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Vers la violence

Le texte de Blandine Rinkel mis en scène avec La Féline et le danseur Clément Gyselinck

On oublie souvent que le langage est aussi un son, qu’avant la parole, il y a le chant. Une lecture est toujours le moment de la mise en volume de ce qui s’agite dans la tête, de ce qui se jette sur le papier. Blandine Rinkel a choisi la formation d’Agnès Gayraud, La Féline, pour l’accompagner sur scène en compagnie du danseur Clément Gyselinck afin de redonner du corps à son texte, Vers la violence, paru en septembre 2022 aux éditions Fayard. Continuer la lecture de « Vers la violence »

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POP (IN) ! goes my heart

Section26 ouvre ses pages aux nombreux témoignages d’amour pour le petit bar indie qui a changé nos vies

Marc, Denis et Florence devant le POP IN, 105 rue Amelot à Paris.

Le lieu le plus important dans le cœur des indie kids de la capitale (et bien plus loin) a définitivement fermé ses portes samedi soir, le 25 mars, quelques mois après la disparition de l’un de ses cofondateurs, notre ami Denis Quélard. Marc Elias et Florence Piana ont servi leurs dernières pintes, devant un rassemblement d’amis de toujours, hurlant les paroles des pop songs de leur vie jusqu’au dernier souffle. Chez section26, nous sommes évidemment liés à ce lieu qui a tant compté pour nous, et nous avons eu envie d’ouvrir nos pages à celles et ceux qui ont eu envie de partager leurs souvenirs. Photos, vidéos, textes, dessins… Nous rajouterons les contributions au fil de leur arrivée, et certainement dans les prochains jours aussi. Parce qu’on n’oublie pas qu’en dehors d’être un lieu désormais mythique, maintenant, le POP IN, c’est nous.

Thomas Schwoerer Continuer la lecture de « POP (IN) ! goes my heart »
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HiFi Sean & David McAlmont : « Notre album aurait pu s’intituler What The Fuck’s Going On »

HiFi Sean & David McAlmont
HiFi Sean & David McAlmont

On les connaissait tous les deux. Depuis longtemps – trois décennies pour le second, et même un peu plus pour le premier. D’un côté, Sean Dickson qui, avec The Soup Dragons, a contribué à conférer quelques-unes de ses plus belles lettres de noblesse à l’indie-pop écossaise dans la seconde moitié des années 1980 avant d’achever, sous le pseudonyme de HiFi Sean, sa métamorphose, musicale et personnelle, au tournant du siècle dans l’univers des musiques électroniques. De l’autre, David McAlmont, dont les immenses qualités d’interprète ont pu s’exprimer au fil d’une discographie, solo ou collaborative, devenue malheureusement de plus en plus clairsemée alors qu’il s’orientait vers le monde académique. Au centre, Happy Ending, très grand album de soul contemporaine, réaliste et flamboyante, où les vocalises acrobatiques de McAlmont s’enchâssent harmonieusement dans les pulsations électroniques et les arrangements de cordes confectionnés par Dickson. Quelques messages et un Zoom plus loin, les voici réunis pour en partager quelques-uns des secrets de fabrication. Continuer la lecture de « HiFi Sean & David McAlmont : « Notre album aurait pu s’intituler What The Fuck’s Going On » »

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The Lost Days, In The Store (Speakeasy Studios)

the lost daysLes trois minutes réglementaires du format canonique de la chanson pop ont toujours constitué un carcan formel à partir duquel les grands auteurs s’efforcent de proposer leurs déclinaisons personnelles. Une référence contraignante et féconde à la fois. Trois minutes donc, ou un peu plus : il y a ceux pour lesquels ce n’est pas assez ; d’autres – plus rares – pour lesquels c’est déjà trop. Depuis quelques années déjà, on sait que Tony Molina est l’un des plus brillants représentants de la seconde option : celle de l’implosion des cadres plutôt que du dépassement progressif. Un as de la distillation, un maître de la condensation. Ici associé à Sarah Rose Janko (Dawn Riding), il prolonge le travail de sape déjà brillamment initié avec son premier groupe, Ovens, ou en solo. Continuer la lecture de « The Lost Days, In The Store (Speakeasy Studios) »

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Lee Ranaldo : « Ma première guitare était une raquette de tennis »

Lee Ranaldo et le Wild Classical Music Ensemble sur scène au Festival Sonic Protest.

Lee Ranaldo
Lee Ranaldo / Photo : Alain Bibal

Après avoir réalisé plus d’une centaine d’interviews, il est facile de classer les musiciens rencontrés dans différentes catégories. Certains artistes sont en pilotage automatique et accordent les mêmes réponses à tout le monde, peu importent les questions. Pour des raisons diverses et variées, d’autres répondent par deux syllabes à peine compréhensibles à chaque tentative de conversation. Et il y a les vieux briscards, qui préfèrent casser la routine en racontant leur vie à base d’anecdotes. Lee Ranaldo fait partie de cette dernière catégorie, à mille lieues de l’image parfois prétentieuse et arty que l’on pouvait accorder à son ancien groupe, Sonic Youth. Une fois l’interview terminée et le magnéto éteint, il continue de parler comme si nous venions de faire connaissance dans un café, alternant questions personnelles et récits épiques sur sa longue carrière au sein de Sonic Youth ou en solo. Ranaldo étant dégagé de toute obligation promotionnelle, l’occasion était idéale pour prendre son temps et revenir sur quelques événements marquants, de sa petite enfance et sa découverte des Beatles, à son récent investissement sur l’ambitieux projet For The Birds. Ranaldo se montrant aussi généreux en interview que sur scène, ne ratez pas son prochain concert au festival Sonic Protest le 22 mars. Continuer la lecture de « Lee Ranaldo : « Ma première guitare était une raquette de tennis » »

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Bobby Caldwell, Bobby Caldwell (1978, Clouds)

Bobby Caldwell nous a quitté mardi dernier, le 14 mars 2023. Si sa disparition est passée quelque peu inaperçu en France, le chanteur américain était une référence incontournable au Japon ou dans le hip-hop américain. Bobby Caldwell est né à Manhattan mais a grandi à Miami. Le jeune musicien baigne dans un environnement musical riche et varié. Sinatra, Bob Marley, la musique cubaine passent ainsi dans les oreilles du chanteur. Il débute sa carrière musicale au début des années soixante dix au sein du combo Katmandu. Repéré par Little Richard, il accompagne ce dernier sur scène avant de tenter sa chance à Los Angeles. Il est finalement repéré par TK, un label de Floride. En pleine vague disco (1978), Bobby Caldwell publie son premier album solo sur Clouds, une structure hébergée au sein du label d’Henry Stone. Continuer la lecture de « Bobby Caldwell, Bobby Caldwell (1978, Clouds) »

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Jarvis Cocker & Richard Hawley, Sheffield stars (2001)

Jarvis Cocker & Richard Hawley
Jarvis Cocker & Richard Hawley, 2001 / Photo : Philippe Lévy

Nous n’avons pas vécu dans les années 1960, cette décennie à laquelle est liée une citation passée dans les annales. Et pourtant. De temps à autres, mes amis et moi nous nous disons la même chose : “Si tu te souviens de ce qui s’est passé, c’est que tu n’étais pas là…” Ça tombe bien. Nous savons tous que cet instant a existé. Et je sais que je pourrai convoquer un nombre assez impressionnant de témoins qui sourient benoitement à l’évocation de ce seul endroit – l’Espace Couleurs –, mais je suis à peu près certain que personne ne pourrait évoquer un moment précis de cette soirée-là. Bien évidemment, je ne sais plus du tout comment Robert a découvert l’endroit, comment il a réussi à négocier que certains samedis, lorsque nous étions DJ au Pop In voisin, nous investissions le sous-sol de ce bar-restaurant africain dès la fermeture de notre QG préféré, une pièce au sol de dalles blanches à laquelle on accédait par un escalier étroit et où il faisait toujours très chaud. Mais vraiment très chaud – il me semble même que parfois, des gouttes coulaient sur les murs.  Continuer la lecture de « Jarvis Cocker & Richard Hawley, Sheffield stars (2001) »

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Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone)

On se souvient d’un concert de Sister Iodine aux Instants Chavirés vers la fin des années 2000, qui nous avait totalement chamboulé : la puissance cathartique de la prestation du power trio avant-noise, sa radicalité et l’extrême sophistication de sa déconstruction de l’héritage no-wave, nous avait définitivement convaincu de son importance au sein du paysage des musiques expérimentales. Véritable chainon manquant entre un rock bruitiste — axe Glenn Branca/Sonic Youth (période Bad Moon Rising) — et l’abstract noise électronique — axe Mego/Pan Sonic/Wolf Eyes — , Sister Iodine fait figure de point d’ancrage pour toute une scène française et internationale. Actifs depuis 1992, Lionel Fernandez, Erik Minkkinen et Nicolas Mazet ont en effet élaboré une œuvre à la radicale insularité : formes et formats dont il s’agit de dissoudre les cadres trop établis et contraints, en hybridant d’une manière totalement libre noise, post-rock, power electronic, hardcore ou encore électro-acoustique. Continuer la lecture de « Sister Iodine, Hollozone (Nashazphone) »

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Et puis, on a eu 5 ans.

Visuel : Pauline Nunez
Visuel : Pauline Nunez

En cercle restreint, nous nous sommes demandés il y a quelques temps déjà comment passer ce cap. Il fallait marquer le coup, d’une façon ou d’une autre. Comment témoigner de ces milliers d’enthousiasmes échevelés, de bonne ou mauvaise foi, partagés avec vous ? Quelques idées émergèrent, graphiques, éditoriales, fantaisistes. Puis quelques mois ont passé. Et à l’image de notre leitmotiv des débuts – « on fonce, et on verra après »- , on a décidé en toute dernière seconde de demander à quatre collaborateurs d’aller s’ébrouer sur ce petit exercice d’autocongratulation à notre place. Bien plus intéressant que ressasser les dossiers poussiéreux nous-mêmes. Quatre collaborateurs arrivés en cours de parcours, deux filles et deux garçons qu’on a rencontrés au fil du temps, qui sont devenus partie entière d’une histoire dont ils n’ont pas connu le début. Mieux encore, en dehors de papiers qu’ils ont signé et qu’on est fiers d’avoir publié, ils sont devenus des amis, des personnes chères sur lesquelles on peut compter. Autant que les autres, les historiques, toujours fidèles. Et nous voilà, 5 ans plus tard, plus du tout 26 mais bien plus, prêts à continuer tant qu’on le pourra en toute indépendance bénévole. Vous n’y avez pas cru au départ ? Nous non plus, mais on s’en reparle dans cinq ans.

Thomas Schwoerer

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Selectorama : Attention Le Tapis Prend Feu

Attention le tapis prend feu
Attention le tapis prend feu

Bien sûr qu’il est tentant de filer (électrique) la métaphore vidéoludique proposée par le duo pour enrober leur nouvel album Bogueware (Entre-soi). Tout est à portée de nos mains pour peu qu’on ait un jour tenu une manette ou un nunchuk. Les couleurs sont criardes, les silhouettes photoshopées comme il se doit sur la jaquette, les logos drôlement détournés et le génie va surtout se réfugier dans les sons bien sûr et les paroles chargées de références. Mais à dire vrai, on s’en fout un peu, parce qu’à l’écoute, on se rend bien compte qu’il se passe autre chose chez Attention le tapis prend feu : il y a bien ce truc générationnel (déroulé en bas dans ce selectorama de jeunes gens au parfum), les technologies sur maîtrisés et théoriquement comprises, les bande sons des nuages, tout ça, mais en perçant le mur de pixels, on accède quand même à un drôle de talent dans l’écriture des chansons, leurs arrangements et leur construction : instrumentaux hantés, mélodies au-dessus du lot, diversités des styles – de la chanson faussement ingénue pour petiots à la comédie musicale en passant des trucs pop catchy, novelty (appeler ça comme vous voulez), de la musique de film à la tenue d’un album concept de bout en bout, chapeau les méta-artistes. Continuer la lecture de « Selectorama : Attention Le Tapis Prend Feu »

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Les rennais Tally Ho! font un clin d’oeil bienvenu à The Clean

Tally Ho!
Tally Ho!

Appeler son groupe avec le titre d’une chanson des Clean, c’est classe. Sortir un morceau sous le manteau pour annoncer une soirée entre ami.es l’est doublement. La bande Rennaise Tally Ho!, après un album éponyme sorti chez Beast Records en 2018 – qu’il est toujours nécessaire d’écouter -, remet le couvert avec Standing Tall. Un morceau qui annonce leur concert du 18 Mars organisé par Des Pies Chicaillent, une asso rennaise fort recommandable qui se démène pour avoir des groupes de qualité et organise le festival d’été Pies Pala Pop. Mais revenons à nos moutons. Dès l’intro surgit une basse- batterie entêtante façon Eddy Current Suppression Ring , avec une guitare tantôt en retenue, tantôt revêche, mais toujours pleine de mélodie. La voix robuste appuie parfaitement l’ambiance mi festive, mi mélancolique. Beaucoup d’influences Australes pour un groupe qui devrait vite songer à diffuser leur musique bien au-delà des terres bretonnes. Continuer la lecture de « Les rennais Tally Ho! font un clin d’oeil bienvenu à The Clean »

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V/A, The Rock Machine Turns You On (CBS, 1968)

Au milieu d’un océan d’albums cultes, quelques compilations se frayent tant bien que mal un chemin dans les classiques. Le format n’a pas bonne presse. Qu’elles soient dédiées à un artiste, un label, un genre, les compilations sont rarement considérées avec les mêmes égards que les albums, le format roi par excellence. Pourtant certaines d’entre elles méritent certainement notre attention. Parmi elles, The Rock Machine Turns You On a eu une réelle importance historique. En 1968, le disque est le premier sampler à prix attractif diffusé en Europe.  La compilation sera ainsi suivi de beaucoup d’autres: Bumpers, Fill Your Head with Rock ou You Can All Join In etc. Continuer la lecture de « V/A, The Rock Machine Turns You On (CBS, 1968) »

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Jad Fair & Samuel Locke Ward, Happy Hearts (Kill Rock Stars)

Jad Fair Samuel Locke WardAprès avoir enregistré la bagatelle de 180 albums – en solo ou sous la bannière de Half Japanese-, et interprété au moins 2000 chansons, Jad Fair avait-il encore besoin de sortir un nouveau disque ? Pour être honnête, même les fans les plus acharnés auront ces derniers temps peiné à suivre les pérégrinations musicales de leur héros, tant sa cadence stakhanoviste de production est devenue infernale (une centaine d’albums en 2021, rien que ça). Mais voilà que l’outsider le plus prolifique de l’histoire de l’indie rock revient avec Happy Hearts, un nouvel album primesautier et diablement cool sorti chez Kill Rock Stars, qui s’impose déjà comme l’une des belles surprises de l’année 2023. Continuer la lecture de « Jad Fair & Samuel Locke Ward, Happy Hearts (Kill Rock Stars) »

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Climats #44 : Fontaines D.C., Giovanni Bellini

Aurore boréale en forme de dragon en Islande.

Peut-on écouter Richard Hawley sous la chaleur du port de Bandol ?
Et Nick Drake en version zouk, c’est souhaitable ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #44 : Fontaines D.C., Giovanni Bellini »

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David Brewis : « J’ai eu l’impression de sauter du haut d’une falaise »

David Brewis
David Brewis

Pour sa première publication en nom propre après deux décennies d’hyperactivité musicale au sein de Field Music ou School Of Language, le cadet de la fratrie Brewis propose une collection de chansons plus ouvertement personnelles, tout aussi sophistiquées qu’à l’accoutumée mais formellement assez différentes. Les tonalités y sont résolument plus acoustiques et les arrangements exclusivement composées pour les bois et les cordes. Un premier album solo superbe et étonnant par sa capacité à abolir plus d’un demi-siècle de pop électrique pour en revenir à des harmonies teintées de jazz que l’on croirait parfois issues de l’âge d’or de la comédie musicale américaine. Continuer la lecture de « David Brewis : « J’ai eu l’impression de sauter du haut d’une falaise » »

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Selectorama : Les Fils De Joie

Les Fils de Joie
Les Fils de Joie, Toulouse, 1983.

Il y a des concerts auxquels on a assisté et qui ont chamboulé un peu notre vie ; il y a aussi des concerts auxquels on n’a pas pu se rendre et qui pourtant nous ont tout autant marqués.

Le 30 avril 1985 est un mardi. Ce soir-là, des élèves d’une Grande École ont invité à Châtenay-Malabry deux groupes d’ici, Les Calamités et Les Fils De Joie, qui sont assez bien placés dans le Panthéon musical d’une des classes de Terminale A1 du lycée Hoche de Versailles. On n’a pas forcément les disques mais des uns, on connaît tous par cœur les paroles d’Adieu Paris – dont on préfère la version originelle, enregistrée sur une cassette vierge lors d’une diffusion sur Radio 7 (sans doute) à celle surproduite par Frank Darcel – et on aime bien Tonton Macoute et leur reprise des Ramones aussi, Havana Affair en version chaloupée ; des autres, on adore Toutes Les Nuits, sa rythmique débridée et ses paroles un peu légères, on est moins convaincu par la reprise de The Kids Are Alright – mais quand même, reprendre The Who, c’est chouette -, et puis, Pas La Peine d’essayer de résister à la pop vintage de ce groupe mixte dont le nom nous fait fondre. Continuer la lecture de « Selectorama : Les Fils De Joie »

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Sinaïve jette en pâture un single étourdissant

Sinaïve
Calvin Keller / Sinaïve dans le clip de « La Citadelle / Bis Repetita » de Fred Poulet

Depuis Strasbourg où la scène souterraine connaît un renouveau enthousiasmant, le quatuor (re)passé trio devient, force aux changements de line-up ou pas, de plus en plus percutant et centré sur l’essentiel. Ce n’est pas notre cher collaborateur Renaud Sachet (Groupie / Langue Pendue) qui nous dira le contraire, lui qui vient de réactiver son label Antimatière pour sortir ce nouvel EP de Sinaïve, groupe dont il nous avait judicieusement soufflé le mot dès le début de leur aventure discographique, vers 2019. Ici, un disque dont nous vous reparlerons bientôt, introduit par ce premier extrait La Citadelle / Bis Repetita, un single étourdissant entre fin de règne sixties et hypno(i)se dérivant dans une outro aux confins du doom. Cloitrés dans le studio de Sainte-Marie-aux-Mines chez Rodolphe Burger le temps d’une résidence, ils ont produit dans l’urgence et la tension émotionnelle un 6 titres sombre, brutal et minimal, à l’os. Comme ces silhouettes longilignes brûlées par la lumière crue de la caméra 16 mm de Fred Poulet. Continuer la lecture de « Sinaïve jette en pâture un single étourdissant »

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Les Clopes, Troa (Choléra Cosmique)

Des Inconnus à Noir Boy George, il y a un monde. On peut dire que Les Clopes navigue entre ces deux pôles extrêmes dans un brouillard épais à couper au couteau. L’histoire de la musique regorge de ces projets parallèles qui ont tout à coup pris le dessus sur les noms officiels. Comment un artiste ou un groupe dont les ambitions esthétiques sont pensées, pratiquées voit un projet d’un soir, une idée brouillonnée sur un bout de nappe imbibée prendre le dessus et revêtir une portée inespérée et – parfois – cannibale d’un point de vue populaire ? Au point d’éclipser le projet initial et jeter le trouble sur son bien-fondé. On imagine facilement que l’idée des Clopes soit née dans cette frénésie de pistes qu’emprunte Kim, tout feu tout flamme, accompagné ou pas. Continuer la lecture de « Les Clopes, Troa (Choléra Cosmique) »

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Echo And The Bunnymen, Porcupine (Korova, 1983)

Juste un peu avant d’être sanctifiés par un disque, par ailleurs relativement irréprochable, qui d’après eux-mêmes était, de facto, le plus glorieux jamais enregistré, l’excellent Ocean Rain (1984), Echo And The Bunnymen avaient pourtant déjà régulièrement touché au sublime. Alors que la concurrence effective et affective (The Cure, New Order) se sort de l’ornière maladive pour aller taquiner et le dancefloor et le futur, la fantoche entame soit un blitzkrieg abscons voire bien dégueulasse (U2, l’album s’intitule War, au moins et à défaut de la moindre finesse, ça a le mérite d’être clair) soit une chute de tension créative patente et inéluctable (Simple Minds, entre New Gold Dream qui contient au moins un bon morceau et Sparkle In The Rain qui n’en contient absolument aucun*), le groupe de Liverpool va confirmer sa posture absolument unique, et régulièrement supérieure. Porcupine, qui vient de fêter ses quarante ans, produit par Ian Broudie (aka Kingbird) sort en février 1983 et se hisse assez vite à la deuxième place du Top Ten anglais. Continuer la lecture de « Echo And The Bunnymen, Porcupine (Korova, 1983) »

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Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad)

Trois ans après un premier album très attachant, Paul Ramon, croisé chez Bryan’s Magic Tears, Skategang, The Dolipranes ou La Secte du Futur, revient sous le nom de Pleasure Principle, son projet personnel. Toujours publié par Born Bad Records (Forever Pavot, Star Feminine Band…), Buvez Le Poison confirme la place particulière du musicien dans la scène hexagonale actuelle. Faisant le choix de s’exprimer principalement en français, Pleasure Principle pratique une pop dansante bricolée aux horizons infinis. Enregistré à la maison, sans contrainte, Buvez Le Poison a gardé de l’approche DIY un goût pour l’expérimentation. Continuer la lecture de « Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad) »

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Climats #43 : En attendant Ana, Liv Strömquist

On dit que l’Acacia dealbata fleurit en hiver car il a gardé en mémoire sa date de floraison originale de l’autre côté du globe, en Australie.

Écouter Scott Walker en regardant la neige tomber, cela se doit se nommer la perfection ? Et Pulp sans Steve Mackey, son bassiste légendaire, c’est toujours Pulp ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #43 : En attendant Ana, Liv Strömquist »

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Selectorama : Clément Cogitore

Karim Leklou, acteur et Clément Cogitore, réalisateur de "Goutte d'Or"
Karim Leklou, acteur et Clément Cogitore, réalisateur de « Goutte d’Or » / Photo : Laurent Le Crabe

Insaisissable, iconoclaste et polymorphe, Clément Cogitore arrive à peu près toujours où on ne l’attend pas. Plasticien, metteur en scène d’opéra, vidéaste et réalisateur, à un jeune âge (39 ans) où il donne le sentiment d’avoir vécu cent mille vies. Dans sa mise en scène des Indes Galantes à l’Opéra de Paris en 2019le lyrisme de l’opéra-ballet de Rameau se confronte à l’énergie folle des danseurs urbains. Son troisième film de cinéma est aussi sa seconde œuvre de fiction, après le documentaire Braguino (2017) consacré à la vie en autarcie d’une communauté dans la taïga sibérienne. Croyances, minorités, mémoire collective et cartographie poétique sont à nouveau au cœur de Goutte d’Or, magnétique film porté par le formidable comédien Karim Leklou, dans le rôle de Ramsès, un marabout escroc dont le destin va se disloquer au contact d’une bande de jeunes délinquants immigrés. Nous avions évidemment envie d’interroger le réalisateur sur ses marottes musicales.
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Ron Sexsmith, The Vivian Line (Cooking Vinyl)

Ron sexsmith th vivian lineRon Sexsmith a déboulé dans nos vies en 1995 avec un disque qui était programmé pour régner sur le monde. Interscope Records avait en effet recruté Mitchell Froom et Tchad Blake pour le son, Daniel Lanois pour les photographies… Il faut dire que l’ami Ron avait (et a toujours) des arguments solides. Il suffit d’écouter Secret Heart et de se lancer bercer par In Place of You pour se laisser convaincre facilement. Sexsmith a ce génie d’écrire des chansons qui ont le pouvoir de changer votre quotidien. Elles vous désarment par leur simplicité, elles vous enchantent par leur mélodie. Mais l’affaire n’a pas fonctionné. Trop ou pas assez, l’ami Ron est resté coincé dans l’ombre et a dû se résoudre à jouer les seconds rôles. Bon an mal an, il a tenté de forcer le destin en publiant une petite dizaine de disques entre 1996 et 2008. Tous réussis, ils ont eu le chic de ne jamais être à la mode dans le passé et n’ont donc pris aucune ride. Et c’est un euphémisme d’écrire qu’on tuerait aujourd’hui pour avoir un type capable d’écrire les douze chansons d’un disque comme Retriever (2004). Continuer la lecture de « Ron Sexsmith, The Vivian Line (Cooking Vinyl) »

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Laurie Styvers, Gemini Girl – The Complete Hush Recordings (High Moon)

laurie styvers gemini GirlComme souvent, cette histoire presque banale semble rétrospectivement s’être jouée sur des détails. Ces jeux infimes de circonstances qui finissent, à terme, par creuser les fossés qui séparent la reconnaissance, publique ou critique, des bacs à solde et de l’oubli. C’est de ce quasi-néant qu’on a fini par exhumer ces deux-là – Spilt Milk, 1972 et Colorado Kid, 1973. Ils y végétaient injustement depuis un demi-siècle dans l’attente d’une réédition bienvenue qui permet, à la fois, de réapprécier leurs mérites et de mesurer la cruauté de la première sentence qui, à chaud, les a condamnés à végéter cinquante ans au purgatoire. Pour Laurie Styvers, le point de bascule peut être daté avec un précision impitoyable : ces quelques soirs de novembre 1971 pendant lesquels, afin de promouvoir la sortie imminente de son premier Lp, elle se produit sur la scène du Troubadour en première partie d’Emitt Rhodes. Continuer la lecture de « Laurie Styvers, Gemini Girl – The Complete Hush Recordings (High Moon) »

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Cœur à l’index, Démo I (autoproduit)

Coup de cœur, ça, c’est sûr, pour la démo de ce groupe belgo-marseillais. Démo ou captation en répet, on hésite tant le son est brut de chez brut, mais ici, vous le savez, on s’en fiche grave. Rattrapez-moi est cette petite bombinette qui n’a besoin de rien d’autre et on est dans le même état que la musicienne qui éclate de rire à la fin. Emballé, c’est pesé et ça fait bim bam boum. Que dire de plus ? Continuer la lecture de « Cœur à l’index, Démo I (autoproduit) »

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Gare au Gorillaz

Gorillaz / Illustration : Jamie Hewlett
Gorillaz / Illustration : Jamie Hewlett

Alors que sort ces jours-ci Cracker Island, le huitième album (conseil au passage : écouter en boucle Silent Running et recommencez) d’un vrai faux groupe (ou d’un faux vrai groupe) dont on pouvait légitimement penser il y a deux décennies qu’il ne serait qu’une parenthèse récréative dans le parcours d’un gars ressemblant de plus en plus alors au Dutronc des sixties mais qui n’avait pas encore multiplié les identités et les projets – pour s’y retrouver, se plonger dans l’excellent ouvrage de Nicolas Sauvage, Damon Albarn, L’Échappée Belle , voilà qu’on se rappelle que l’on a fait partie de ces quelques privilégiés qui au début du printemps 2001 filaient à Londres via l’Eurostar pour assister au tout premier concert de Gorillaz. Continuer la lecture de « Gare au Gorillaz »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE FÉVRIER 2023

Pauline Nuñez
Graphisme : Pauline Nuñez

Allez, un aller simple pour les montagnes russes de la Pop Moderne. Celle qui s’étourdit dans le tourbillon de la ligne de guitare entêtante, celle qui déteste la monotonie et la redite, celle qui unit ses forces pour mieux lutter, celle qui colore nos cieux trop lourds. En avant pour 35 nouveautés à l’éclectisme idéal, histoire de croire un peu plus encore en son futur.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou (à venir) en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Youtube ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova

Crépuscule à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe
Crépuscule hivernal à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe

Peut-on écouter Elvis Costello sans avoir envie d’être déjà en été ?
Et il faut l’avouer : Burt Bacharach en février, ça dégèle n’importe quelle matinée.

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.  Continuer la lecture de « Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova »

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LAVLAB Vs Miqui Puig reprend « Eyes Without A Face » de Billy Idol

Le rêve américain au mitan des années 1980 a flingué l’inspiration – et le look, le look coco ! – de quelques-uns des fleurons les plus intéressants ayant émergé de la scène punk et new-wave britannique… Au hasard et sans aucun souci d’exhaustivité, il y a bien sûr The Psychedelic Furs dont le parfait Pretty In Pink de 1981 a connu une seconde vie (et une seconde version empâtée) grâce au film du même titre et à sa BO très fréquentable – et les frères Butler et leurs amis de s’attifer de cuir noir en prenant des poses rockandrollesques ridicules ; il y a eu Simple Minds, porté lui aussi par un film – The Breakfast Club – et une rengaine que les Écossais n’ont même pas composée, (Don’t You) Forget About Me, mais qui efface en quatre minutes leurs fantasmes de pop européenne bientôt remplacée par des envies pressantes de rock héroïque dopé aux hormones U2Continuer la lecture de « LAVLAB Vs Miqui Puig reprend « Eyes Without A Face » de Billy Idol »

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Vanille, La clairière (Bonbonbon)

Certaines personnes ont pour mission de remettre de la tendresse et une pincée de féerie dans nos cœurs, d’y apporter un rayon de lumière pour sortir des bois sombres et touffus. La clairière, deuxième album de l’autrice-compositrice-interprète canadienne Rachel Leblanc, connue sous son nom de scène Vanille, embarque des balades pop-folk aux airs faussement simplistes et désinvoltes. Ce deuxième album, signé avec le label indépendant Montréalais Bonbonbon, ne se prive pas de mélancolie et aborde discrètement des sujets teintés d’amertume tels que ceux de l’oubli et de la rupture amoureuse. Connue pour des chansons rock indé adulescentes, Vanille offre ici un disque mature où se côtoient folk sixties façon Shirley Collins, Vashti Bunyan ou Bridget St John et certains accords pop-rock qui ne sont pas sans rappeler les débuts de Lush, période Sweetness and light ou Etheriel. Continuer la lecture de « Vanille, La clairière (Bonbonbon) »

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Robert Forster, The Candle And The Flame (Tapete)

Robert ForsterLa pop n’a jamais été particulièrement bien équipée pour restituer le gigantesque entre-deux du sentiment amoureux. Et pour cause. Musique adolescente conçue pour accompagner les découvertes juvéniles, elle s’est essentiellement concentrée sur l’évocation des brasiers initiaux de la passion et des tourments hyperboliques de la séparation. Le coup de foudre à un bout, la rupture à l’autre. Entre temps, pas grand-chose à chanter du couple et de son quotidien quand ils ne sont plus imprégnés de l’élan extatique originel – et avec toute l’admiration due à Graham et Joni, Our House, ça va cinq minutes : on ne passe pas une vie à s’ébaubir quand l’autre a simplement le bon sens de donner à boire aux fleurs qu’on vient d’acheter au marché – et qu’ils n’ont pas pour autant amorcé un quelconque déclin. Que trouver à dire d’intéressant quand rien ne change ? Peut-être simplement que derrière les apparences du calme plat se dissimulent ces petites touches incrémentales d’approfondissement qui naissent, imperceptiblement, du partage des routines et de l’accumulation des souvenirs communs. Et des épreuves aussi, qui confirment parfois ce que l’on savait depuis longtemps mais qui peuvent révéler aussi une partie encore cachée de cette même vérité implacable –  à quel point il semblerait impossible de les affronter avec quelqu’un d’autre que l’être aimé. Heureusement, quelques-unes de nos idoles adolescentes ont eu le bon goût de vieillir avant nous et d’éclairer cette partie tout aussi essentielle du chemin. De plus en plus loin des débuts, de plus en plus proche des échéances dramatiques. Continuer la lecture de « Robert Forster, The Candle And The Flame (Tapete) »

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The Sound, Jeopardy (1980, Korova)

Depuis quelques années, le post-punk connaît un nouvel âge d’or (Black Country New Road, Wet Leg, Dry Cleaning, Squid, Yard Act entre autres). Les racines du genre furent plantées, entre l’Angleterre (Wire, PIL, Gang of Four, The Fall, Joy Division, Magazine) et les États-Unis (Devo, Pere Ubu, Television), dans la seconde moitié des années 70. Rarement cités parmi les pionniers, The Sound mérite cependant toute notre attention. Si Jeopardy, premier album du groupe, ne sort qu’en 1980, il est le produit d’une recherche sonore, entamée quelques années plus tôt, par Adrian Borland. Ce dernier enregistre, en effet, deux albums avec les Outsiders en 1977 (Calling On Youth) et 1979 (Close Up). Leur son s’éloigne cependant déjà du punk anglais d’alors. Continuer la lecture de « The Sound, Jeopardy (1980, Korova) »

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Compositrices, Guillaume Kosmicki (Le mot et le reste)

Le patriarcat doit disparaître comme un lointain souvenir de l’histoire.
Guillaume Kosmicki

Si vous n’avez pas fui, râlé, crié au loup, trollé ou ricané en lisant cette épigraphe extraite de la conclusion du dernier ouvrage de Guillaume Kosmicki, Compositrices, d’abord merci, et : la lecture de ce livre vous enthousiasmera, stimulera, interrogera pour peu que vous ayez du goût pour les perspectives, l’histoire et l’historiographie, et (un peu, un tout petit peu, ou alors beaucoup) la musique et la musicologie. Dans le cas contraire, on se permet de douter que vous preniez le temps de lire le livre avant d’émettre un avis dans votre cerveau, à voix haute, sur un réseau, en commentaire du présent article, etc. Pour information : ça ne vous fera pas exister plus, ni moins. Et donc merci de, hein, voilà. Continuer la lecture de « Compositrices, Guillaume Kosmicki (Le mot et le reste) »

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H. Hawkline walk the line

H. Hawkline
H. Hawkline

Annoncé pour le 10 mars 2023, Milk For Flowers, le nouveau disque de H. Hawkline, s’annonce fameux. Et nous ne sommes pas très étonnés : H. Hawkline est ce genre de musicien qui coche toutes les (bonnes) cases. Il fait partie, depuis 2015, sur le label Heavenly Recordings (Doves, Ed Harcourt, Saint Etienne…). Jeff Barrett, à qui on ne la fait pas, a sûrement compris le potentiel d’Hawkline en écoutant The Strange Uses of Ox Gall, son deuxième disque publié en 2011 chez Shape Records. Quatre ans plus tard, In The Pink Of Condition propulsait ce Gallois sur le devant de la scène anglo-saxonne. Continuer la lecture de « H. Hawkline walk the line »

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Yo La Tengo, This Stupid World (Matador)

Yo La Tengo, This Stupid World (Matador) Trente-cinq ans… Un bail, presque une vie d’adulte… Je me souviens parfaitement de ce disque (New Wave Hot Dogs, 1987), de cette pochette et de ce groupe au nom étrange, dont un ami, un peu plus âgé, mieux informé, me faisait chaudement la retape. À l’époque, estampillés « from Hoboken », Ira Kaplan et Georgia Hubley marchaient sur les brisées des Feelies, mais leur musique, quoique attendrissante dans ce qu’elle avait de primesautier, pour ne pas dire d’immature, restait contrainte dans sa gangue d’influences. Puis, les années ont passé, les albums se sont empilés, et peu à peu, sans vraiment faire de vagues, sans jamais générer beaucoup d’émoi, avec ce sens de la persévérance qui n’appartient qu’aux gens humbles, mais doués, Yo La Tengo a pris de l’épaisseur, de la moelle. Continuer la lecture de « Yo La Tengo, This Stupid World (Matador) »

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PICOT, Alimentation Générale (Howlin’ Banana)

En 2018, Brace! Brace! avait obtenu un beau succès d’estime grâce à un très réussi deuxième album. Nous sommes ravi de retrouver Thibault Picot, le guitariste de cette jolie formation française, pour une escapade en solitaire. Toujours signé chez l’infatigable Howlin’ Banana (Pop Crimes, EggS, TH da Freak, Special Friend, Cosmopaark, Tapeworms…), il sort Alimentation Générale, son premier EP sous le blase PICOT. Les quatre titres ne semblent malheureusement disponibles qu’en numérique, un regret tant ils forment un ensemble prometteur. Nous sommes en tout cas ravis d’y retrouver les mélodies sinueuses qui faisaient le charme de Brace! Brace! (2018). Continuer la lecture de « PICOT, Alimentation Générale (Howlin’ Banana) »

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Kali Malone, Stephen O’Malley et Lucy Railton, Does Spring Hide Its Joy (Ideologic Organ)

Living Torch, son précédent disque paru en 2022 , nous avait définitivement convaincu de l’importance de l’œuvre de Kali Malone. Sa prestation au festival Akousma x Présences électronique en 2021 aussi, impressionnante par sa manière de s’approprier le double héritage des musiques électro-acoustiques et du minimalisme drone.  Une inscription revendiquée au sein d’une filiation précisément déterminée : on pense à La Monte Young évidemment, mais aussi à Eliane Radigue et Phill Niblock, comme trois figures matricielles d’un travail autour du son et de son étirement temporel. Et c’est ce qui frappe lorsque l’on aborde les pièces de la compositrice et musiciennes américaine, aujourd’hui établie entre la Suède et la France, à savoir la radicalité d’une approche visant une certaine sensibilité méditative. Continuer la lecture de « Kali Malone, Stephen O’Malley et Lucy Railton, Does Spring Hide Its Joy (Ideologic Organ) »

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Benjamin Woods (The Golden Dregs) : « J’ai détesté la plupart des moments que j’ai passés à écrire cet album »

Benjamin Woods (The Golden Dregs)
Benjamin Woods (The Golden Dregs)

Combien de points sont-ils nécessaires pour parvenir à esquisser une trajectoire ? A observer la discographie aux courbes incertaines esquissée depuis ses débuts en 2018 par Benjamin Woods – alias The Golden Dregs – les évidences de la géométrie semblent, dans son cas, largement remises en cause par les voltes musicales déroutantes. Un premier album presque garage-rock, un second un peu plus personnel et plus original mais toujours tourné vers l’Amérique et ses mythes. On a beau les réécouter depuis le troisième point de fuite provisoire : on n’y trouve pas grand-chose qui contribuerait à inscrire On Grace & Dignity dans la continuité linéaire de ces débuts prometteurs mais encore tâtonnants. Les guitares acerbes ont largement cédé la place aux claviers moelleux. Seule la voix, peut-être, demeure. Ces murmures de barytons qui donnent chair à des récits précis et incarnés, comme autant de petites nouvelles rescapées d’un voyage à rebrousse-temps. En 2020, Woods est retourné vivre chez ses parents, en Cornouailles, et tout a changé. Continuer la lecture de « Benjamin Woods (The Golden Dregs) : « J’ai détesté la plupart des moments que j’ai passés à écrire cet album » »

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Eternal Dust relie le passé et le présent avec grâce

Eternal Dust
Eternal Dust / Photo : Sam Stephenson

En pleine pandémie, un camarade Australien m’envoie le lien d’un nouveau groupe récemment formé à Sydney. Après une cassette éponyme sortie fin 2020 dont on vous conseille l’écoute, Eternal Dust sortira le 17 Février son premier album Spiritual Healers , Defence Lawyers chez Lulu’s, le très recommandable disquaire de Melbourne, mais également label de qualité, puisqu’ils sont à l’origine des dernières sorties des passionnants Exek ou Low Life. Candy, excellent premier single, invoque le passé tout en étant inscrit dans le présent, et, certainement influencé par Felt (entre autres), emmènera l’auditeur.ices sur un terrain brumeux.

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Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records)

Mine de rien, cela faisait six longues années qu’Émile Sornin ne nous avait pas donné de nouvelles sous la forme d’un long format. Après Rhapsode en 2014, un début tonitruant, Forever Pavot revenait trois ans plus tard avec l’excellent et plutôt intrigant La PantoufleL’Idiophone, publié ces jours-ci (le 3 février 2023 pour être précis), chez Born Bad (Bryan’s Magic Tears, Star Feminine Band, Pleasure Principle …), semble formé le troisième jalon d’une trilogie. Depuis Le Passeur d’Armes, les obsessions de Forever Pavot pour les bandes originales françaises des années 60/70 se sont précisées. Il y a du François de Roubaix, du Michel Legrand, peut être même du Vladimir Cosma là-dessous. Continuer la lecture de « Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records) »

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Ride, Carnival Of Light (Creation, 1994)

C’est un disque peu remarquable à l’époque, enfin si, mais pour de mauvaises raisons, et d’ailleurs de concert, nous le détestons d’emblée. C’est peut-être la première fois qu’un groupe de notre génération veut grandir plus vite que nous, aller puiser dans les ornières du passé des choses dont nous n’avons pas immédiatement envie. Putain, le premier single (Birdman, rétrospectivement un chef d’œuvre) dure plus de huit minutes et pis que tout il y a Jon Lord de Deep Purple au clavier sur le premier morceau. Comment ont-ils pu nous faire ça, les salauds ? Comment Ride, le teen pop band, le My Bloody Valentine pour puceaux, ont-ils pu (nous) faire ce truc qui portera à conséquence ? Pourquoi ? ! Continuer la lecture de « Ride, Carnival Of Light (Creation, 1994) »

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The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind)

Attendions-nous quelque chose de Dead Meat, le premier album de The Tubs ? La réponse est non. Il y a encore quelques semaines, nous ne connaissions pas ce groupe londonien formé sur les cendres de feu Joanna Gruesome et signé depuis peu chez les chicagoans Trouble In Mind Records. (Lithics, Dummy, Melenas, En Attendant Ana). Est-ce que ce premier album donne toute satisfaction ? La réponse est oui, un grand oui même. Et c’est une grande surprise car la rencontre avec les chansons de ces quatre mousquetaires n’était pas évidente. Il faut en effet d’abord franchir la (mauvaise) surprise que constitue la pochette de ce disque. Cette dernière a le chic de refroidir toutes les personnes qui avaient des a priori sympathiques à propos du groupe. Une fois franchi ce cap, c’est la terre promise. En effet, les Tubs sont de vrais carnassiers, des hyènes musicales qui braconnent sur toutes les terres. Un peu de Commotions par ici, un peu de l’épatante compilation Strum & Thrum par là… Et surtout des guitares partout. Pour un résultat plus que maitrisé. Continuer la lecture de « The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind) »

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Climats #41 : Sam Burton, Colm Tóibín

Grêle en pleine nuit

Peut-on écouter Tom Verlaine en imaginant nos prochaines longues journées d’été ? Et The Jam sans vouloir danser – c’est possible ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.
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Le retour du Roi

Le Roi, c’est l’étonnant duo qui réunit deux musiciens proches et qui ont commencé en même temps, croisant dans les mêmes eaux de l’ouest de la France. A ma droite, le poids lourd désormais, Katerine, tant aimé et qui, à force de comédies populaires au cinéma, pourrait facilement postuler à la personnalité préférée des Français, à mi-chemin entre Yannick Noah et Jean-Luc Godard. A ma gauche, un musicien plutôt de l’ombre, pointu, le culte Pierre Bondu, à qui K renvoie une sorte d’ascenseur amical, on l’imagine : ne jamais oublier ceux qui vous sont proches, faire profiter son entourage d’un peu plus de lumière, c’est sans doute les premiers commandements de la vie appliqués par n’importe quelle vedette plus intelligente et sensible qu’égocentrique. Continuer la lecture de « Le retour du Roi »

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Selectorama : Alice Butterlin

Alice Butterlin
Alice Butterlin / Photo : Morgane Samson

Dans la petite chronique dédiée aux Heures défuntes, premier ouvrage d’Alice Butterlin, Pauline Nuñez disait : « Ces Heures sont une série de 13 textes courts pétris de la volonté de s’emparer ce qui habite l’esprit et d’un certain empressement à les dire avec le cœur. Ils s’attachent chacun à faire le lien entre la chronique des hauts faits des hérauts de la pop culture (principalement musicale, mais pas que) et comment ces personnages, ces créatures quasi-déiques, ont envahi nos vies jusqu’à effectivement les transformer. » On y croise Elliott Smith, Nan Goldin, Kierkegaard, une famille Sims, les membres de la Process Church, des puces de sable géantes et des femmes devenues pierre. Nous avons eu envie de questionner l’autrice sur les quelques titres qui l’ont guidée, aidée, consolée, rassurée, exaltée lors de l’écriture de cette fiction. Continuer la lecture de « Selectorama : Alice Butterlin »

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Mozart Estate, Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping (West Midlands/Cherry Red)

Faire part de ses impressions après une seule écoute, je vous le concède, ça n’est pas très sérieux. Mais voilà, ces réflexions sont sorties, à chaud, il y a déjà tant de choses à dire. On verra si c’est un grower, ce qui est possible, dans ce cas, on y reviendra, et d’autres auront d’autres choses à dire, en mieux sans doute. Alors, pour moi, le très grand disque de Lawrence (disons hors Felt/Denim pour segmenter un peu) c’est bien Tearing Up The Album Charts  qui est un enchaînement de superbes et puissants tubes d’un autre temps, et dans lequel on sent une urgence liée à une science de la chose musicale hors du commun. Continuer la lecture de « Mozart Estate, Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping (West Midlands/Cherry Red) »

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Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop)

Naima BockEn voilà un qui a pointé le bout de son nez à la dérobée : on cuisinait, ce qui occupe la plupart du temps, et un algorithme d’après-disque a glissé la chanson Working, et malgré un timbre de voix, un calme, une atmosphère, un composé de discrétion, on s’est regardé frappé d’évidence, on a lancé la première plage d’un disque – écouté deux fois à sa sortie d’une oreille très certainement très distraite –, on a plongé sans délai, et depuis Naima Bock et son premier album Giant Palm enchantent le début d’année.

Et le meilleur : ce disque aurait trente ou quarante ans au lieu d’un, on le trouverait aussi formidable. Continuer la lecture de « Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop) »

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Torn Verlaine

Tom Verlaine
Tom Verlaine

Que pleure-t-on avec la disparition de Tom Verlaine ? Ce qui frappe, pour une légende de cette stature, c’est qu’il brillait d’abord par des qualités négatives : pas une grande voix, même si l’empreinte vocale est reconnaissable entre mille, au point d’avoir déterminé des vocations de non-chanteurs aussi notoires que Lloyd Cole ou Lawrence. Un jour, ce dernier débarque à New York, appelle Verlaine. Qui se souvient, narquois : « Je n’ai pas très bien compris ce qu’il voulait. Peut-être des leçons de chant ? (rires)… ». Ces deux-là ne se rencontreront jamais, mais il suffit d’écouter Days, du premier, pour mesurer tout ce que le second lui doit. Continuer la lecture de « Torn Verlaine »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JANVIER 2023

Pauline Nuñez
Graphisme : Pauline Nuñez

Que faire lorsque les plus grands s’en vont les uns après les autres, nous laissant un sentiment implacable de devoir pleurer chaque jour nos idoles ? David Crosby, Tom Verlaine, ces pères fondateurs deviennent des astres éternels et nous obligent à passer par la phase du deuil et des hommages. Malgré nos peines, nous avons choisi de perpétuer cette petite mission que nous nous sommes donnés, la découverte et le partage. Voici quelques ouvertures vers l’avenir de la pop moderne, trente-cinq petits cailloux blancs qui dessinent un futur que l’on espère pas si sombre.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou (à venir) en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Peel Dream Magazine : « Je suis un poppeux dans l’âme »

Joe Stevens - Peel Dream Magazine
Joe Stevens – Peel Dream Magazine / Photo : Samira Winter

Voilà trois semaines que Joe Stevens a quitté Los Angeles pour Londres. En résidence dans la capitale anglaise, il s’est produit chaque mercredi de janvier auprès d’invités de (son) choix, Sean O’Hagan [The High Llamas, Microdisney, Stereolab] ou Jack Cooper [Mazes, Ultimate Painting], pour ne citer qu’eux. Après quelques autres villes anglaises, c’est demain qu’il traversera la Manche pour entamer la première tournée européenne de Peel Dream Magazine, avec un premier arrêt à Paris. Un concert qui fera date, aussi parce que tant attendu par ceux qui avaient, comme nous, adoré Agitprop Alterna [chroniqué ici], paru en avril 2020, en plein confinement. Deux ans et demi plus tard, Stevens surprend avec le bien-nommé Pad, un album-concept cotonneux, fait de sonorités synthétiques et vintage, au fil desquelles évolue un personnage imaginaire. Dans un long entretien, le musicien nous explique ce virage esthétique, du shoegaze à ce qu’il nomme la « pop baroque », en évoquant évidemment ses plus grandes influences : les High Llamas, Stereolab et les Beach Boys.  

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Selectorama : Sierra Manhattan

Sierra Manhattan
Sierra Manhattan / Photo : Julia Henderson

On avait déjà évoqué le retour de l’équipée sauvage savoyarde Sierra Manhattan en début de semaine dans une borne d’écoute, mais au vu de la qualité tout à fait attachante de leur ouvrage pop et de l’album à venir (Which Life, The Friends sortira le 17 février sur AB Records, Fun Club Records et Another Record), nous avons eu envie d’en savoir un peu plus sur les musiques qui traînent dans les recoins des cerveaux de ces quatre vaillants jeunes hommes. En guise d’apéritif à leur concert au MOFO Festival ce soir à Mains d’Oeuvres auquel nous vous conseillons chaleureusement de vous y rendre toutes affaires cessantes, voici dix morceaux qu’ils écoutent en boucle, ou juste de temps en temps. Continuer la lecture de « Selectorama : Sierra Manhattan »

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C’était David Crosby (1941-2023)

David Crosby
David Crosby

Dans Harvest Time, le documentaire fourni en DVD avec la version du 50e anniversaire d’Harvest parue pour la Noël, il se joue une scène assez révélatrice. On y voit Neil Young avoir toutes les peines — certes relatives, en buvant des bières et en se marrant comme une baleine — à mettre une touche finale aux harmonies de Words avec Nash et Stills, alors que quelques temps auparavant, il y parvient presque sans peine aucune sur Alabama avec Nash et Crosby. Stills est là encore, et à trois ils ont la plus belle collection de sous-pulls au monde, avec un niveau de zouaverie paradoxalement revu à la baisse. En trois nuances un peu exagérées, Crosby trouve le ton juste pour les chœurs, civilise paradoxalement ce motet brutaliste : les autres n’ont plus qu’à se coller dessus. Mettre (tout) le monde à l’unisson par le seul fil de sa voix, comme par magie, peut-être était-ce là, bien au-delà de ses frasques, le plus grand talent de David Crosby. Et ce génie absolu à harmoniser les sons et les autres venait de loin. Et repartira plus loin encore, en devenant un véritable vétéran du chaos. Continuer la lecture de « C’était David Crosby (1941-2023) »

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The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981)

The dB’s tracent les hésitations de la période charnière entre new wave et indie-pop. Sur le sol nord-américain, comme ailleurs, une génération de groupes s’imprègne de l’héritage sixties, sans foncer dans la parodie et le pastiche. Dunedin Sound en Nouvelle Zélande, Paisley Underground en Californie (Rain Parade, Bangles, Dream Syndicate etc.), les dB’s sont, eux, aux avant-postes de la transition à New York, au coté de formations comme The Bongos ou The Individuals. Originaire de Winston-Salem, en Caroline du Nord, les membres des dB’s se connaissent depuis l’enfance et jouent souvent ensemble depuis les années soixante dans leur ville d’origine. Continuer la lecture de « The dB’s, Stands For Decibels (Albion, 1981) »

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Air décroche la lune

Air
Air / Photo : Philippe Lévy

L’une de mes grandes spécialités, c’est de perdre de vue des gens bien / cool / sympas / (sur)doués… Parfois, la chance me rattrape, et je les retrouve (avant bien sûr de les reperdre à nouveau de vue, mais c’est une autre histoire). Comme d’autres, j’ai découvert Air en 1995 avec la compilation Source Lab-, qui bien sûr avec le recul, fait figure d’acte de naissance de cette scène que les Britanniques baptiseront french touch. C’était aussi le début du hip-hop abstrait (beaucoup plus classe que le trip-hop) et le proche retour du easy listening (mais nous savions déjà que Burt Bacharach était à lui seul supérieur à quatre Beatles) et dans ce contexte-là, je me souviens avoir beaucoup aimé j’ai aimé les six minutes alanguies de Modulor Mix. Et puis, un an plus tard (à peu près) j’ai adoré le maxi Casanova 70, sa pochette discrètement sortie des années 1970, la ligne de basse entêtante du morceau éponyme, les claviers crépusculaires sur lesquels se prélassaient Les Professionnels. Je n’en suis plus très sûr mais je crois que c’est pour ce disque que Les Inrocks ont publié une photo du groupe. Une photo qui… Continuer la lecture de « Air décroche la lune »

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Sierra Manhattan, une bouffée d’air frais pop

Sierra Manhattan
Sierra Manhattan / Photo : Julia Henderson

Depuis 2018 et l’excellent Are U Single, No I’m Album, la pop cotonneuse de Sierra Manhattan est restée silencieuse. La formation éparpillée entre Lyon, Paris et la campagne de la Loire ne s’était jamais arrêtée, juste ensommeillée : « On avait aussi envie de prendre le temps de fabriquer un nouveau set, ça faisait un moment qu’on jouait certains morceaux et on avait envie de se remettre un peu en danger à nouveau. » Sans aucune urgence, chacun s’est exprimé à travers d’autres entités solo ou collectives : Olbio s’amuse tout seul dans Bravo Tounky, Florian avec Neptune Football Club, Satellite Jockey et a rejoint Fontanarosa. Rémi joue dans Satellite Jockey, Phat Dat et Alex Van Pelt dans son projet éponyme ainsi que dans Coming Soon et Mont Analogue. Tout ce beau monde gravite autour du label AB Records à Saint Etienne, qui signe la plupart des groupes. Continuer la lecture de « Sierra Manhattan, une bouffée d’air frais pop »

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Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment

Paris la nuit vue du ciel par la Nasa
Paris la nuit vue du ciel par la Nasa

Edith Piaf reprise en rocksteady, ce serait la promesse du retour du soleil ? Et la musique de Jonathan Richman protège-t-elle de la grêle ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment »

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Anything Could Happen

Les débuts de Flying Nun Records, label néo-zélandais des Clean et des Bats, contés par Matthew Goody dans un livre somme.

Chris Knox et le producteur Doug Hood (dans le miroir) et son TEAC 4-pistes

 

Matthew Goody
Matthew Goody

Matthew Goody vient de frapper un grand coup. Et par surprise de surcroît. On ne s’attendait pas vraiment à un livre sur le label Flying Nun. On s’attendait encore moins à un livre sur les débuts du label néo-zélandais, à l’origine du « Dunedin Sound« . Needles & Plastic, le bel ouvrage de Goody, fait le focus tout en faisant un plan large (d’où l’intérêt) sur la période 1981 – 1988 du label néo-zélandais. Et nous plonge dans les abysses de la scène de Christchurch et d’Auckland. On croise des silhouettes connues, on discerne des histoires que l’on croyait connaître… Et surtout on découvre une kyrielle de groupes totalement inconnus qui donnent une nouvelle importance aux Clean et aux Bats, puisque les intérêts de leurs livrets d’épargne se retrouvent investis dans les disques des singles des Bird Nest Roys et des EPs des Able Tasmans. Continuer la lecture de « Anything Could Happen »

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Selectorama : Deliluh

Deliluh
Deliluh

Nous ne vous avions jamais parlé de ce groupe devenu duo originaire de Toronto et expatrié en Europe, et c’est bien dommage car leur musique âpre et pessimiste colle complètement à notre époque. Post quoi, exactement ? Kyle Knapp et Julius Pedersen ne cherchent pas trop à ce qu’on les catégorise, et c’est tant mieux. Flaut Lines, le troisième album de Deliluh libère des atmosphères pesantes, où les notes psyché s’écrasent dans un décor industriel. En attendant de les voir vendredi 27 à Mains d’Œuvres sur la scène du Mofo 2023, voici quelques-unes de leurs influences, puisant autant dans le film noir que les musiques rares et prégnantes. Continuer la lecture de « Selectorama : Deliluh »

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Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022)

Stimulator Jones donne enfin une réelle suite à l’excellent Exotic Worlds and Masterful Treasuresparu en 2018. Samuel Jones Lunsford, tête pensante du projet, n’a cependant pas chômé entre temps. Il a sorti deux autres albums sous le même alias, des disques moins orientés R&B et pop, presque des side-projects. La Mano (Mutual Intentions, 2021) explore ainsi un jazz-funk instrumental, matière idéale pour créer des boucles. Il est d’ailleurs question d’instrus hip-hop, d’esquisses sur l’autre disque, l’intrigant Low Budget Environments Striving For Perfection (2021, Stones Throw).  Tous les chemins mènent cependant à Round Spiritual Ring, dernier LP en date de l’intéressé paru à l’été 2022. Continuer la lecture de « Stimulator Jones, Round Spiritual Ring (Stones Throw, 2022) »

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Lightships, Electric Cables (Geographic)

lightshipsAu petit jeu des tentatives extraconjugales, les membres de l’équipage Teenage Fanclub, monstre sacré d’une certaine pop parfaite depuis 1990, ont largement procédé par pointillisme, au gré de diverses collaborations généralement familiales et heureuses (BMX Bandits, The Pastels, Kevin Ayers) plutôt que par des projets clairement identifiables. Norman Blake fut le premier à s’illustrer dans une échappée belle sous le pseudonyme de Jonny en 2011. Continuer la lecture de « Lightships, Electric Cables (Geographic) »