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Les Marquises, Soleils Noirs (Les Disques Normal)

Je ne retiendrai rien de ce départ

Soleils noirs, le cinquième album des Marquises, est sorti vendredi dernier, et il ne semble pas exagéré de dire qu’il s’agit du disque le plus aventureux, le plus radical (et là le terme de radicalité très souvent utilisé à tort et à travers semble approprié) du collectif lyonnais ou, devrais-je dire pour être plus exact, de Jean-Sébastien Nouveau, cette fois seul maître à bord ou presque. Presque car les deux longues compositions de vingt minutes chacune sont traversées par les nappes de violon de la musicienne Agathe Max. Il faut prendre le temps d’écouter ce disque élégiaque tranquillement et d’une traite- c’est préférable- car une écoute inattentive pourrait faire croire que les deux morceaux se ressemblent ou sont trop proches. Proches ils le sont dans la tension qui les parcourt, et pourtant il me semble que l’un est l’envers de l’autre. Continuer la lecture de « Les Marquises, Soleils Noirs (Les Disques Normal) »

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Stranger Teens #2 : « Lullaby » par The Cure (1989)

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Photo : Sébastien Berlendis
Photo : Sébastien Berlendis

1989. Après la pinède, la plage de Miramar s’étend jusqu’au port. Elle est plus large que les trois petites plages du camp. L’eau est plus claire, le sable plus blanc, les algues absentes. C’est la plage des feux de nuit, des fêtes musicales et pour beaucoup des premiers baisers. La journée, nous l’ignorons.
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A plein corps

À propos de « A bit of previous », le nouvel album de Belle and Sebastian.

Kelvingrove Bandstand, Glasgow, 1952
Kelvingrove Bandstand, Glasgow, 1952

Lorsque Nicola pose le dernier album de Belle and Sebastian sur la platine, A Bit of Previous, et que résonnent les premiers accords du titre d’ouverture, Young And Stupid, cela fait longtemps qu’il s’est éloigné du groupe écossais, le groupe chéri de son adolescence. Guitare acoustique, touches de violon, batterie légère, et la voix inaltérée de Stuart Murdoch, la composition se tient. Le rythme de la mélodie sonne comme une ritournelle entraînante, les paroles, nostalgiques d’une jeunesse à présent lointaine, émeuvent ; le morceau s’écoute sans déplaisir, la joie -celle de retrouver une personne aimée- et le sourire illuminent même le visage de Nicola, mais il demeure à distance. Ce premier titre réussit tout de même, et de façon immédiate, à le ramener à l’été de ses seize ans. Continuer la lecture de « A plein corps »

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Elvis Perkins, Creation Myths (MIR Records)

Creation Myths by Elvis PerkinsIt’s always long goodbyes *

Creation Myths est un disque sorti au début du mois d’octobre 2020, mais je le découvre plus tard, au milieu du dernier hiver, à l’occasion de mon anniversaire. Il m’est offert par mon meilleur ami, Jean-Sébastien; nous aimons tous deux Elvis Perkins depuis ses débuts, à la fin des années 2000, depuis Ash Wednesday, son premier disque. Avant Creation Myths, Elvis Perkins a publié trois disques, et nous aimons particulièrement celui de 2015, I Aubade. Nous gardons d’ailleurs un souvenir fort et ému du concert qu’Elvis Perkins, venu défendre ce disque, a donné dans notre ville, sur une péniche amarrée le long de la Saône. Et le bateau tanguait et, pour notre plus grande joie, le concert telle une valse infinie, ne semblait pas vouloir finir. Le disque m’est offert quelques jours avant un week-end dans la région vallonnée du Haut-Bugey, et Jean-Sébastien connait mon amour des petites routes et des lacs de l’Ain, et le disque, il en est certain, collera parfaitement aux espaces traversés. Continuer la lecture de « Elvis Perkins, Creation Myths (MIR Records) »

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Vingt-deux étés

Quelques souvenirs en format fiction pour les 30 ans à venir de « Paris ailleurs » d’Etienne Daho

Etienne Daho
Etienne Daho au dos de la couverture de « Paris Ailleurs »
C’est un dimanche de pluie dans une petite ville de la banlieue avignonnaise, un dimanche de décembre, et Nicola, pour une fois, a devant lui de longues heures libres. Ce n’est pas un jour de match – il a joué la veille en lever de rideau de l’équipe sénior – et le travail scolaire est fait. Nicola va, comme on dit, sur ses dix-sept ans, et en dehors du football, la musique est sa principale passion, celle qui vient d’Angleterre et de Manchester en particulier – sans doute faudrait-il ajouter à cela le lien fort qui le lie à Marianne, son amoureuse du lycée.

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Devenir oiseau

A propos de « Eight Gates », l’album posthume inédit de Jason Molina sorti cet été

Jason Molina Sébastien Berlendis

Eight Gates est le dernier enregistrement de Jason Molina, leader de deux groupes majeurs, Songs Ohia et Magnolia Electric co, qui ont traversé la fin des années 90 pour le premier et les années 2000 pour le second. Eight Gates comporte neuf titres inédits, ne dure que vingt-cinq minutes, il est sorti au début du mois d’août. Continuer la lecture de « Devenir oiseau »

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Clip : Les Marquises, Shape The Wheel

Les Marquises, Shape The Wheel.
Extrait du clip de Les Marquises, Shape The Wheel.

Shape The Wheel est le quatrième extrait de La Battue, album sorti en juin et composé par le groupe Les Marquises. Le clip est cette fois réalisé par Anthony Le Grand et il est comme les trois précédents, splendide. Le choix des images d’archives (des travaux d’usine), le montage très cut et dessinant une chorégraphie de gestes répétitifs s’accordent avec le rythme de Shape The Wheel qui alterne entre moments calmes, voix presque élégiaque de Jean-Sébastien Nouveau et rythmes plus compulsifs. La caméra tantôt surplombe lentement l’usine et les machines, tantôt se rapproche des travailleurs, des mains qui poussent des leviers, tournent des roues, assemblent des morceaux de voitures lorsque le rythme se fait plus métronomique. Dans les mots énigmatiques de Martin Duru, il est question de chemins à suivre, et les chemins sont accidentés, pleins de trous, de mouvements à accomplir, on entend la volonté de partir, d’ouvrir des brèches (Just strive/ Open the breach/ This night/ I want to leave/ The move). Ouvrir des brèches, l’expression ne saurait mieux caractériser l’entreprise des Marquises depuis quatre albums. Et alors que Shape The Wheel se termine, les images délaissent la noirceur de la fabrique pour embrasser les espaces plus édéniques d’une campagne, et nous, nous quittons le morceau une nouvelle fois conquis, hypnotisés.

Shape The Wheel par Les Marquises est à télécharger gratuitement sur leur bandcamp.

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L’Italie me manque

ou l’écoute de façon continue de « Immensità » d’Andrea Laszlo de Simone

Il n’y aura pas d’Italie cet été, et pour me consoler de l’absence de mes paysages familiers, j’écoute de façon continue le dernier album d’Andrea Laszlo de Simone, Immensità, sorti au début du printemps 2020. De façon continue et en boucle tant l’album est court. Il ne comporte que quatre titres et dure vingt-cinq minutes et quelques secondes. ll n’y aura pas d’Italie mais il y a la mer, celle de Marseille d’abord, celle de Corse bientôt après les onze heures de traversée nocturne qui doivent me mener à Ajaccio, retrouver les miens. Continuer la lecture de « L’Italie me manque »