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Des étoiles dans les yeux de Betty

Betty / Photo : Jules Vandale
Betty / Photo : Jules Vandale

Il y a quelque chose de très fraternel dans les petits groupes qui émaillent la scène indie francilienne. Beaucoup de projets en commun, de transferts de musiciens d’un groupe à l’autre, de soirées passées à voir les uns ou les autres sur scène, avec dans le public, souvent un certain nombre de membres desdites formations venus encourager les amis. Betty en est un excellent exemple : l’idée est partie d’un travail en solo de Rémi Studer, qui a composé des morceaux pendant plusieurs années de son côté, en mode bedroom pop. Le dénominateur en commun entre lui et cette scène fut Jérôme Ganivet de Belmont Witch, qui l’a aidé à concrétiser ses rêves, il y a une dizaine d’années déjà. Tous les deux ont enregistré des démos, avec Sparklehorse, Sebadoh ou Pinback dans le rétroviseur. La vie n’a pas été clémente, et Jérôme s’en est allé. Grâce à Michele (toujours Belmont Witch), Rémi a intégré Eggs et de fil en aiguille, Manolo Freitas (Hobby et Eggs aussi) et Isabella Green Catani (Dog Park) ont rejoint Betty. Après un EP l’an dernier, le trio sort son premier album masterisé par Côme Ranjard, Reminder, comme un rappel du chemin parcouru. Dans un bel esprit DIY, tout est fait maison, auto produit jusqu’aux clips, réalisés en animation par Manolo. Avec le single City Lights, la guitare et la voix de Rémi désarment avec juste ce qu’il faut de mélancolie, et le trio apparait comme des explorateurs souterrains, lampe frontale vissée au crâne, métaphore du travail de fond de chacun dans l’underground indie local. On y aperçoit d’ailleurs la Pointe Lafayette, et vers la fin, Grégoire Bayart (Eggs), qui vient tout juste de rejoindre le groupe. Décidément, c’est une affaire de famille jusqu’au bout.

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Ten CC, How dare you! (1976, Mercury)

Ten CC, How dare you! Quand Théophile Gauthier théorise L’art pour l’art en 1834 en préface de son sulfureux roman Mademoiselle Maupin, il est loin d’imaginer que 142 ans plus tard un groupe de crétins britanniques en tireront Art for art’s sake, l’exceptionnel single porteur de leur grand-œuvre de 1976, le bien nommé How dare you!.

Et, en effet, Comment osent-ils sortir ça ?, serait-on tenté de dire… L’année précédente, 10 cc, le groupe en question, dans sa mancunienne idiosyncrasie, a fait péter le hit-single international avec I’m Not in love, slow trompe-braguette à faire passer le My Love de McCartney (dont il est le négatif parfait) pour la Marche de Radetzky, mais qui n’a pourtant rien à voir avec son cœur de métier habituel : soit un Bordello pop inconnu des services d’immigration. La chausse-trape se referme alors aussi rapidement que les royalties tombent. Nœud gordien. Un dernier pour la route ? Euhhhhh… Non. On va TENTER AUTRE CHOSE.
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Sous Surveillance : Diana Vaughan

Diana Vaughan
Diana Vaughan / Photo : Kiki de Saint Supplice

On ne va pas prétendre le contraire, nous n’étions pas dans les meilleurs dispositions au début de la soirée Womb au Sample à Bagnolet ce 16 janvier dernier. Nous nous y étions rendus pour écouter notre Ela Orleans bien-aimée, mais la nouvelle du départ de David Lynch, apprise quelques minutes avant le début de son set, nous avait coupé l’herbe sous les pieds. Il ne fut alors pas tellement question de s’attarder sur place, mais le destin en a décidé autrement. Juste après jouait un tandem totalement inconnu au bataillon, elle à la flûte traversière, lui à la basse, les deux aux synthés, qui apparemment n’en étaient pas loin de leur premier concert. Diana Vaughan, ce nom qui fait instantanément penser à une actrice hollywoodienne ou une auteure de romans du siècle dernier, n’est en fait que le nom de plume de Léo Taxil (*), un pamphlétiste anticlérical du XIXe. Suffisamment intrigant pour nous donner envie d’en savoir un peu plus. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Diana Vaughan »

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Marianne Faithfull, le baiser parfait

Il y a 23 ans, Étienne Daho interviewait Marianne Faithfull.

Etienne Daho et Marianne Faithfull / Photo : Philippe Lévy
Etienne Daho et Marianne Faithfull / Photo : Philippe Lévy

Hiver 2002. On a rendez-vous dans le jardin d’hiver d’un bel hôtel parisien – un hôtel dont on a oublié le nom mais qui n’était pas loin du Jardin des Tuileries. Ils sont deux, un homme et une femme. Un fan et une femme. Deux artistes qui se connaissent depuis quelque temps alors… Ce n’est certainement pas un drôle d’endroit pour cette rencontre. Le lieu leur va bien. Surtout à elle, dont les excès connus de presque tous n’ont pas réussi à mettre à mal une incroyable élégance.

J’imagine que l’idée de cette rencontre – plutôt évidente au demeurant– nous était venue une fin de journée dans les locaux alors enfumés du Boulevard de Ménilmontant (Paris XIe), entre quelques cadavres de bouteilles (bières, vin, voire vodka et whisky), des cendriers trop pleins et des paquets de chips éventrés – quant aux seules drogues présentes, c’était en général des fraises Tagada et autres sucreries du même acabit. J’imagine surtout que dans l’euphorie de la confusion, tout le monde avait trouvé ladite idée géniale. Quelques semaines plus tard, pour évoquer un album qui comptait à son générique beaucoup d’artistes qur la RPM canal historique tenait en assez haute estime, on se présentait dans ce jardin d’hiver pour retrouver l’homme et fan Étienne Daho et la femme Marianne Faithfull – dont on n’a jamais pu s’empêcher de penser que le nom disait tant…  À l’annonce de sa disparition jeudi dernier, j’ai mis trois jours à me souvenir de cette rencontre-là – et de me dire une fois encore que la mémoire était parfois très joueuse. Un peu trop peut-être. Heureusement, j’ai retrouvé trace de ce que ces deux-là s’étaient dit ce jour-là…

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So long, Marianne.

La guitare Martin D-X1AE utilisée sur les albums "Give My Love To London" et "Negative Capability" photographiée chez Marianne Faithfull pour les enchères Sotheby's.
La guitare Martin D-X1AE utilisée sur les albums « Give My Love To London » et « Negative Capability » photographiée chez Marianne Faithfull pour les enchères Sotheby’s (détail).

Je me souviens de son parfum, L’Ombre dans l’eau, qui habitait toutes les pièces de son appartement luxueux de la rue d’Anjou, près de Madeleine, à Paris. Du tatouage d’une petite hirondelle au creux de sa main gauche, presque complètement délavé par toutes ses années d’infortune. Continuer la lecture de « So long, Marianne. »

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Mike Lindsay et le puzzle Tunng

Tuung / Photo : DR
Tuung / Photo : Paul Heartfield

Que reste-t-il à vivre et à dire après vingt années de vie commune ? De bien belles choses semble-t-il, si l’on se fie aux premières écoutes du nouvel album de Tunng, Love You All Over Again. Au terme de deux premières décennies d’un mariage, souvent harmonieux, parfois tumultueux, Sam Genders et Mike Lindsay ont décidé de s’en tenir à ce qu’ils savent faire de mieux ensemble : un mélange des genres contrasté où les structures folk traditionnelles se mêlent aux explorations électroniques contemporaines. En l’absence du premier nommé, c’est donc le second qui, depuis son studio du Kent, partage quelques impressions, anciennes et nouvelles, sur cette recette originale de la longévité. Continuer la lecture de « Mike Lindsay et le puzzle Tunng »

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Selectorama : Côme Ranjard

Côme Ranjard / Photo : Nicolas Despis

En juin dernier, à l’occasion de la sortie d’Intraterrestre, le second EP de Côme Ranjard, nous nous étendions déjà sur le talent du chansonnier parisien ; l’efficacité pop de ses refrains, la douceur-amère de ses textes, le souci du détail dont recèlent ses arrangements. En milieu de mois, il publiait Pop-Corn, son deuxième album ; pop oui, corny (banal) loin de là. Derrière sa voix grave si caractéristique résonnent des chœurs, mais aussi des sonorités révélatrices de sa curiosité musicale : l’exotisme du lap steel, la chaleur de la flûte, de la clarinette, ou du clavier seventies… Avant de célébrer la sortie de l’album au Hasard Ludique le 12 février prochain, Côme a choisi pour nous dix titres qui l’ont, selon ses mots, « chamboulé à un moment ou à un autre de [sa] vie ». « On part de Hawaï pour aller en France, aux États-Unis, en passant aussi par la Grèce, le Japon et enfin le Brésil. Ce ne sont pas particulièrement des influences spécifiques mais plutôt une sélection de morceaux que je trouve profondément beaux. » ; on le suit !

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Le dad folk de Jonathan Personne

Jonathan Personne / Photo : Antoine Giroux
Jonathan Personne / Photo : Antoine Giroux

Echappé une fois encore de Corridor, le quatuor montréalais auteur d’albums inspirés entre poésie psyché et post punk – en français dans le texte – dont on s’est entichés jusqu’au dernier, Mimi, sorti l’an dernier chez Sub Pop, Jonathan Personne poursuit sa route en solitaire tranquillement. Après Nuage Noir et Nouveau Monde, deux très beaux titres qu’il avait offerts à son public fin 2024, en voici deux autres : Zoé sur la montagne et Deuxième vie. La première trouve ses racines dans un air chanté à sa fille, et déroule sa mélodie folk apaisée avec une forme de naïveté confondante. Deuxième vie, évoque ces rencontres qui peuvent être un tournant dans l’existence, parfois entre deux êtres dont la proximité s’accentue soudain. Une ballade où sa voix douce se confronte à l’électricité des guitares. Des chansons perçues comme une catharsis introspective en réaction à la vie mouvementée d’un groupe, un cocon moelleux où Jonathan Personne se libère de la pression des tournées avec un minimum de tensions autour de lui. Nouveau Monde, son quatrième album, est la somme de ces moments d’entre-deux, avec plusieurs titres composés au fil du temps. Des instants en solitaire qu’on aime retrouver à chaque fois, tout autant que celles collectives de sa famille canadienne de Corridor. Continuer la lecture de « Le dad folk de Jonathan Personne »

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ABC, The Lexicon Of Love (1982, Neutron Records / Vertigo)

Ce doit être l’âge. Cela fait quelque temps déjà que j’essaye de me rappeler de certaines premières fois. Pas de toutes non, juste certaines. De ces premières fois où j’ai entendu une chanson ou un album qui m’ont marqué – marqué à un point tel qu’ils n’ont jamais vraiment disparu de mon quotidien, même sans les avoir écoutés pendant plusieurs jours, plusieurs mois. Plusieurs années. L’autre soir justement, répondant aux questions de Pierre Andrieu au sujet de The Cure – après son grand œuvre sur Jean-Louis Murat, Les Jours Du Jaguar, il a décidé de décortiquer le parcours emprunté par Robert Smith et ses troupes – et de mon rapport à ce groupe irrémédiablement lié à l’adolescence, je cherchais à me rappeler de ma première écoute de l’album Pornography, ou de certaines de ses chansons : un morceau passé par Bernard Lenoir lors de Feedback ? La version live de The Figurehead diffusée à la télévision un samedi de presque printemps 1982 dans Megahertz, l’émission géniale mais trop éphémère d’Alain Maneval – émission où l’on se souvient avoir vu en quelques mois des reportages sur Killing Joke, The Jam, Siouxsie & The Banshees, The Associates et sur le plateau, les débuts d’Indochine, de Polyponic Size ou de Nini Raviolette ? Peut-être sur une cassette enregistrée par un copain  de la Résidence ou un samedi après-midi dans la chambre de Thierry, de deux ans notre ainé et qui était au fait de pas mal de sorties et de concerts ? Je ne retrouverai sans doute jamais la réponse et qu’importe d’ailleurs… Continuer la lecture de « ABC, The Lexicon Of Love (1982, Neutron Records / Vertigo) »

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Magon, World Peace (autoproduit)

MagonCe qu’il y a de délicieux avec la musique, avec l’art en général, c’est que tout se passe comme si, grâce à eux, on pouvait à nouveau tomber amoureux un nombre indéfini de fois sans pour autant que ces attachements soient incompatibles entre eux, comme si on pouvait en quelque sorte vivre à l’infini l’impossible expérience d’un polyamour heureux. Parfois, alors qu’on se complaisait allègrement dans nos habitudes esthétiques, qu’on se contentait avec paresse d’écouter et de réécouter nos disques fétiches, on tombe par hasard sur un un artiste inconnu aux charmes duquel on se laisse prendre sans s’y attendre. On écoute une chanson – il s’agissait pour moi, avec Magon, de l’hypnotique Right Here (Did you Hear the Kids ?), 2023 – et commence alors le premier moment de la fameuse cristallisation décrite par Stendhal.

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JANVIER 2025

En ce début d’année cauchemardesque, nous avons choisi comme beaucoup d’autres de rebattre un peu les cartes du jeu géopolitique nauséabond des réseaux sociaux. Pour éclaircir un peu notre position, on ne quittera pas tout de suite ceux où nous avons patiemment construit une communauté fidèle, à savoir, vous. Trop précipité, car il faut du temps pour la rebâtir ailleurs, sous des auspices plus cléments. On continuera donc de vous informer sur Facebook et X le temps qu’il faudra, et nous sommes désormais accessibles également sur Bluesky et Mastodon, pour ceux qui ont à raison pris leurs cliques et leurs claques en claquant la porte. Bonne nouvelle : à l’avenir, tous nos œufs ne seront plus dans le même panier (les réseaux, vous suivez?), puisque dès que possible, on vous informera de nos actualités via une newsletter, à laquelle vous pouvez d’ores et déjà vous abonner dans la colonne de droite sur le site. Dernier point : puisque certaines plateformes (Spotify et Apple Music, faut-il les nommer) ont choisi de financer la cérémonie d’investiture du plus pathétique pantin de toute l’histoire de la politique américaine, on vous propose le retour de nos playlists du mois mixées, à écouter sur la page Soundcloud de acertainradio.fr. Voilà, en espérant que cette année ne soit pas encore pire que les autres, restons groupés et forts. (TS)

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify (malgré l’engagement déplorable de ce  dernier). Et aussi, le retour de la playlist mixée sur Soundcloud juste là ci-dessous.

NDLR : les playlists créées sur certaines plateformes ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

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Steven McDonald (Redd Kross) : « J’évite de trop m’en foutre »

Redd Kross
Redd Kross, avec Steven McDonald à droite / Photo : DR

Ce fut l’une des meilleures surprises de 2024. Alors qu’on n’osait plus vraiment l’espérer, les immenses mérites méconnus de Redd Kross se sont trouvés célébrés comme quasiment jamais dans l’histoire, pourtant longue de près d’un demi-siècle, de ce groupe fondamental. Un concert parisien trop longtemps reporté mais magnifique dans sa démesure, la diffusion annoncée dans plusieurs festivals d’un documentaire – Born Innocent, The Red Kross Story d’Andrew Reich, la publication d’une biographie nourrie des témoignages, parfois contradictoires, des principaux intéressés – Now You’re One Of Us de Dan Epstein. Enfin la sortie estivale d’un nouvel album, double et copieusement garni de ces tubes à la fois pop et saturés dont les frères McDonald semblent avoir précieusement conservé le secret. C’est depuis un hôtel bruxellois où se poursuit la tournée européenne du groupe que le cadet – Steven – a consenti à se repencher avec nous sur quelques-uns des jalons de ce périple fraternel et atypique. Continuer la lecture de « Steven McDonald (Redd Kross) : « J’évite de trop m’en foutre » »

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Plus Bell la vie

Andy Bell / Photo : Cal McIntyre
Andy Bell / Photo : Cal McIntyre

Entre une future tournée européenne de Ride et une hypothétique tournée mondiale d’Oasis, Andy Bell (oui, on vous l’a déjà faite, mais non, pas son homonyme chez Erasure) surprend son monde et annonce un nouvel album. Quand il ne bricole pas avec Glok, Andy Bell enregistre des disques psychédéliques avec un certain talent. The View from Halfway Down, publié en 2020 chez Sonic Cathedral, rappelait aux plus étourdis d’entre nous que Bell en a toujours sous le pied. La bonne nouvelle avec ce nouveau disque, c’est le premier extrait chanté par Dot Allison. On n’avait plus entendu l’Écossaise depuis quelques mois. Ou quelques années. Écouter I’m in love… est un merveilleux prétexte pour se replonger dans les disques solo d’Allison et surtout ses piges pour Death in Vegas ou le trop méconnu et oublié album de One Dove. Notons aussi la participation de l’allemand Michael Rother (Neu!). Surtout, I’m in love… nous replonge dans l’œuvre des Passions. I’m in love… étant plus qu’un simple clin d’œil au hit du groupe post punk anglais fondé par Barbara Gogan et Claire Bidwell. Continuer la lecture de « Plus Bell la vie »

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Clément Vercelletto, L’engoulevent (unjenesaisquoi)

Depuis quelques temps déjà, le label tourangeau unjenesaisquoi fait plus que susciter notre curiosité. Des disques aussi singuliers que In C pour 11 oscillateurs et 53 formes de Soia, Julien Sénélas, Jérôme Vassereau ou Curiositi de Nicolas Cueille ont conquis une place de choix au sein de notre imaginaire esthétique, en croisant la sophistication de la pop la plus aventureuse avec l’abstraction des musiques d’avant-garde. Des propositions uniques, difficilement situables dans le Kampfplatz contemporain, et qui possèdent une puissante force d’attraction et de fascination. Un label qui constitue un catalogue au sens le plus noble du terme donc, et dont la dernière sortie ne peut que confirmer la haute tenue. Le nouvel album de Clément Vercelletto en l’occurrence, qui frappe en effet par son « évidente » étrangeté. Continuer la lecture de « Clément Vercelletto, L’engoulevent (unjenesaisquoi) »

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Primitive Parts, Parts Primitive (Trouble In Mind, 2015)

Dix ans déjà ! Le temps est passé si vite depuis 2015, non ? Le COVID est passé par là certainement. La décennie est un âge ingrat pour un album, trop récent pour susciter la nostalgie, pas assez proche de l’actualité, pile poil parfait pour le purgatoire ! Voilà dans quoi les Primitive Parts sont plongés. Leur unique album, le bien nommé Parts Primitiveest sorti il y a dix piges. Le paysage musical indépendant a changé entre temps. Les groupes britanniques indépendants (Fontaines DC, Yard Act, Idles…) ont repris (commercialement) du poil de la bête. Avec le recul, la génération précédente a été largement sacrifiée. Veronica Falls, Male Bonding ou Yuck auraient, en effet, mérité mieux en matière de carrière. L’unique long jeu de Primitive Parts est ainsi à la croisée de diverses trajectoires. Continuer la lecture de « Primitive Parts, Parts Primitive (Trouble In Mind, 2015) »

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TV Dust, transition mutante

TV Dust / Photo : DR
TV Dust / Photo : DR

Du côté de Bologne, Jonathan Clancy (Brutal Birthday, His Clancyness …) et son label Maple Death Records sont toujours à la pointe de l’obscurité. Un catalogue singulier, ou se rencontrent punk hardcore, musiques expérimentales et pop de chambre. Cindy Lee, Qlowski, Trans Upper Egypt, Theoreme, Whitney K, Jack Name pour ne citer qu’eux forment une belle équipée sauvage. Pour 2025, Jonathan à choisi de démarrer l’année avec TV Dust, un trio Milanais. Après un premier long format en 2022 qui n’est autre qu’une série d’EP compilés, Transistion, leur album à paraître, est une éruptions de saveurs, aux frontières du free jazz, du krautrock et des musiques électroniques. Continuer la lecture de « TV Dust, transition mutante »

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Michael Hiscock / The Gentle Spring : « J’ai appris le pouvoir de la chanson en vivant en France »

The Gentle Spring / Photo : Philippe Dufour
The Lilac Time / Photo : Philippe Dufour

On ne peut pas donner tort à cent pour cent à Malraux lorsqu’il affirmait que “à force de déterrer le passé, on finit par enterrer le présent”. Mais ce serait négliger la beauté de l’intemporel au sens large. A sans cesse vouloir innover, se démarquer, on prend le risque d’oublier le principal, la cohérence et la qualité. Qui n’a pas été déçu par la réécoute d’albums adorés il y dix ans qui sonnent affreusement datés ? On sait dès la première écoute que Looking Back At The World, le premier album du trio The Gentle Spring ne tombera pas dans cet écueil. Avec une guitare, une basse et un synthé, les mélodies et les textes de l’ex Field Mice Michael Hiscock et d’Emilie Guillaumot vont à l’essentiel. La combinaison d’une musique minimaliste où les moments de silence sont parfois aussi importants qu’un subtil changement d’accord et de textes/mini scènes de vie dans lesquels tout le monde se reconnaîtra, font de Looking Back At The World un disque qui va nous accompagner pendant un long moment. Trente-quatre ans après le dernier album des Field Mice, groupe initialement formé en duo avec Bobby Wratten, Michael Hiscock nous prouve qu’il sait encore s’entourer de gens talentueux pour produire une musique qui n’a rien à envier au passé. Continuer la lecture de « Michael Hiscock / The Gentle Spring : « J’ai appris le pouvoir de la chanson en vivant en France » »

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Selectorama : Marquis de Coco Nut (Les Lolitas)

Coco Nut & Françoise Cactus, 1986 / Photo : Christian Schulz
Coco Nut & Françoise Cactus, 1986 / Photo : Christian Schulz

Lorsqu’il a eu 18 ans dans les années 1980, Coco Neubauer – plus connu sous le surnom de Marquis de Coco Nut -, a été pris d’une folle envie de quitter Paris pour aller chercher l’aventure à Berlin, galvanisé par ses idoles musicales. Son envie ? Créer un groupe au plus tôt et se vouer corps et âme au rock and roll. L’histoire est à peine croyable mais en 1981, au bout de seulement une semaine dans la capitale allemande, il rencontre la formidable Françoise Cactus – très regrettée frontgirl des magnifiques Stereo Total, disparue en 2017 -, avec laquelle il formera bientôt les Lolitas. Entre 1986 et 1992, ils sortiront pas moins de 7 albums, notamment sur les labels allemands What’s so Funny About… et Vielklang ainsi qu’une palanquée de singles et EPs dont certains, comme le 45 tours comprenant l’excellente Touche Moi, sont sortis sur le label français New Rose mené par Patrick Mathé et Louis Thévenon, les transformant en camarades de label de Johnny Thunders et des New York Dolls ! Un de leur album – Fusée d’amour (1989) – sera même produit par Alex Chilton ! L’exil berlinois aura été salutaire… Le Marquis de Coco Nut vivra plus tard 8 ans en Guadeloupe et ne cessera de sillonner les États-Unis, de Memphis à la Nouvelle-Orléans. Continuer la lecture de « Selectorama : Marquis de Coco Nut (Les Lolitas) »

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Heimat, cabale art brut

Heimat / Photo : Julie Hascoet
Heimat / Photo : Julie Hascoet

Cirque Electrique à Paris, avril 2019. Trois ans après la sortie de leur splendide album éponyme, le duo formé par Armelle Oberlé (The Dreams, Badaboom, Le Renard) et Olivier Demeaux (Cheveu, Accident du Travail) ont su faire remuer les guiboles les plus raides et mettre tout le monde d’accord à base de morceaux hypnotiques et lancinants. Un duo qui prend son temps : jusqu’à maintenant, ils ont livré un album tous les trois à cinq ans, juste l’intervalle idéal pour les écouter aussi religieusement qu’il se doit. Déjà culte dans les scènes souterraines, Heimat convoque ensuite le gratin des musiques incongrues et électroniques (Sonic Boom ou Tolouse Low Trax) pour revisiter leurs deux premiers albums. Iti Eta No sera donc leur troisième long format, dont trois titres sont en écoute depuis quelques semaines, pour notre plus grande joie. Toujours mécanique, aventureuse et brute, leur musique est magnifiée par le lyrisme, la singularité du chant ensorcelé et germanique d’Armelle. Waldi, clip réalisé par la talentueuse Iris Chassaigne (réalisatrice du long Le Ravissement en 2023), mélange déambulations circassiennes en milieu rural, désolation et sonorités martiales. Continuer la lecture de « Heimat, cabale art brut »

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Alex Pester, Bedroom Songs (autoproduit)

« Il n’est pas de jouissance plus attrayante, selon moi, que de suivre ses idées à la piste, comme le chasseur poursuit le gibier, sans affecter de tenir aucune route. Aussi, lorsque je voyage dans ma chambre, je parcours rarement une ligne droite : je vais de ma table vers un tableau qui est placé dans un coin ; de là je pars obliquement pour aller à la porte ; mais, quoique en partant mon intention soit bien de m’y rendre, si je rencontre mon fauteuil en chemin, je ne fais pas de façon, et je m’y arrange tout de suite (…) Et quel plaisir encore d’oublier ses livres et ses plumes pour tisonner son feu, en se livrant à quelque douce méditation, ou en arrangeant quelques rimes pour égayer ses amis ! Les heures glissent alors sur vous, et tombent en silence dans l’éternité,
sans vous faire sentir leur triste passage. »

Xavier De Maistre, Voyage autour de ma chambre (1794)

« There’s a world where I can go / And tell my secrets to / In my room. »
Brian Wilson (1963)

On s’en était douté dès la première rencontre, en 2021 : Alex Pester dispose d’un talent et d’une inspiration radicalement incompatibles avec les dispositifs de mises en pause ou de court-circuit qu’imposent les rythmes communs et rationnels de l’industrie musicale – ou de ce qu’il en reste. Né sans le moindre interrupteur intégré, le jeune songwriter britannique a publié l’équivalent de sept albums en cinq ans, dont trois au cours des douze derniers mois. Continuer la lecture de « Alex Pester, Bedroom Songs (autoproduit) »

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The Lilac Time, Astronauts Deluxe (rééd. Needle Mythology / Creation, 1991)

NDLR : Quand on aime, on ne compte pas, après celui de la semaine passée, voici un second point de vue sur la réédition du quatrième album des anglais.

Ce qui est bien ici, c’est que je peux radoter les quelques anecdotes sans fin, toujours les mêmes, parce qu’on est quand même dans une grande machine à oubli et qu’il vaut mieux se répéter quarante fois si nécessaire.

J’ai effectué quatre voyages à Londres entre 12 et 22 ans. Pas de quoi écrire des volumes de souvenirs, même si le premier, quand j’étais en 5e, était placé sous le signe de Musical Youth, dont la famille qui m’accueillait semblait épris, puisqu’elle n’écoutait que ça quand on mangeait du poulet-frites, après avoir joué au football. Mais quand même. En 3e, j’étais aussi au HMV pour la sortie de Parade de Prince, il y avait de grands portraits de lui attachés au plafond, j’avais acheté la cassette pour mon walkman Sony jaune, je crois que j’avais aussi volé la cassette d’Indochine à quelqu’un dans le bus, oui c’était moi, j’avoue, je me sentais très mal après – surtout que je trouvais ça nul, en fait. A quelques milliers de km, la centrale de Tchernobyl était en train de clamser. Continuer la lecture de « The Lilac Time, Astronauts Deluxe (rééd. Needle Mythology / Creation, 1991) »

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The Bug Club, On The Intricate Inner Workings of the System (Sub Pop)

Suractifs depuis 2021 et récemment devenus membres de l’écurie Sub Pop, The Bug Club appartient à une étrange catégorie : celles des groupes un peu inégaux mais qui restent malgré tout enthousiasmants. On trouve sur leurs disques autant de choses bigrement cool que tes trucs plus douteux à mon goût, un peu comme chez les Américains de The Cowboys, groupe quelque peu irrégulier malgré un réel talent. Mais c’est somme toute honorable pour des musiciens de parvenir à signer quelques bonnes chansons sur des albums imparfaits quand ils pourraient ne produire que de l’insignifiance. Et pour le coup, The Bug Club, emmené par les Gallois Sam Willmett et Tilly Harris, possède certaines qualités notables auxquelles il faut rendre hommage. Continuer la lecture de « The Bug Club, On The Intricate Inner Workings of the System (Sub Pop) »

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Citron Citron, Maréeternelle (Bongo Joe Records)

Nuage de lait et paysages qui blanchissent, l’heure est à des explorations plus intériorisées favorisées par le solstice d’hiver. La musique des genevois de Citron Citron évoque les brumes matinales du Bain des Pâquis, les cimes enneigées Alpines et Jurassiennes ainsi que les ombres de la villa Diodati et de Frankenstein… Point de marée dans les eaux du bleu Léman mais Maréeternelle embarque un univers vaste de flux et reflux et de paysages sonores au romantisme contemporain désabusé et aux accents exploratoires orbliviens.

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The Lilac Time, Astronauts Deluxe (rééd. Needle Mythology / Creation, 1991)

Pour une fois, l’ampleur presque démesurée de l’hommage vaut à elle seule d’être saluée. Il n’est pas certain que Astronauts (1991) soit le meilleur album de The Lilac Time – ni même le jalon majeur de la première partie de l’existence du groupe, celle qui s’est déroulée entre 1987 et 1991, avant une parenthèse solo longue de huit ans. Pourtant, Pete Paphides a fait fi de ces réserves éventuelles pour consacrer à ce quatrième volume des longues aventures de Stephen Duffy un mausolée digne des plus grand chefs d’œuvre sur son label Needle Mythology :  trois volumes, pas moins, contenant une version remasterisée de l’album original, une large ration de démos et une autre d’enregistrements live datant de la même période. Un écrin dispendieux, dont l’architecte assume – revendique même : il faut lire le texte remarquable récemment publié par Paphides sur Medium à propos de ce projet –  l’irrationalité des dimensions, érigé par pure passion pour ces chansons et pour se hausser à la hauteur du souvenir qu’en conservent les quelques amoureux, convaincus de leur importance. Trente-trois ans plus tard, Astronauts apparaît encore comme un disque de transition, d’entre-deux. Résolument à côté de son époque, de son label – Creation, donc – et même de son auteur qui, dans plusieurs interviews données au printemps 1991, étale publiquement ses insatisfactions et ses envies de tout abandonner, y compris cet album qu’il envisage d’avorter avant même sa publication. Continuer la lecture de « The Lilac Time, Astronauts Deluxe (rééd. Needle Mythology / Creation, 1991) »

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Chris Eckman, The Land We Knew the Best (Glitterhouse Records)

Les disques de Chris Eckman font toujours un bien fou. Regarder la pochette de The Land We Knew the Best permet déjà de se remémorer les disques des Walkabouts. Le groupe mené par Chris Eckman et Carla Torgerson chantait, dans les années 80, tout haut ce que Seattle fantasmait tout bas. Signés chez Sub Pop dans les années 90, les Walkabouts permettaient aux patrons de ce label d’exprimer leur amour pour l’Americana. Évidemment, tenter de trouver des références aux chansons de Johnny Rivers ou de toute autre héros oublié de cette scène était quasiment impossible sur les disques de Nirvana ou de Tad. Continuer la lecture de « Chris Eckman, The Land We Knew the Best (Glitterhouse Records) »

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2nd Grade, Scheduled Explosions (Double Double Whammy)

Suis-je bien légitime pour chroniquer un groupe de powerpop ? Quand on n’a jamais été emballé plus que ça par Big Star ni par Teenage Fanclub – les références ultimes du genre -, on devrait en toute logique passer son chemin. Et pourtant, paradoxe des paradoxes, l’album Scheduled Explosions de 2nd Grade restera pour moi un des sommets de l’année 2024. Alors pourquoi ai-je aimé un disque a priori plutôt éloigné de mes inclinations esthétiques ? Tout simplement parce qu’il est truffé de très bonnes chansons, aux mélodies imparables, qu’il parvient à s’inspirer du passé tout en se réappropriant les codes du genre sans donner une impression de répétition mécanique de ce qui a déjà été fait par d’autres. Continuer la lecture de « 2nd Grade, Scheduled Explosions (Double Double Whammy) »

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La Casa Azul, Tan Simple Como El Amor (Elefant, 2003)

Elefant 2003 album pochette indie popDifficile d’imaginer la popularité de La Casa Azul par-delà des Pyrénées. Le groupe fondé par le mystérieux Guille Milkyway a pourtant démarré de la plus modeste des manières jusqu’à s’approcher, de très près, d’une participation à l’Eurovision. À la fin des années 90, le Catalan envoie ses démos à de nombreuses émissions de radios telles que Flor de Pasión, présenté par Juan de Pablos. Il est repéré et signé par Elefant (Le Mans, Family, Spring, les débuts de los Planetas…). En 2000 sort le mini-album El Sonido Efervescente de la Casa Azul (2000), celui-ci compile six morceaux des démos avec deux nouveautés. Le groupe sort finalement, Tan Simple Como El Amor, son premier véritable album, trois ans plus tard, toujours chez Elefant. Ce disque constitue une excellente porte d’entrée à l’univers chamarré de La Casa Azul. Il ouvre aussi sur une certaine idée de la musique pop espagnole, de la fin des années 90 et la décennie suivante. Continuer la lecture de « La Casa Azul, Tan Simple Como El Amor (Elefant, 2003) »

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Simon Joyner, Coyote Butterfly (BB*Island / Grapefruit)

Owen, le fils de Simon Joyner, est mort d’une overdose en août 2022 et cet album lui est, bien sûr, dédié. Pendant plus d’un an, le songwriter du Nebraska s’est tu, tiraillé par les injonctions contradictoires engendrées par l’insurmontable : tenter d’exprimer l’indicible tout en étant convaincu que, face à la page vierge, il sera de toute façon impossible de parler d’autre chose. Dans de telles circonstances, il semble n’exister que deux solutions. La première consiste à tenter de prolonger en un équivalent formel la rupture existentielle absolue : surligner le coup dur en brûlant ses propres vaisseaux musicaux, ne plus rien faire comme avant parce que rien n’est plus comme avant. Skeleton Tree (2016) de Nick Cave en l’occurrence, où ne paraissaient subsister que les cendres d’une discographie soudainement obsolète. La seconde, tout aussi respectable et à peine moins radicale, consiste à se réinstaller, tant bien que mal, dans la vie telle qu’elle demeure. Ici, le deuil n’est pas une étape qu’il s’agirait de ponctuer pour mieux la franchir. Il se niche au cœur des chansons aux apparences familières. Il accompagne le quotidien. Il surgit dans la vie normale, au détour d’un regret ou d’un souvenir. Continuer la lecture de « Simon Joyner, Coyote Butterfly (BB*Island / Grapefruit) »

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Ceux qu’on a aimés en 2024

Visuel : Pauline Nunez
Visuel : Pauline Nunez

Bilans fumeux, stats approximatives, course à la méritocratie : on ne va pas tenter de vous convaincre que ces sempiternels marronniers hivernaux en forme de classements d’artistes inclassables nous gonflent à un point plutôt saisissant. Ceci étant dit, on est évidemment fiers de défendre ceux qu’on a aimés, donc les revoici réemballés pour votre réveillon en mode playlist, pour ceux qui auraient envie de revêtir un collier de perles scintillantes pour célébrer la fin de cette année pourrie, en en attendant une autre peut-être pire. Nous, en tous cas, quoi qu’il en soit, on sera toujours là pour vous aider à digérer la soupe à la grimace. (TS)

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Au pays volé de Jeffrey Lewis

Jeffrey Lewis / Photo : Lih Trans
Jeffrey Lewis / Photo : Lih Trans

On peine vraiment à croire que l’indispensable The Last Time I Did Acid I Went Insane, premier disque de l’inoxydable héros de l’anti-folk Jeffrey Lewis – songwriter surdoué et créateur de bandes dessinées – a déjà presque… 25 ans. Mais depuis ces temps immémoriaux, le New-Yorkais n’ a pas chômé, publiant régulièrement de nouveaux disques – dont certains accompagné de son génial frangin Jack – mais aussi pléthore de comic books dans la digne descendance graphique d’un Robert Crumb. Côté musique, on n’aura jamais cessé de réécouter le mythique Em I Are sorti en 2009 et on se sera souvent replongés dans ses albums-hommages aux groupe punk Crass ou encore au fantasque Tuli Kupferberg de The Fugs. Continuer la lecture de « Au pays volé de Jeffrey Lewis »

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Xeno & Oaklander, Via Negativa (Dais Records)

minimal wave dais recordsLe duo nord-américain Xeno & Oaklander affiche vingt ans d’activisme pour la musique synthétique. L’Etatsunien Sean McBride (Martial Canterel) et la Norvégienne Liz Wendelbo publient régulièrement des albums depuis le milieu des années 2000. Vi/deo, leur dernier en date, remontait ainsi à 2021. Enregistré pendant la pandémie, il voyait le duo s’inspirer de leurs souvenirs sur les pistes de dance à l’ère de la distanciation sociale. Xeno & Oaklander revient ces jours-ci avec Via Negativa. Accompagné du même label (Dais Records) et du même producteur (Egan Frantz), le duo offre à nouveau un plongeon dans une synth-pop incisive et baroque. Continuer la lecture de « Xeno & Oaklander, Via Negativa (Dais Records) »

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Le classement de la rédaction 2024

Visuel : Pauline Nunez
Visuel : Pauline Nunez

Dresser un bilan d’une année en demie-teinte, quelle tâche ! Était-elle meilleure ou moins bonne que la précédente ? Difficile à dire… alors attachons-nous à une anecdote comme nous aimons tant en raconter ici-bas, nous qui persistons à croire que quelque chose peut advenir lorsque nous faisons vibrer d’une seule et même corde nous-mêmes et la musique que nous aimons. Alors figurez-vous qu’un beau jour de printemps, en plein cœur des méandres inquiets de nos fils d’actualité, un message furtif d’un certain Viktor Der Panini Joe m’interpelle – quelques mots à peine sur un album mystérieux, Diamond Jubilee. Nom de code : Cindy Lee. « In the diamond’s eye / Shining down on me »… And the rest is history. Une impulsion aussi rare qu’inattendue me pousse alors à me rendre sur ce site aux allures de vestige numérique, une page GeoCities comme échappée d’un autre temps. Le geste d’achat, presque oublié depuis l’avènement du streaming, retrouve soudain sa dimension rituelle, sa beauté première, me laissant envahir par l’immensité de l’excitation joyeuse à l’idée découvrir un disque dont encore je ne sais rien. Continuer la lecture de « Le classement de la rédaction 2024 »

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Selectorama : Magon

Magon / Phooto : DR
Magon / Photo : DR

Les astronomes savent que parmi les innombrables corps célestes qui peuplent la galaxie, se trouvent des planètes dites « vagabondes », mondes libres et solitaires qui ne sont rattachés à aucune étoile mère, mais qui errent dans l’espace à leur propre guise. Magon est l’une de ces planètes. D’abord parce que cet Israélien de parents irakiens, qui a vécu a Paris et a déménagé au Costa Rica semble avoir choisi d’être citoyen du monde, et par ailleurs parce que sa musique ne semble appartenir à aucune chapelle. Si on devine certaines de ses influences, aucun mimétisme n’est à déplorer. On est loin de ces groupes qui cochent toutes les cases d’un genre et auraient pu être générés par quelque chat GPT indie. Au contraire, Magon a sa propre identité, multiple certes, mais toujours singulière et cohérente. Écoutons par exemple King Of Nothing – qu’on trouve sur le premier album Out in the Dark sorti en 2019 -, titre proche de l’univers des Pixies période Bossanova, avec ses suites d’accord digne du Black Francis des meilleurs jours, morceau dont le chant, dans la partie finale, rappelle Jonathan Richman et ses Modern Lovers. L’esprit de Joey Santiago se retrouve également dans le son de guitare de l’excellente Forever de l’album In the Blue (2021), mais pour ma part, c’est avec l’hypnotique Right Here apparaissant sur le LP Did you Here the Kids sorti en2023 – genre de morceau qui donne envie de rouler sur une autoroute perdue lynchéenne – que je me suis laissé convaincre par Magon. Continuer la lecture de « Selectorama : Magon »

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Kim Deal, Nobody Loves You More (4AD)

Kim Deal est de ces bonnes et véritables amies qui laissent leur miroir de poche au vestiaire mais ne se séparent jamais de leur intégrité. Je l’ai rencontrée aux détours de sa guitare basse et de ses vocalises vaguement énervées chez les Pixies dès 1986, je l’ai adorée sur le premier et magnifique album de The Breeders, Pod, sorti en 1990 sur le label phare de l’époque 4AD et produit par Steve Albini. Là, Kim retrouvait Tanya Donelly (Throwing Muses et Belly), Josephine Wiggs ainsi que Kelley Deal, sa sœur jumelle. Continuer la lecture de « Kim Deal, Nobody Loves You More (4AD) »

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Aphex Twin, Selected Ambient Works 85-92, Expanded Version (Apollo / Warp)

L’Expanded Edition de ce chef d’oeuvre absolu vient de ressortir pour les 30 ans de l’album original.

Lorsque Selected Ambient Works 85-92 paraît pour la première fois en 1992 sur le label Apollo / R&S Records, le jeune Richard D. James est déjà précédé de l’aura flatteuse du synth freak, du créateur génial et bricoleur surdoué. Repéré avec Analogue Bubblebath (Mighty Force, 1991), premier EP de la série, c’est par sa manière très personnelle de proposer une musique électronique radicale et ludique qu’il s’impose immédiatement comme l’une des figures majeures d’une scène alors en pleine effervescence. Bleep, ambient techno ou early IDM, différentes appellations pour un genre dont la mythique compilation-manifeste du label Warp Artificial Intelligence (1992) aura pu dessiner les contours : immédiatisme dancefloor et psychédélisme domestique fusionnent au sein d’une esthétique post-rave dont il s’agit d’incarner le versant le plus aventureux et expérimental. Continuer la lecture de « Aphex Twin, Selected Ambient Works 85-92, Expanded Version (Apollo / Warp) »

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The Innocence Mission, Midwinter Swimmers (Therese Records / Bella Union)

Il faut toujours considérer sinon chérir un groupe quand il vous a été transmis par des lignes de François Gorin.

Il faut partir à sa rencontre comme à l’aventure, voyage garanti crucial, même si l’on se retrouve contre, ce sera toujours tout contre, au cœur. Et puis, comme je retarde, traîne dans les lacets, ne lis et n’écoute jamais à l’heure, j’ai reçu le choc de la découverte de The Innocence Mission bien après les batailles – des pique-niques pacifiques en réalité– 2020 et See You Tomorrow, et l’on n’avait pas fini de se voir en effet – et j’ai mis un nouveau Lancaster sur la carte, en Pennsylvanie, où vivent Karen Peris (les chansons, la voix, une montagne d’instruments), son mari Don (des guitares et des batteries), et leur ami Mike Bitts (la basse). Et j’ai chéri leurs chansons, leurs disques, surtout ceux de la manière la plus récente, la plus incroyable – chaque ligne de chaque chanson, comme chaque chanson de chaque album, fait son chemin dégagé des époques, avec en cadeau un peu d’air pour les heures les plus lourdes, intelligence subtile du fait d’être et de ressentir, finesse poétique et mélodique, arrangements invisibles – les meilleurs – les seuls. Continuer la lecture de « The Innocence Mission, Midwinter Swimmers (Therese Records / Bella Union) »

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Christopher Owens : « Je n’ai jamais eu aussi peur de sortir un disque »

Christopher Owens / Photo : Sandy Kim
Christopher Owens / Photo : Sandy Kim

De son propre aveu, il n’en avait aucune idée, mais qu’est ce que Christopher Owens nous avait manqué ces dernières années ! Cela faisait presque dix ans que nous attendions la suite de Chrissybaby Forever, son dernier album solo en date. Pendant cette période, Girls, son intouchable premier groupe, est passé du statut de groupe respecté à celui de groupe culte, cumulant des millions d’écoutes sur les plateformes. Mais voilà, Christopher Owens a malheureusement connu à titre personnel une situation inversement proportionnelle, en passant de pop star s’affichant sur les campagnes Saint Laurent, Isabel Marant ou H&M à une vie de sans domicile fixe ignoré de ses propres amis. Remonter la pente a été long, douloureux, mais sans cette descente abrupte I Wanna Run Barefoot Through Your Hair n’aurait jamais vu le jour. Continuer la lecture de « Christopher Owens : « Je n’ai jamais eu aussi peur de sortir un disque » »

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Selectorama spécial B.O. : Froid Dub

Stéphane Bodin et François Marché aka Froid Dub
Stéphane Bodin et François Marché aka Froid Dub / Photo : DR
En bons gonzos que nous sommes parfois, nous n’avons pas encore vu le film. Fotogenico, réalisé par Marcia Romano et Benoît Sabatier est pourtant sorti en salles hier, et il conte l’histoire de – et là, on se saisit du résumé officiel – Raoul, qui débarque à Marseille où sa fille est morte. Il découvre qu’elle avait enregistré un disque avec une bande de filles, et se met alors en tête de remonter ce groupe. Argument diégétique rêvé pour tout compositeur de bande originale de film, puisqu’elle joue un rôle central, presque un personnage à part entière. Chantée en partie par Emma Amaretto, entendue chez les post-punk Catalogue, elle comprend des reprises de The Field Mice, Luna et 1000 Ohm. Du bel ouvrage signé par le duo Stéphane Bodin et François Marché (on ne leur fera pas l’affront de souligner une fois encore leurs frasques au siècle dernier) alias Froid Dub, auteurs de quelques très beaux maxis chez Delodio, leur propre label. Cette fois, ils montent en intensité avec ces 33 morceaux (sur la version digitale) glaçants et brutaux, qui ne donnent qu’une seule envie, c’est de découvrir quelle place leur ont été conférée dans ce film où l’on retrouve aussi Roxane Mesquida, habituée de l’œuvre sulfureuse de l’américain Gregg Araki. Pour l’occasion, Froid Dub nous ont choisi quelques-unes de leurs B.O. de chevet. Avec le plus grand soin et le meilleur goût, vous remarquerez.

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Being Dead, EELS (Bayonet Records)

Le secret Being Dead m’a été révélé il y a cinq ans par un fellow Austinite, de la part duquel j’avais reçu l’un de leurs premiers singles – Hot Car – accompagné de cette phrase qui met toujours du baume au cœur : « Je pense que ça va te plaire ». L’esthétique surf rock lo-fi et l’entrain du duo m’avaient emballée, mais j’étais loin d’imaginer (tout comme cet ami, témoin de leur parcours dans la capitale texane) que quelques années plus tard, l’un de leurs albums se hisserait dans les tops de fin d’année de tous les médias musicaux indés ou presque, Paste et Pitchfork compris.

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Kevin Ayers, All This Crazy Gift Of Time, The Recordings 1969-1973 (Esoteric Recordings)

Toute la musique rassemblée ici a été enregistrée en cinq ans à peine – entre la fin calamiteuse de la tournée américaine de Soft Machine en compagnie de Jimi Hendrix et l’expiration du contrat avec Harvest, faute de succès concluant. Hasards de la numérologie sans doute, c’est à cinq ans que je l’ai découverte. D’abord avec un nom. Associé, comme beaucoup d’autres, à l’enfance et à ces pochettes de disques qui trainaient dans la chambre de ma sœur aînée – en l’occurrence, une réédition qui regroupait en double album Whatevershebringwesing (1971) et Bananamour (1973) dont la garde m’a été généreusement attribuée depuis. Une musique ensuite, bizarre – un peu trop pour mes oreilles mal accoutumées aux dissonances – différente, incertaine. La voix si grave n’était pas désagréable – sauf quand elle était monstrueusement déformée : je détestais Song From A Bottom Of A Well – mais c’était comme si ce compositeur paresseux ne s’était pas donné la peine de terminer proprement et sérieusement toutes ses chansons. Cette sensation de négligence improvisée me troublait et m’inquiétait un peu. J’entendais bien quelques morceaux qui me plaisaient déjà mais, petit garçon, je préférais que mes chanteurs se comportent en adultes responsables, au moins sur toute l’entièreté d’une face, et qu’ils s’en tiennent à de vrais couplets suivis de refrains que l’on pouvait fredonner aisément. Comme Cat Stevens ou les Beatles, par exemple. Continuer la lecture de « Kevin Ayers, All This Crazy Gift Of Time, The Recordings 1969-1973 (Esoteric Recordings) »

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Dottie Doppler, Dottie Doppler plays (Fréquences Critiques)

Il s’agit d’un phénomène bien connu : l’omniprésence d’une tendance musicale, la généralisation de ses gimmicks d’écriture ou de production, provoque quasi-systématiquement une forme de réaction ou de contrepied. Celle du laptop dans la musique expérimentale du début des années 2000 a logiquement contribué à ce que ce développe son contraire, à savoir la montée en puissance d’une esthétique de l’analogique, du matériel retro, de la circuiterie et du câblage. On ne pourrait comprendre la renouveau de la synthèse modulaire autrement, ou encore l’essor de labels comme  Da ! Heard It Records ou Tanzprocesz. Car cela fait maintenant une bonne quinzaine d’années que se développe une scène mutante aux contours en perpétuelle évolution, qui réinvestit différents genres allant de l’indus oldschool aux entreprises électroniques concrètes ou aux différentes formes de bruitisme DIY. Continuer la lecture de « Dottie Doppler, Dottie Doppler plays (Fréquences Critiques) »

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Iain Matthews : « Quand on a écrit des chansons pendant trente ou quarante ans d’affilée, il n’y pas vraiment d’interrupteur ! »

Iain Matthews / Photo : Lisa Margolis
Iain Matthews / Photo : Lisa Margolis

Plus d’un demi-siècle de carrière et plusieurs vies musicales. C’est tout le temps qu’il a fallu pour que le jeune apprenti footballeur, stagiaire pro au club de Bradford, se mue, décennie après décennie, en l’un des interprètes ET des auteurs les plus considérables et les plus mal estimés de l’histoire du folk-rock. Et du country-rock. Et aussi de multiples autres styles, effleurés ou explorés tout au long d’une discographie dont il est devenu quasiment impossible de recenser exhaustivement toutes les dérivations tant s’y entremêlent les projets et les références. Alors que Cherry Red Records continue de tenter de remettre un peu d’ordre dans les archives plus que pléthoriques de l’ancien chanteur de Fairport Convention – plusieurs box-sets ont déjà été publiées, d’autres vont bientôt suivre – Iain Matthews publie cet automne un nouvel album solo, How Much Is Enough qu’il présente lui-même comme un ultime tour de piste. Continuer la lecture de « Iain Matthews : « Quand on a écrit des chansons pendant trente ou quarante ans d’affilée, il n’y pas vraiment d’interrupteur ! » »

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Sous Surveillance : Prism Shores

Prism Shores / Photo : DR
Prism Shores / Photo : DR

Qui ?

Jack : Guitare / basse & chant
Ben : Guitare / basse & chant
Luke : Batterie & chant
Finn : Guitare & chant
Prism Shores est l’assemblage des groupes : Dresser, Forensics, White Knuckle, Molly Drag, Sorrey, Antibodies, Wood Andrews et Russell Louder.

Où ?

Basés à Montréal, Jack, Ben et Luke viennent de l’Île du Prince-Edouard, quand à Finn, il est originaire d’Auckland en Nouvelle Zélande. Ville Foisonnante depuis longtemps en termes de groupes, artistes ou lieux indés.

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Selectorama : Nicolas Jublot, Géographie Records

Une partie de l'écurie Geographie, avec Nicolas Jublot en bas à droite / Photos : FB
Une partie de l’écurie Geographie, avec Nicolas Jublot en bas à droite / Photos : FB

En 2019, Nicolas Jublot, programmateur affûté au Point Éphémère à Paris, décidait de monter un label, Géographie. Première signature dans la foulée, le second album des très remarqués Marble Arch, Children of the Slump. Cinq ans plus tard, il a déjà une belle brochette indie pop à son actif : Paper Tapes, Born Idiot, Good Morning TV, Bad Pelicans… Deux groupes ont rejoint la maison cette année, relançant de manière impromptue mais réjouissante les activités du label. Dog Park, qui depuis a joué maintes fois dont une scène de taille, et SCHØØL, avec au micro Francis Mallari de Rendez-Vous et Erica Ashleson (Special Friend, eGGs). Sans compter les nouveaux venus Disarme, Logiciel (ex Jakju) ou Marcel. Une esthétique de label qui s’échappe un peu des sentiers battus de l’indie pour ouvrir le champ des possibles avec un peu plus de perspective. Alors qu’il fête ces jours-ci les cinq ans du label aux Bars en Trans de Rennes, il s’est volontiers prêté au jeu du Sélectorama et nous balance dix morceaux qui comptent pour lui. Et comme il n’est pas du genre à lésiner, il nous gratifie même d’une généreuse playlist au nom ultra intrigant : Jukebox Planisphere.


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Leonard Cohen, Various Positions (CBS, 1984)

If it be your will.
« Si telle est ta volonté. »

C’est ainsi que Leonard Cohen conclut la difficile deuxième période de sa carrière dite « des désamours », qui a succédé à la lune de miel entre le poète et son public, à sa bohème élégante mais sincère, inattaquable géographiquement — le Chelsea Hotel et Hydra avant l’arrivée de l’électricité sur l’île, qui dit mieux ? — et artistiquement — les recueils, le roman, puis les trois premiers albums, inattaquables — trop noirs ? Inattaquables.

Ces fameux trois albums inauguraux qui captivent d’emblée l’Europe alors que ce sont ceux qui rêvent encore d’Amérique, qui deviennent des tables de la Loi, des mesures de toute chose folk, de tout arrangement – et très vite, dès Songs of Leonard Cohen, qui deviennent des prisons. Cohen lors de ses premières tournées, malgré toutes ses tentatives de sabotage — concerts sous LSD, chevaux, impréparation, empathie —, peine sous le poids des mots ravivant soir après soir les passés et les morts — père, amours, etc. —, sous le poids des attentes, sous le poids de la perfection qu’il atteint quand il fait sans essayer d’être. Un poids sous lequel Bob Dylan, d’un cuir plus solide, a déjà craqué et s’est enfui avant de réapparaître autre, tout autre. Continuer la lecture de « Leonard Cohen, Various Positions (CBS, 1984) »

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Kit Sebastian, New Internationale (Brainfeeder)

2024 pochette BrainfeederDepuis 2019, Kit Sebastian construit une délicate discographie. Melodi (2021) succéda à Mantra Moderne (2019). Le groupe londonien ajoute ces jours-ci un troisième joyau à leur couronne déjà bien garnie. Toujours composé du musicien anglais multi-instrumentiste Kit Martin et de l’artiste chanteuse turque Merve Erdem, Kit Sebastian change de label mais certainement pas son propos. D’abord domicilié chez les têtes chercheuses de Mr Bongo (SOYUZ, Project Gemini, Sven Wunder, Marxist Love Disco Ensemble), le duo est désormais hébergé chez Brainfeeder (Thundercat, Louis Cole, Mr. Oizo), le label californien créé par Flying Lotus qui travaille main dans la main avec les vétérans de Ninja TuneNew Internationale (2024) reprend ainsi l’histoire à l’endroit où ses prédécesseurs s’étaient arrêtés. Continuer la lecture de « Kit Sebastian, New Internationale (Brainfeeder) »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE NOVEMBRE 2024

Novembre, ce mois coincé entre la queue de comète de la rentrée et la précipitation annoncée des fêtes. Novembre, où on se rend compte d’un besoin de se recentrer, de se ressourcer alors que le froid revient. Pour aller dans ce sens, voici une sélection qui ira autant chercher dans les recoins de l’internationale pop (française, anglaise, américaine, ibérique…) que parmi ceux qui ont compté jadis et qui comptent toujours (Kim Deal, Julian Cope, Brigitte Fontaine), ou encore auprès de ceux dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler. Tout le paradoxe réjouissant de section26.

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NDLR : les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de la sélection commentée ci-dessous.

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Selectorama : Food Fight

Food Fight / Photo : DR
Food Fight / Photo : DR

Tout n’est pas perdu pour le rock hexagonal. Les Rennais de Food Fight nous l’avaient déjà démontré en 2021, année de la sortie de leur E.P. éponyme, sur lequel apparaissait le titre-phare Shenanigans, qui nous avait bigrement enthousiasmés, laissant entrevoir un futur prometteur pour le groupe. Trois ans plus tard, après avoir sillonné la France en long en large et à travers, le quatuor vient tout juste de sortir son premier album, Zeitgeist Impressions, généreux en riffs et en mélodies accrocheuses. Cultivant sans vergogne l’imaginaire mod, biberonnés à la power pop de la fin des seventies, les quatre Bretons pourraient tout aussi bien être brittons. Continuer la lecture de « Selectorama : Food Fight »

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Garciaphone, Ghost Fire (Microcultures / Only Lovers)

Sept années de vie pour trente minutes de musique. Il n’en fallait pas moins. Sans doute parce que, au-delà même des contingences matérielles inévitables qui ont pu ralentir ou entraver parfois le chemin d’Olivier Perez et de ses camarades, ce troisième album, presque inespéré, de Garciaphone porte en lui les traces d’une beauté qui n’aurait pas pu surgir autrement que dans la durée longue des retouches, des détours et des hésitations. A l’instar de la peinture incandescente qui orne la pochette – et témoigne au passage des talents graphiques de Perez – les dix chansons semblent ici s’esquisser et s’estomper dans un même mouvement, laissant deviner entre les mots et les notes les émotions en clair-obscur, sans chercher à les figer. Continuer la lecture de « Garciaphone, Ghost Fire (Microcultures / Only Lovers) »

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Photos ratées, bourbon à température et sécessionnisme poussiéreux

Ce bon vieux « Good Old Boys » par Randy Newman est sorti il y a 50 ans, en 1974.

Randy Newman, Good Old BoysRetour sur le quatrième album de Randy Newman au sommet d’une carrière qui en a connu d’autres mais dont l’actualité éphéméridaire (on « fête » ses 50 ans) et politique (son analyse des rapports de force au sein de la société américaine) reste d’une incroyable pertinence tout en étalant une richesse esthétique (savante convocation de Scott Joplin, Nino Rota, Irving Berling, Ry Cooder, Don Henley et les auteurs William Faulkner, John Steinbeck, Flannery O’Connor) qui ne cesse de laisser bouche bée malgré les années. Continuer la lecture de « Photos ratées, bourbon à température et sécessionnisme poussiéreux »

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The Soundcarriers, Through Other Reflections (Phosphonic)

pochette The Soundcarriers "Through Other Reflections (2024)Il y a dix ans, le groupe britannique The Soundcarriers publiait leur troisième album, le merveilleux Entropicalia, chez Ghost Box. La présence de ces natifs de Nottingham dans le catalogue des hérauts de l’hantologie pouvait alors donner quelques pistes sur le son des Soundcarriers. Toutefois, la musique d’Adam Cann, Dorian Conway, Leonore Wheatley et Paul Isherwood possède avant tous des qualités pop indéniables. S’inscrivant dans l’héritage de Broadcast et Stereolab, The Soundcarriers pratiquent, depuis leurs débuts, une musique inspirée des années 60/70 mais néanmoins intemporelle. Après un hiatus de huit ans, le groupe est revenu en pleine forme avec Wilds en 2022. Through Other Reflections lui fait désormais suite et ne rompt pas le charme. Continuer la lecture de « The Soundcarriers, Through Other Reflections (Phosphonic) »

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Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie

Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann, Set-Top Box, Gee Tee...) / Photo : DR
Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann, Set-Top Box, Gee Tee…) / Photo : DR

Depuis une quinzaine d’années, l’Australie semble être devenue la nouvelle Terre Promise du rock and roll. Les gamins y forment incessamment de nouveaux groupes et courent voir des concerts, chose surprenante quand ont voit qu’en France par exemple, le rock est devenu une affaire de quadras, voire de quinquas, au vu de tous les chauves et des têtes chenues qu’on observe majoritairement dans les salles de concerts et même sur scène. En Australie, quelques formations et artistes des antipodes comme Tame Impala, Courtney Barnett et plus récemment Amyl and the Sniffers ont réussi à connaître un véritable succès mondial, parvenant à s’extraire de l’étroit microcosme indie. Les jeunes painques boutonneux à mulets de The Chats sont même parvenus à réaliser l’invraisemblable en atteignant plus de 20 millions de vues sur Youtube avec leur hilarant hit Smoko. Continuer la lecture de « Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie »

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Myriam Gendron, son d’hiver

Myriam Gendron au Sonic à Lyon, vendredi 15/11/2024 / Photo : Clément Chevrier
Myriam Gendron au Sonic à Lyon, vendredi 15/11/2024 / Photo : Clément Chevrier

Nous n’avions que les disques.

Et souvent nous ne parlons que des disques, à Section26 : ils sont des occasions mécaniques de voir ce qui apparaît, d’entendre ce qui se tait à volonté, dès lors que l’on dispose d’écouteurs ou de haut-parleurs à soi, et de l’air pour faire vibrer des tympans jusqu’à la moelle, jusqu’à la chair. Les disques : mobiles, palpables et pourtant sans limites, détachés du lieu comme de l’espace.

Et rarement nous parlons de concerts, sinon au détour d’une ligne ou d’une humeur : toujours déjà passés et donc absents, ou toujours à venir et donc hypothèses. Aucun rendez-vous ne dure comme un disque – les mémoires nous amusent, nous séduisent autant qu’elles nous piègent. Revenir au souvenir d’un concert, c’est la certitude d’une absence, quand revenir à un disque chéri recouvre cette même absence d’une illusion rassurante, l’illusion de toucher son être et mon être.

Pourtant, je crois que je les aime, les mémoires, surtout enfuies et qui reviennent, qui nous reprennent. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, son d’hiver »

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La Rata, Give it to me ! (Flammarion)

Nous avons ainsi connu la vague des Histoire populaire de… Celle des États-Unis par Howard Zinn ou du football par Mickaël Correia. Et nous connaissons depuis longtemps les scribes méticuleux du patrimoine musical, qu’il s’appelle Nick Toshes ou Peter Guralnick. A chaque fois, il s’agit d’éclairer des aspects de notre héritage commun en portant le regard ou en donnant la voix aux perdants ou aux perdantes. Half of the story never been that’s never been told, chantait le jamaïcain Dennis Brown. Retracer la place des femmes dans la musique populaire ne se limite donc pas à rendre justice à telle Dj minorée au sein de la scène électro ou fournir l’occasion de sortir de belles rééditions sur des artistes ou groupes tombés dans l’oubli, y compris à l’ère de YouTube et Deezer. Continuer la lecture de « La Rata, Give it to me ! (Flammarion) »

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Des torrents d’amour avec Edgar Déception

Edgar Déception
Edgar Déception / Photo : Dominique Mesnigé

Il y a des jours de novembre où on se dit qu’on aimerait tellement être caressé par quelques rayons de soleil bienfaisants, dans toute l’insouciance d’un été nimbé de romance. Il y a quelques années, en 2019, apparaissait par la petite porte un trio nommé d’après le nom d’un poisson rouge défunt, Edgar. Leur pop brinquebalante, au charme de l’approximation guidée par les émotions d’une jeunesse encore très agitée, cachait quelques petites perles de chansons qu’on n’a pas oublié depuis. Les revoici avec un deuxième album nommé ption, qui devrait trouver le chemin des platines début février par l’intermédiaire de quelques maisons de belle réputation : Flippin’ Freaks, Les Disques du Paradis, Tête Froide Records, Cartelle, Araki Records, Permanent Freaks Records et Hell Vice I Vicious. Continuer la lecture de « Des torrents d’amour avec Edgar Déception »

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Les silhouettes glaçantes des rennais Tally Ho !

Tally Ho ! / Photo : DR
Tally Ho ! / Photo : DR

Lorsqu’on mentionne leur nom, on ne peut évidemment pas échapper à la référence à un morceau de ce grand groupe de Dunedin qu’était The Clean… Les Rennais Tally Ho ! reviennent casser la baraque avec Speak To Me, un second album prévu le 13 Décembre chez Playground Records, le label monté par les Bop’s. Enregistré pour être homogène, le disque s’est construit au gré des expérimentations de Seb. Quand au mastering, il a évidemment été confié au Pape Australien Mikey Young. En guise d’intro à ces nouvelles pistes, Silhouette commence avec une basse pleine de rondeur et un synthé cosmique réglé comme du papier à musique par Isa, la nouvelle recrue du groupe. Continuer la lecture de « Les silhouettes glaçantes des rennais Tally Ho ! »

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Tahiti 80, Hello Hello (Human Sounds)

Avec dix albums en 25 ans, Tahiti 80 est toujours là, comme une présence rassurante dans nos existences. Tranquillement, le groupe grandit avec son public. Celui-ci est fidèle au poste, et la formation pop leur rend bien, car Tahiti 80 propose des albums toujours aussi soignés et inspirés. Hello Hello (2024) ne déroge pas à la règle. Comme à l’accoutumée publié sur le label du groupe (Human Sounds), les Français ont fait cette fois-ci appel à Stéphane Laporte (Domotic), déjà croisé sur les disques solos de Xavier Boyer. A l’instar de ses illustres prédécesseurs (Andy Chase, le regretté Richard Swift ou Tore Johansson), le producteur amène quelques idées intéressantes dans sa valise (passer les mixes numériques sur bande) mais ne change pas radicalement l’esprit de la musique des Normands. C’est une constante : Tahiti 80 sonne comme Tahiti 80. Mais chaque album est pourtant différent du précédent. Continuer la lecture de « Tahiti 80, Hello Hello (Human Sounds) »

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Bryan’s Magic Tears, Smoke & Mirrors (Born Bad)

Je vais vous faire une confidence, depuis tout petit, je collectionne les figurines en plastique Star Wars, les petites, celles qui font 10 cm. Début des années 80, j’en avais déjà plein et quand est arrivé sur les écrans Le retour du Jedi en 1983, ma collection s’est agrandie. Il y a quelques mois, en fouillant dans ma cave, j’ai retrouvé une boîte qui a survécu à tous mes déménagements et ça m’a remis dans ce truc, ça m’a fait marrer, et quand je regarde les nouvelles séries de la Guerre des étoiles (je ne vous en conseille qu’une vraiment, Andor), ça m’amuse, parce qu’il y a plein de personnages que j’ai en dans ma boîte. J’en ai racheté quelques unes sur des sites genre Mania Toys ou quand je passe à Lulu Berlu à la capitale, des endroits un peu chelous pour les adultes qui continuent à acheter des jouets. C’est un peu cringe, je sais pas. Mais alors figurez-vous qu’en explorant les bas-fonds des réseaux sociaux, j’ai découvert récemment qu’il y avait des personnes qui passaient leur temps à regarder les films et les séries de la franchise pour dénicher la moindre créature qui zonait dans le fond d’une scène, le moindre personnage incarné par un figurant déguisé qui apparaît deux secondes, pour en faire une figurine en mode do-it-yourself, à l’aide de modèles pour imprimante 3D, une figurine EXACTEMENT dans le style de celles que je collectionnais, gamin. Avec précision, soin, au point de recréer la boîte, avec la photo, le nom, de la faire à quelques exemplaires, pour les vendre à des gars dans mon genre. J’imagine que c’est toléré par les avocats de George Lucas et Disney, en même temps, c’est fait dans un tel respect par ces gens qui pour la plupart n’étaient même pas nés au moment des premiers Star Wars, ça fait vivre les histoires de la franchise, et surtout ces figurines sont SUPER BELLES, elles sont faites pour se mêler parfaitement avec les officielles, elles donnent de la joie. Continuer la lecture de « Bryan’s Magic Tears, Smoke & Mirrors (Born Bad) »

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Beak>, Messe pour notre temps présent

BEAK>, mercredi 13/11/24 à l'Elysée Montmartre, Paris / Photo : instagram beakbristol
BEAK>, mercredi 13/11/24 à l’Elysée Montmartre, Paris / Photo : instagram beakbristol

Le continuum du rock métronome part sans doute de l’Allemagne des années 70 avec Neu! et Can, passe par le Londres des années 90 avec Stereolab (et quelques autres oubliés comme Quickspace Supersport) et s’arrête le 13 novembre à Paris sous la forme du concert que donnent les Anglais Beak> à l’Elysee Montmartre. Dernier ? Geoff Barrow, batteur du trio, a décidé d’arrêter. Serait-ce pour reprendre les activités de son autre groupe, Portishead ? L’imagination va comme elle vient. Ce soir en tout cas, les trois musiciens alignés, comme sur un même fil de face, bassiste assis au milieu, à sa gauche la batterie, à sa droite synthés et guitare. Derrière lui parfois un musicien s’ajoute, tête couverte d’un masque de chien pour évoquer la pochette canine du dernier album du groupe. Et la musique ? La moitié du concert est dédiée au dernier disque, justement : précision et mélancolie des morceaux, détails sonores qui soulignent une forme de tristesse. Quelque chose de sombre et déstructuré mais qui avance tout de même, à la façon d’un Neu! ralenti, empêché par ses propres sentiments. Parfois Geoff parle et rigole, le bassiste aussi. On se croirait souvent en répétitif avec eux, dans leur studio. C’est tristement joyeux. Et puis l’autre moitié du concert reprend des morceaux des autres albums : c’est plus sauvage, plus direct, plus métronome encore – presque une absence de pensée,  une mise en transe.  Continuer la lecture de « Beak>, Messe pour notre temps présent »

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Trust Fund, Has It Been A While? (Tapete)

Has It Been A While? Une question rhétorique en guise de titre, mais dont la réponse évidente demeure pourtant en suspens. Six années – une éternité, presque – se sont en effet écoulées pendant lesquelles on était resté sans nouvelles d’Ellis Jones, seul maître permanent de Trust Fund, ce projet musical qu’il avait animé entre le début des années 2010 et 2018, du côté de Bristol puis de Leeds. On se souvient vaguement que Jones avait alors publié plusieurs Ep’s et quatre albums, pleins de ces maladresses approximatives et de ces guitares ostensiblement brouillonnées qui n’émeuvent que le temps que met la fibre nostalgique à achever sa vibration. De mémoire, rien de bouleversant. Rien en tous cas qui ne laisse augurer de la résonance intime et puissante de ce deuxième acte. Continuer la lecture de « Trust Fund, Has It Been A While? (Tapete) »

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Benny Trokan, Do You Still Think Of Me? (Wick Records)

Depuis presque dix ans (en 2015, pour être précis), Daptone a lancé son label rock avec Wick Records. La structure développe lentement mais sûrement un sympathique catalogue, miroir de la maison mère. À la soul/funk vintage succède ainsi des albums garage-rock (The Mystery Lights, Ar-Kaics) ou soft-rock / powerpop (Michael Rault). Si Wick publie quelques long jeux sa spécialité reste les 45 tours, ils sont cependant fort difficiles à débusquer dans nos contrées. Nous étions donc passés à coté de Benny Trokan, mais Do You Still Think Of Me? vient heureusement réparer cet oubli. S’il s’agit d’un premier album, le musicien nord-américain n’est pourtant pas un débutant. Continuer la lecture de « Benny Trokan, Do You Still Think Of Me? (Wick Records) »

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good-sad-happy-bad, musique d’aujourd’hui et de demain

good sad happy bad

good – sad – happy – bad

C’est n’importe quel type de jour

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Steve Wynn (The Dream Syndicate) : « Je me suis répété : sois honnête, n’aie pas peur »

Steve Wynn / Photo : DR
Steve Wynn / Photo : DR

Ils ne sont pas si nombreux. On serait même bien en peine de les compter sur les doigts des deux mains. Les musiciens dont la carrière s’étend désormais sur cinq décennies et qui parviennent à prolonger dignement les fulgurances initiales qui leur ont valu une place de choix dans les livres d’histoire. Steve Wynn est de ceux-là, et pas qu’un peu. On a beau chercher : pas vraiment de mauvais album dans une discographie pléthorique où on les compte par dizaines. Certains qu’on a plus eu envie d’écouter que d’autres, simplement. Et d’autres que l’on redécouvre au fil des ans, en s’offusquant souvent d’être passé à côté. Depuis une bonne dizaine d’années, Wynn jongle allègrement entre les projets et les casquettes sans jamais flancher ni laisser poindre les traces de l’usure de l’âge : incendiaire virtuose et artisan de la flamme psychédélique au sein de The Dream Syndicate, gardien de son propre musée et organisateur de campagnes de rééditions qui ont permis d’apprécier à leur plus juste valeur des jalons parfois négligés de son catalogue, songwriter classique dont le talent rare s’exprime dans les fragments trop longtemps interrompus de sa discographie solo. Et désormais écrivain puisque, en même temps qu’un nouvel album en solitaire et remarquable – Make It Right (2024) – il publie ses mémoires, honnêtes, passionanntes et hautes en couleur. Au fil des pages de I Wouldn’t Say It If It Wasn’t True (2024), on croise ainsi quelques figures plus (Alex Chilton, le gratin du Paisley Underground) ou nettement moins (Michael Jackson enfant, Mac Davis, l’auteur d’In The Ghetto pour Elvis Presley) attendues. Au lendemain d’une performance émouvante où ont alterné lecture et chant, on retrouve donc le maître, en terrasse, pour évoquer avec lui quelques-unes de ces nombreuses et récentes activités. Continuer la lecture de « Steve Wynn (The Dream Syndicate) : « Je me suis répété : sois honnête, n’aie pas peur » »