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« Root by Root » par Chalk crisse à souhait

Chalk
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Après des démos sorties en cassette sous le manteau ou presque chez Sutra en 2017, le texan Barry Elkanick, que l’on à vu officier dans Institute et Blue Dolphin, présente son premier LP à paraître le 22 Juillet prochain chez l’excellent Post Present Medium, le label de Dean Spunt du groupe No Age. Sur Root by Root, premier single de cet album qui commence (plus ou moins) en douceur, la guitare bringuebalante se déroule et pourrait bien correspondre à la bande-son d’un voyage en voiture au crépuscule. La suite s’emballe, la voix lointaine de Barry pique au vif et fait accélérer le tempo, elle apporte de la noirceur au morceau, et le duo basse-guitare alourdit l’ensemble qui finit en fracas. Continuer la lecture de « « Root by Root » par Chalk crisse à souhait »

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Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records)

Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records)Pour tenter de restituer l’enthousiasme éprouvé à l’écoute d’un album, l’exercice critique consiste, la plupart du temps, à articuler tant bien que mal des arguments particuliers avec le registre générique de l’événement. Pour évoquer, à la fois, ce qui surgit de manière étonnante en modifiant la situation préalable et ce qui doit être considéré comme important, par sa valeur discriminante. Quel que soit le point de vue dont on le considère, ce nouvel album de Boo Hewerdine a tout d’un anti-événement. D’abord parce que, selon toute vraisemblance, il n’altèrera pas le flux tranquille d’une carrière au long cours, entamée dans les marges presque confidentielles il y a bientôt quarante ans. En groupe (The Bible, State Of The Union), en duo avec Eddi Reader ou Chris Difford et le plus souvent en solo : Hewerdine n’a jamais cessé d’accumuler régulièrement les jalons d’une œuvre dont un récapitulatif indispensable a permis, l’an dernier, de saisir quelques-uns des éléments obscurs et essentiels – Selected Works, 2021. Comparé aux épisodes précédents, ce qui semble être son quinzième album solo – à ce degré de profusion, les décomptes comportent sans doute une marge d’erreur – ne contient donc rien de radicalement neuf. Il n’apparaît pas non plus comme le point culminant qui dispenserait de tout retour attentif sur le long parcours qui l’a précédé. Ni révélation, ni chef d’œuvre ultime dans cet ensemble quatorze nouvelles chansons trop tranquilles. Et pourtant, sans la moindre prétention tapageuse à l’attention, elles ont fini par s’incruster dans le quotidien, évinçant au passage bon nombre de leurs concurrentes aux charmes plus immédiats ou plus clinquants. Continuer la lecture de « Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records) »

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Suede : Beautiful ones

Interview mots-clés de 1996, juste avant leur date parisienne ce 17 mai.

Suede
Suede / Brett Anderson, Bernard Butler, Mat Osman et Simon Gilbert


À l’heure où Suede est en passe de donner un unique concert français – le 17 mai 2022 à Paris, Salle Pleyel, un an et un mois après la date prévue pour cause de pandémie qui n’en finissait plus (il s’agissait de fêter le 25e anniversaire de la sortie de Coming Up, l’album du quitte ou double), la tentation était trop forte pour ne pas se replonger dans les méandres musicaux du siècle dernier.

Premier ambassadeur d’une britpop créée de toutes pièces par une presse anglaise au sommet de son art médiatique, le groupe mené par Brett Anderson et Bernard Butler a défrayé la chronique au début des années 1990. À la fois gardien et héritier d’une tradition pop britannique – comprendre arty mais populaire –, il va diviser l’opinion tout en goûtant aux plaisirs d’un succès démesuré dans ses contrées, avant de se retrouver au bord du précipice, suite à la rupture théâtrale entre ses deux têtes pensantes. Porté à bout de bras par un chanteur exalté, le groupe va trouver les ressources – morales, créatrices – pour rebondir et signer ce troisième album décisif et jouissif, qui lui avait valu les honneurs d’une couverture de la RPM en septembre 1996. Et c’est précisément la formation qui a signé ce Coming Up électrisant qui revient sur le devant de la scène de la salle Pleyel… Flashbacks. Continuer la lecture de « Suede : Beautiful ones »

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Climats #17 : Jens Lekman, Juli Zeh

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #17 : Jens Lekman, Juli Zeh »

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The Songwriting Preservation Society : Tim Keegan et Stéphane Auzenet

Deux dates ensemble fin mai pour ces orfèvres de la composition pop.

Tim Keegan et Stéphane Auzenet
Tim Keegan et Stéphane Auzenet (The Reed Conservation Society) / Photo : Philippe Dufour

Comme toutes les idées brillantes, celle-ci s’impose comme une évidence une fois qu’elle a été énoncée. En l’occurrence, réunir au cours d’un week-end printanier pour deux soirées consécutives – les 21 et 22 mai – deux des tenants les plus remarquables d’une conception classique de l’écriture, d’un artisanat du songwriting, traditionnel mais pas désuet. De ceux qui persistent à prêter aux mélodies et aux textes une attention précieuse et modeste à la fois. D’un côté de la Manche, Tim Keegan qui, après trop d’années d’éclipse, a récemment ressuscité Departure Lounge ; De l’autre Stéphane Auzenet qui est déjà parvenu, en un brillant triptyque de trois Ep’s avec The Reed Conservation Society, à s’affirmer comme l’une des plus fines plumes musicales de nos environs hexagonaux. Autant dire qu’on pressentait que ces deux-là pouvaient bien avoir deux ou trois choses en commun à échanger. D’où cette discussion du dimanche midi, à l’heure du digestif dont nous avons eu la chance d’être le témoin. Continuer la lecture de « The Songwriting Preservation Society : Tim Keegan et Stéphane Auzenet »

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Les rêves lo-fi de Luke Lover

Tout premier disque désarmant pour l’allemand originaire de Constance

Luke Lover
Luke Lover / Photo : Lynn Gerstmair

Du côté de Constance en Allemagne, Lukas Stadler aka Luke Lover joue dans le groupe garage punk The Jimmy’s, et participe à l’aventure au Horst Klub, salle de concert-skatepark nichée au bord du lac de Constance côté Helvète. N’interrogez pas vos moteurs de recherche préférés, le voici avec une première cassette chez Hidden Bay records (un label toulousain que l’on aime beaucoup) et We don’t Make It Records, la maison Suisse de Romain Savary de Léopardo, dont on vous a également déjà parlé. Continuer la lecture de « Les rêves lo-fi de Luke Lover »

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Selectorama : Tess Parks

Tess Parks
Tess Parks / Photo : Baron Wolman

Il est facile de douter de la sincérité de certains artistes. Prenons le cas de Tess Parks par exemple. De l’extérieur, on ne la sent pas vraiment à sa place, un peu paumée et détachée. Devenue la muse d’Anton Newcombe le temps de deux sympathiques albums sortis en duo et de nombreux featurings, on doutait de voir arriver la suite de son premier LP solo sorti en 2013. Nos impressions n’étaient pas totalement fausses puisque Tess a elle-même choisi d’arrêter la musique pendant plus d’un an pour se consacrer à la peinture. Jusqu’au déclic qui nous amène à la sortie de l’épatant And Those Who Were Seen Dancing, nouvel album au psychédélisme microdosé et aux mélodies subtiles. Le travail sur le son est particulièrement réussi, vous enveloppant sans permettre de lâcher prise, jusqu’à ce que la voix de Tess vous pénètre pour vous asséner le coup final. En ce sens, c’est un disque de communion avec l’auditeur, celui qui permettra certainement de comprendre qui est Tess Parks. Le Selectorama qu’elle nous propose est le compagnon parfait de l’album. Entre perles pop, psychédélisme moderne et morceaux dépouillés jusqu’à l’os, il offre une bonne vision de sa palette artistique. Promis juré Tess, on ne doutera plus jamais de ta sincérité. Continuer la lecture de « Selectorama : Tess Parks »

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Les chansons bleues

Depuis 15 ans, Mikhaël Hers truffe ses films de pépites pop et de références à nos groupes préférés. État des lieux avec l’intéressé.

Mikhaël Hers
Mikhaël Hers

Tenter lors d’une interview de déterminer de mémoire, sans béquille digitale, et durant plus de trois minutes quelle est la référence (Sarah 16 ? Sarah 22 ? 30 ?) du You Should All Be Murdered de Another Sunny Day n’est pas le genre d’exercice auquel on s’adonne avec régularité. On pourrait à l’extrême rigueur se livrer à cette passe d’armes avec un confrère journaliste ou une fan avinée au comptoir du Motel. Mais pas avec un cinéaste, français qui plus est. C’est pourtant la seconde fois que cette question existentielle nous anime, Mikhaël Hers et moi. Continuer la lecture de « Les chansons bleues »