Head toi et le ciel t’aidera

Au moment de la sortie du nouvel album de Michael Head, retour sur les chassés-croisés entre les jumeaux Head et Gallagher.

Michael Head
Michael Head

Il se passe des choses étranges  en Angleterre. Michael Head, accompagné de son Red Elastic Band, vient de réussir l’exploit de placer Dear Scott, son nouvel album, dans le top 10 des charts anglais. Remis en selle en 2013 par l’entremise et le travail acharné du label franco-anglais Violette Records, l’ancienne tête pensante des Pale Fountains perce (enfin) et joue (de nouveau) dans des salles de taille respectable. La performance est salutaire quand on se rappelle que Pacific Street s’est classé à la 85e place du top anglais la semaine de sa sortie et que Michael Head jouait, devant la caméra d’Arte, dans la cuisine de la maison de ses parents après l’arrêt prématuré des Paleys.

Au même moment, Liam Gallagher opère un raz-de-marée et submerge le Royaume-Uni avec le très prévisible C’mon You Know qui évoque, à certains moments, la musique des frères Head et plus précisément la partie écrite par John Head. D’ailleurs, le cadet des Gallagher a récemment repris John II, un morceau de Shack tiré des Fable Sessions et signé… par le cadet des Head.
Les deux fratries ont finalement la même faiblesse : le silence du cadet et le règne sans partage de l’aîné. Mais cet équilibre ne dure que le temps des premiers albums…

Mick & John Head, 1990.
Mick & John Head, 1990.

Les routes de ces deux fratries se sont croisées même si le destin leur a réservé un sort bien différent.  Au début des années 2000, Noel Gallagher, alors en panne sèche, monte le label Sour Mash. Têtu comme à son habitude, il s’entiche des Proud Mary, un obscur groupe anglais de Royton, qui ne jurait que par le Creedence. Le résultat fut décevant sur les plans artistique et commercial. En 2005, Noel Gallagher décide de signer les frères Head qui comme à leur habitude se trouvent dans la panade. Depuis le début des années 1980, Mick et John Head n’enregistrent que des grands disques mais mettent un point d’honneur à tout planter. En 2001, ils ont publiéHere’s Tom With the Weather, leur plus beau disque, sur North Country Records, l’éphémère label de Simon Moran. L’affaire tourne court de nouveau et laisse les deux frères sur le carreau. Financé par Noel Gallagher, Shack enregistre évidemment un grand disque (… The Corner of Miles and Gil) et ouvre pour Oasis lors des dates anglaises du Don’t Believe The Truth Tour. Ce qui devait arriver, arrive : Mick Head se fâche avec Noel Gallagher et l’affaire s’arrête là. Sour Mash met fin au contrat en publiant à la hâte Time Machine, le seul best-of de Shack qui fait écrire Hugo Cassavetti qu’Oasis ne sert qu’à faire découvrir Shack. Ce qui était tout sauf faux.

Noel & Liam Gallagher, Oasis
Noel & Liam Gallagher, Oasis

Aujourd’hui, la sortie concomitante de ces deux disques fait remarquer l’absence de John Head. Après avoir subi les errances de son frère, John Head est parti. Tout le monde regardait Mick alors qu’il fallait regarder Mick et John. Les compositions de John Head s’imposent au fur et à mesure de l’histoire de Shack. Absentes de Zilch (1988), elles sont au nombre de quatre dans … The Corner of Miles and Gil (2006). Avec elles venaient l’influence de Bert Jansch et d’une ribambelle élégante de compositeurs folks.

Aujourd’hui, il est le seul à être absent alors que les trois autres enchaînent les tournées. Il est certes revenu le temps d’une poignée de concerts en 2019 et avec dans leur sillon des rumeurs. John Head a assez de chansons pour sortir un disque solo. Des labels sont sur le coup. Depuis ? Un silence.

Et un type qui a écrit un titre comme Loaded Man (The Magic World Of The Strands, 1998) ne peut pas rester indéfiniment muré dans le silence.


Dear Scott par Michael Head & The Red Elastic Band est sorti sur le label Modern Sky UK

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