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Selectorama : Mayfly Two

Mayfly Two / Visuel : DR
Mayfly Two / Visuel : DR

Mayfly Two, c’est d’abord l’occasion de retrouver avec joie Anne Bacheley, légende discrète de la pop française anglophone des années 2000. A la tête d’une petite œuvre fais-le-toi-même plus ou moins difficile à trouver (des CDR, des œuvres numériques), elle a eu le privilège de figurer dans des listes de recommandations de Stephen Pastel himself. Bien sûr que les Pastels figurent en bonne position dans les influences de la dame, mais Anne est avant tout une âme libre qui se fiche de tout carcan et de toute étiquette. Elle écrit et compose parce qu’elle en ressent le besoin, le reste n’est pas son problème. Plutôt solitaire musicalement jusqu’ici, elle semble avoir trouvé en Chris Fox (from Dundee, 100 km au nord d’Edimbourg) un alter ego musical avec qui elle partage sa passion pour la musique et cet alias de Mayfly Two. Continuer la lecture de « Selectorama : Mayfly Two »

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Michèle Bokanowski, Cirque (Kythibong Records)

La parution il y a deux ans de Rhapsodia / Battements solaires dans la géniale série Recollection GRM nous avait convaincu du caractère décisif du travail de Michèle Bokanowski. Son passage au festival Présences électroniques aussi, avec Deuxième chambre d’inquiétude, une pièce au minimalisme peu commun. Car il faut reconnaître au parcours de Michèle Bokanowski une exigence et une cohérence à l’image de la virtuosité de son traitement du matériau électro-acoustique : profondeur et richesse des textures côtoient sophistication des timbres, et portent à leur point le plus haut une pratique du montage et de la manipulation des objets sonores. Continuer la lecture de « Michèle Bokanowski, Cirque (Kythibong Records) »

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La première seconde du reste de la vie de Sinaïve

Extrait du clip de Sinaïve, "S.S. Superstar", réalisé par Nassim Barbot
Extrait du clip de Sinaïve, « S.S. Superstar », réalisé par Nassim Barbot

Sans doute que Calvin Keller, tête penseuse et organe central créatif du désormais trio Sinaïve a du penser à ceux qui appuieront sur play pour écouter le premier album de son groupe, et ce dès la première seconde. On s’était déjà répandu en éloges sur l’inspiration pop et noise du groupe, depuis un certain temps déjà. Et d’un EP à l’autre (sept au total depuis 2018, si on compte leur cassette de reprises), ils n’avaient presque pas fait défaut. (SuperStructure) Superstar est donc le premier titre de ce premier disque. Et il démarre comme un avertissement. Vous aviez aimé leurs guitares au bruit presque blanc, leurs batteries martelées métronomiquement par la fascinante Alicia Lovich, leurs basses lugubres et possédées jouées par Séverin Hutt ? Le morceau démarre d’une toute autre manière, avec une boite à rythmes syncopée. Clap de mains andalou, guitare et claviers aux intonations presque nord-africaines, ce souk noise nous éblouit, sans que le groupe ne perde un instant son identité ultra forte. Quand au clip ? Un noir profond aux silhouettes découpées, superposées, chorégraphiées d’une élégance folle, réalisé par le jeune vidéaste Nassim Barbot. En voilà une entrée en matière flamboyante.


Le premier album de Sinaïve, Pop Moderne, sortira le 25 octobre sur les labels Antimatière et SuperStructure. Ils seront à Paris le même jour pour la release du disque à La Mécanique Ondulatoire aux côtés de Ela Orleans et Bobby Would.

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Sous Surveillance : Dona Casque

Dona Casque / Photo : Titouan Massé
Dona Casque / Photo : Titouan Massé

Dona Casque fait partie de ces tout petits groupes au devenir prometteur, au tempérament à la fois fragile (je me souviens du premier morceau que j’ai vu d’eux sur scène, à La Mécanique Ondulatoire, c’était leur second ou troisième concert et je me suis demandé ce que ça allait donner tellement c’était instable) et intense (la suite du concert m’a complètement embarqué). Il y avait tout ce qu’on aime, un composite lumineux de rythmiques post punk, d’accords de claviers DIY, de mélodies entêtées et d’accords de basse tranchants, comme dirait l’ami Viktor. Depuis 2023, ils ont continué à jouer, et même s’il n’est toujours pas possible de trouver le moindre morceau d’eux sur la toile à part leur participation à En Lutte !, une compilation antifasciste pour un monde meilleur proposée par le Front des Musiques Indépendantes, on essaye de ne jamais louper une de leurs prestations scéniques, où l’on voit littéralement le duo prendre confiance petit à petit. Ils seront d’ailleurs ce mercredi 2 octobre sur la scène du Shakirail (Paris 18e) pour la dernière de Vaagues de Chaleur. En attendant impatiemment l’album, Maë a eu l’extrême gentillesse de nous parler de son parcours. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Dona Casque »

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Selectorama : Nonstop

Nonstop dans son clip Crocodile Gandhi / capture YouTube
Clip du morceau Crocodile Gandhi / capture YouTube


« Un Français sur quatre s’insulte devant la glace
»

Frédo Roman, tchatcheur énervé du sud-ouest, remet des pièces dans sa machine à mots pour la quatrième fois en vingt ans. Après l’inaugural et séminal Road Movie en béquilles (2005), sa suite J’ai rien compris mais je suis d’accord (2009), le retour après une longue absence Zyklon Bio (2021), voici Alien au pays des aliénés, qui sort aujourd’hui.  Moulin à paroles, lance-flamme verbal, mitraillette à expressions, pistolet à phrases choc, Nonstop est de retour pour de bon. Derrière une nouvelle pochette monstrueuse et colorée dessinée par Blanquet (un fidèle du groupe), se cache le monde mental fourmillant de Frédo Roman, mis en musique par lui-même, son comparse Renan Guilcher et Richard Roman, le frère, ex Diabologum pour le coup, à la basse. En fan hardcore du slam eschatologique à accent prononcé du Toulouse 2000 (les racines Programme & Expérience), autant dire qu’on est aux anges.  Même si le monde s’est depuis peu à peu transformé en une version des pires visions de Frédo, Michniak ou Cloup, c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on replonge, histoire de trouver un sens dans tout ce bordel, jouir de cette absurdité, pleurer de ce délire, et pourquoi pas en rire comme jamais en un grand éclat (d’obus). Continuer la lecture de « Selectorama : Nonstop »

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Oublie la rentrée avec SCHØØL

SCHØØL en showcase au Fugazi à Paris / Photo : Maud Taylor
SCHØØL en showcase au Fugazi à Paris / Photo : Maud Taylor

La semaine dernière, le Fugazi, un bar du onzième, mélangeait les publics, entre faune indie et poseurs de la fashion week. Terrasse à ras-bord et intérieur bondé pour un petit concert donné par un groupe qui sort à peine de l’œuf, SCHØØL. Quelques têtes connues sur scène cependant : Francis Mallari au chant et à la guitare (Rendez-Vous) côtoie Erica Ashleson (Special Friend, Dog Park, Eggs) à la basse, Jack Moase (Liquid Face) à la guitare et Alex Battez (Marble Arch) à la batterie. On peut se demander s’ils ne sont pas ceux que l’on retrouvera vite estampillés du sceau de l’exclu dans d’autres médias (Mea Culpa : on l’a déjà fait, mais on décide d’arrêter cette stupide chasse à la nouveauté qu’on ne préconise plus depuis un certain temps dans nos colonnes), et bookés à la hâte dans des events sponsos avant de laisser leur place à d’autres nouveaux venus. Mais lorsque le quatuor lance ses mélopées saturées aux tempos lents, on dresse l’oreille. Et lorsqu’on nous dit qu’ils sont inspirés par des groupes 90s de shoegaze comme Swirlies ou Drop Nineteens, on se laisse vraiment emporter par cette expression familière. Voici un clip tourné cet été à Berlin par Francis Mallari et Ludovic Azemar, dernier arrêt avant un album plus tard dans l’année chez Géographie (Marble Arch, Dog Park). Continuer la lecture de « Oublie la rentrée avec SCHØØL »

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Sous Surveillance : Adam El Mutant

Adam El Mutant / Photo : Baptiste Okala
Adam El Mutant / Photo : Baptiste Okala

Cet été, on a croisé le chemin de ce jeune gars de 25 ans, originaire d’Amiens, tombé dans la musique très tôt, à l’âge de 7 ans. Sur scène, Adam joue une bedroom pop extrêmement attachante, où il accompagne sa voix veloutée d’une guitare sensible. Des compositions travaillées chez lui, dans son petit studio à Lille, qu’il a eu envie de développer en groupe avec deux amis. Il y a une certaine timidité chez lui, qu’il franchit allègrement sur scène en donnant beaucoup de lui-même à travers ses compositions mélancoliques où on sent l’influence de Kevin Morby ou Mac DeMarco, avec une petite pincée de poésie psyché.

Qui ?

Adam El Mutant : guitare, chant ; seul ou en groupe avec…
Charles Schreiber (Last Night We Killed Pineapple / Rainville / Marco Lionel) : batterie
Mathilde Thiney (MegaSurf) : basse

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Les Freluquets, La Débauche (Rosebud, 1990)

Faire de la pop à guitares a toujours été un sacerdoce en France. Née sous une mauvaise étoile, la musique électrique hexagonale a toujours du lutter pour exister et se faire une petite place sur les ondes des transistors. À chaque époque ses déboires, mais aussi ses vaincus magnifiques emportés par leur enthousiasme, prêts à en découdre pour déjouer l’oracle. Parmi eux, Les Freluquets tiennent une place de choix. Originaire de Perpignan, le groupe indie-pop publie De Nos Jours, un premier 45 tours en 1987, suite à tremplin organisé par une radio locale (RMS) et le disquaire Lolita. Les Freluquets s’inspirent des formations britanniques C86 de l’époque (Razorcuts, Chesterfields, etc) mais s’expriment en français, un choix délibéré, pour exprimer au plus juste [leur] humour et [leurs] préoccupations*. Continuer la lecture de « Les Freluquets, La Débauche (Rosebud, 1990) »