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Madness, prince du ska, roi de la pop par Christophe Conte

Madness / Photo : DR
Madness / Photo : DR

Suggs (Graham McPherson de son vrai nom) pose un 45 tours grésillant qui balance Baggy Trousers, version très Tom Waits du Ska Two Tone, et titre emblématique qui condense l’esprit de Madness sur leur second album Absolutely, sorti en 1980. Il esquisse quelques pas de danse, de ceux qu’il a popularisés sur scène ou dans leurs clips à la Monty Python, puis s’arrête, grimaçant, mimant un genou douloureux, avant de s’en aller, l’air satisfait de son espièglerie. Une façon burlesque de souligner qu’il a conscience de son âge, du passé qu’il incarne, et que la nostalgie n’empêche pas l’autodérision. Le documentaire de Christophe Conte est rempli de ces petits moments qui trahissent la difficulté, pour ces gloires nationales So British, de se prendre totalement au sérieux — y compris sur le plan artistique. Pourtant, ils sont immenses. Continuer la lecture de « Madness, prince du ska, roi de la pop par Christophe Conte »

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Lol Tolhurst : « Je suis conscient de ma mortalité »

Lol Tolhurst / Photo : Philippe Dufour
Lol Tolhurst / Photo : Philippe Dufour

Lorsque l’on apprend que l’on a l’opportunité d’interviewer un artiste trois heures avant de le rencontrer, généralement, on baisse les bras et on dit non. Mais comment refuser quand il s’agit de Lol Tolhurst, cofondateur, batteur et clavier de The Cure ? Avec l’aide de mes admirables sauveteurs Etienne Greib et François Dieudonné, quelques questions ont vite été couchées sur papier. Le reste a été improvisé. D’humeur bougonne en pré-interview, il repoussait régulièrement l’heure de la rencontre, avant de se transformer en professionnel souriant et affable une fois la porte de sa loge fermée et l’enregistreur enclenché. De ses premiers souvenirs musicaux à ses réflexions sur le courant gothique, en passant par la création d’une pièce de théâtre ou encore ses collaborations récentes avec Budgie et Jacknife Lee, il revient avec lucidité sur un parcours à la fois personnel et collectif. Continuer la lecture de « Lol Tolhurst : « Je suis conscient de ma mortalité » »

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Selectorama : Tracy Tracy (The Primitives)

Tracy Tracy (The Primitives) / Photo : DR
Tracy Tracy (The Primitives) / Photo : DR

En juin 2023, à l’occasion de l’anniversaire des 35 ans de Lovely, mythique premier album des Primitives sorti en 1988, Paul Court, brillant compositeur, guitariste et occasionnellement chanteur des Primitives, nous avait fait l’honneur de proposer son Selectorama. Le groupe originaire de Coventry qui a soufflé cette année ses 40 bougies avait retrouvé le chemin de la scène après sa reformation en 2009, et sorti deux albums très réussis, Echoes and Rhymes (2012) et Spin-O-Rama (2014). Le quatuor vient tout juste de livrer, grâce à Elefant Records, Let’s Go Round Again – Second Wave Singles & Rarities 2011-2025, formidable compilation de singles délectables et autres trésors cachés qui ont constellé la partie la plus récente de la discographie des Anglais. Continuer la lecture de « Selectorama : Tracy Tracy (The Primitives) »

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Ceci n’est pas une chronique du nouveau Pulp

Pulp / Photo : Rough Trade
Pulp / Photo : Rough Trade

Ceci n’est pas une chronique de More. Car j’aurai besoin de plus de temps pour découvrir ce qui s’annonce comme l’une des meilleures nouvelles de cette première partie de 2025, qui, admettons-le à nouveau, est malheureusement qualifiable de à chier à bien des égards. Alors lorsqu’une chose vous apporte un peu de joie, il faut prendre le temps de l’apprécier. On ne cesse de parler du nouvel album de Pulp en termes d’années et d’anniversaires, car on se revoit à 16 ans il y a 30 ans en juillet à l’Olympia. Il y a 24 ans à la Cigale au festival des Inrocks. D’autres, plus chanceux – mais souvent plus vieux, héhé, vous parleraient du festival des Inrockuptibles avec Blur et Lush. Chaque fan hardcore peut vous citer le moment où il ou elle a attendu avec impatience la sortie du nouvel album de son groupe ou artiste de prédilection. Cela ne s’applique pas uniquement à Pulp, bien entendu, car cette effervescence est commune. Populaire. Continuer la lecture de « Ceci n’est pas une chronique du nouveau Pulp »

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Stereolab au-delà du temps

Hier soir au Trianon à Paris, l’heure s’est arrêtée.

Le Trianon à Paris juste avant le concert / Photo : Stereolab
Le Trianon à Paris juste avant le concert / Photo : Stereolab

L’année prochaine, Stereolab aura 35 ans. Et nous aussi : nous sommes nés avec ce groupe, avec son premier disque, et nous avons grandi avec lui. Avant eux, le vide. Le concert du 4 juin au Trianon en est une preuve ultime : on s’est rarement senti aussi vivant face à un groupe qui nous regarde autant que nous le regardons – et semble nous écouter lui aussi. Sur cette scène, Stereolab joue des morceaux venus de tout son répertoire, et ils ont entre eux comme des airs de continuité et de constance, hors de tout repère temporel. Continuer la lecture de « Stereolab au-delà du temps »

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The Pale Fountains : The Complete Virgin Years (Cherry Red Records)

The Pale Fountains : The Complete Virgin Years (Cherry Red Records)L’arrivée de ce coffret est un miracle. Michael Head a toujours mené la vie dure à une industrie du disque qui lui a pourtant tendu les bras… Il a toujours refusé d’ouvrir le coffre-fort des Pale Fountains et a autorisé des rééditions de Pacific Street (1984) et de …From Across the Kitchen Table (1985) sans aucun inédit donc sans grand intérêt. Depuis le démantèlement des Pale Fountains en 1985, les fanatiques de la période bénie de Michael Head se contentent d’une trentaine de morceaux et de deux pochettes de disques. La publication de The Pale Fountains : The Complete Virgin Years chez Cherry Red Records met donc fin à une famine qui dure depuis plus de trente ans. Continuer la lecture de « The Pale Fountains : The Complete Virgin Years (Cherry Red Records) »

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Stereolab en français dans le texte

Prévu le 23 mai, le retour du groupe bicéphale franco-britannique a quelque chose de rassurant pour les gens de ma génération, un groupe revenu de beaucoup de choses, l’underground des débuts, la mise en place de son propre vecteur de diffusion, la signature sur Elektra, les vents, les tournées interminables, les marées, les changements de personnel… Et puis Stereolab est devenu un pilier, écouté bien au-delà de ses cercles de départ, une référence signée 4AD, sur Warp (les pionniers des années 90 ont le choix, c’est ça ou Domino), une prestance et une constance dans des musiques à la fois pop et irriguées par toutes sortes de choses (musiques brésiliennes, allemandes, britanniques, avant-garde, library, easy, uneasy listening, passé, présent…). Continuer la lecture de « Stereolab en français dans le texte »

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Paul Collins (The Nerves, The Beat) : « Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres »

Paul Collins période The Nerves / Photo de presse
Paul Collins période The Nerves / Photo de presse

Le roi de la power-pop. C’est à la fois le titre d’un album – King Of Power Pop! (2010) donc – et, surtout, un statut chèrement conquis et désormais difficilement contestable. En quelques années décisives – moins de dix en réalité – Paul Collins a contribué, davantage encore que la plupart de ses potentiels concurrents au trône, à façonner les contours parfaitement dessinés d’une musique vive, mélodique et indémodable. A rebours à peu près complet de toutes les tendances d’une époque où dominaient encore les digressions musicales complaisantes. D’abord avec The Nerves : en compagnie de Jack Lee – disparu il y a tout juste deux ans – et Peter Case, il a enregistré et publié en toute indépendance quatre des titres les plus importants de l’histoire. Ensuite avec The Beat, dont le premier – et, en grande partie, le deuxième – album demeure un des jalons les plus parfaits d’un rock classique et épuré, à la fois moderne et profondément ancré dans l’histoire des décennies qui l’ont précédé. A l’occasion d’une série de concerts entièrement consacrés à cet héritage majeur, il a consenti à partager quelques souvenirs des batailles passées. Continuer la lecture de « Paul Collins (The Nerves, The Beat) : « Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres » »