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Stéphane Milochévitch : « L’important est de rester soi-même à tout prix »

Stéphane Milochévitch / Photo : Philippe Mazzoni
Stéphane Milochévitch / Photo : Philippe Mazzoni

Si vous lisez Section26, vous savez combien on a adoré l’arrivée de Stéphane Milochévitch dans le paysage francophone de la chanson d’ici, sous le nom de Thousand bien sûr, avec deux disques Le tunnel végétal (2018) et Au paradis (2020) et cette suite qui en est une sans l’être, La bonne aventure, sous son propre nom. C’est toujours sur le label Talitres, fidèle refuge bordelais de cette aventure qui prend des proportions inespérées (un article du journal Le Monde, des passages sur France Inter…), mais compréhensibles tant l’ex-Thousand donne le vertige avec sa chanson incroyablement personnelle et sa façon d’écrire kaleïdoscopique : télescopage d’images, d’expressions, de mots, de couleurs, sans cesse en mouvement, toujours différent d’une écoute à l’autre. On avait évidemment envie de lui poser quelques questions, avant son premier concert parisien au Point Ephémère  sous son nouveau patronyme, jeudi 23 novembre. Continuer la lecture de « Stéphane Milochévitch : « L’important est de rester soi-même à tout prix » »

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The Apartments, Drift (1993)

Peter Milton Walsh, The Apartments
Peter Milton Walsh, The Apartments – Les Vinzelles, Volvic, 04/11/2023 / Photo : Michel Valente

Contrairement à ce qu’aurait pu chanter feu Daniel Darc, ce n’était pas n’importe quel soir que celui d’hier. Vraiment pas. Sur la scène des Vinzelles – depuis le début, alors que je n’ai pas beaucoup de certitudes, je savais que cet homme-là et ce lieu-là étaient faits pour se rencontrer –, Peter Milton Walsh, flanqué de l’impeccable Antoine Chaperon à la guitare électrique (et électrisante), livrait devant une centaine de personnes l’un des plus beaux concerts que j’ai pu voir de lui… Le plus beau peut-être, ex-aequo avec la fameuse prestation du 11 novembre 2009 au Théâtre de l’Européen non loin de la Place de Clichy – encore merci, Emmanuel T. Novembre, tenez. Un soir pluvieux comme celui d’hier, un soir d’automne où la mélancolie devient comme une raison d’être. La mélancolie bleue. Celle qui s’échappe si joliment des chansons de Peter Milton Walsh. Continuer la lecture de « The Apartments, Drift (1993) »

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Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres)

« J’ai enregistré ce CD
pour qu’un jour tu l’entendes par hasard
en coup de vent en coup d’un soir
en coup de poignard »

D’abord faire le deuil, celui de Thousand, entité floue aux deux albums sortis de nulle part, passionnant, touchant, en diptyque – passion critique rock , passion assemblage – du portrait en tissu (Le tunnel végétal, 2018) à celui en céramique (Au paradis, 2020), deux disques dont on ne s’est toujours pas remis, qui vieillissent avec nous tranquillement, avec deux trois écoutes mensuelles, des chansons qui jouent à prendre ou perdre des places dans notre top 50 mental (en ce moment l’obsession est portée sur Narval et Le bâton ivre). D’ailleurs, on attendait de pied ferme le troisième volet (le fameux triptyque, on sait aussi compter jusqu’à trois, ou un retable, tiens, si on pense aux obsessions spirituelles du chanteur), avec un portrait en coquillage, ou en statue de bois, on ne saura pas, peut-être qu’il viendra plus tard, ou jamais, peut-être qu’on le fantasmera et que ça sera mieux. On était prévenu, ceci dit, il y avait cette prédiction dans le dernier : « Appelle moi demain, demain Milochevitch ». On aurait dû comprendre, ce  message aux exégètes, cette annonce d’une fin et d’une résurrection. Continuer la lecture de « Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres) »

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Ralfe Band, razzia pop

Ralfe Band

Alors que la tournée de Swell, en hommage à David Freel, parcourt en ce moment les routes françaises, Talitres annonce le retour dans son giron des Ralfe Band tout en mettant en ligne Pale Fire, leur nouveau single. Une chanson qui fait partie de celles qui ont la capacité de changer la couleur de votre journée. À ma gauche, Sean Bouchard, patron du label bordelais Talitres. On ne présente plus le garçon mais on n’aura de cesse de rappeler la qualité de son instinct. The Walkmen en France en 2002 ? C’est lui. Le retour de Swell ? Encore lui. Les rééditions de The Apartments ? Encore lui. On n’arrêtera ici l’énumération par peur de lasser. À ma droite, Ralfe Band, la boite à musique de l’Anglais Oly Ralfe. Ce dernier a publié quatre albums au début des années 2000. On peut y trouver de l’anti folk, des morceaux que la production de Strip Tease aurait pu utiliser pour ses documentaires et des petits hymnes dominicaux pour les amoureux d’une pop rêveuse. Et au milieu des deux, Pale Fire, le nouveau single de Ralfe Band qui annonce un nouvel album qui sortira le 16 juin 2023. Accompagné de Ben Nichols (Nadine Shah), Gabriella Swallow (Richard Hawley), Harry Deacon (Palace) et de Rob Ellis (PJ Harvey), Ralfe Band déroule tranquillement tout son savoir-faire. Et puis il y a Pale Fire. Une chanson qui rentre dans la tête aussi vite que la table de multiplication des 1 ou un single des Go-Betweens. Continuer la lecture de « Ralfe Band, razzia pop »

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Get High

David Freel / Swell (1958 – 2022)

David Freel
David Freel, New York, 1996 / Photo : Bob Berg

David Freel vient de quitter ce monde qui l’angoissait tant. Cette angoisse, il la soignait dans ses compositions. C’est au début des années 1990 que l’homme arrête sa carrière professionnelle et commence ce pourquoi il est fait : écrire des chansons. Loin des élucubrations soniques de Seattle, il rencontre le batteur Sean Kirkpatrick et fait de la Californie, avec ses disques, une terre grise. Dès le début de Get High, premier morceau de Swell (Psycho-Specific Records, 1990), on ressent et comprend surtout que la personne qui a écrit ce titre-là sait écrire et a un don pour tisser des ambiances ni ensoleillées ni pluvieuses… Mais maussades – ce que confirmera le splendide … Well (1991). Continuer la lecture de « Get High »

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Poésie organique : L’Altra (2002)

L'Altra
L’Altra

Il faut bien l’avouer : au bout de vingt ans les souvenirs parasites avaient fini par prendre le pas sur l’essentiel pour ce qui concerne In The Afternoon de L’Altra. D’abord ceux d’une rencontre, quelques semaines après la sortie remarquée de l’album, dans un hôtel pas très loin de la place Léon Blum, avec deux des membres de L’Altra – Joseph Costa et Lindsay Anderson – qui, sans doute fatigués par les contingences d’une première tournée européenne d’ampleur, étaient restés vautrés sur le lit pendant toute la durée de l’interview ici restituée, ne consentant à répondre qu’entre deux bouchées de ce fromage local et insipide, qui représentait peut-être à leurs yeux le comble de l’exotisme parisien, et dont le nom m’avait semblé, dans l’instant, curieusement correspondre à la beauté de leur musique. Oui, la mémoire s’obstrue de détails futiles mais je suis certain que les deux musiciens s’étaient tapé une boîte entière de Caprice Des Dieux – avec baguette, comme il se doit – en trente minutes. Les souvenirs, surtout, d’une année où ce label de Chicago – Aesthetics – s’était brutalement imposé comme l’un des épicentres les plus captivants de nos passions musicales partagées. Dans cette chaîne unissant Pulseprogramming, 33.3 ou Windsor For The Derby, L’Altra n’apparaissait plus par moments que comme un maillon parmi d’autres, à peine plus éclatant. Continuer la lecture de « Poésie organique : L’Altra (2002) »

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The Apartments, In And Out The Light (Talitres)

The ApartmentsComment parler de ce disque sans parler de soi ? Car ce qui fascine, c’est ce qu’il provoque – va provoquer – sur chacun de ses auditeurs : ce sentiment d’avoir, dès les premières notes, l’âme ouverte en deux. Tout ce que l’on vous racontera sur ce disque, tout ce que vous lirez, ne sera qu’une suite d’expériences personnelles racontées avec plus ou moins de pudeur. Des mots aux mélodies, des instruments aux voix – car il y a la voix de Peter Milton Walsh et celle de Natacha Penot, ici voix-fantôme – , tout ici sert le sujet du disque : l’amour perdu, celui qui, cousu dans les entrailles, dicte votre vie.

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Le club du samedi soir #16 : The Apartments

Peter Milton Walsh, The Apartments
Peter Milton Walsh, The Apartments

Et alors, on écrit quoi ? On écrit quoi sur un groupe au sujet duquel on a déjà tant écrit ? On écrit quoi sur un groupe qu’on chérit – et peut-être le dernier groupe pour lequel on serait encore prêt à en venir aux mains ? On écrit quoi sur un groupe dont on pense à chaque disque qu’il a réalisé son meilleur album alors que bien évidemment, le suivant nous fout à nouveau par terre, nous laisse le souffle coupé, nous donne envie de nous servir un dernier verre ?  Alors, on écrit quoi ? Des faits, peut-être. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #16 : The Apartments »