Catégories interviewÉtiquettes , ,

L’enfance de l’Arlt

Arlt
Arlt

Duo à géométrie variable composé d’Eloïse Decazes et Sing Sing, Arlt s’ingénie depuis son premier album La langue (2010) à faire entrer des carrés dans des cercles. A l’occasion de la parution de Soleil enculé, leur sixième album, nous avons tiré les vers du nez de Sing Sing – chanteur, guitariste et compositeur de cet Arlt brut qui nous chamboule tant – au sujet de son écriture, l’enregistrement du disque en mode live et ses influences divines. Retrouvailles avec la parole enivrante d’un artiste passionné, érudit et sauvage à sa manière. Continuer la lecture de « L’enfance de l’Arlt »

Catégories billet d’humeur, chroniquesÉtiquettes , , ,

The Feelies, Higher Ground (A&M Records)

On peut être heureux dans la vie sans écouter les Feelies. J’en connais qui y parviennent. Pour des raisons qui m’appartiennent, je les vois rarement, pour ne pas dire jamais. Et puis il y a les autres, qu’avec le temps j’identifie d’un regard. Ceux à qui la simple évocation du groupe file la banane doublée en peau de velours. À me lire, on pourrait croire que j’évoque un club souterrain pour initiés frustrés, donc difficile d’accès. Il n’en est rien. Les disques des Feelies sont en vente libre. On ne parle pas là de free jazz, de musique concrète, sérielle ou post-industrielle. Comme tous les groupes audibles après l’invention du phonographe, le quatuor du New Jersey oscille sans se soucier du temps et des modes qui passent entre rock, pop et folk depuis 1980. Continuer la lecture de « The Feelies, Higher Ground (A&M Records) »

Catégories chronique rééditionÉtiquettes , ,

Jean-Louis Murat, Mustango (PIAS)

Jean-Louis MuratIl pleut, j’ai presque froid et c’est bon en ces temps caniculaires. L’ordinateur effectue péniblement ses mises à jour, manière de dire qu’il va bientôt me lâcher. Pour autant, l’obsolescence programmée n’attaquera pas ma quiétude dominicale. Tout est prêt dans la cuisine pour le retour de Zoé : le riz et le vinaigre japonais, le sucre et le sel, le soja et la coriandre, la soupe Miso, les avocats et le saumon. Ne manque plus que mon binôme culinaire pour attaquer les sashimis. Dans un mois pile, elle aura dix-huit ans. Forcément, je la vois de moins en moins. Mon oiseau prend son envol et ça m’émeut davantage que je ne le laisse paraitre. Pas de raison de se plaindre pour autant : nous partons encore en vacances ensemble, écoutons des vinyles, échangeons sur les trucs à ne pas manquer sur Netflix tout en mangeant japonais donc, assis en tailleur dans le salon. Autour de moi, peu de parents partagent encore ce genre de choses avec leur(s) enfant(s). Ce soir, si ça la tente et qu’elle ne s’est pas couchée trop tard hier – ce qui m’étonnerait –, on ira voir le film sur Daniel Darc. Faut dire que ma chérie aime la plupart des zouaves que j’écoute. Alors vraiment, oui, je m’en sors bien. Oserai-je affirmer que depuis que ma fille en devient une, je comprends mieux les femmes ? Allez savoir. Le travail de toute une vie, cette affaire. Continuer la lecture de « Jean-Louis Murat, Mustango (PIAS) »

Catégories chronique rééditionÉtiquettes , , , ,

Jean-Louis Murat, Dolorès (PIAS)

Jean-Louis Murat DolorèsOn ne pose pas impunément Dolorès sur sa platine. Il ne s’agit pas là de simplement écouter la plus belle musique jamais enregistrée par Jean-Louis Murat, mais d’un authentique plaisir masochiste. De quoi parle-t-on ? Du deuil amoureux, mes toutes belles. Et dans le genre, il n’y a guère que l’immense Blood On The Tracks de Bob Dylan pour dépeindre avec autant de justesse ce sentiment de perte abyssale. Pas un hasard si l’Auvergnat, à l’heure d’inventorier ses madeleines de Proust au sein des archives vinyles de Radio France, confiera au micro de France Culture au sujet de la sortie du chef d’œuvre de Zimmerman en 1975 : « je n’avais pas encore décidé de faire de la musique, mais là je me suis dit : ouah, c’est définitivement ça que je veux faire. » Mais là où le futur Prix Nobel sort ses couplets les plus acerbes et revanchards à l’adresse de son amour perdu, Murat opte de son côté pour l’opération à cœur ouvert. Dolorès pour douleur, donc. Continuer la lecture de « Jean-Louis Murat, Dolorès (PIAS) »

Catégories interviewÉtiquettes , , ,

Red – Décrocher la Lune

Red
Les mille et une pochettes de « Felk Moon » (Bisou Records)

À l’heure où Felk Moon – son huitième et meilleur album à ce jour – paraît sur Bisou Records, force est de constater que Red ne fait décidément rien comme tout le monde… Réenregistrer son disque une seconde fois pour cause de découverte d’une nouvelle pédale d’effet, illustrer cinq-cents pochettes l’une après l’autre, proposer le principe d’une interview par messageries interposées où, pour une fois, l’Artiste posera les questions tandis que le plumitif tentera comme il peut d’y répondre. Pour finir par constater qu’assurément, cet hiver sera rouge ou ne sera pas.

Continuer la lecture de « Red – Décrocher la Lune »

Catégories chronique nouveauté

Red, Felk Moon (Bisou Records)

RedActe 1. Considéré comme une légende urbaine, le bug de l’An 2000 a bel et bien existé. On lui doit ainsi le détraquage en règle de l’ordinateur asthmatique avec lequel Red enregistre alors son premier album à demeure. Paru un an plus tard sur le micro label Rectangle – dirigé par Quentin Rollet et Noël Akchoté, esprits et musiciens libres s’il en est –, Felk se fiche pas mal des genres et de la bienséance. Âmes sensibles s’abstenir, il ne s’agit ici en aucun cas de faire beau, de cajoler l’auditeur. Continuer la lecture de « Red, Felk Moon (Bisou Records) »