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Angel Olsen, Half Way Home (Bathetic, 2012)

Fétiches et gris-gris de la grisaille.

Qu’il est bon et doux de se demander quel disque nous plaît, de tenter de replonger dans les délices et les affres qui, ensemble ou séparément, simultanément ou des siècles plus tard, nous ont permis d’entendre tel disque et de l’écouter et d’y écouter, enfin, cette expérience ineffable, l’intime – tout ce qui nous tient.

À côté de moi dans le train, tandis que j’écris ces lignes, une personne lit Éloge du risque d’Anne Dufourmantelle et je souris de la coïncidence : on risque tout chaque fois que l’on écoute un disque – et c’est formidable de faire et refaire ce pari, consciemment ou non, sur ce tout, sur ce que le disque va permettre (ou non), ce que l’on va pouvoir vivre (ou non) en l’écoutant – l’intimité. Continuer la lecture de « Angel Olsen, Half Way Home (Bathetic, 2012) »

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Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans)

Depuis 2010, Chaz Bundick a publié une demi-douzaine d’albums sous le nom de Toro Y Moi. Porté par la vague Chillwave aux côtés de Neon Indian ou Washed Out, le musicien californien a très vite pris les distances avec le genre et navigué au gré de ses intuitions. Chaque disque constitue alors un instantané de ses marottes personnelles. L’album What For? avait, par exemple, marqué les esprits en 2015 par ses accointances rock seventies et powerpop.  Si Toro Y Moi a annoncé que Mahal était en quelque sorte sa suite, l’album creuse certainement un sillon différent. À bord d’un Jeepney philipin, branché sur un ancestral poste de radio, l’album bourlingue dans les demeures abandonnées d’un rock psychédélique progressif cher à Todd Rundgren, frayant avec le funk des Isley Brothers. Continuer la lecture de « Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans) »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JUIN 2022

Si cette nouvelle moisson de nouveautés démarre sur un nuage de douceur et s’épanouit dans la tendresse d’une pop mâtinée de soul, il ne faut jamais se laisser bercer inconsciemment sans s’attendre à d’autres émotions. Un orage post punk pourrait bien vous détourner de cette pause alanguie. Comme chaque mois, le choix de la rédaction présente toutes ses variations topographiques, ses virages bruts, mais il reste toujours deux heures de pop moderne dans le sens le plus éclectique du terme.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Selectorama : R.M.F.C.

R.M.F.C.
R.M.F.C.

Vous faisiez quoi vous à l’âge de 17 ans ? En 2018, l’Australien Buz Clatworthy, lui, sortait déjà un premier disque, Hive vol. 1, sous l’avatar R.M.F.C. (Rock Music Fan Club). Cette collection de petites bombes garage-punk DIY de la meilleure eau a rapidement été suivie d’un Hive vol. 2, tout aussi convaincant. Depuis, ce jeune prodige n’a cessé de continuer d’enregistrer des micro-tubes publiés à travers plusieurs singles et E.P., toujours réussis. On recommandera l’écoute de l’excellente First World Pressure, ou de Feeder, qui rappellent les premiers pas de Jay Reatard au sein de The Reatards, ou encore un morceau moins excité comme Mirror qui se promène sur les terre des premiers disques de Wire. On pense parfois aussi à Uranium Club ou Snooper, avec lesquels Clatworhty partage le même goût pour les riffs de guitare tendus à souhait, voire à Joy Division pour les lignes de basses bien charpentées. Continuer la lecture de « Selectorama : R.M.F.C. »

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Sous la table d’Arlt

Arlt
Arlt / Photo : Marie Losier

On n’avait pas envie de faire une interview promo sur Turnetable. Pas envie de recueillir le lexique de Sing Sing tels des ethnologues consciencieux (lisez ce qu’il écrit, partout, tout le temps, c’est mieux). Pas envie de laisser Eloïse Decazes rester au chaud chez elle ou glisser dans le silence. Non : on les voulait ensemble, sans contrainte ni confort, pour voir comment ces deux êtres humains, branchés l’un à l’autre depuis quinze ans, finissent encore et toujours par se changer en cette entité qu’on appelle Arlt – pour peu qu’on arrive à le prononcer.

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Sad Lovers And Giants, Feeding The Flame (1983, Midnight Music)

Sad Lovers And Giants, Feeding The Flame (1983, Midnight Music)Depuis l’autre jour, je suis à la recherche de la première fois. La première fois que j’ai entendu / écouté ce groupe : qui, où, comment, quand, quoi ? Comme réponses à ces quelques questions-là, il ne reste plus que des hypothèses et des incertitudes. Mais il reste le souvenir du coup de foudre, sans même être sûr de la chanson qui l’a provoqué – mais je crois bien que c’est 7 Kinds Of Sin, le single de l’album du retour, The Mirror Test, paru en 1987 après un hiatus de quatre ans et une nouvelle organisation – pour faire bref, l’arrivée d’une jeune femme aux claviers (Juliet Sainsbury, dont nous avions bien sûr décidé de tous tomber amoureux) et d’un nouveau guitariste et compositeur, Tony McGuinness pour remplacer dans le rôle de l’alter-ego du chanteur-parolier Garçe Allard le maitre d’orchestre précédent Simon Blanchard, alias Tristan Garel-Funk. Continuer la lecture de « Sad Lovers And Giants, Feeding The Flame (1983, Midnight Music) »

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Les guitares hantées de Kitchen’s Floor

Kitchen's Floor
Kitchen’s Floor

Que l’on soit natif de Brisbane, Australie, ou d’ailleurs dans le monde, l’annonce d’une sortie de Kitchen’s Floor ravit toujours de belles poignées de passionnés par l’obscurité australe de manière générale. Sept ans déjà après le formidable Battle Of Brisbane sorti chez Bruit Direct Disques, Kitchen’s Floor revient avec ce single à paraître cet été sur None of What, leur nouvel album. À la tête du projet depuis 2007, Matt Kennedy alterne les périodes où Kitchen’s Floor est tantôt un groupe, tantôt un projet solo. Pour ce retour, il s’est entouré de membres de formations locales et souterraines d’excellente facture (Brick Brick, Clever, Cured Pink). Il reprend du service avec cette voix si singulière, comme désenchantée, et ce son rugueux qui font la marque de fabrique du groupe. Abrasif tout en étant pop, avec une batterie minimaliste, des guitares lourdes et une basse qui ronronne, le disque est enregistré par Luke Walsh de Blank Realm (autre belle formation de Brisbane) et masterisé par l’indispensable Mickey Young. En attendant de les voir sur scène, on les retrouve entre la salle de bains et la cuisine avec ce clip bien DIY réalisé à la maison par Maggie Macgroarty.
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Head toi et le ciel t’aidera

Au moment de la sortie du nouvel album de Michael Head, retour sur les chassés-croisés entre les jumeaux Head et Gallagher.

Michael Head
Michael Head

Il se passe des choses étranges  en Angleterre. Michael Head, accompagné de son Red Elastic Band, vient de réussir l’exploit de placer Dear Scott, son nouvel album, dans le top 10 des charts anglais. Remis en selle en 2013 par l’entremise et le travail acharné du label franco-anglais Violette Records, l’ancienne tête pensante des Pale Fountains perce (enfin) et joue (de nouveau) dans des salles de taille respectable. La performance est salutaire quand on se rappelle que Pacific Street s’est classé à la 85e place du top anglais la semaine de sa sortie et que Michael Head jouait, devant la caméra d’Arte, dans la cuisine de la maison de ses parents après l’arrêt prématuré des Paleys. Continuer la lecture de « Head toi et le ciel t’aidera »