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Nick Cave, Foi, Espérance et Carnage (Éditions de la Table Ronde)

My solution was a simple one. I decided to avoid whenever I could all of these words and instead use the one simple English word that evokes the whole notion of relationship : you.

Norman Fischer

La personne se tient debout, au bord gauche de la fosse, tournée vers jardin. Juchée sur l’une de ces parois qui guident et séparent les foules quand on les regroupe, elle pousse le ciel de sa main. Et le public, tout le public face à elle fait de même, un geste lent et répétitif qui forme une vague, une autre, un déferlement ralenti, c’est une ballade, c’est Push the Sky Away, et nous poussons le ciel de la main de même, comme s’il pouvait attendre. Après, le silence et la nuit.

Nick Cave sait mettre sa discrète ironie en pause aux moments opportuns – chacun de ses concerts.

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Musical Ecran 2023 / « The Birthday Party, Mutiny In Heaven » de Ian White

Nick Cave & The Birthday Party
Nick Cave & The Birthday Party

Il y a les faits. Et la légende. Dans le cas présent, les frontières sont plus que ténues. C’est un brouillard épais d’alcool, de fumées de cigarette, d’héroïne – celle bien sûr qu’on croise seulement dans les chansons de Lou Reed –, de notes griffonnées sur des feuilles arrachées, de sueur, de bière et autres alcools, c’est ce brouillard qui empêche de discerner le vrai du faux, de ce qui a été réellement vécu et de ce aurait pu (ou dû) l’être… Et vous savez quoi ? On s’en fout – vraiment. Alors voilà. Avant d’être père martyr et caution pour toute personne désireuse d’avoir une discothèque prise un tant soit peu au sérieux, Nick Cave était le chanteur d’un groupe complètement hors-sol, complètement intransigeant, complètement différent de ce qui se faisait alors. Alors ? Le début des années 1980.  Continuer la lecture de « Musical Ecran 2023 / « The Birthday Party, Mutiny In Heaven » de Ian White »

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Anita Lane reprend « Sexual Healing » de Marvin Gaye (1993)

Anita Lane
Anita Lane / Photo : Courtesy Mute

Anita Lane* n’avait pas le référencement naturel et ancré. Fondatrice des Bad Seeds aux côtés de Nick Cave, on ne sait que peu de choses d’elle, si ce n’est sa traversée du milieu post-punk australien, via Londres et Berlin. Et quelques hommes. Plus qu’inspirés en la regardant et, pourquoi pas, en l’écoutant. Ils brillent dans le chemin d’Anita, comme on sème des petits cailloux blancs pour ne pas trop se perdre en route. « La plus talentueuse d’entre nous », dira Nick Cave. Peut-être s’est-elle finalement perdue à donner aux Bad Seeds ses plus grands morceaux, entre autres From Her to Eternity et Stranger Than Kindness, ainsi que plusieurs chansons pour le groupe The Birthday Party.

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Marc Almond & La Magia, The Stars We Are (Strike Force entertainment / Cherry Red)

Marc Almond
Marc Almond

Du précédent et bien nommé Mother Fist And Her Five Daughters (1987), nous avions un souvenir biaisé, évoquant les bas fonds barcelonais, le stupre (toujours, oui) et une atmosphère à la fois feutrée et vaguement angoissante. Suite à une dithyrambe bien sentie de Bayon dans Libé, nous rentrions enfin de plain-pied dans un disque solo de Marc Almond, et le réécouter aujourd’hui (pourquoi se gêner, hein) nous constatons ébahis que la veuve poignet n’était pas si honteuse et étouffante que ça. Bien que jouant encore sur sa fibre méditerranéenne, Almond y met déjà beaucoup plus de lumière qu’à l’accoutumée. Mais rien ne nous préparait alors à la luxuriance du suivant, le parfaitement intitulé The Stars We Are (1988), richement réédité ces jours-ci via Cherry Red. Ici, fini les caves sombres du Barrio Chino, tout y est excessif, merveilleusement troussé, en un mot : fabuleux. Fini la bamboche, bienvenue à Las Vegas. Qu’Almond quitte alors Virgin pour Parlophone, tout en gardant ses attaches chez Some Bizzare, ne doit pas être étranger à cette débauche absolue de lyrisme, d’intensité et de lumière. Si sur son successeur Enchanted (1990*) le beau Marc s’étouffe parfois sous les paillettes et le régime chantilly y amarena, le strass est ici alors à une dose parfaitement maîtrisée, excessive mais juste, le glaçage est toujours épais mais encore digeste.  Continuer la lecture de « Marc Almond & La Magia, The Stars We Are (Strike Force entertainment / Cherry Red) »

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Pictures on my wall : Éric Pérez

Photo : Éric Pérez
Photo : Éric Pérez

Un Breton aux origines espagnoles, amoureux du Pays Basque et du ballon ovale : a priori, il y avait de fortes chances pour qu’on s’entende, Éric et moi. D’autant qu’en plus de tout cela, il y avait une certaine insouciance, un gout sûr pour le Rioja et donc, la musique. Dans l’équipe de Magic Mushroom puis parmi les quatre cofondateurs de la RPM, il tenait à merveille le rôle du taiseux : observateur plus que bonimenteur, il prenait la parole toujours à bon escient et se démarquait de nous tous par ses gouts fortement ancrés dans une certaine tradition rock – à prendre dans son sens non galvaudé – et je crois que sa sélection de photos confirme un peu cela. Continuer la lecture de « Pictures on my wall : Éric Pérez »

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La note essentielle – Nick Cave, Henry David Thoreau, Jacques Doillon

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Nick Cave
Nick Cave, sur la pochette de « The Firstborn Is Dead » (1985)

On ne devrait se dévouer qu’à l’essentiel, au mot juste, à la note intime – au visage aimé. Lou Reed a tourné, toute sa vie, autour des trois mêmes accords. Et pourtant, que de belles chansons. Je me souviens de Michel Serrault, dans Nelly et Monsieur Arnaud, se séparant de l’ensemble de sa bibliothèque ou presque, ne gardant qu’une étagère. Il avoue – toute sa vie ne tient qu’à ces quelques livres. La vie amène trop de dispersions et de mensonges. Je repense à ma propre expérience, cerclée de lumières et d’errance, à ces trois dernières années sombres qui ont failli me faire perdre le mot juste, la note intime et le visage aimé. Continuer la lecture de « La note essentielle – Nick Cave, Henry David Thoreau, Jacques Doillon »