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Slowdive : « La stratégie et nous, ça fait deux »

Slowdive / Photo :  Ingrid Pop
Slowdive / Photo :  Ingrid Pop

Voir un album comme Everything Is Alive de Slowdive percer le top 10 dans plusieurs pays fait aujourd’hui presque figure d’anomalie. Plus aéré et moins noisy que le précédent, il semble regarder dans le rétroviseur avec nostalgie, sans jamais singer le passé. Everything Is Alive devait à l’origine être un projet plus électronique, à l’image des maquettes composées par Neil Halstead, un des compositeurs les plus sous-estimés de sa génération. En ce sens, nous aurions pu nous attendre à un album proche de l’incompris (à l’époque de sa sortie) Pygmalion. Il n’en sera rien à l’arrivée, l’ombre de Robert Smith planant autant que celle de Brian Eno sur ce qui est à ce jour une des pièces maîtresses de la discographie du groupe. Sans révolutionner ce qui fait leur marque de fabrique, des voix à peine perceptibles, une musique entre la mélancolie et l’extase, Slowdive réalise un tour de force, sans doute grâce à la technologie moderne et à l’absence totale de pression. Mais surtout par un plaisir perceptible, qui est confirmé par les trois hommes de l’ombre du groupe, Nick Chaplin, Simon Scott et Christian Savill. Loin d’être des faire-valoir de Neil Halstead et Rachel Goswell, ils apportent durant cet entretien réalisé dans les loges de La Cigale lors de leur dernier passage à Paris, une vision différente du fonctionnement du groupe et de son état d’esprit actuel, et reviennent également sur la carrière du groupe dans le passé, sans aucune rancœur malgré les épreuves traversées. Continuer la lecture de « Slowdive : « La stratégie et nous, ça fait deux » »

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Marlon Williams, My Boy (Dead Oceans)

Au rayon Marlon Williams, on ne connaissait, jusqu’à il y a peu, que le grand Marley Marl, strict homonyme de l’homme qui nous intéresse ici. Mais on ne va pas jouer au malin et prétendre avoir été alerté il y a déjà dix ans par une poignée de disques réalisés en duo avec son compatriote Delaney Davidson, il n’en est rien ! Comme ce dernier, Marlon Williams est Néo-Zélandais et les deux musiciens ont œuvré communément, à l’abri de la hype, dans un domaine assez peu exposé sur nos terres : la country. Et pour intituler une série de disques Sad But True-The Secret History Of Country Music Songwriting, mieux vaut en avoir sous le pied. Continuer la lecture de « Marlon Williams, My Boy (Dead Oceans) »

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Ryley Walker : L’Homme pressé

Ryley Walker
Ryley Walker

Les 15 et 16 mai derniers, Ryley Walker était de passage en France, d’abord à Lyon, au Sonic, puis du côté de la Pointe Lafayette, à Paris. Très différents, ces deux concerts auront permis de rappeler que l’Américain est toujours l’un des plus brillants représentants de la nouvelle scène du rock psychédélique, mais aussi d’évoquer son excellent Course in Fable, produit par John McEntire et sorti au printemps 2021. Continuer la lecture de « Ryley Walker : L’Homme pressé »

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Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans)

Depuis 2010, Chaz Bundick a publié une demi-douzaine d’albums sous le nom de Toro Y Moi. Porté par la vague Chillwave aux côtés de Neon Indian ou Washed Out, le musicien californien a très vite pris les distances avec le genre et navigué au gré de ses intuitions. Chaque disque constitue alors un instantané de ses marottes personnelles. L’album What For? avait, par exemple, marqué les esprits en 2015 par ses accointances rock seventies et powerpop.  Si Toro Y Moi a annoncé que Mahal était en quelque sorte sa suite, l’album creuse certainement un sillon différent. À bord d’un Jeepney philipin, branché sur un ancestral poste de radio, l’album bourlingue dans les demeures abandonnées d’un rock psychédélique progressif cher à Todd Rundgren, frayant avec le funk des Isley Brothers. Continuer la lecture de « Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans) »

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Shame – La scène dans la peau

Shame
Shame, le 25 septembre 2021 au festival Lévitation à Angers / Photos : Coralie Gardet

A ce jour, mon meilleur concert reste celui de Shame, le 23 avril 2018, à la Maroquinerie. L’énergie de Charlie Steen et de ses quatre compères londoniens, transmise à un public en furie, s’était chez moi muée en un sentiment de puissance jusqu’alors inconnu, qui avait persisté pendant des heures : sur le chemin pas toujours rassurant du retour, je chantais les airs de Songs of Praise, prête à en découdre avec quiconque oserait m’importuner. Lorsque j’ai eu l’opportunité de les rencontrer le 25 septembre dernier, avant leur passage au Levitation France d’Angers, il m’a semblé évident d’axer notre discussion sur le live. Je me demandais : comment un tel groupe de scène, en pleine explosion, a-t-il survécu aux confinements et aux restrictions de ces mois passés ? Tout d’abord, en publiant en janvier un second album, Drunk Tank Pink, encore plus enragé que le premier, puis en trompant cette faim de spectacle, la leur comme la nôtre, avec Live in the Flesh, un docu-concert filmé au Electric Brixton de Londres en octobre 2020, présentant enfin les versions en sueur de sept de ces nouveaux morceaux.

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