Young Gun Silver Fox, Canyons (Légère Recordings)

Young Gun Silver Fox

Sorti en mars dernier, en plein confinement, Canyons, troisième album de Young Gun Silver Fox, a la lourde tâche de succéder au superbe AM Waves. Le duo ne change ici guère la formule éprouvée sur les précédents albums : une plongée dans les contrées ensoleillées du Yacht Rock seventies. Canyons n’apparaît pourtant pas comme une redite. Un peu moins immédiat que son prédécesseur, l’album se laisse approcher délicatement. L’attente est récompensée, Canyons est un plaisir pour les sens et l’âme.

Andy Platts et Shawn Lee / Young Gun Silver Fox
Andy Platts et Shawn Lee / Young Gun Silver Fox

Andy Platts (Young Gun) chante divinement bien. Il n’en fait pas des caisses, toujours authentique et sincère dans son interprétation. Sa voix chaleureuse, puissante accompagne ainsi à merveille les arrangements organiques et généreux de son compère Shawn Lee (Silver Fox). En dix chansons, la formation anglo-américaine ravive le souvenir de la pop californienne mâtinée de funk et disco. Si Canyons ne révolutionne pas le genre, il en prolonge la volupté et l’euphorie. Hommage bienveillant, à un genre à fort éloigné des canons de la pop actuelle, l’album est une anomalie rafraîchissante. Qu’il est grisant d’entendre un disque soigné, bien enregistré et bien composé. Les harmonies vocales ravissent les oreilles, évoquant les meilleurs disques d’America (la sublime Who Needs Words). Les pianos électriques caressent, ils accompagnent un groove subtil et omniprésent emprunté aux meilleurs albums des Doobie Brothers et Steely Dan (Danny Jamaica). Le duo en Young Gun Silver Fox en évoque souvent un autre : Hall & Oates (Just for Kicks, Private Paradise). Comme les Américains, Platts & Lee conjuguent musique blanche et noire avec grâce et sans posture. Comment ne pas aussi penser à Earth Wind & Fire à travers le piano à pouces (ou marimba) de la languissante Long Distance Love Affair ou les cuivres rutilants de Dream Woman ? Things we left unsaid évoque, quant à elle, Superstition, dans une ode mélancolique et douce-amère. Au-delà des clins d’œil et références aux années soixante-dix, Canyons peut s’apprécier sans maîtriser les codes tant les deux musiciens ont réalisé un travail d’orfèvre aux qualités musicales évidentes (composition, interprétation, arrangement). Porté par une passion fiévreuse, Young Gun Silver Fox déroule dix chansons écrites avec amour et tendresse. Canyons ne cherche pas à vous épater avec des effets de manche bidons, il vous veut tout simplement du bien et emplir votre âme d’un doux sentiment d’indolence.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *