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Nancy & Lee, Id. (Reprise Records, 1968)

Déjà responsable de la réédition de l’ensemble du catalogue du label LHI Records et de celle de la foisonnante discographie solo de Lee Hazlewood, le label californien Light In The Attic a également commencé, l’an dernier, à s’attaquer à l’œuvre de Nancy Sinatra et semblait donc voué à en arriver, tôt ou tard, au fondamental Nancy & Lee, chef-d’œuvre de pop baroque et de country trépidante daté de 1968 et aujourd’hui considéré comme l’un des disques les plus marquants et influents des années soixante. Continuer la lecture de « Nancy & Lee, Id. (Reprise Records, 1968) »

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Visual Sequence, Brume (ERR REC)

La récente vague ambient, ce qu’elle implique comme injonction au confort domestique n’est pas sans ambiguïtés. Comme on peut par exemple le lire dans un passionnant recueil paru ce printemps aux éditions Audimat, il en irait d’une complaisance avec un certain esprit du capitalisme – la musique réduite à sa seule fonction de marchandise environnementale. Aussi, les projets convoquant une réelle radicalité et volonté de recherche sont suffisamment rares pour retenir notre attention. C’est le cas ici avec Brume de Visual Sequence, fascinant travail sur les atmosphères paru sous forme de K7 sur l’excellent label ERR REC. Première sortie officielle de l’artiste visuel et sonore Rhiannon B, elle dénote en effet une impressionnante maîtrise de la synthèse analogique. Continuer la lecture de « Visual Sequence, Brume (ERR REC) »

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« Running Up That Hill » : la nouveauté cannibalisée par le rétro

Kate Bush
Kate Bush

Succès surprise de ces derniers mois, Running Up That Hill de Kate Bush a fait une entrée fracassante dans le Top 10 américain, pour la première fois, 36 ans après sa sortie. L’exploit n’est pas mince. La chanson avait, à l’époque, atteint la 34ème place du Billboard 100, la voici désormais en quatrième position, et en première en haut des charts anglais. Devenue virale suite à une synchronisation dans la saison en cours de Stranger Thingsla chanson est en passe de connaître un destin similaire à Dreams de Fleetwood Mac, autre prouesse inattendue. Cette nouvelle intrusion du passé dans le présent ne manque pas d’interpeller. Stereogum a d’ailleurs écrit un article intéressant sur le sujet, posant de bonnes questions, à défaut de toujours proposer les réponses les plus probantes. L’article présente ainsi le phénomène :  « la croissance actuelle du marché vient d’anciennes chansons. » Rachel Brodsky, l’autrice, ajoute : « le prochain succès viral pourrait être littéralement n’importe quoi. Le problème est que cela implique aussi des sorties anciennes. » Pour le dire autrement, le passé, de tout son poids, exerce une concurrence démesurée sur le présent. Continuer la lecture de « « Running Up That Hill » : la nouveauté cannibalisée par le rétro »

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Happy birthday, Paul McCartney.

Paul McCartney
Paul McCartney

Paul McCartney a donc 80 ans, dont au moins les trois-quarts passés à écrire, composer, jouer, enregistrer une œuvre qui restera probablement comme le catalogue de chansons le plus impressionnant du xxe siècle, avec celui de Bob Dylan. En d’autres termes, cela signifie tout simplement qu’on a tous “dans le cœur” une ou plusieurs chansons de Paul McCartney ou une multitude de souvenirs associés, d’une façon ou d’une autre, à des chansons de Paul McCartney. Bien sûr, ces titres inoubliables sont principalement ceux des Beatles, mais peu importe. L’œuvre solo de McCartney, avec ou sans Linda et les Wings, n’est pas loin d’être aussi importante (je force un peu le trait, bien entendu). En tout cas, il est clair qu’aucun autre compositeur contemporain n’aura à ce point diffusé ses chansons dans tous les recoins du monde et dans les discographies de milliers d’autres artistes.
Raconter un demi-siècle de création musicale de cette importance est une entreprise forcément singulière. Pour célébrer ces 80 ans d’une façon originale, j’ai pensé que le mieux était sans doute de mélanger les standards atemporels dans leurs versions originales et certaines reprises majeures ou inattendues qui, à leur façon, témoignent du chemin parcouru à travers le monde, mais aussi à travers le temps, par l’immense répertoire de chansons de Paul McCartney. Je trouve que cette playlist fait travailler l’imaginaire et remonter des souvenirs. C’est une proposition parmi des milliers d’autres possibles.

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Climats #22 : Trintignant, Leonard Cohen

Jean-Louis Trintignant
Jean-Louis Trintignant / Photo : James Andanson

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #22 : Trintignant, Leonard Cohen »

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Frontperson : amicalement vôtre

Frontperson
Frontperson / Photo : Marie-Lyne Quirion

L’histoire avait débuté il y a presque quatre ans. Celle d’une rencontre et d’une collaboration amicale entre Mark Hamilton (Woodpigeon) et Kathryn Calder (The New Pornographers). Trop belle pour s’interrompre, elle se poursuit donc aujourd’hui avec un second album en commun, Parade qui prolonge les plaisirs simples et évidents que suscitent des chansons où les mélodies et les gimmicks pop de l’une s’accordent à merveille avec les tonalités plus mélancoliques de l’autre. Continuer la lecture de « Frontperson : amicalement vôtre »

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« Joindre l’utile à l’agréable », un rayon de soleil doux amer de Mim feat. Damien Schultz

C’est un morceau vraiment très doux, enivrant d’un bonheur simple, presque badin. Il a désormais malheureusement l’âpreté, la douleur et l’amertume du deuil. Nous sommes encore beaucoup et beaucoup trop choqué(e)s par la mort de Damien Schultz, pour avoir déjà le courage de vous expliquer quel être essentiel, génie du verbe et du comptoir, il fut.
Et on va avoir beaucoup de mal à faire de ce morceau qui pourtant se pose un peu là dans le genre, sur la même serviette humide que nous, un tube de l’été. Et pourtant c’est peut-être le plus bel hommage possible, un truc sur l’amour inconditionnel qu’inspirent certains, ou certaines. On peut, comme il est dit ici en conclusion, rigoler faussement de l’amour, l’on peut tout autant aussi et toujours s’y abandonner.
C’est extrait d’un disque probablement important qui sortira en octobre prochain, celui de Mim, metteur en sons de l’épatant Saint Guidon de Charlene Darling mais aussi le frère d’Èlg/Orgue Agnès, ancien complice de Damien Schultz.
Le disque s’appelle L’amour aux 1000 parfums. C’est aussi le nom de son label. On en reparlera pour sur. Joindre l’utile à l’agréable, le doux et l’amer. Bonsoir copain.


L’amour aux 1000 parfums, l’album de Mim, sortira à la rentrée chez a1000p.

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Selectorama : Adam Miller

Adam Miller
Adam Miller

“Ancré dans la grande tradition des poètes impressionnistes de la six-cordes, The Durutti Column, Felt à l’époque de Deebank ou les Cure du début…” C’est amusant : il y a des biographies qui laissent deviner à quel point on risque de s’enticher d’un disque qu’on n’a pas encore écouté… Il y a des parcours qui favorisent aussi le coup de cœur. Ce n’est pas le nom qui est le plus souvent revenu à l’heure de tresser des lauriers au groupe d’avant – avant quoi ? Avant cette échappée en solitaire qui a vu le jour dans les frimas d’un mois de février covidé – et pourtant… L’homme en était le fondateur et l’unique membre au tout début du XXIe siècle. C’est lui aussi qui a souhaité faire évoluer l’histoire d’un post-punk sans fioriture ni concession vers une new-wave aussi fragile que du crystal ; une new-wave comme alanguie sur fond de rythmiques moites pour mieux danser sous des boules à facettes éventrées. Avec la parfaite Ruth Radelet – cette fille dont la voix tient dans un mouchoir (© 2007) – et Johnny Jewel – le faiseur de sons et codirigeant du label au nom parfait, Italians Do It Better, Adam Miller a fait de Chromatics l’un des groupes le plus importants de la décennie passée – métamorphosant quelques-unes de nos chansons de chevet (Into The Black de Neil Young, The Sound Of Silence de Simon & Garfunkel, Ceremony de New Order, On The Wall de The Jesus And Mary Chain…), signant l’un des plus bel hymne à (faire) l’amour (In The City, ad lib…) et la bande-originale étoilée de nuits qui étaient toujours plus belles que les jours – et dont on aurait voulu qu’elles durent toute la vie. Continuer la lecture de « Selectorama : Adam Miller »