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Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi »

Julia Holter / Photo : Camille Blake
Julia Holter / Photo : Camille Blake

C’est toujours un plaisir de s’entretenir avec Julia Holter, même quand le jetlag amplifie sa tendance à hésiter et chercher ses idées en triturant ses longs cheveux, parsemant ses réponses de silences. La Californienne, qui fêtera ses quarante ans en décembre prochain, était de passage à Paris il y a quelques semaines pour présenter son nouvel album Something in the Room She Moves (clin d’œil plus ou moins fortuit aux Beatles). Plus de cinq ans après le profus et labyrinthique Aviary, magistralement porté sur scène avec une formation élargie, ces dix compositions marquent le retour à une forme plus compacte, mais pas exempte d’expérimentations (Meyou, Ocean…) parfaitement maîtrisées. Continuer la lecture de « Julia Holter : « La pop obéit à une logique qui est au-delà de moi » »

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Pram, Dans les rêves des années

Pram à Petit Bain, le 20/03/2024 / Photo  : Jacques Courcelles
Pram à Petit Bain, le 20/03/2024 / Photo : Jacques Courcelles

Jouer la musique de votre jeunesse, est-ce une option viable ? Tout dépend de la musique. Un peu plus de 30 ans après leurs premiers disques, les Anglais de Pram sont revenus jouer en France. Certains se souviennent de leur premier concert à Paris, dans l’arrière salle d’un restaurant : à l’époque, tout était de fortune, et la chanteuse avait posé son petit clavier sur une planche à repasser. D’autres ont gardé en mémoire leur passage au Batofar au début des années 2000. Tous ont en tête la beauté fragile du groupe, son sens de l’équilibre et son instinct pour les morceaux joués comme en fausses boucles humaines.  Continuer la lecture de « Pram, Dans les rêves des années »

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Pram, The North Pole Radio Station (Domino, 1998)

Aurait-on oublié ce grand groupe anglais ? Surtout pas ! Dans les années 90 et 2000, Pram jouait entre les genres et faisait découvrir des pans entiers d’innovations musicales. Toujours stimulante et hautement psychédélique, leur musique est à entendre ce mercredi 20 à Petit Bain. À l’occasion de ce concert rare, nous rééditons une chronique d’époque, sur un disque sublime et toujours d’actualité. Au diapason des frontières.

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Real Estate, Daniel (Domino)

La magie ne se décrète pas. La preuve avec les premiers extraits du disque de Liam Gallagher (Oasis) et de John Squire (The Stone Roses)… Prenez le meilleur chanteur anglais des années 90, mettez le en studio avec l’un des meilleurs guitaristes anglais et vous obtiendrez des chansons convenues et d’un ennui considérable. Une autre preuve de cette vérité avec le nouveau disque des Real Estate. Ce groupe, originaire de Ridgewood (New Jersey) et signé au départ chez Woodsist, faisait depuis des années une musique d’agence immobilière. Martin Courtney et Alex Bleeker, le duo à la tête du groupe, ne prenait aucun risque et avait pour hobbie de réciter poliment les leçons données par des ainés adulés. Continuer la lecture de « Real Estate, Daniel (Domino) »

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Cat Power Sings Dylan: The 1966 Royal Albert Hall (Domino)

Dès les premières secondes de l’une des chansons les plus chéries, une autre voix, la même voix pourtant, les mêmes accords, la même évidence, et tous les fils sont tirés, on aperçoit la trame, on la voit, on ne voit qu’elle, rien d’autre que ce moment, une chanson. On ne se demande rien, on ne fait pas mine d’être surpris·e : c’est tellement là.

Elle porte une bague égyptienne, qui brille avant qu’elle ne parle.

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La mélancolie au milieu du monde

Tirzah, le 22/09/23 à Paris / Photo : Philippe Lévy
Tirzah, le 22/09/23 à Paris / Photo : Philippe Lévy

Le Badaboum, rue des Taillandiers à Paris, affiche complet pour Tirzah – chanteuse anglaise armée d’une voix faussement fragile, éminemment gracile, capable de prendre la vague de n’importe quel rythme avec une nonchalance qui cloue tout sur place. Ce soir, donc, la salle est pleine, et l’on y sent une forme d’attente assez particulière, marquée par le fait que l’on dénombre pas mal de gens venus seuls et qui se tiennent là tout aussi solitaires, au milieu de couples aux airs amoureux. C’est que la musique de Tirzah parle aux deux : elle semble chantée depuis la solitude mais aussi depuis le milieu d’une histoire d’amour. Continuer la lecture de « La mélancolie au milieu du monde »

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Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova

Crépuscule à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe
Crépuscule hivernal à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe

Peut-on écouter Elvis Costello sans avoir envie d’être déjà en été ?
Et il faut l’avouer : Burt Bacharach en février, ça dégèle n’importe quelle matinée.

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.  Continuer la lecture de « Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova »

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Alex G, God Save The Animals (Domino)

Alex G God Save« Je travaille dur sur la musique, beaucoup moins sur ma personnalité » confiait Alex Giannascoli à Pitchfork dans l’une de ses dernières interviews. A presque 30 ans, le Philadelphien reste un garçon discret, peu enclin à mettre des mots sur sa musique ou à éclairer ses textes, ce dont se charge sa communauté qui, particulièrement assidue sur Youtube et Reddit, s’empresse de retranscrire et de disséquer les paroles de chaque inédit capturé sur scène. Comme Kurt Cobain qui, en 1993, déclarait sans scrupules que ses chansons n’avaient aucune signification, Giannascoli, interrogé sur le sens du titre de son dernier album, God Save the Animals, répond que non, il ne croit pas particulièrement en Dieu, n’aime pas les animaux plus que quiconque, mais a simplement éprouvé quelque-chose en combinant ces termes. Ce qui donne envie, pour une fois, de prendre son exemple et de se fier à l’impression spontanée plutôt qu’à l’interprétation, au ressenti comme seul guide d’écoute de cette nouvelle sortie.

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