Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , ,

Guy Blackman, Adult Baby (Unstable Ape, 2007)

En 1977, peu après la publication de The Beach Boys Love You, Brian Wilson s’était attelé tant bien que mal à la réalisation d’une suite potentielle intitulée Adult/Child. Une référence aux théories – pas si vaseuses, pour une fois – du bon docteur Landy selon lequel ces deux termes seraient moins à considérer comme les deux phases linéairement successives de notre existence que comme les deux pôles alternatifs d’une même personnalité.  L’adulte qui assume les responsabilités et le contrôle et l’enfant qui sommeille et réclame, de temps à autre, son lot d’attentions et de soins ; l’adulte qui croit maîtriser les règles et l’enfant qui les apprend et les teste : de cette cohabitation duale et schizophrénique naitraient les plus belles créations. Continuer la lecture de « Guy Blackman, Adult Baby (Unstable Ape, 2007) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , ,

Pernice Brothers, Who Will You Believe (Ashmont/New West)

Growing old seemed like death
to me when I was young.
Now I want to grow old.
And I want to belong.
Joe Pernice, How Will We Sleep

Dans Haute Fidélité de Nick Hornby (1995), le héros et ses adjuvants en érudition musicale éprouvaient toutes les peines du monde à concevoir la playlist idéale pour un enterrement – celui du beau-père de Rob. Cinq bonnes chansons évoquant la mort ? En dépit de leur connaissance encyclopédique des recoins les plus confidentiels de la pop, les trois disquaires ramaient lamentablement et finissaient par contourner la difficulté avec une pirouette et quelques rires. Trente ans plus tard, la tâche semble moins insurmontable. Nos figures de référence ont vieilli, et nous avec elles. Ou l’inverse. Continuer la lecture de « Pernice Brothers, Who Will You Believe (Ashmont/New West) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Wesley Fuller, All Fuller No Filler (Cheersquad Records & Tapes)

Tout avait plutôt bien commencé pour Wesley Fuller. Quelques armes musicales collectivement fourbies, dans la première moitié des années 2010, sur la scène de Perth au sein de Hurricane Fighter Plane, le temps d’un single ou deux –  incidemment, on envie tous ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de jeter une oreille ravie sur I Can’t Win (2012), premier coup de génie power-pop, et sur son solo final à la Byrds. De quoi, en tous cas, attirer l’attention de James Endeacott – le directeur artistique de The Libertines et The Strokes – qui, sur la foi de ces fulgurances confidentielles, lui propose un contrat sur son label, 1965 Records pour y publier, coup sur coup, un premier Ep – Melvista (2016) – et un album – Inner City Dream (2017) suivis d’une longue tournée de près de deux ans. Jusqu’ici tout va bien, comme dirait l’autre : un jeune musicien hyperdoué enchaîne les étapes habituelles du parcours vers un succès mérité. Et puis ? Continuer la lecture de « Wesley Fuller, All Fuller No Filler (Cheersquad Records & Tapes) »

Catégories interviewÉtiquettes , , , ,

Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique »

Sean O'Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell
Sean O’Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell

Une semaine s’est à peine écoulée depuis la publication de Hey Panda et dans le Landernau – petit, convenons-en – des passionnés d’indie-pop, le débat commence déjà à faire rage. Sacrilège ! On entend de l’auto-tune sur le nouvel album des High Llamas, ces gardiens consacrés d’un temple dont les piliers semblaient sculptés, depuis plus de trente ans et donc pour l’éternité, dans le marbre inaltérable de Pet Sounds (1966). A chaque époque ses dogmes et ses trahisons, ses Dylan électriques et ses « Judas ! ». Toujours est-il qu’on ne peut pas feindre de s’épancher sur la Rétromanie galopante, déplorer que tout est déjà joué, rejoué et archi-joué et ne pas, au moins, consentir à jeter une oreille intriguée et admirative sur cette tentative pour rebattre aussi vigoureusement les cartes alors même que – coïncidence sans doute – un revival Microdisney bât son plein au Royaume-Uni après la diffusion toute récente d’un documentaire dont Sean O’Hagan pourrait se contenter d’assurer le service après-vente. Continuer la lecture de « Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique » »

Catégories chronique nouveauté, mardi oldieÉtiquettes , , , , , , ,

Pete Astor, Tall Stories & New Religions (Tapete Records)

Quarante ans d’activité musicale, voilà qui n’est pas rien. Le flux des années s’accélère inexorablement et il est sans doute logique, peut-être inévitable, que les dernières œuvres de Pete Astor en portent la marque. Qu’il s’agisse d’évoquer avec une pointe de résignation sereine ce qui reste encore à créer à l’approche de l’échéance – Time On Earth (2022) – ou bien encore, comme ici, de se retourner quelques instants, le temps de contempler avec un regard différent quelques-uns des fragments impérissables de ce qui demeurera après la fin. Une œuvre, des chansons – douze en l’occurrence – souvent extraites des jalons les moins balisés de son répertoire et qui, rassemblées, semblent former un autre récit. Avec un sens intact de l’élégance et de la précision juste, Astor laisse ainsi le présent recolorer le passé. Continuer la lecture de « Pete Astor, Tall Stories & New Religions (Tapete Records) »

Catégories interviewÉtiquettes , ,

Les Noces d’or des Nits

Pour leur 50 ans de carrière, les néerlandais reviennent sur 5 albums juste avant leur concert parisien au Trianon.

Nits / Photo : Wim van de Hulst
Nits / Photo : Wim van de Hulst (détail)

Cinq jalons – un par décennie – pour évoquer cinquante ans de carrière. C’est évidemment bien trop peu pour rendre compte de l’extraordinaire foisonnement de la discographie des Nits. Il a donc fallu choisir, avec toute la part d’arbitraire que comporte une sélection subjective, retrancher, restreindre, regretter. Mais surtout réécouter tous ces albums très différents, souvent, les uns des autres mais jamais inintéressants ni dépourvus de qualités ou d’exigences. Ceux que l’on a toujours conservé au plus près du cœur, depuis l’acquisition impulsive d’un triple album live – le ratio quantité/prix était encore un facteur non négligeable des arbitrages d’achat, à l’époque –  à la FNAC de Metz, juste après le Bac en 1989. Continuer la lecture de « Les Noces d’or des Nits »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , ,

The Long Ryders, Native Sons (1984, Frontier Records / réédition Cherry Red)

On en est persuadé depuis longtemps : la transmission de témoin peut devenir parfois, en matière de musique, un art à part entière. Et même une forme majeure pour tous ceux qui bénéficie de l’expertise transitionnelle des passeurs les plus doués et les plus convaincus de la nécessité impérieuse de défendre une cause presque perdue. En 1984, The Long Ryders font partie de ceux-là. Depuis quelques années, les membres du groupe gravitent alors autour de cette scène californienne au sein de laquelle des connections de plus en plus directes s’établissent entre la spontanéité crue et brutale du punk contemporain et la fascination légèrement teintée de nostalgie pour le rock garage des années 1960. Continuer la lecture de « The Long Ryders, Native Sons (1984, Frontier Records / réédition Cherry Red) »

Catégories borne d'écouteÉtiquettes , , ,

Mathilde rêve toute éveillée

Mathilde
Mathilde

C’est peu dire qu’on apprécie et qu’on admire depuis longtemps la capacité de Fred Fortuny à mettre ses talents de compositeur et de metteur en sons au service des voix féminines – de Valérie Leulliot à Brisa Roché, la liste est longue. Premier single issu de sa collaboration avec l’autrice-compositrice Mathilde (alias MonteRosso pour quelques titres publiés sur les compilations Kitsuné), Rêve De Gloire nous plonge d’emblée dans le son westcoast de la fin des années 1970 : une voix limpide, directe, dépourvue de ces chichis superflus qui noient trop souvent sous les effets de style la variété contemporaine, une mélodie à la fois évidente et raffinée, un arrangement pop d’esthète. Continuer la lecture de « Mathilde rêve toute éveillée »