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La mélancolie au milieu du monde

Tirzah, le 22/09/23 à Paris / Photo : Philippe Lévy
Tirzah, le 22/09/23 à Paris / Photo : Philippe Lévy

Le Badaboum, rue des Taillandiers à Paris, affiche complet pour Tirzah – chanteuse anglaise armée d’une voix faussement fragile, éminemment gracile, capable de prendre la vague de n’importe quel rythme avec une nonchalance qui cloue tout sur place. Ce soir, donc, la salle est pleine, et l’on y sent une forme d’attente assez particulière, marquée par le fait que l’on dénombre pas mal de gens venus seuls et qui se tiennent là tout aussi solitaires, au milieu de couples aux airs amoureux. C’est que la musique de Tirzah parle aux deux : elle semble chantée depuis la solitude mais aussi depuis le milieu d’une histoire d’amour. Continuer la lecture de « La mélancolie au milieu du monde »

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Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova

Crépuscule à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe
Crépuscule hivernal à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe

Peut-on écouter Elvis Costello sans avoir envie d’être déjà en été ?
Et il faut l’avouer : Burt Bacharach en février, ça dégèle n’importe quelle matinée.

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.  Continuer la lecture de « Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova »

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Alex G, God Save The Animals (Domino)

Alex G God Save« Je travaille dur sur la musique, beaucoup moins sur ma personnalité » confiait Alex Giannascoli à Pitchfork dans l’une de ses dernières interviews. A presque 30 ans, le Philadelphien reste un garçon discret, peu enclin à mettre des mots sur sa musique ou à éclairer ses textes, ce dont se charge sa communauté qui, particulièrement assidue sur Youtube et Reddit, s’empresse de retranscrire et de disséquer les paroles de chaque inédit capturé sur scène. Comme Kurt Cobain qui, en 1993, déclarait sans scrupules que ses chansons n’avaient aucune signification, Giannascoli, interrogé sur le sens du titre de son dernier album, God Save the Animals, répond que non, il ne croit pas particulièrement en Dieu, n’aime pas les animaux plus que quiconque, mais a simplement éprouvé quelque-chose en combinant ces termes. Ce qui donne envie, pour une fois, de prendre son exemple et de se fier à l’impression spontanée plutôt qu’à l’interprétation, au ressenti comme seul guide d’écoute de cette nouvelle sortie.

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Franz Ferdinand, darts entertainment !

Franz Ferdinand
Franz Ferdinand

Je me souviens du choc. Un matin d’automne avec les rues encore noires, à l’époque parisienne où la cigarette précédait le plus souvent le café, à l’époque de la télé qu’on allumait parce que M6 (je crois que bien que c’était M6) diffusait des clips de groupes indie – enfin, à peu près – avant de partir travailler – enfin, travailler… Ce matin-là donc, j’ai entendu la guitare avant de voir les images et je suis resté interdit. Parce que tout est venu se bousculer et les souvenirs se sont succédés en flash – pêle-mêle, l’école Postcard Records, les montagnes russes rythmiques chères à Orange Juice, à Josef K, l’adolescence dans la Résidence, les cassettes vierges, les échanges de disques achetés à Paris – grâce à une mélodie en caoutchouc et un refrain suffisamment obsédant pour qu’on veuille réécouter la chose. En boucle. La suite de l’histoire, qu’on découvre vitesse grand V, est comme parfaite : Glasgow, Domino, une ribambelle de chansons fulgurantes en mode Dorian Gray, l’influence du constructivisme russe et même le passé d’Alex Kapranos – qu’on découvrira sur le tard — n’a pas freiné l’excitation accompagnant cette découverte qui rappelait – déjà à l’époque – qu’on n’était toujours pas prêt / près de ne plus avoir 20 ans – ça n’a toujours pas changé depuis, pour le meilleur et pour le pire…

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Climats #5 : Animal Collective, Ilaria Urbinati, Antonin Peretjatko

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo.
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Selectorama : Tirzah

Tirzah
Tirzah / Photo : Lillie Eiger

On dit souvent que less is more, et c’est sans doute cette expression crée par l’architecte et directeur du Bauhaus Ludwig Mies van der Rohe qui correspond le mieux à la londonienne Tirzah. Avec son premier album Devotion (2018), tout en minimalisme et en intimité, elle avait posé la première pierre d’un édifice de coton bâti en compagnie de Mica Levy, à savoir une pop imparfaite, indéfinissable – dans le meilleur sens du terme – et parfaitement bouleversante. Tout à fait le genre de disque sans âge qu’on aime toujours intensément retrouver au détour du random de nos playlists. Début octobre, elle revient avec un second album Colourgrade chez Domino, dont les premiers extraits sont tout aussi réussis, comme en témoigne le merveilleux Send Me. Pour Section26, elle a accepté d’entrouvrir la porte de ses obsessions musicales du moment, qui lui ressemblent tous un peu quelque part.

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Robert Wyatt, His Greatest Misses (Domino)

Toutes les occasions sont excellentes. Celle-ci tout autant que les précédentes – l’exploration d’un fragment de discothèque confinée pour célébrer, quand même, le retour du printemps en réécoutant At Last I’m Free (1980) ; la republication pour le Disquaire Day automnal de Summer Into Winter (1982) cosigné avec le jeune Ben Watt, évoqué il y a peu ici. Plus que toute autre – en tous cas, davantage que beaucoup – l’œuvre de Robert Wyatt est de celle qui se prête volontiers aux plaisirs de la redécouverte, vierge de toute balise trop convenue tant elle semble, à chaque fois, s’échapper de toute part vers l’Inouï. Et force est de constater qu’elle confère encore l’envie d’écouter et d’écrire. Continuer la lecture de « Robert Wyatt, His Greatest Misses (Domino) »

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Alex Izenberg, Caravan Château (Domino)

alex izenbergLe californien Alex Izenberg a tout de l’élève trop doué et fantasque qui sait qu’il n’a pas besoin d’en faire trop. Son premier album Harlequin, paru en 2016, en a sûrement perdu plus d’un alors que celui-ci célébrait une belle folie dandyesque masquée par un certain je-m’en-foutisme. Il faut reconnaître au garçon, par ailleurs diagnostiqué schizophrène, le don de frustrer son auditoire et maquiller sous des faux airs de démos à peine abouties des compositions pop baroques et psychédéliques pourtant au final vraiment exquises. Quelque chose comme les ambitions démesurées d’un jeune Van Dyke Parks enregistrées sur un 4-pistes de seconde main et accompagnées par la fanfare de la MJC du coin. Continuer la lecture de « Alex Izenberg, Caravan Château (Domino) »