LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE JUIN 2022

Si cette nouvelle moisson de nouveautés démarre sur un nuage de douceur et s’épanouit dans la tendresse d’une pop mâtinée de soul, il ne faut jamais se laisser bercer inconsciemment sans s’attendre à d’autres émotions. Un orage post punk pourrait bien vous détourner de cette pause alanguie. Comme chaque mois, le choix de la rédaction présente toutes ses variations topographiques, ses virages bruts, mais il reste toujours deux heures de pop moderne dans le sens le plus éclectique du terme.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

1. Martin Courtney, Corncob (Domino)

Martin Courtney présentait le 24 juin dernier son second album solo, Magic Sign. Dès les premières notes de Corncob, impossible de s’y tromper : il s’agit bien du chanteur et guitariste de Real Estate. CG

2. Alex G, Runner (Domino)

Un single mélodique et addictif à écouter en boucle en attendant la sortie de son neuvième album le 23 septembre – Alex G ne nous déçoit pas. CM

3. Young Gun Silver Fox, West Side Jet (Légère Recordings)

Young Gun Silver Fox semble réglé comme du papier à musique. Deux ans après l’excellent Canyons, revoilà le duo prêt à sortir un nouvel album à la rentrée. Les deux musiciens creusent le sillon de leur soft rock estival des plus réussis. Shawn Lee créé un magnifique écrin à la voix sublime et soulful d’Andy Platts. Comme d’habitude, un véritable travail d’orfèvres passionnés par leur tâche. AGF

4. Drugdealer, Madison (Mexican Summer)

Le retour, tant attendu après 3 ans d’absence, de notre dealer préféré de musique. Drugdealer, de son vrai nom Michael Collins revient avec un single pop d’influence soul. Un son qui ravira nos oreilles sur les routes ensoleillées cet été. EB

5. Fonteyn, These Days (Born Losers)

Très jolie chanson pop à la production épurée mais délicate. Quelque part entre Carole King et Todd Rundgren. AGF

6. Son Parapluie (feat. Isobel Campbell), Paris n’existe pas (Europop 2000/80 proof)

Échange linguistique amoureux entre la discrétion artisanale d’Orwell et la voix d’Isobel Campbell taillée pour cette chanson années soixante ourlée avec soin et chargée de fantasme juste ce qu’il faut. Attention fragile. RS

7. Primevère, Sémiophore I (Figures Libres/Dear Deer)

Petite chanson lancée au galop qui tourneboule, hypnotique, surmontée de la voix voilée de Romain Benard et d’une guitare obsédante. La magie de Tours, forcément. RS

8. Cut Worms, Dream Most Wild (Jagjaguwar)

Si elles étaient sorties cinquante ans plus tôt, les chansons de Max Clarke seraient, pour sûr, devenues cultes. Or nous sommes en 2022, et personne ne semble remarquer l’immense talent du Californien. CG

9. Sylvie, Stealing Time (Full Time Hobby)

Avec son nouveau projet Sylvie, Ben Schwab (Golden Daze), ici accompagné de Sam Burton au chant, continue à raviver l’esprit Laurel Canyon des 60’s. CG

10. Angel Olsen, This Is How It Works (Jagjaguwar)

Après le majestueux All Mirrors paru en 2019, Angel Olsen revient à davantage de simplicité avec Big Time, un sixième album poignant, « country » peut-on lire, bien plus que cela en réalité. This Is How It Works en est, il me semble, le point d’orgue, ce moment où l’on baisse la garde, où cesse l’analyse, où les émotions l’emportent. CG

11. Cass McCombs, Unproud Warrior (Anti/Epitaph)

Depuis A, son premier album et chef d’œuvre paru en 2003, Cass McCombs n’a plus grand chose à prouver et pourtant, c’est son onzième album qu’il a annoncé en avril avec Belong to Heaven, un premier single emporté sur le thème du deuil. Le second, plus songeur, se déroule comme un récit sur le même sujet, toujours avec beaucoup d’élégance. CG

12. English Summer, An English Summer’s Day (Too Good To Be True Records)

Peut-on résister à un groupe australien dont le nom est English Summer ?! Double raison de succomber au charme intemporel de cette jangly pop, lettre d’amour à Factory et Sarah Records, à The Bodines et The Wake. CM

13. Fresh Pepper, Seahorse Tranquilizer (Telephone Explosion Records)

Ah non ! Pas un chaînon manquant entre un Lou Reed lascif et, euh, Frank Zappa ! Et pourtant. CC

14. Pearl & The Oysters (feat. Biche), Sonhando Com Nosso Amor (Feeltrip)

Le duo Pearl & The Oysters tente le français en compagnie de Biche pour notre plus grand plaisir. Cette bossa électronique mélancolique évoque les précédents groupes du duo : La Classe et surtout Les Polacks (Météo Blues). L’espace de 4 minutes, laissez vous porter par cette magnifique chanson, parfaite pour rafraichir la canicule actuelle. AGF

15. Automatic, Skyscrapper (Stones Throw Records)

Alerte : ce nouvel album est une bombe prête à faire exploser le trio de Los Angeles. Vous êtes prévenus. CG

16. Ben Shemie, The Return (Joyful Noise Recordings)

Ben Shemie revient en solo avec un envoûtant single, The Return, tiré de son prochain album Desiderata, qui a été enregistré avec le Molinari String Quartet. The Return is the last song and the conclusion of Desiderata. It is our hero’s return to earth, and a yearning for connection. The tightly arranged strings of the album give way to repetitive riffs of a TB303 synthesizer. The voyage into the deepest recesses of the universe reveal that the end is merely the beginning, and that the distant stars are actually inside of all of us.” CM

17. Fairy Tales In Yoghourt, Shape Mistakes (Pale Figure Records)

Quand il n’officie pas avec Bantam Lyons ou Yes Basketball, Benoît balance de bien belles chansons avec Fairy Tales in Yoghourt. Il nous présente là un séduisant et très prometteur premier extrait de son premier album qui sortira à l’automne. CM

18. BERRIES, Haze (Xtra Mile Recording)

Que faire lorsqu’une pandémie vient mettre brutalement sur pause les ambitions qui vous avaient poussée à quitter votre Norfolk natal pour Londres ? Travailler jusqu’à acquérir un savoir-faire suffisant pour se libérer de vos influences. C’est ce qu’on fait les filles de BERRIES (guitare-basse-batterie) qui sortent How We Function, leur premier album, le mois prochain. Comme en témoigne Haze, ces fans de Jimi Hendrix ont eu le temps de grandir, pour offrir des titres qui se situent quelque part entre Wire et Veruca Salt (voire Lush). PR

19. The Black Angels, El Jardín (Partisan Records)

Invariablement génial, Alex Maas reprend le bateau Black Angels, invariablement géniaux, pour un album à paraître à l’automne. Le présent puissant extrait et son clip – tout aussi présent, tout aussi puissant – procurent l’énergie manquante pour arracher les câbles de tous les climatiseurs de la rue, avant de lire Joanna Macy en attendant de disparaître. Nous ne verrons pas les prochains arbres, eux ne nous verront pas non plus – ils en verront d’autres – ils s’en moquent. CC

20. Vintage Crop, The Bloody War (Upset! The Rhythm/Anti Fade)

Dernier single en date des Australiens qui sortent leur quatrième album le 24 juin. Post-punk énergique et groovy qu’ils viennnent présenter en tournée française (passage à l’International à Paris) pour notre plus grande joie. VDPJ

21. The Garden, Freight Yard (Vada Vada)

The Garden fait tout le temps le même morceau, mais à chaque fois, ce morceau unique devient de mieux en mieux, alors peu importe. Premier single d’un album à venir quand le temps sera redevenu pluvieux, Freight Yard est l’un de ces morceaux parfaits dont on a envie de s’asperger continuellement. Riff de basse buté, guitares rachitiques aux cordes élastiques, batteries façon drum and bass sous morphine, et puis cette mélodie, complètement éteinte, de cowboy cramé mélancolique. Mélancolie en repeat. EV

22. Pigeon, Permanent Quest/Riged (Mangel)

Nos copains allemands reviennent avec ce deux-titres ravageur. Guitare appuyée, batterie martiale et ambiance pesante. L’artwork est signé Robin Roche. VDPJ

23. Horsegirl, Option 8 (Matador)

« Encore » un trio féminin qui sort son premier album, mais cette fois-ci du côté de Chicago où les jeunes filles de Horsegirl ont fait leur armes sur la scène teenage indépendante, qui s’est particulièrement épanouie ces dernières années sous la présidence de Donald Trump. Rapidement adoubées par leurs idoles (ou celles de leurs parents ?), à moins de 20 ans elles sortent un premier album enregistré sous la houlette de John Agnello, avec comme invités Steve Shelley ou encore Lee Ranaldo. Dans ces Versions of Modern Performance, les échos distordus de Dinosaur Jr. et de Sonic Youth sont plus que présents, même si le chant résonne davantage comme celui de Lætitia Sadier, une autre influence du groupe. Au-delà des ces références impeccables, il faut voir dans ces Versions la promesse d’un futur où la jeunesse sonique (re)prendra le pouvoir, possiblement après avoir (symboliquement) tué ses idoles. PR

24. Kitchen’s Floor, Haunted Houses (Eternal Soundcheck/Petty Bunco)

Sûrement le meilleur groupe Australien depuis plus de 15 ans. Tout en discrétion, Matt Kennedy renouvelle le line-up après une longue pause, puisque Battle Of Brisbane sorti chez Bruit Direct Disques remonte à 2015 ! Guitare rêche, chant nonchalant et désabusé ; la recette parfaite. On attend l’album avec impatience. VDPJ

25. Welcome Strawberry, No One Online (Too Good To Be True Records/Cherub Dream Records)

Welcome Strawberry est un nouveau groupe californien originaire d’Oakland, déniché par les Brestois Too Good To Be True. Leur premier album – shoegaze, dream pop et dissonances mélodiques – a été mixé par Jorge Elbrecht (Lansing-Dreiden et Violens) et masterisé par Dylan Wall (Craft Spells, Hibou, Naomi Punk, etc.). On fonce ! CM

26. Syndrome 81, Lumière magnétique (Destructure)

Tirée de leur dernier album Prisons imaginaires, Lumière magnétique est un surgissement new wave (basse en avant, toute) dans l’univers punk apocalypse du groupe de Brest. Pogo au ralenti sous la boule à facette. RS

27. CLAMM, Monday (Chapter Music)

Urgent et tendu, Monday sonne comme un coup de boule de réalité en pleine face après un week-end paisible. Mené par Jack Summers, le post punk sauvage de Clamm prend un coup de fouet supplémentaire avec un nouveau line-up et un album : Care, à venir le 19 août sur Meat Machine Records (UK/Europe/Asia) et Chapter Music (reste du monde). VDPJ

28. Gorillaz (feat. Thundercat), Cracker Island (Parlophone)

Après une excellente fournée de singles sur la première saison du projet Song Machine en 2020-2021, Damon Albarn donne l’impression qu’il pourrait réitérer la performance. Accompagné par un Thundercat qui, évidemment, balance une ligne de basse qui donne des fourmis dans les jambes et quelques harmonies vocales entêtantes, Albarn signe un petit tube electro-funk plutôt pêchu qui évoque le Gorillaz des années 2000, celui-ci qui savait utiliser ses guests avec parcimonie et croiser les genres comme si de rien n’était. EV

29. Laura Veirs, Eucalyptus (Bella Union)

Bonheur de la pop sans concept, pourtant pas sans évoquer un autre chef-d’œuvre, l’Adieu à l’enfance de La Féline. Passe-t-on son temps à dire au revoir dans les chansons ? Ou à simplement explorer toutes les occurrences (joyeuses, tristes, autres) de l’absence ? Vous avez quatre heures. CC

30. Pete Astor, English Weather (Tapete Records)

Sans doute celui qui saura donner le sens le plus touchant aux caprices de cet English Weather, l’ex-Weather Prophets Pete Astor revient avec ce qui sera son onzième disque depuis 1987. « Mon dernier album est sorti il y a cinq ans. Et peut-être encore plus qu’avant, il y a eu beaucoup de temps pour réfléchir ces dernières années. Time on Earth est une tentative de donner un sens à la vie en travaillant sur le sujet. » MG (via TS)

31. Perez, Miel (Etoile Distante/Kuroneko)

Bienvenue chez Perez, boîte de nuit dont la piste de danse semble se dérober sous l’avancée d’une mélancolie hantée, frontalement portée par le chanteur parisien en plein trouble. RS

32. Regina Spektor, Up The Mountain (Sire Records)

Pendant que les jeunes générations ont la chance de découvrir Running Up That Hill, les adultes feraient bien de suivre Regina Spektor au lieu de commenter la légitimité d’un numéro 1 propulsé par Netlfix. Les cordes lorgnent du côté de Bachelorette de Bjork, mais tout en légèreté, à l’image de Home, Before and After, son charmant huitième album. PR

33. Tristesse Contemporaine, Rude! (Records Makers)

Revirement de situation chez Tristesse Contemporaine : pas une seule guitare dans ce Rude! où le parlé chanté de Mike se confronte au hook de Narumi, sur une rythmique syncopée ultra… contemporaine. Tube total, on espere le voir vite balancé sur les TikTok de gamins de 13 ans autant que dans les club de darons boomers, à l’image du clip, transgénérationnel as fuck. Quatrième album produit par Lewis OfMan a venir bientôt. TS

34. Cobrah, Brand New Bitch (Artist Partner Group)

Est-ce que le nouveau single de Cobrah fait enfin dans la finesse ? Désolé, non, pas vraiment! Malgré un nouveau producteur, on y retrouve ce bon vieil electroclash dégoulinant et lubrique dont la Suédoise a fait son fonds de commerce, avec punchlines vicieuses (« never fuck with a rubber/so you call me your mother ») et beats qui creusent l’appétit. EV

35. Betonkust, It Comes In Waves (Betonkust)

« The older I get the less I care about gear. I didn’t use any expensive or exotic stuff. Korg Electribes (both the sampler and the synth), Korg M1, some Boss effects pedals, a cheap mixer, a Shure SM57 mic, a cheap guitar. For this album everything was recorded in FL Studio. » Ne change rien, Betonkust. CM

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