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Raoul Vignal reprend « Take Me Home (Part 2) » de Cabane

Raoul Vignal Thomas Jean Henri Cabane
Raoul Vignal et Thomas Jean Henri / Cabane

Au début, je n’ai pas voulu l’écouter. Parce que je trouve tellement parfaite la version originale de cette chanson admirable – sa douceur, sa mélancolie érigée en art de vivre, la voix feutrée de Bonnie « Prince » Billy, les chœurs qui emportent le cœur – que je me suis dit “à quoi bon” ; Et aussi, parce que je peux bien l’avouer, depuis quelque temps maintenant, je suis incapable de réécouter cette chanson, et le sublime album auquel elle appartient (Grande Est La Maison, un petit chef d’œuvre d’intimité déclinée en clair-obscur) qui ont bercé mon quotidien pendant plusieurs semaines – ces semaines de confinement dont je ne me rendais pas compte à quel point elles étaient traumatisantes. Mais ne plus pouvoir écouter un disque, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive et en général, ça m’arrive avec des disques importants – le dernier, c’était La Question de Françoise Hardy, que j’ai tenu éloigné de ma platine pendant presque deux ans

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« À la ligne » sur scène : Joseph Ponthus, Michel Cloup et Pascal Bouaziz

Joseph Ponthus

J’écris comme je pense sur ma ligne de production divaguant dans mes pensées seul déterminé
J’écris comme je travaille
À la chaîne
À la ligne

Ce sont peut-être ces mots qui m’ont happée dès la première lecture, ces mots et puis tous les autres, ceux du poétique et nécessaire roman de Joseph PonthusÀ la ligne, publié en janvier 2019. Un matin, j’ai écrit tout le bien que je pensais de ce texte sur un réseau social et le soir, l’auteur m’a appelée (je me souviens bien, j’étais dans mon bain et l’eau avait eu le temps de refroidir avant que je ne pense à en sortir). Avec Joseph, nous avons longuement parlé, du singulier, du collectif, du cœur qui continue d’espérer. C’était formidable. Le bonhomme rencontré un peu plus tard est à l’image de son texte, humble, intense et d’une grande générosité. Je n’ai donc pas été surprise, mais c’était encore mieux que ce à quoi je m’attendais. Continuer la lecture de « « À la ligne » sur scène : Joseph Ponthus, Michel Cloup et Pascal Bouaziz »

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Section Sixteen #4 : Mayli, 16 ans

Qu’écoutent réellement nos kids ?

Khalid 8teen
Extrait de la Lyrics Video de Khalid, « 8teen ».
Section16
Logo : Gabrielle

Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la quatrième mixtape de cette série, concoctée par Mayli, 16 ans.

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Selectorama Jonathan Fitoussi

Jonahan Fitoussi
Jonahan Fitoussi / Photo : Oliver Vaccaro

Le nouvel album de Jonathan Fitoussi, Plein soleil, file la double métaphore de la luminosité et de la géographie imaginaire. Une manière de convoquer l’utopisme futuriste typique des débuts de la musique électronique : comme par exemple avec Amazonie ou encore Vents magnétiques, qui évoquent certaines figures mythiques comme celles de Morton Subotnik ou de Suzanne Ciani, en célébrant cet art subtil de la synthèse modulaire analogique et ce qu’elle peut porter comme visions d’avenir fantasmatiques. Et pour le coup, l’album de Jonathan Fitoussi place la barre très haut. Sa force d’évocation révèle un musicien en pleine possession de ses moyens. Continuer la lecture de « Selectorama Jonathan Fitoussi »

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Jerry Paper, Abracadabra (Stones Throw Records)

Jerry PaperL’été fut l’occasion de rattraper un peu notre retard sur l’année écoulée en matière de nouveautés. Sorti mi-mai, quelques jours après la fin du confinement, Abracadabra de Jerry Paper n’avait pas eu l’honneur d’une chronique ici contrairement à Like a Baby, son prédécesseur, sorti fin 2018. Enfin physiquement récupéré et posé sur la platine, Abracadabra est aussi séduisant que le précédent si ce n’est plus. Certes Jerry Paper reste fidèle à son esthétique et continue d’œuvrer dans la même direction mais le résultat est toujours aussi charmant, espiègle et élégant. Continuer la lecture de « Jerry Paper, Abracadabra (Stones Throw Records) »

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Alex Izenberg, Caravan Château (Domino)

alex izenbergLe californien Alex Izenberg a tout de l’élève trop doué et fantasque qui sait qu’il n’a pas besoin d’en faire trop. Son premier album Harlequin, paru en 2016, en a sûrement perdu plus d’un alors que celui-ci célébrait une belle folie dandyesque masquée par un certain je-m’en-foutisme. Il faut reconnaître au garçon, par ailleurs diagnostiqué schizophrène, le don de frustrer son auditoire et maquiller sous des faux airs de démos à peine abouties des compositions pop baroques et psychédéliques pourtant au final vraiment exquises. Quelque chose comme les ambitions démesurées d’un jeune Van Dyke Parks enregistrées sur un 4-pistes de seconde main et accompagnées par la fanfare de la MJC du coin. Continuer la lecture de « Alex Izenberg, Caravan Château (Domino) »

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The Apartments – Sans Domicile Fixe (1995)

The Apartments
Interview The Apartments, extrait du numéro 1 de la RPM, daté de mars-avril 1995.

On ne doit pas rencontrer ses héros ? Sans doute. Mais il y a toujours des exceptions. Lorsque j’ai rencontré Peter Milton Walsh pour la première fois, c’était dans les locaux de son label français – New Rose, peut-être – un matin de novembre, au lendemain d’une prestation électrique au festival des Inrockuptibles. Je crois qu’il avait une légère gueule de bois – et il n’a donc pas dû s’apercevoir que je tremblais légèrement et que j’avais la bouche désespérément sèche. Au moment de lancer le magnéto pour enregistrer ses propos, je ne me doutais pas qu’on parlerait de Kylie et de Dusty, je ne me doutais pas qu’il me laisserait un exemplaire de son premier 45 tours. Et je me doutais encore moins qu’un quart de siècle plus tard, j’écrirais encore à son son sujet – avec la même peur de ne pas être à la hauteur. 

À l’orée des années 90, on avait depuis longtemps rédigé l’épitaphe de Peter Walsh et de The Apartments. « Compositeur australien surdoué, contemporain de Robert Forster et de Grant McLennan, responsable d’un album essentiel – The Evening Visits… Ans Stays For Years – et d’une poignée de singles. A disparu aux environs de 1987, sans laisser d’adresse ». Et puis, l’an passé, l’homme donnait de ses nouvelles, comme si de rien n’était. Drift, disque bleuté et séduisant, confirmait un talent intact. Aujourd’hui, Peter Walsh annonce même la sortie prochaine d’un nouvel album. Une occasion rêvée pour une visite guidée inespérée. État des lieux.

Interview : Les Frères Poussière. Photos : Michelle Pavlou

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Musical Ecran 2020 : « A Bright Light, Karen and the Process » d’Emmanuelle Antille

Karen Dalton
« A Bright Light, Karen and The Process » d’Emmanuelle Antille

Musical Ecran BordeauxDisparue en 1993, dans sa maison de Woodstock et dans l’anonymat le plus complet, Karen Dalton n’aura finalement laissé qu’une très maigre discographie, puisque celle-ci ne comprend que deux albums officiels, It’s So Hard to Tell Who’s Going to Love You the Best (1969), son chef-d’œuvre, In My Own Time (1971), un disque plus inégal (même s’il contient la meilleure version connue du classique folk Katie Cruel), ainsi qu’une poignée de home recordings, sortis après sa mort et de plus ou moins bonne qualité. Pourtant, si modeste qu’elle soit, cette discographie aura suffi à transmettre l’essentiel, c’est-à-dire l’empreinte d’une voix unique, que beaucoup ont comparée à celle de Billie Holiday et qui, abîmée par l’alcool, les drogues et la vie, donne souvent le sentiment d’avoir affaire à une vieille âme ayant traversé les âges pour s’échouer dans une époque où elle n’aura, in fine, jamais vraiment réussi à trouver sa place.

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