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Au milieu, une rivière. 

L’immense Brian Eno sur scène hier soir pour sa première tournée en 50 ans de carrière solo.

Brian Eno and The Baltic Sea Orchestra /  Photo : Camille Rousseau
Brian Eno and The Baltic Sea Orchestra / Photo : Camille Rousseau

La musique de Brian Eno est une traversée permanente des idées, des sentiments, des apparences, du monde tel qu’il est perçu et vécu. Prise dans la pop et dans l’invention de l’ambient, elle déroule, 45 ou 50 ans après ses débuts, un entrelacs sonore qui n’a rien de nostalgique mais se déploie avec une acuité précise, élevant la façon d’entendre le monde. Ce soir à la Seine Musicale, salle qui semble hors de portée du monde, Eno a donné un concert avec grand orchestre, reprenant son album The Ship, narration chantée atmosphérique autour d’un récit marin, dont on peut tout ignorer mais qui s’impose subrepticement à vous.

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David Berman – Eau Bénite

David Berman
David Berman

C’était la fin des années 90, l’époque ne durerait pas mais nous ne le savions pas du tout. La plupart des artistes qui nous intéressaient passaient par Paris et nous les rencontrions, selon leur maison de disques, soit chez Pias vers la Trinité, soit rue des Tournelles entre Bastille et le Marais. Labels y avait ses bureaux : un vaste open space où la plupart des labels américains cool et quelques anglais avaient résidence. Les entretiens avaient lieu dans une petite annexe, la porte d’à côté. C’est là que dans ces mêmes années j’ai rencontré pas mal de héros de l’epoque : Labradford, Will Oldham etc. C’est là aussi que j’ai passé une heure avec David Berman pour son disque d’alors. Le papier sortirait dans la revue pop moderne, comme beaucoup d’autres que j’écrivais alors et qui tournaient souvent autour du post-rock, de la musique électronique, de quelques trucs lo-fi et pas mal d’autres étrangetés, entre Coil et Spiritualized. Dans mes souvenirs, David Berman faisait l’effet d’un garçon un peu neurasthénique, aux accents et à la parole plutôt poétique, un brin différent de la normale. Le genre de rencontre qui vous fait croire en ce que vous faites parce qu’elle est l’apanage de la la singularité même : celle de l’homme et celle de son œuvre, celle de sa parole aussi. Il y en a eu d’autres au même moment qui avait cette manière d’être à côté du réel tout en nous le décodant : Bill Callahan de Smog, Dave Pearce de Flying Saucer Attack. A eux, à leurs obliques, je n’ai jamais cessé de penser – et au garçon de Silver Jews plus encore désormais.

Joseph Ghosn, 8 août 2019

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