cinquante ans, bien que toujours révolté, admet vouloir explorer d’autres voies que la colère, tout en continuant avec ses musiciens à « jouer vite », comme pour contrer le passage du temps.

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ANNA au cœur du temps

ANNA / Photo : Baptiste Goulay
ANNA / Photo : Baptiste Goulay

ANNA perpétue avec habileté ces sonorités pop, qu’elles viennent des années 60 ou des années 70 : jeu délié et quasi scientifique, psychédélisme dompté avec la manière, voix flottante. C’est dans un de nos refuges préférés à groupes futés qu’Anna a trouvé tranquillité et calme : Another Record, pension pour Odessey & Oracle, Bess Of Bedlam, Boost 3000, KCIDY, Satellite Jockey, Hémisphère Sud, Jokari, et j’en oublie, prolonge aussi l’héritage de maisons de disques ouvertes aux 4 vents de la pop qui coproduisent de façon solidaire : Howlin Banana, Télé Cascade et Les disques du paradis. Qu’elle soit francophone ou anglophone – ANNA a opté pour cet anglais sans doute chanté par les amis imaginaires de Syd Barrett -, elle rayonne de passions et de savoir-faire entre ses guitares et ses claviers toujours utilisées à l’inverse de ce que doivent prévoir les manuels.

On attend avec impatience l’album complet à venir de la bande à Martin Vidy, The Fun, prévu le 20 septembre, sûrs qu’on aura droit à un sacré voyage, un sacré trip, comme on disait.  Continuer la lecture de « ANNA au cœur du temps »

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Les groupes du Poup

On peut, parfois, passer à côté d’un groupe à cause des choix graphiques liés à ses pochettes. C’est par exemple le cas de Morphine. Malgré le travail de réédition de Light In The Attic Records et de Rykodisc, on peut toujours rester de marbre en regardant la pochette de Cure For Pain (1993) et de The Night (2000). On repose donc le disque dans le bac, ou on écrit le nom d’un autre groupe dans la barre de recherche… Et on peut passer à côté dudit artiste. C’est à ce moment précis qu’intervient Laurent Poupinais aka Le Poup. Avec ses dessins, il rebat les cartes et vous permet de vous lancer à l’assaut de l’œuvre de feu Mark Sandman. Ses portraits monochromes offrent une relecture de son panthéon musical. Guidé par Robert Crumb et Frantz Duchazeau, Laurent Poupinais part du blues pour s’aventurer vers des paysages plus rock.  Marqué par Tardi et les travaux de Chabouté, Mezzo et Muñoz, Le Poup confie son univers à travers ses portraits. Et vous fait devenir fan de Morphine sans que vous vous en rendiez compte.

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Horse Jumper of Love, Disaster Trick (Run For Cover Records)

Quand on a la chance de partir, l’été est souvent ce moment où l’on délaisse, malgré nous, nos habitudes musicales. On se retrouve à écouter la musique des endroits où l’on va et la musique des autres, surtout. Elle devient un fond sonore, quand elle n’est pas carrément subie. J’ai des souvenirs, ado, en vacances en famille et sans portable, du soulagement physique ressenti lorsqu’une chanson que j’aimais passait enfin à la radio. C’est l’effet que m’a fait Disaster Trick, le cinquième album de Horse Jumper of Love paru à la mi-août.

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Fat Dog : « On ne veut surtout pas tomber dans la routine »

Fat Dog / Photo : Pooneh Ghana
Fat Dog / Photo : Pooneh Ghana

Si à une certaine époque la rumeur sur un nouveau groupe se faisait via la presse musicale, Fat Dog semble avoir bâti sa réputation sur ses prestations scéniques endiablées. Avec seulement trois titres electro-rock publiés au moment de cette interview, leurs concerts parisiens, briochins et berruyers avaient déjà marqué les esprits. Retranscrire cette énergie et cette folie sur disque sans décevoir a visiblement préoccupé plus que de raison Joe Love, le leader du groupe qui cache ses insécurités derrière une attitude de slacker. Ils y sont parvenus sur WOOF, avec l’aide du producteur James Ford (Depeche Mode, Arctic Monkeys, Fontaines D.C.) qui a réussi à canaliser les ambitions et les égarements d’un groupe bien plus exigeant et sérieux qu’il n’en a l’air. La preuve via cet entretien où il presque a fallu ramer pour que les personnalités se dévoilent et pour obtenir des informations sur l’album. Continuer la lecture de « Fat Dog : « On ne veut surtout pas tomber dans la routine » »

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Selectorama : Ian Svenonius

Ian Svenonius / Photo : instagram
Ian Svenonius / Photo : instagram

Ian Svenonius n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Depuis plus de 35 ans, avec pas moins de 20 albums sortis sous différentes bannières – Nation of Ulysses, Cupid Car Club, Weird War, The Make-Up, Chain and the Gang etc. – et des milliers de concerts à travers le monde, le dandy rocker de Washington D.C. n’a eu de cesse de donner de sa personne. Le voici de retour avec le savoureux nouveau single Black Gold, extrait de l’album Charge Of The Love Brigade, à paraître dans les semaines qui viennent sous l’avatar d’Escape-ism. Je parle de retour mais depuis 2017, Escape-ism a été omniprésent, sortant tout de même 4 albums coup sur coup – notamment le remarquable The Lost Record – ainsi que l’admirable single Rebel Outlaw en février dernier, qu’on a écouté et réécouté compulsivement depuis. Svenonius avait même eu l’humour culotté de faire presser en vinyle The Silent Record – désormais épuisé –, disque entièrement silencieux, sorte de version musicale du Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch. John Cage aurait certainement apprécié ! En 2017, Svenonius s’était également offert le plaisir de publier un livre désopilant ; Stratégies occultes pour monter un groupe de rock, ouvrage dans lequel on avait retrouvé tout l’esprit facétieux de ses délectables interviews. Continuer la lecture de « Selectorama : Ian Svenonius »

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Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk »

Nic Gohl à la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant
Nic Gohl à la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant

Deeper, ça a d’abord été pour moi une révélation sur scène, en novembre dernier à la Boule Noire. « C’est trop bien, non ? », « Il chante un peu comme Robert Smith, tu trouves pas ? » ; je cherchais confirmation autour de moi. J’avais assez apprécié ce que j’avais écouté pour avoir la curiosité d’aller au concert, mais je n’avais pas imaginé être aussi impressionnée. Parce que Deeper, c’est un peu générique comme nom, des nouveaux groupes de post-punk il y en a plein, et puis on ne sait pas trop à quoi ils ressemblent, ces gars-là. C’est qu’ils jouent de cette musique pressée, à guitares aiguisées et motifs répétés à laquelle il est si tentant de mettre une étiquette. C’est peut-être cette voix qui fait la différence en trahissant – pour le meilleur – la sensibilité mélodique du groupe ; il y a en tout cas, aux premières résonances de chaque titre, cette efficacité immédiate et cette pensée : « Ah non, c’est elle ma préférée ».  Au micro, c’est Nic Gohl, chanteur et guitariste, leader par défaut d’un quatuor dans lequel aucun ne prend plus de place que l’autre ou ne cherche à paraître différent de ce qu’il est. Continuer la lecture de « Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk » »

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Los Planetas, Pop (RCA, 1996)

Il faut être quelque peu hardi pour nommer son disque Pop… Los Planetas s’autorisent cette fantaisie en 1996 pour leur deuxième album. Pourtant, tout reste à faire ou presque pour les Espagnols au mitan des années 90. Le groupe se forme quelques années plus tôt à l’Université de Grenade. Juan Rodríguez (Jota) étudiant en sociologie y rencontre Florent Muñoz, lui en cursus de droit. Les deux partagent un amour viscéral pour le Velvet Underground, mais aussi The Church et la littérature beatnik (Kerouac). Ils gravent plusieurs démos et se font remarquer dans des concours de groupes non signés (Diaro Pop, Disco Grande, Rock de Lux). RCA prend contact avec eux à l’époque, cependant la major est précédée dans les faits par le label madrilène culte Elefant (Family, Le Mans, La Casa Azul…). Continuer la lecture de « Los Planetas, Pop (RCA, 1996) »

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Meyverlin : « On est sortis de notre zone de confort »

Meyverlin / Photo : D. Hamilton
Meyverlin / Photo : Maud Platiau-Bourret

Meyverlin est de retour avec un deuxième album, Therefore, sorti sur le label Too Good  To Be True. Notre précédente rencontre datait de la fin de l’année 2021 suite à la sortie de Daily Events. Ce petit miracle de pop était né de la fusion entre trois mondes musicaux a priori très éloignés, d’un trait d’union habilement dessiné entre trois régions du globe (Paris, Lexington et Auxerre). La spontanéité, le côté récréatif et une complicité autant artistique qu’amicale furent les éléments fondateurs, un cahier des charges implicite du premier album de ce trio pas comme les autres. Les chansons avaient été écrites et composées dans une sorte d’urgence, sans véritable plan préconçu ni arrière-pensée. Trois ans plus tard, on a retrouvé Philippe Lavergne (Les Freluquets, Qu4tre, Herzfeld, Bassmati…), Thierry Haliniak (My Raining Stars) et Gilles Ramey à Paris pour qu’ils nous racontent la genèse de ce nouvel album sorti au printemps dernier. Continuer la lecture de « Meyverlin : « On est sortis de notre zone de confort » »

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Selectorama : Demain Les Flammes

Deux livres parus chez Demain Les Flammes, tous deux signés Aaron Cometbus / Photo : DR
Deux livres parus chez Demain Les Flammes, tous deux signés Aaron Cometbus / Photo : DR

Aaron Cometbus
Aaron Cometbus

Depuis qu’il est adolescent, Nathan Goslhem a toujours gravité dans le monde du punk, adorait éditer des écrits  – fanzines comme romans – narrant cette contre-culture. Une passion toujours fidèle pour les marges. Vers 2016, il publie de façon bénévole des revues éclectiques et radicales sous le nom de Demain Les Flammes, une aventure solitaire sur le papier, mais autour de laquelle gravitent des personnes motivées pour la traduction, l’illustration, la mise en ligne et l’impression. « L’idée des revues était de proposer des sommaires sur des sujets très précis, mais sans approche de spécialiste. L’ambition était de varier les formats (récits, entretiens, BD, reportages photo…), mais des trucs de fond, qui ne périment pas, et qui peuvent être lus à peu près par tout le monde, tant qu’il y a une forme de curiosité pour les contre-cultures ou considérées comme telles. » Jeune, Nathan a lu Double Duce de Aaron Cometbus, musicien et écrivain punk Américain dans sa version originale, il en a compris l’essentiel, un brûlot bordélique et fougueux. Ce fût donc une évidence de pouvoir donner de la visibilité à ses livres, qui commençaient timidement à être traduits en français. Continuer la lecture de « Selectorama : Demain Les Flammes »

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Pour l’interdiction des reformations de groupes

Photo : instagram Oasis
Photo : instagram Oasis

« Oasis  : les frères Gallagher alimentent la  rumeur d’une reformation du groupe. » Même Le Monde s’est fendu d’un article en ligne. La presse anglaise, de son côté, en a fait ses gros titres. Le retour quasi-messianique du groupe de Manchester s’apparente déjà à une campagne de promo bien huilée. Les réseaux sociaux ont amplifié, y compris dans l’indignation, le tsunami provoqué par l’annonce d’une date énigmatique, pour l’instant apocryphe. Emmanuel Macron aurait du leur demander conseil pour l’annonce de son prochain ministre. Continuer la lecture de « Pour l’interdiction des reformations de groupes »

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Mark Lanegan, Bubblegum XX (2004, rééd. Beggars Arkive)

Cinquième album de Mark Lanegan, Bubblegum (2004) est une rupture dans la discographie de l’ex-Screaming Trees. La carrière solo de Mark Lanegan commença au final comme un accident. Enregistrant des reprises avec Kurt Cobain et Kris Novoselic, Lanegan sortit en catimini en 1990 The Winding Sheet grâce à une avance de Sub Pop. Ce disque est sec comme un coup de trique et décharné à l’extrême. Mais sans s’en rendre compte, Mark Lanegan venait de débuter une nouvelle carrière avec évidemment de nouveaux ennuis. L’enregistrement du disque suivant, Whiskey for the Holy Ghost (1994), dura des années et fut un cauchemar pour le label ainsi que pour les ingénieurs du son qui osaient s’approcher de la console. Sur ce disque, comme sur les trois suivants, Lanegan traçait sa voie bordée par les ombres de Jeffrey Lee Pierce et de Johnny Cash. Ce dernier, séduit par l’âme noire de ce grand échalas, lui proposa d’ouvrir pour lui lors d’une de ses tournées américaines. Johnny Cash, le Gun Club… Toutes ces références vont être mises en arrière plan avec Bubblegum. Lanegan casse son jouet (une habitude) pour se créer une nouvelle identité. Continuer la lecture de « Mark Lanegan, Bubblegum XX (2004, rééd. Beggars Arkive) »

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Fontaines D.C. : « Nous n’avons plus besoin de nous freiner »

Conor Deegan III (Fontaines D.C.) / Photo : Alain Bibal
Conor Deegan III (Fontaines D.C.) / Photo : Alain Bibal

Avec Romance, leur quatrième album, Fontaines D.C. risque de passer du statut de formation importante à celui de groupe qui va marquer son époque. Plus varié musicalement, avec un son énorme et surtout moins monotone, on sent une ambition à la fois liée à l’envie de ne pas s’endormir sur ses lauriers et à une volonté de passer au stade supérieur. En plus de leurs talents d’écriture, ils se sont donnés les moyens d’y parvenir en changeant de label (exit Partisan, bonjour XL), en abandonnant leur producteur historique pour James Ford (Depeche Mode, Arctic Monkeys, etc) et en changeant de look. Le pari est réussi car le groupe garde une identité très forte et, malgré des titres plus pop, rien ne sent le calcul. Cela se confirme lors de notre rencontre avec Conor Deegan III dans les locaux de sa maison de disques. Disponible, réfléchi et même amical une fois l’interview terminée, il nous raconte la genèse de ce nouvel album qui semble les avoir libérés du poids d’une routine qui aurait pu s’installer. Continuer la lecture de « Fontaines D.C. : « Nous n’avons plus besoin de nous freiner » »

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Selectorama : Cassie Ramone

Cassie Ramone / Photo : fb
Cassie Ramone / Photo : fb

C’était il y a bientôt 15 ans déjà. Nous étions sur la fin de la première décennie des années 2000, inaugurée par le retour en force des groupes de rock comme The Strokes, The White Stripes, Yeah Yeah Yeahs, Black Rebel Motorcycle Club et autres Art Brut. En 2008, alors que Jay Reatard débutait en force sa carrière solo et que Crystal Stilts, Dum Dum Girls et Brilliant Colors n’allaient pas tarder à entrer à leur tour dans l’arène, sortait le premier album décapant des Vivian Girls, trio pop/punk/garage basé à Brooklyn. Le savant mélange de grosses guitares à de savoureuses mélodies harmonisées façon Shangri-Las bourgeonnant comme des roses au milieu des orties, évoquait beaucoup Black Tambourine, l’incontournable groupe de Mike Schulman. Malgré le passage du temps, des titres comme Damaged, Going Insane ou comme l’excellente Where Do You Run demeurent toujours aussi percutants et réjouissants. On n’a pas non plus oublié des perles comme I Can’t Get Over You – dont la partie vocale finale me serre à chaque fois le cœur – ou The Desert, qu’on trouve sur Everything Goes Wrong, le deuxième des quatre disques qu’auront sorti les new-yorkaises entre 2008 et 2019. Continuer la lecture de « Selectorama : Cassie Ramone »

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Sagittarius, Present Tense (Columbia, 1968)

La compilation Nuggets (1972) est généralement considérée comme fondatrice dans la définition du garage-rock pourtant, entre autres merveilles, un trésor de sunshine pop s’y cache. En 1967, la radio américaine diffuse My World Fell Down de Sagittarius. Reprise d’une chanson des Britanniques de The Ivy League, la titre produit par Gary Usher, collaborateur des Beach Boys et The Byrds, obtient un modeste succès commercial (une soixante-dixième place) aux États-Unis. S’il propose initialement la composition au duo Chad & Jeremy, ces derniers la refusent, obligeant Usher à s’y coller avec un groupe de son invention : Sagittarius. Un an plus tard, Columbia donne au producteur l’opportunité de poursuivre l’expérience le long d’un album. Ce sera le magistral Present Tense. Continuer la lecture de « Sagittarius, Present Tense (Columbia, 1968) »

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Brigitte Calls Me Baby, The Future Is Our Way Out (ATO Records / PIAS)

Brigitte Calls Me Baby ont-ils la capacité de séduire le fan lambda de rock alternatif américain ? La réponse est évidemment oui. Le déhanché de Wes Leavins et les refrains devraient rapidement faire leur petit effet. Concernant les fans européens, les scribes de la RPM canal historique et les fanatiques de Morrissey, la réponse est quant à elle beaucoup moins sûre. Une rapide écoute pourrait ranger le disque entre le premier Menswear et une compilation de Gene. Il faut pourtant laisser sa chance au produit. Et se la jouer à l’américaine en ne connaissant aucun groupe de la deuxième division d’honneur anglaise des années 90 tout en faisant l’impasse sur les débuts de la carrière du Moz. Continuer la lecture de « Brigitte Calls Me Baby, The Future Is Our Way Out (ATO Records / PIAS) »

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Yargo, Bodybeat (Bodybeat, 1987)

Il y a des disques achetés il y a longtemps qui vous suivent toute la vie, presque clandestinement, sans faire plus de bruit qu’ils n’en ont fait à leur sortie. On avait inventé le mot « culte » pour ce genre d’œuvre, mais à l’heure de la malle à disques géante qu’est devenu l’internet, c’est juste le mot désigné pour un truc perdu dans la masse. Pour ne pas faire de révisionnisme, Bodybeat a quand même bénéficié d’un peu de lumière, de son ¼ d’heure de gloire en France – attention, le groupe avait joué sa carte de next big thing à la maison, avec couv du NME et tout – puisqu’il est parvenu jusqu’à moi, à la Fnac de Belfort et que le groupe de Manchester a joué aux Transmusicales, a eu son entretien dans les Inrocks bimestriels (et peut-être une apparition dans Best) et a même bénéficié de passages à la télé de papa (Décibels, mon amour). Manchester, ouais, juste avant que la ville ne se transforme en Madchester, usine sous ecsta fabricant du survêt ou du jeans taille XXL, proposait déjà des choses aventureuses, on le sait, et Yargo n’en était pas la moindre. Avec son sens de la formule, JD Beauvallet résumait leur musique avec une simple addition : Joy Division + la soul. Continuer la lecture de « Yargo, Bodybeat (Bodybeat, 1987) »

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Sous Surveillance : Bingo Crépuscule

Bingo Crépuscule
Bingo Crépuscule / photo : bandcamp

Depuis la fin des années 70, la région Hauts-de-France est un territoire où les groupes issus des scènes punk, cold et hardcore foisonnent. Après Bunker Strasse ou Guerre Froide dans les 80’s, jusqu’à leurs descendants Traitre, Arsou, Utopie ou Douche Froide actuellement. Il faut dire que le terreau est propice, région sacrifiée et dénigrée depuis tant d’années, l’espoir que portaient les mines ou l’industrie longtemps fleuron national fut vite effacé par la montée en flèche du chômage et de la précarité qui ont pu favoriser l’arrivée du R haine et de sa politique abjecte, maintenant malheureusement implantée. Mais souvent, ou s’ancre ce climat anxiogène, subsistent ou naissent des poches de résistance, et c’est le cas ici. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Bingo Crépuscule »

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Melenas de cœur

Le quatuor de Pampelune en session live filmée aux Vinzelles à Volvic par Sébastien Faits-Divers

Melenas
Melenas live aux Vinzelles / photo extraite de la captation de Sébastien Faits-Divers

“Sensation intense de bien-être, d’optimisme”. C’est l’une des deux définitions que donne le Larousse du nom commun féminin, euphorie. Euphorie, c’est le mot qui s’est imposé à toutes celles et ceux qui s’étaient donnés rendez-vous le 30 mars dernier aux Vinzelles, à Volvic. Un samedi soir qui ne fut pas tout à fait semblable aux autres pour le public présent – avec badge et fanzine à la clé pour les premiers arrivés, entre autres –, un public constitué de béotiens et de connaisseurs, tous conquis par la pop élastique des quatre jeunes filles de Pampelune, hypnotisés par les visuels qui semblaient rebondir sur les rythmiques acrobatiques, les notes de synthés analogiques et les mélodies ultrachics. Pendant une heure et sans rappel – comme les plus grands (Felt, Stone Roses, Mary Chain, à peu près au hasard) -, elles ont pioché dans leurs trois albums, joué leurs hits parfaits – Bang, en plein dans le mille –, repris Eisbär dans la langue de Cervantes et surtout  fait, comme rarement il m’a été donné de voir, l’unanimité d’une foule devenue sentimentale, insouciante, un sourire collé aux lèvres et des étoiles dans les yeux. C’était je crois un moment rare. Continuer la lecture de « Melenas de cœur »

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Basement Jaxx, Rooty (XL Recordings, 2001)

L’explosion commerciale de la musique électronique ponctue la fin des années 90 et le début de la décennie suivante. Musique underground pour les clubs, longtemps absente des radios et chambres adolescentes, puis en quelques années, les Daft Punk, Stardust, Fatboy Slim, Chemical Brothers ou The Prodigy changent sérieusement la donne. Dans ce tintamarre vibrant, Basement Jaxx dégainent deux classiques en 1999 et 2001 : Remedy et Rooty. Avec le duo britannique, la house music n’a jamais été aussi débraillée et aguichante. Felix Buxton et Simon Ratcliffe ne cherchent en effet guère l’approbation de leurs pairs mais misent sur l’efficacité et leurs mélodies pop. Continuer la lecture de « Basement Jaxx, Rooty (XL Recordings, 2001) »

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Sous surveillance : Violence Gratuite

Violence Gratuite / Photo : Daisy Ray
Violence Gratuite / Photo : Daisy Ray

Qui ?

Violaine Le Fur, une artiste transdisciplinaire, a étudié à la Sorbonne (histoire de l’art et archéologie) et poursuivi son cursus dans des écoles d’art (Villa Arson de Nice, La Cambre de Bruxelles) : elle y apprend beaucoup de choses, se forge une culture générale et conceptuelle, mais ne trouve pas sa place, se fait renvoyer ou prend la poudre d’escampette. Elle y fait l’expérience des rapports de classe, de domination et y constate aussi bien chez les professeurs que parmi ses camarades un certain formatage, un certain cynisme, quand ça n’est pas de la violence, symbolique ou autre, et du mépris pour les expressions populaires. « C’était il y a plus de 10 ans, et heureusement, les choses sont en train de changer depuis, les mentalités évoluent, et la parole se déploie heureusement grâce à la pensée décoloniale et féministe », nous précise-t-elle. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Violence Gratuite »

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Deux disques expérimentaux sortis chez L’Eau des Fleurs

On pourrait établir une généalogie des musiques expérimentales en France à partir de quelques moments ou séquences emblématiques : le tournant des années 1960-1970 avec l’hybridation free-jazz/psych-kraut/early-electro (Heldon, Jean-Jacques Birgé, Red Noise, etc ; merci Le Souffle Continu !), le moment punk/post-punk et ses expérimentations early-indus (Metal Urbain, Pacific 231, Art & Technique, Déficit des Années Antérieures, le label Sordide Sentimental, etc.) ou encore la période 1990-2000 qui voit fusionner post-rock, free-noise et Extreme Computer Music (Le Syndicat, Sister Iodine, etc.). Avec des lieux emblématiques comme les Établissements Phonographiques de l’Est ou Les Instants Chavirés, les disquaires Wave et Bimbo Tower ou encore la librairie Un Regard Moderne. Continuer la lecture de « Deux disques expérimentaux sortis chez L’Eau des Fleurs »

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Eddy Current Suppression Ring, Primary Colours (Aarght! / Goner, 2008)

Mastered by Mikey Young, qui n’a pas un disque avec cette mention dans sa collection ? Depuis une quinzaine d’années, l’Australien travaille avec tout le monde, par exemple : Vintage Crop, Klaus Johann Grobe, Lewsberg, Exek, Charlene Darling, The Frowning Clouds, EggS, Ultimate Painting ou The Shifters… Au départ de ce bouillonnement artistique, il y avait un groupe, Eddy Current Suppression Ring. Dans les années 2000, la formation de Melbourne propose une musique punk viscérale et singulière. En l’espace de quatre ans, Mikey Young accompagné de son frère Danny ainsi que de Brad Barry et Brendan Huntley, publient trois albums magistraux. D’Eddy Current Suppression Ring (2006) à Rush To Relax (2010), le groupe australien pose ainsi les bases d’un son qui en a touché plus d’un à travers la planète. Continuer la lecture de « Eddy Current Suppression Ring, Primary Colours (Aarght! / Goner, 2008) »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JUILLET 2024

Chassons donc les nuages de ces derniers mois avec cette playlist qui conjugue toutes les secousses qui nous animent, avec des légendes immortelles (Brian EnoPrimal Screammême si…-, The The, Kim Deal), des hérauts de l’internationale indie (Field Music, A Certain Ratio, Alan Sparhawk de Low), des revenants réapparus d’on ne sait où (Cassie Ramone des Vivian Girls, Redd Kross, The Softies) et une belle brochette de nouveaux venus ou pas-là-depuis-longtemps (Dummy, Being Dead, Best Bets). Et savourons les rayons régérérants de la belle saison en les écoutant. (TS)

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NDLR : la playlist Youtube ne comporte pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

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Sous surveillance : Klein

Klein / Photo : Chloé Tocabens
Klein / Photo : Chloé Tocabens

Qui ?

Benjamin Porraz endosse le nom de jeune fille de sa mère, Klein, et place sur la carte, sans image, sans enrobage, sa musique instrumentale qu’il veut disponible pour l’autoradio, pour la maison. Quand il a du temps, il compose et s’enregistre où il peut, tout seul, en multi instrumentiste, jouant du logiciel Logic, un instrument à part entière. Depuis ses 11 ans, il en a 32 aujourd’hui, il joue aussi de la guitare. Au lycée, il fréquente le Gibus, joue avec ses groupes de copains au moment où sa génération réinvente le rock à Paris, en jeans serrés et blouson de cuir, « une bonne école ». Après le bac, il fait une école de cinéma (ESRA, Paris, XVe) pour devenir ingé son et à partir de là, tout s’enchaîne : le groupe sérieux et «pro » (Agua Roja, avec Clément Roussel, rencontré pendant ses études et la chanteuse November Ultra), puis le contrat avec la grosse maison de disques et le split, comme un parcours initiatique classique. Sûr de ne pas avoir envie de trainer dans les studios et par goût des voyages (« il y a un côté partir à l’aventure que j’aime beaucoup »), il sera guitariste professionnel, spécialité scènes, pour accompagner Clara Luciani ou Jain. Klein aime le rock allemand, Neu!, Ash Ra Tempel, Amon Düül, reconnaît aussi les Cocteau Twins, Beak, GUM« Au final, ce ne sont pas des choses que j’écoute le plus, mais elles m’ont marqué et j’y reviens régulièrement ». Actuellement, il se sent proche des albums instrumentaux de la canadienne Mélissa Fortin (« un coup de cœur ») issue du groupe Bon Enfant, quelqu’un qui semble partager ce même goût de l’instrumental imagé Continuer la lecture de « Sous surveillance : Klein »

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Los Negativos, Piknik Caleidoscópico (Victoria, 1986)

En publiant la compilation Nuggets en 1972, Lenny Kaye ne se doutait pas qu’une dizaine d’années plus tard de nombreux musiciens s’en revendiqueraient à travers le monde. Dans les années 80, une partie du monde underground vibre au son du garage et du psychédélisme. Partout la résistance s’organise. La culture compilation (Back from The Grave, Pebbles, Rubble, Perfumed Garden, etc.) explose tandis qu’un peu partout à travers le monde de jeunes gens prennent les guitares et enfilent leurs boots (talon cubain). Aux États-Unis, cette appétence pour les années soixante se manifeste autant à travers du british rhythm & blues puriste (The Crawdaddys), de la powerpop aux inflexions merseybeat (The Last) qu’une magnifique scène Paisley Underground (Rain Parade, The Bangles, Long Ryders etc.). Mais l’Europe n’est pas en reste. Continuer la lecture de « Los Negativos, Piknik Caleidoscópico (Victoria, 1986) »

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Terminal 1 : décollage immédiat

Phoenix / Photo : Philippe Levy
Phoenix / Photo : Philippe Levy

On a beau vivre plusieurs vies, elles ne sont pas imperméables… Il n’y a pas d’étanchéité absolue – encore moins aujourd’hui qu’il y a une dizaine d’années. Encore moins lorsque la musique y occupe à chaque fois une place de choix. Pour beaucoup de gens qui ont vécu de l’intérieur les années charnières 1990 – 2000 – n’y voir aucun mérite, au delà du privilège de l’âge et de la date de naissance (le lieu peut aussi avoir son importance) –, l’événement qui s’est tenu ce mercredi 17 juillet sur le toit du Terminal 1 pour fêter les cinquante ans de l’aéroport de Roissy était une sorte d’aboutissement – comme un rêve devenu réalité, et encore, fallait-il déjà avoir fait rêve aussi grand.

Terminal 1 / Photo : Philippe Levy
Terminal 1 / Photo : Philippe Levy

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Sous surveillance : Tiffanie de Falaise

Tiffanie de Falaise / Photo : Flore Layole
Tiffanie de Falaise / Photo : Flore Layole

Qui ?

Tiffanie, c’est son prénom et Falaise, c’est le village de Normandie où elle est née. Trentenaire et déjà plusieurs vies : un BTS (« en arts appliqués »), une école en cinéma, celle de la Cité à Saint-Denis, puis une signature en 2017 sur une major, avec l’histoire maintenant classique : sur des rails, contrat de trois albums, équipe dédiée à fond sur la pochette, les photos, le premier disque est en boîte et badaboum, le directeur artistique s’en va et les rêves de la jeune chanteuse avec. Mais Tiffanie n’en fait pas une maladie, elle en a souffert bien sûr, mais la page est tournée, et – le plus important – les bandes sont toujours sa propriété. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Tiffanie de Falaise »

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Those Pretty Wrongs (Luther Russell + Jody Stephens) : « J’essaie vraiment de ne pas me reposer sur ce que j’ai pu faire il y a très longtemps. »

Those Pretty Wrongs
Those Pretty Wrongs

Il aurait pu, sans qu’on lui en tienne rigueur, se contenter d’être le dernier des quatre. Le survivant. Le conservateur d’un patrimoine suffisamment riche pour continuer d’irriguer une bonne partie de la musique qui nourrit nos vies. Alex Chilton, Chris Bell et Andy Hummel ont disparu : à l’ombre des studios Ardent au sein desquels il a conservé ses fonctions officielles, Jody Stephens entretient seul le culte vivace de Big Star, comme en témoignent encore les concerts commémoratifs organisés cette année pour célébrer les cinquante ans de Radio City (1974). Il aurait pu, et pourtant, depuis dix ans, il s’est également mis en tête d’ajouter une nouvelle page, plus personnelle, à la légende. Continuer la lecture de « Those Pretty Wrongs (Luther Russell + Jody Stephens) : « J’essaie vraiment de ne pas me reposer sur ce que j’ai pu faire il y a très longtemps. » »

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Sous surveillance : Dear Pola

Dear Pola / Photo : bandcamp
Dear Pola / Photo : bandcamp

Qui ?

Mary Daste écrit des chansons depuis l’âge de 10 ans, depuis donc deux décennies et des galets. S’il s’agit d’une apparition récente, le métier de la chose folk est chevillé au corps autodidacte, mûri en solitude artistique de fait et de goût. Une guitare, une voix, et le XXIe siècle : le studio de chambre. Au long des étagères, de la poésie, et Woolf, Plath, Kerouac, Cohen, et l’anglais donc en évidence, en pratique cruciale, en rideau que le vent agite. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Dear Pola »

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Selectorama : R. E. Seraphin

R. E. Seraphin / Photo : DR
R. E. Seraphin / Photo : DR

Pour son second album Fool’s Mate, Ray Seraphin confirme et prolonge les belles promesses déjà saluées en ces colonnes il y a quatre ans. Membre désormais éminent de la scène indie californienne, il témoigne d’une érudition impressionnante sans pour autant sombrer dans le pastiche révérencieux. Du bruit, des mélodies et du style : on retrouve ces mêmes ingrédients dans la sélection proposée. Continuer la lecture de « Selectorama : R. E. Seraphin »

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Johnny Cash, Songwriter (Universal)

Et bien celui-là, on ne l’avait pas vu venir… Retrouvées de manière inopinée par son fils John Carter Cash, une dizaine de démos de Johnny Cash refont aujourd’hui surface et composent le disque posthume Songwriter. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons de The Mystery of Life, son « dernier disque » avant l’ère Rick Rubin ? La réponse est affirmative. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons d’American Recordings publiées le 26 avril 1994 ? La réponse est négative. Continuer la lecture de « Johnny Cash, Songwriter (Universal) »

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Sur la route avec Lush, raconté par Phil King et Emma Anderson

Photo extraite de Lush: A Far From Home Movie de Phil King et d'Emma Anderson
Photo extraite de Lush: A Far From Home Movie de Phil King et d’Emma Anderson

Je me souviens très bien de la première fois que j’ai vu Lush en concert. C’était dans la moiteur d’un été londonien, en plein mois d’aout de l’année 1990. Le groupe avait eu le droit à un encadré dans les pages “news” du NME – ou du Melody Maker – pour annoncer sous le pseudonyme de Hush un “concert secret” – qui ne l’était donc plus tellement –, la veille de sa participation à la garden party organisée par The Cure. Comme Phil King pour sa première fois, je ne me souviens plus vraiment des chansons jouées ce soir-là, mais très précisément de la présence de Lawrence dans la salle (et bien évidemment, je m’étais dit que c’était bon signe) avant de découvrir quelque temps plus tard que le groupe de première partie n’était autre que Moose… En revanche, je me souviens nettement mieux des autres fois où j’ai pu voir Lush sur scène, à la Cigale pour le festival des Inrocks 1991 – la fameuse soirée des noms de groupes en une syllabe –, au Bataclan pour la tournée Spooky, au New Morning en septembre 1994 – d’autant que Spring avait assuré la première partie –, au Divan du Monde et à Benicassim en 1996. Je ne pouvais qu’ignorer bien sûr que sous le soleil de la Costa del Azahar, ce serait la dernière fois que je verrai Lush en concert – et l’avant-dernière que je prendrai un polaroid du batteur Chris Acland, qui était venu passer après coup quelques jours de vacances en Bretagne et au festival de la Route du Rock. Avant de se donner la mort deux mois plus tard…

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Bulie Jordeaux, Visions (Grande Rousse Disques & Womb)

« Elle te fixe, elle te traque, elle te guette »

Si je devais donner une idée de ce qui se passe en France en matière de courants musicaux, écrire un état des lieux, je choisirais bien d’envelopper des artistes sous une même étiquette, avec tout ce que ça comporte comme biais et raccourcis. J’essaierais de trouver un nom un peu ronflant : je vous parlais de biais, alors j’irais piocher dans la culture des anime et des manga japonais de mon époque avec les magical girls, ces petites filles qui grâce à une baguette magique, une amulette, se transforment en super-héroïnes avec des pouvoirs magiques. Enfin, c’est ce qu’il me reste comme souvenirs. Continuer la lecture de « Bulie Jordeaux, Visions (Grande Rousse Disques & Womb) »

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L’édito de mai 2002, à l’entre deux tours.

Ces paroles signées Thomas Boulard (Luke) ont été publiées en tant qu’édito du numéro 61 de la revue pop moderne, sortie à l’entre deux tours de la présidentielle de mai 2002, où s’étaient affrontés Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. History repeating comme disaient Shirley Bassey et les Propellerheads. Continuer la lecture de « L’édito de mai 2002, à l’entre deux tours. »

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Une bonne cuite au Vin de Sprite

Donatien Toma Ndani Djemelas, sur la plage / Photo : DR

J’ai croisé Vin de Sprite il y a quelques mois, au Diamant d’or à Strasbourg. La soirée peu fréquentée n’en était pas moins de celles qui vous laissent quelque chose d’impérissable : pendue aux lèvres de Donatien Toma Ndani Djemelas – au chant et au clavier – la petite foule d’une dizaine de personnes semblait hypnotisée par cette énorme voix à la fois puissante et hésitante. Accompagné ce soir-là par deux amis (percussions et claviers) et par Antoine Loyer à la guitare et au chant, Donatien, ultra concentré, ailleurs et bien là à la fois, nous racontait ses histoires écrites à plusieurs mains lors d’ateliers collectifs, des histoires de voitures, d’animaux et plein d’autres mystères, écriture collage, écriture collision, chant libre, expression directe. Continuer la lecture de « Une bonne cuite au Vin de Sprite »

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Selectorama : Nervous Twitch

Nervous Twitch / Photo : DR
Nervous Twitch / Photo : DR

Voici déjà trois ans ici-même, nous avions chanté les louages de Nervous Twitch, trio pop originaire de Leeds, toujours en (sur)activité et en pleine forme. Alors qu’ils viennent de boucler une tournée française de quatre dates, dont une à Paris dans le cadre de l’indispensable Paris Popfest, le groupe emmené par la chanteuse et bassiste Erin Van Rumble enchaîne actuellement les concerts en terre d’Albion pour défendre son tout nouveau disque Odd Socks, compilation de titres inédits. En 2022, les trois compères étaient déjà revenus en force avec Some People Never Change, sur lesquels on retrouve le tube History of the Wild West, le très pixiesien Forgive Yourself – qu’on croirait chanté par Joan Jett – où l’excellente You Never Let Me Down, qui rappelle les ballades enfantines que chérissaient jadis les Television Personalities, ou encore la touchante Like A Snowball. Continuer la lecture de « Selectorama : Nervous Twitch »

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Sous surveillance : Concordski

Concordski / Photo : Clémence Catherine
Concordski / Photo : Clémence Catherine

Qui ?

Concordski, c’était le petit nom moqueur donné à l’avion Tupolev, dont la légende voulait qu’il soit copié sur le fameux Concorde. Si Eugénie Leber l’a endossé, c’est un peu par malice et surtout comme un hommage à des racines russes, familiales et lointaines, perdues dans les limbes de l’histoire. Après une formation académique au piano, plusieurs expériences de bassiste dans diverses formations depuis 2011 (« Quand les copains montaient des groupes, ils étaient contents d’avoir une fille à la basse ») et un déménagement, elle s’est mise à écrire et à composer seule. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Concordski »

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L’art pop desaxé des belges Another Dancer

Another Dancer
Another Dancer / Photo : Anna Scholiers

Bruit Direct Disques est un label ami et dans la lignée de SDZ Records, qui ont tous deux bon nombre de points en commun : l’amour de la musique obscure, la diversité des sorties, un goût prononcé pour l’Australie et la furieuse envie de faire sortir de l’œuf des talents cachés. Guy, le maître à bord, est allé cette fois fureter du côté du plat pays, car Bruxelles foisonne d’artistes et groupes. On peut noter ces temps-ci Milk TV, Rodolphe Coster, Megabasse ou encore Giulio Erasmus. Dans ce bouillon de culture alternative, Another Dancer vient d’éclore, un groupe qui mélange influences art rock d’antan et timbre moderne. Voix adolescentes, guitares lointaines, effets bricolés et refrain éclatant composent cette belle chanson pop. Un morceau qui semble désarticulé mais se synchronise parfaitement. Voici leur tout premier single Overfriendly Dogs (vidéo réalisée par Margo Mot), en avant-goût de leur album I Try To Be A Dancer, qui sortira le 10 Septembre prochain chez Bruit Direct Disques et Aguirre Records. On ne manquera surement pas de vous tenir au courant sur les infos ou de potentielles dates à venir.


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Chico Magnetic Band, Id. (Disques Vogue, 1971)

Au début des années 70, la vénérable maison de disques Vogue (Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Martin Circus etc.) accueille de sacrés hurluberlus. Le Chico Magnetic Band ne passe pas inaperçu en concert. Chico, en plus de chanter dans un anglais erratique, fait exploser des pétards judicieusement placés sur son casque quand il ne prend pas son bain sur scène… Ce goût pour le happening et la bravade, le groupe le développe lentement mais sûrement à la fin des années 60 en trainant dans la scène lyonnaise. Chico, de son vrai nom Mahmoud Ayari, né en Tunisie, s’éprend d’abord de soul et rhythm & blues avant d’avoir une révélation avec Jimi Hendrix. Continuer la lecture de « Chico Magnetic Band, Id. (Disques Vogue, 1971) »

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Pierre Ponge, Comme une (Boom Boom Tchak)

« Non jamais l’amour n’est sublime,
mais je préfère que rien ne finisse
« 

Je crois que c’est Stephen Pastel qui rappelait récemment* l’importance du mystère dans la musique. Ou plutôt, l’importance de ne pas chercher à trop en savoir, que finalement seule la musique compte, ce qu’elle nous procure en joie, en sensations, en émotions. Ça peut être paradoxal avec ce qu’on cherche ici, en construisant des ponts quotidiennement sous forme de critique et de dialogues avec les musiciens qui sont derrière les chansons qui nous plaisent, mais je comprends le point de vue. A une époque où le moindre clic nous ouvre des mondes infinis, maintenir à distance la ronde des informations, se préserver un tant soit peu, peut se révéler salvateur, surtout autour de groupes qui ne réclament pas une attention qui clignote comme un gyrophare, qui ne cherchent pas forcément les lumières. Continuer la lecture de « Pierre Ponge, Comme une (Boom Boom Tchak) »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JUIN 2024

Et voilà, l’été nous tombe sur la gueule, avec sa moiteur, sa torpeur et ses grands rayons qui brûlent. Malgré une attention un peu défaillante due à son arrivée, on tenait à vous partager cette playlist ce samedi matin en particulier, avec l’ombre de cette catastrophe électorale qui plane dangereusement au-dessus de nos têtes. Comme pour vous donner du courage pour éviter le pire. Alors quoi qu’il arrive, restons groupés, aimons-nous et résistons. En musique. (TS)

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NDLR : les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

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Stephen Pastel : « J’ai toujours conservé une certaine naïveté dans mon approche de la musique. »

Gavin Thomson & Stephen Pastel / Photo : Steven Gribbin
Gavin Thomson & Stephen Pastel / Photo : Steven Gribbin

C’est l’histoire de la rencontre entre deux groupes. Un faux, un vrai. Dans son premier roman, This Is Memorial Device (2017), David Keenan recompose la biographie fictive d’un groupe culte écossais – Memorial Device, donc – en juxtaposant sous formes d’interviews inventées vingt-six points de vue complémentaires sur la trajectoire éphémère et négligée des apprentis héros du post-punk local. Sept ans plus tard, c’est un héros bien réel de la scène indie de Glasgow qui transpose en une série de fragments instrumentaux le récit épique d’une aventure inaboutie. Stephen Pastel – épaulé pour l’occasion par Gavin Thomson – ingénieur du son et membre épisodique des Pastels – s’est ainsi replongé dans ses propres souvenirs et dans ses archives les plus enfouies pour confectionner une bande-son où les fragments des démos archaïques côtoient les passages composés expressément pour l’occasion. Le collage constitue un album intéressant et un support approprié à l’évocation de quelques vieux souvenirs. Continuer la lecture de « Stephen Pastel : « J’ai toujours conservé une certaine naïveté dans mon approche de la musique. » »

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Selectorama : Violette Gauthier

Depuis quelque temps, j’ai pris rendez-vous chaque été avec Eau De Javel, un fanzine artisanal, qui parle en dessins et en mots de ces choses futilement indispensables – dans le désordre, musique, ciné, littérature, listes, idées farfelues… Il est entièrement imaginé et réalisé par Violette Gauthier (alias Lena Marcel), une jeune fille que je connais sans connaître (nous ne nous sommes jamais rencontrés – mais cela ne va plus tarder – sans que cela ne nous ait empêchés d’ergoter en privé sur des chansons, des réalisateurs, des livres et même de nous moquer à grands coups de « ahahahahah » et autres « hihihihihihi » de certains des nouveaux leaders de la culture tricolore ; et croyez-moi ou pas, on s’est bien poilés).

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Côme Ranjard est-il vraiment Intraterrestre ?

Côme Ranjard / Photo extraite de son clip Intraterrestre (Vietnam)
Côme Ranjard / Photo extraite de son clip Intraterrestre (Vietnam)

Nous découvrions fin avril, quatre ans après L’enfant casanier, le second EP de Côme Ranjard, que l’on a pu apercevoir également il y a peu aux côtés de Eggs sur scène. Quatre chansons printanières en français, témoignant dans la sophistication de leurs arrangements d’un réel souci du détail ; à l’image du titre éponyme, Intraterrestre. Un premier single que notre collègue Alexandre Gimenez-Fauvety qualifiait dans notre playlist mensuelle « d’intrigant », et il y a en effet dans ces accords de guitare, dans ces sonorités, un peu de cette atmosphère troublante perçue dans les Inédits 1970 d’Higelin ou, plus récemment, chez Julien Gasc. Continuer la lecture de « Côme Ranjard est-il vraiment Intraterrestre ? »

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Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop)

Il faut savoir raison garder : les bonnes intentions ne font pas toujours les meilleurs disques ni les meilleures rééditions. Sub Pop annonce la réédition de Copacetic, le premier album des Velocity Girl qui, comme leur nom l’indique, étaient plus fans de Primal Scream que de groupes américains.
Publié en 1993, le premier album de ce groupe originaire de Washington DC est passé sous les radars de la presse européenne. Et… c’est tout à fait normal. Sorti la même année que Rid Of Me d’une certaine Pj Harvey ou que Debut de Bjork, Copacetic n’avait aucune chance de prendre l’ascendant sur la concurrence. Continuer la lecture de « Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop) »

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Michel Cloup kidnappé par Tiger Menja Zebra

Michel Cloup
Michel Cloup

Les Catalans de Tiger Menja Zebra nous envoient cette vidéo rude et drôle dans laquelle ils malmènent Michel Cloup. Association par dessus les Pyrénées entre activistes et amis du bruit, ça nous fait triper, parce que Michel Cloup y délivre un de ses meilleurs textes en toute décontraction, un texte rempli de phrases choc, inventaire en forme d’autodépréciation qui fait mouche et nous renvoie en miroir à tous nos travers, actualités, réseaux, ça casse, ça plie. On constate toujours avec joie, s’il fallait encore le rappeler, combien est important pour Michel Cloup ce travail de groupe, d’échange, de collaboration. L’énergie qu’il en tire et qui semble insatiable. L’interaction au cœur de son travail. D’ailleurs, Tiger Menja Zebra, c’est qui, tiens ?  Groupuscule de Barcelone, ils pratiquent un électro punk rock bien branlé, déluge sonique, EBM concassée, énervée qui peut rappeler aux vieux l’Atari Teenage Riot d’Alec Empire. Grosse giclée d’énergie pure projetée sur les murs et transformée en grafitti sonores et revendicatifs, ça doit bien suer dans les caves de Catalogne. C’est impeccable, concis, riche, on a envie de jouer à Genius, allez, verbatim. Continuer la lecture de « Michel Cloup kidnappé par Tiger Menja Zebra »

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Margo Guryan, Words And Music (Numero Group)

 « Take a picture/So we can remember. »

Il a toujours été question, dans cette histoire si particulière, de résister à l’oubli. Le seul album de Margo Guryan a été publié en 1968 et son titre même – Take A Picture, donc – semblait davantage résonner comme une invitation à figer l’écoulement inévitable du temps plutôt qu’à refléter quelques images marquantes d’une époque à côté de laquelle il flottait déjà résolument. Peu de promotion, pas de tournée ni de concerts : un an plus tard les quelques exemplaires mis en circulation s’échangeait péniblement dans les bacs à solde pour le prix dérisoire de trente-neuf cents. Quelques décennies plus tard, alors même que son autrice avait renoncé à toute activité discographique depuis bien longtemps pour se consacrer à l’enseignement de la musique, les hasards des rencontres impromptues et des redécouvertes enthousiastes lui ont offert une seconde vie, plus digne de son rang. Continuer la lecture de « Margo Guryan, Words And Music (Numero Group) »

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V/A, Cartelle vol. 2 (Cartelle Disques)

« Tout le monde fuit le hangar,
c’est sûrement pas le fruit du hasard »
*

De Rennes, nous arrive, telle une carte postale toute colorée – une bien belle pochette signée Constance Legeay : c’est le deuxième volume des aventures de Cartelle, maison de disques dédiée au défrichage et à la mise en valeur d’un territoire musicale habité par des femmes, personnes transgenres ou non binaires. Le premier volume paru fin 2021 nous avait conquis, en rassemblant des musiciennes confirmées qui font notre bonheur ici depuis belle lurette : Lispector, Charlotte Leclerc ou Rose Mercie se présentaient en marraines évidentes de nouvelles venues bien plus que prometteuses. Continuer la lecture de « V/A, Cartelle vol. 2 (Cartelle Disques) »

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Perry Blake & Françoise Hardy, un homme et une fan

Françoise Hardy et Perry Blake / Photo : Philippe Lévy

Il y a 22 ans, nous avions eu l’idée de réunir pour la RPM Françoise Hardy et Perry Blake. Parce qu’elle avait déclaré sa flamme aux chansons de l’Irlandais – parce que Françoise Hardy était aussi comme ça, à l’affut des nouveautés, une attitude qui lui avait fait avouer sa passion pour The Jesus And Mary Chain ou l’avait conduite à chanter avec Blur – mais c’était aussi parce que Damon Albarn ressemblait comme presque deux gouttes d’eau à “Jacques jeune”. Sans doute aussi parce que c’était notre façon de pouvoir croiser le chemin de cette “Discrète”, auteure d’un de nos disques de chevet, La Question – mais aujourd’hui, je me demande si je lui avais avoué ça. Un peu plus d’une semaine après le départ définitif de Françoise Hardy, on a remis la main sur cette interview croisée réalisée il me semble dans le studio photo de Philippe Lévy – un compagnon de nombre d’aventures de ces années-là –, qui avait immortalisé la rencontre. Dans l’élégance d’un noir et blanc éternel. Continuer la lecture de « Perry Blake & Françoise Hardy, un homme et une fan »

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Le don du disque

Photo : Nicolas Kssis-Martov
Photo : Nicolas Kssis-Martov

Question sacrilège, peut-on donner ses disques ? Ou plutôt les vinyles que nous avons offerts n’ont-ils finalement pas autant d’importance, voire davantage, y compris dans notre collection, que ceux qui passent encore sur notre MK II ? Certes, arriver à un certain âge ou un âge certain, les 33 tours alignés bien serrés dans les étagères Kallax blanches racontent forcément nos vies. Nous sommes de ces égarés qui n’ont pas réussi à marcher droit sans ces béquilles grésillant sous le diamant de la tête de lecture. Le véritable collectionneur ne devrait pouvoir s’en séparer pour rien au monde. Continuer la lecture de « Le don du disque »

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La comédie de la vie par Nick Wheeldon

Nick Wheeldon / Photo : Marina Cerrudo
Nick Wheeldon / Photo : Marina Cerrudo

J’ai vu deux fois Nick en concert ces derniers temps. Ils ont eu lieu dans les mêmes parages, ceux de Rouen en Normandie. Le premier dans le salon d’une maison dans un petit quartier excentré. C’était un lundi soir, je ne m’attendais à rien. Nous étions partis assez motivés avec Viktor et Julien, en dégoupillant canette sur canette à bord du Van dans les virages de la descente de Darnetal. Le concert de Nick et son groupe a été incroyablement chaleureux, et en me retournant pour observer le visage des gens – très important, observer le visage des gens dans les concerts -, il m’a semblé qu’en un accord de guitare, il était parvenu à effacer la morosité saisonnière, dans cette pièce de vie familiale où tapis et canapés avaient été poussés de côté. Plus tard, les membres du groupe causaient musique et plaisantaient avec les spectateurs en fumant des cigarettes dans la cour. Continuer la lecture de « La comédie de la vie par Nick Wheeldon »

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Sous surveillance : Monsallier

Julien Monsallier. Photographie : Charlotte Toscan du Plantier.
Julien Monsallier. Photographie : Charlotte Toscan du Plantier.

Qui ?

Monsallier, c’est le nom propre de Julien Narcisse Monsallier, tout simplement. Il écrit et compose : « Je ne me sens pas musicien, j’ai un bagage technique proche du néant, mais j’arrive à trouver des mélodies entêtantes que je propose ensuite à des amis musiciens ». Il y a son frère Thibaut Monsallier qui est guitariste et qui joue du clavier, il y a aussi Lucas Valero qui est guitariste et bassiste. Antoine Mounier est à la production. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Monsallier »

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Beak>, > > > > (Invada)

Les projets musicaux ultra-référencés, assumant leur inscription au sein d’un genre et de ses codes historiquement établis, ont ceci de particulier qu’ils évoluent sur une ligne de crête : à égale distance du maniérisme postmoderne et de la citation virtuose, l’écueil de l’érudition fétichiste et gratuite n’est jamais très loin. A ce titre, depuis une vingtaine d’années, l’héritage Kraut, au sens large, aura été très largement pillé, donnant naissance à une myriade de déclinaisons se situant sur ce point d’équilibre délicat. Continuer la lecture de « Beak>, > > > > (Invada) »

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The Sheaves, de psyché échevelée à coup de poing punk

The Sheaves / Photo extraite de leur session live sur YouTube
The Sheaves / Photo extraite de leur session live sur YouTube

Toujours à l’affût de groupes ou d’artistes souterrains et capable de révéler tout leur talent, SDZ Records. Après avoir sorti les excellents albums des Anglais de Silicone Values et de la Néo Zélandaise Embedded Figures, le label français sortira fin à la fin du mois les américains The Sheaves. Fondé à Phoenix, une ville qui a vu naître les bruyants et furieux Destruction Unit et qui nous avait plus habitués aux sonorités psychédéliques traditionnelles. The Sheaves sont un savant mélange d’influences passées, The Fall, Swell Maps ou Half Japanese en tête ; donc plutôt de sonorités dissonantes et de mélodies minimalistes. Jugez en vous même par l’intermédiaire de ce live publié sur YouTube assez rare, car ils n’ont pas encore fait de tournée, même chez eux aux USA. Continuer la lecture de « The Sheaves, de psyché échevelée à coup de poing punk »

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Selectorama : Olivier Rocabois

Olivier Rocabois / Photo : Gerald Chabaud
Olivier Rocabois / Photo : Gerald Chabaud

Après quasiment trente ans de carrière et un CV pop aussi long que la Loire, Olivier Rocabois décidait en 2022 de se lancer en solo avec l’album Goes Too Far. Lorsque l’on parle d’un disque solo à ce niveau d’artisanat, au-delà de la composition, on parle d’une gestion de projet de A à Z : récolte de fonds, emprunt, trouver un studio d’enregistrement, organisation de tournées, et tutti quanti. Rocabois a tout porté à bout de bras avec une volonté de fer. Cela a payé, car il tenait neuf titres aux allures de classiques intemporels qui ont, enfin, éveillé la curiosité des médias et élargi son cercle de fans. Ce qui nous amène aujourd’hui à la sortie de The Afternoon of our Lives qui, loin d’être une redite de Goes Too Far, confirme que l’on peut continuer évoluer musicalement, être exigeant, mais surtout ambitieux à un âge où certains ont déjà tout laissé tomber par lassitude. Continuer la lecture de « Selectorama : Olivier Rocabois »

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Pinback, Blue Screen Life (Ace Fu, 2001)

Sorti la même année (2001) que The Argument de FugaziBlue Screen Life de Pinback, bien que très différent, appartient à ce même terroir indépendant nord-américain. Nous sommes au début des années 2000, à l’ère des post (hardcore, rock) et de l’emo (canal historique), l’indie-rock étatsunien vibre et expérimente. Pinback se nourrit de ce contexte et l’insuffle dans leur musique pop aussi délicate qu’innocemment ambitieuse. Quand le groupe sort son premier album en 1999, les deux musiciens n’en sont pas à leur coup d’essai. Membres de l’active scène underground de San Diego, Armistead Burwell Smith IV et Rob Crow ont joué notamment dans Three Mile Pilot (pour le premier) et Heavy Vegetable. Continuer la lecture de « Pinback, Blue Screen Life (Ace Fu, 2001) »

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The Pearlfishers, Making Tapes For Girls (Marina)

Le temps file : vingt-sept ans depuis la première rencontre, cinq ans depuis les dernières retrouvailles. A chaque fois, on redécouvre David Scott très exactement à l’endroit où on l’avait quitté. Parfois, il n’en faut pas davantage pour procurer cette forme de réconfort bienfaisante en constatant qu’il est possible de maintenir une continuité de l’existence qui résiste à l’entropie et au chaos. Comme son titre l’indique sans détour, Making Tapes For Girls est un album nostalgique entièrement consacré à la passion musicale et à son omniprésence vitale pour tous ceux qui la partagent, à vingt ans comme à soixante. Non pas parce qu’elle constituerait un refuge érudit hors du monde mais, au contraire, parce qu’elle ne cesse d’imprégner les rencontres, les émotions les plus intimes et les souvenirs les plus précieux. On peut presque tout raconter d’une vie en la condensant quelques disques et autant d’engouements marquants et durables. Continuer la lecture de « The Pearlfishers, Making Tapes For Girls (Marina) »

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À la poursuite des spectres

Les australiens Exek sont passés par Paris hier soir, au cœur de leur tournée européenne.

EXEK / Photo : JB Sanchez
EXEK / Photo : JB Sanchez

Mains dans les poches, corps pris dans la réverbération, rythme élastique, casquette vissée sur une tête qui, dans l’ombre, évoque quelque chose de Bez, le danseur légendaire des Happy Mondays… la voix, pourtant, renvoie vers un autre : par moments, l’impression est forte d’entendre le fantôme raide de Mark E Smith, l’âme portée disparue de The Fall. Réminiscences anglaises, donc, mais formation australienne : ce soir Exek joue à Paris, Petit Bain, bateau sur les quais en dessous de la Bibliothèque François Mitterrand. Continuer la lecture de « À la poursuite des spectres »

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Sous surveillance : Le Cœur des Garçons

La photo de profil bandcamp du Coeur des Garçons : Serge Reggiani se fait tatouer une tour Eiffel par Alexandre Trauner dans le film inachevé « La Fleur de l’âge » de Marcel Carné et Jacques Prévert, à Belle-Île, en 1947 / Photo : Emile Savitry

Qui ?

Alexandra (chanteuse)

À la base, je viens des scènes de musique grind, métal, hardcore, donc au début j’étais hurleuse dans un groupe de grind. J’ai eu envie d’un projet plus rock chanté en français. La rencontre avec Seb a été le déclic et la décision de jouer ensemble est partie de notre passion commune pour les Thugs. Puis, je suis allée chercher Guillaume qui m’intriguait et que j’avais envie de mieux connaître et enfin Carole, que je connais de longue date. J’étais convaincue que c’était le bon combo. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Le Cœur des Garçons »

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Selectorama : Warietta

Warietta / Photo : Boni Jpeg
Warietta / Photo : Boni Jpeg

Il y a des démons du passé, des cadavres décomposés dans le placard de la musique du messin Guillaume Marietta. De projets (A.H. KRAKEN, The Feeling of Love) nés dans le joug de La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, dont il a témoigné l’an passé à travers un documentaire percutant comme une balle dans le cœur, jusqu’à ce Handkuss Jesus paru ce mois, au nom d’artiste à propos en ces temps armés : Warietta. Un disque où ses mélopées graves / aigues, autant Bowie que Murphy, soulignent une fois encore le talent fou de songwriter du dandy dépité et dérangeant. Aussi synthétique que profondément rock (Si le rock voulait encore dire quelque chose, dit-il), la cartouche goth / wave jamais loin, ce nouvel album lacère nos derniers espoirs envers ce monde nauséabond avec flamboyance et noirceur. Excellente raison pour demander à ce personnage précieux et érudit quelques références de plus. Continuer la lecture de « Selectorama : Warietta »