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Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI)

Kings Of ConvenienceTout pourrait commencer par un souvenir, un souvenir de vingt ans. Une péniche à Amsterdam, une trentaine de personnes et puis, nous. Et puis, eux. Eux qui sont deux. L’un plutôt calme, poli, distant – introverti pour faire (trop) vite ; l’autre plutôt facétieux, bavard, rigolard – extraverti pour faire (trop) vite. Il est un peu tard – ou pas tant que ça en fait, l’automne a pris ses quartiers et c’est déjà l’heure d’hiver. La nuit est tombée, la salle est plongée dans la pénombre et ils annoncent un dernier morceau, un rappel comme improvisé parce que c’est ce que veut ce public clairsemé. Même en version dénudée – une guitare, une voix –, la chanson résonne comme un hit. Et ça n’en sera bien sûr jamais vraiment un, mais la RPM avait fait en quelque sorte une spécialité de cela : s’enticher de chansons qui auraient dû être des hits mais qui n’en sont jamais devenus… Continuer la lecture de « Kings Of Convenience, Peace Or Love (EMI) »

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Frøkedal & Familien, Flora (Autoproduit)

Frøkedal & Familien

On avait déjà évoqué en ces pages – virtuelles, certes, mais pages tout de même – le talent d’Anne-Lise Frøkedal à l’occasion de la publication de l’avant-dernier album d’I Was A King  – Slow Century (2019) – l’un des groupes auxquels elle continue de contribuer tout en construisant depuis 2016 un parcours plus personnel. Troisième étape de cette carrière solo, Flora confirme les dons singuliers d’auteur et d’interprète de la Norvégienne. Les poncifs de l’écriture pop associent fréquemment les femmes qui chantent – a fortiori, quand elles évoquent des images naturalistes, comme c’est souvent le cas sur Flora, et en particulier sur Set Your Spirit Free, jolie protest-popsong aux échos écolos – à des figures imaginaires confortablement balisées : les fées des bois souvent, les sorcières parfois. Continuer la lecture de « Frøkedal & Familien, Flora (Autoproduit) »

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I Was A King, Slow Century (Coastal Town Recordings)

Partager généreusement un peu de l’héritage reçu ; raviver passionnément quelques une des étincelles du flambeau transmis par d’autres : on pourrait trouver de plus mauvais motifs pour fonder un groupe. Après tout, c’est bien cette impulsion initiale qui animait certains de nos artistes préférés. Au début des années 1990, Teenage Fanclub honorait ainsi la mémoire de Gene Clark (1993) et œuvrait activement à la réhabilitation de Big Star. Continuer la lecture de « I Was A King, Slow Century (Coastal Town Recordings) »

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FAME 2019 : Lords Of Chaos de Jonas Åkerlund

Maman j’ai pas raté la prison

« Lords Of Chaos » de Jonas Akerlund
FAME 2019
En partenariat avec le festival FAME

Depuis que des copies ont commencé à circuler, on dit déjà un peu tout et n’importe quoi sur Lords Of Chaos, adaptation cinématographique du livre culte et déjà controversé en son temps de Michael Moynihan et Didrik Søderlind sur la genèse et les faits divers qui ont instauré une mystique autour du Black Metal norvégien. Financé par Vice, qui n’en sont pas à leur première tentative d’appropriation culturelle, et réalisé par Jonas Åkerlund, ex Bathory – groupe à l’influence majeure sur nos petits camarades ; clippeur reconnu et parfois sulfureux (sic) pour Madonna, U2, Metallica, Lady Gaga, Rammstein et The Prodigy (Smack My Bitch Up, c’est lui), le film vaut pourtant plus que les critiques apocalyptiques qu’il génère au sein des cénacles concernés.

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Trier sélectif

Joachim Trier
Joachim Trier et Nicolas Plommée / Photo : Hannah Molin Delafosse

La quarantaine juvénile, le réalisateur norvégien Joachim Trier s’enflamme comme au premier jour à l’évocation de sa découverte 35 ans plus tôt du Planet Rock d’Afrika Bambaataa & Soulsonic Force. Sa passion de la musique, et plus précisément de celle à l’honneur dans Section26, n’est évidemment pas exclusive parmi les cinéastes contemporains. Mais votre serviteur avait beau avoir retenu le “bon goût” évident de la B.O. d’Oslo, 31 août, le film qui l’a fait connaître en France en 2012, c’est bien la vision ultérieure du précédent Reprise, rebaptisé ici Nouvelle Donne, son premier long-métrage, qui mettait la puce à l’oreille. Tant de signaux aussi ostensibles ne sauraient être innocents : il ne s’agit plus de (se) donner un genre et adopter une pose “rock”. Joachim Trier sait de quoi il retourne, et ses personnages en train de courir en t-shirt Joy Division dans un parc, en train d’échanger dans un salon où peuvent être distinguées pochettes des Smiths comme des Cramps et capables de reprendre en chœur un refrain obscène en norvégien lors de concerts “pour de faux” paradoxalement plus vrais que nature, sont faits du même bois que vous et moi. Norvegian Wood indeed. Continuer la lecture de « Trier sélectif »