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Tom Petty, Wildflowers And All The Rest (Warner Records, 1994)

1994. Il y a deux manières – plus complémentaires que réellement contradictoires – de resituer l’instant dans l’enchainement des années. Côté adret, Tom Petty vient d’atteindre le point culminant de la trajectoire ascendante entamée dans la seconde moitié des années 1970. Pour Full Moon Fever (1989) et Into The Great Wide Open (1991), il a consenti à reléguer certains de ses compagnons d’aventure – les Heartbreakers – au second plan, pour privilégier un travail en studio plus ambitieux. Certains d’entre eux le supportent plus mal que d’autres – le pianiste Benmont Tench peu enclin à se plier à la stricte discipline taylorienne désormais instaurée pendant les enregistrements, le batteur Stan Lynch qui critique en coulisse les nouveaux penchants pop de son leader et finit par s’exclure lui-même du mouvement. Qu’importe leurs états d’âme. Les détails du générique paraissent presque secondaires tant les deux albums présentent de similarités formelles, façonnés à quatre mains par Petty et Jeff Lynne. Continuer la lecture de « Tom Petty, Wildflowers And All The Rest (Warner Records, 1994) »

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Simon Reynolds, Le choc du glam (Editions Audimat)

Depuis maintenant six ans, la revue Audimat permet à un discours critique et théorique ambitieux sur les musiques populaires de se développer. Un espace singulier dans le monde francophone, remarquable par son exigence et son ouverture, au sein duquel peuvent se côtoyer des articles aux thématiques aussi variées que le grime, l’auto-tune, Anne Sylvestre ou encore le Field Recording. Une aventure qui se poursuit logiquement aujourd’hui avec la création d’une maison d’édition, et la traduction de l’ouvrage désormais définitif de Simon Reynolds sur le glam rock. Un choix qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où Reynolds incarne une figure tutélaire pour toute une tradition d’écriture sur l’objet pop. On pense bien évidemment ici à son monumental Rip It Up and Start Again sur le post-punk, ou encore à Retromania, formidable réflexion sur la crise d’un certain modernisme et la nostalgie post-historique qui l’accompagne – pour ne pas évoquer d’autres ouvrages non encore traduits comme Energy Flash sur l’explosion rave britannique ou The Sex Revolts sur la politique musicale des sexualités. Avec Le choc du glam, nous retrouvons une approche caractéristique d’une démarche qui entend saisir un phénomène culturel comme un fait social total, et qui lui permet de creuser ce qui semble être l’une de ses grandes obsessions : l’interrogation sur l’histoire et la modernité, comme si la pop, en tant que forme imbriquée dès son origine aux techniques de production des industries culturelles, offrait un lieu privilégié pour appréhender les mutations du contemporain. Continuer la lecture de « Simon Reynolds, Le choc du glam (Editions Audimat) »

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Abécédaire Blur (2003)

Week-end Damon Albarn : retour en 2003 au moment de la sortie de « Think Tank »

Blur
Blur à Paris, en 2003 / Photo : Philippe Lévy

Bien plus qu’un simple septième album, le premier depuis quatre ans, Think Tank était le disque de tous les dangers. Placé en hibernation pour cause de projets parallèles chez Damon Albarn – surpris dans un grand écart périlleux mais victorieux entre la Jamaïque version Gorillaz et l’Afrique de Mali Music –, Blur pouvait ici tout perdre. Un enregistrement a priori chaotique allait même prendre des proportions plus dramatiques à l’annonce du départ de Graham Coxon, son guitariste, considéré par certains comme la véritable âme de la formation de Colchester. Pourtant, à l’écoute de cette merveille apaisée et tamisée, le néo-trio a tout gagné : un nouvel équilibre, de nouvelles voies à explorer. Entre dub polaire et ballades lunaires, pop crépusculaire et punk sanguinaire, Think Tank s’avère aussi surprenant que convaincant. Et se pose en nouveau chapitre de l’histoire d’un groupe en perpétuelle (r)évolution.

Interview : Estelle Chardac & Nicolas Plommée Continuer la lecture de « Abécédaire Blur (2003) »

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Le club du samedi soir #26 : Damon Albarn

Week-end Damon Albarn, partie musicale.

Damon Albarn
Damon Albarn at the beginning

Il faudrait évidemment bien plus qu’un seul week-end consacré à Damon Albarn pour illustrer la carrière de l’extrêmement prolifique et toujours jeune homme de Whitechapel. Interviewé dans nos colonnes ce matin, Nicolas Sauvage, auteur de Damon Albarn : L’échappée Belle aux éditions du Camion Blanc nous emmène en voyage dans les différentes décennies habitées par la musique du leader de Blur, Gorillaz, The Good, The Bad & The Queen à travers une playlist sélectionnée par ses soins. Toutes périodes mélangées, tous alias confondus, histoire de souligner une fois encore le génie total de l’anglais.

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Nicolas Sauvage : « Damon Albarn a posé les fondations de la britpop »

Week-end consacré à Damon Albarn, avec un décryptage de son parcours par l’auteur d’une biographie sur l’anglais.

Damon Albarn
Damon Albarn / Photo : Linda Brownlee

Après un premier ouvrage sur Paul Weller, Nicolas Sauvage publie Damon Albarn : L’échappée Belle aux éditions du Camion Blanc. Contrairement à ce que clame haut et fort Peter Hook, il n’a pas été le seul à avoir marqué au fer rouge l’histoire de la musique avec deux groupes différents. C’est ce que nous raconte avec passion et érudition Nicolas Sauvage en retraçant le parcours atypique d’Albarn. Peu ont réussi au long de leur carrière à se frotter à des styles aussi différents que le baggy, la pop, la musique africaine ou le hip hop sans se ridiculiser. En plaçant systématiquement l’œuvre d’Albarn dans le contexte de l’époque, Nicolas Sauvage réussit la prouesse d’accrocher le lecteur comme dans un roman. À aucun moment, il n’impose sa connaissance pourtant encyclopédique du sujet. Il préfère aller à l’essentiel, suggérer, partager modestement. Les fans hardcore y apprendront quelques informations et les néophytes rentreront aisément dans l’univers d’Albarn. Au-delà de la référence à la carrière du musicien, titrer son livre L’Echappée Belle est également un excellent résumé du plaisir que l’on prend à le lire.


A écouter ce soir sur section26 : Le Club du Samedi Soir #26 consacré à Damon Albarn.
Bonus à la fin de l’article : quelques bonnes feuilles de l’ouvrage de Nicolas Sauvage.
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Horizons sensibles – Lost Horizons, Tran Anh Hung, Andrea Serio

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Lost Horizons
Pochette de l’album « In Quiet Moments » de Lost Horizons / Photo : Jacques-Henri Lartigue

C’est comme un bleu dilué dans le lait ; le ciel se réverbère, gracieusement, sur le blanc-cassé des dunes. Les couleurs sont tendres et pourtant les rafales du vent rappellent, violemment, au promeneur qu’ici tout idée de confinement est une injure. Dunes de Keremma, là où le sable blanc semble comme veiné par de hautes herbes roussies du sel des rivages. La baie est enluminée de rayons sortis de nuages en forme de nénuphar, l’horizon se partage entre un bleu majorelle et un rose cuisse de nymphe. C’est mon nouveau terrain de cœur, mon lieu de vie. Continuer la lecture de « Horizons sensibles – Lost Horizons, Tran Anh Hung, Andrea Serio »

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Bernardino Femminielli reprend “Moi, mes histoires” de Régine (inédit)

Bernardino Femminielli
Bernardino Femminielli avec son chien Poulet / Photo : Hans Neumann


Moi, mes histoires / Certains soirs /
Je les raconte / Au miroir /
Alors bien sûr / Tu peux voir / La fêlure

C’est dans la robe de velours au goût de tragique de Régine, signée à l’origine par le couple Dabadie/Polnareff en 1978, que Bernardino Femminielli nous fait l’honneur de se glisser aujourd’hui. « J’écoute ce morceau depuis une dizaine d’années. Il représente pour moi les nombreuses vies imaginées qui sont projetées devant un public ou des gens qui nous sont proches. Moi, Mes Histoires pourrait être une chanson qui parle des erreurs de parcours et d’humilité face à la désillusion du showbiz. Les histoires inventées sur scène ont fini par y croire et à se les approprier mais lorsqu’on réussit à s’en départir on réalise les beaux moments qu’elles ont pu nous offrir. Pour moi c’est une chanson qui parle de courage sans tomber dans l’héroïsme. » Continuer la lecture de « Bernardino Femminielli reprend “Moi, mes histoires” de Régine (inédit) »

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Selectorama : Kevin Linn (Paisley Shirt Records)

Quelques sorties made in Paisley Shirt.

Créer un label, c’est parfois l’occasion de sortir sa propre musique. C’est le cas avec Paisley Shirt, en provenance d’outre-Atlantique, du côté de San Francisco. Vers 2013, Kevin Linn est rejoint par Nate Rogers et Alex Machock, qui jouent alors ensemble dans Volunteer Dad. Ils commencent parallèlement à sortir des cassettes d’indie pop de qualité, telles que celles de The Milky Baskets (où on retrouve Kevin), Gay Fox (où joue aussi Alex) ou The Paranoids (où officie Nate). Après quelques sorties, Nate et Alex quittent le navire pour laisser Kevin seul aux commandes. Dans le vivier des groupes Franciscains, il pêche ses idées de sorties après les concerts qu’il a vu, ou est contacté par des groupes amis. Certaines formations lui envoient également des démos, et il met du cœur à l’ouvrage, écoutant tout ce qu’il reçoit, en bon stakhanoviste de la bande magnétique.

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