La semaine dernière, nous croisions Joseph Fisher sur la micro-terrasse du Pop In, côté du boulevard des Filles du Calvaire, sous les rayons discrets d’un dimanche en fin d’après midi. Quelques mots échangés, et une proposition lancée à l’imprévu, celle d’une reprise pour nous, comme nous le proposons à quelques artistes dont nous sommes proches. Son choix serait le nôtre. Il a été rapide, puisqu’on a reçu cette après-midi ce morceau en hommage à Dame Vera Lynn, disparue aujourd’hui-même à 103 ans. Il nous explique son choix : « Nous sommes le 18 juin 2020 et Dame Vera Lynn vient tout juste de mourir. En France, elle est presque une inconnue mais au Royaume Uni, elle a, durant les longues années de la Seconde guerre mondiale, incarné la résistance de l’Angleterre aux bombardiers nazis qui, durant l’été de 1940, firent subir à Londres un Blitz meurtrier. Continuer la lecture de « Joseph Fisher reprend « The White Cliffs of Dover » de Dame Vera Lynn (inédit) »
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Christian Quermalet, Matthieu Malon et Nicolas Falez reprennent « The Wild Kindness » de Silver Jews (inédit)
Cela fera bientôt un an que David Berman s’est donné la mort. Pour lui rendre hommage, trois artistes français reprennent ensemble The Wild Kindness, un titre de l’album American Water (1998) des Silver Jews. Une collaboration entre Christian Quermalet (The Married Monk), Matthieu Malon (Matthieu Malon, laudanum) et Nicolas Falez (Fontaine Wallace, Superflu). Depuis plusieurs mois, les trois musiciens réfléchissent à un concert-hommage à David Berman et Daniel Johnston, tous deux disparus en 2019. La pandémie ayant suspendu ce projet comme tant d’autres, le trio a enregistré, mixé et filmé cette reprise de The Wild Kindness alors que chacun était confiné à Paris ou Orléans. « Je resplendirai dans la bonté sauvage » écrit David Berman à la fin du morceau, dans un refrain qui résonne autant avec nos espoirs de liberté retrouvée qu’avec la nuit qu’il a choisi de rejoindre.
Pour ceux qui ont envie de prolonger le plaisir de la réécoute, section26 avait initié une série de reprises sur cette compilation Approaching Perfection, que nous vous proposons de redécouvir ici.
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Fishbeck Division (inédit)
Je crois que c’est aussi pour ça que je me suis passionné pour la musique. Pour la musique pop – dans le sens le plus large possible. Parce qu’au-delà des chansons, il y avait celles et ceux qui les composaient, il y avait leurs interviews, leurs postures, leurs fringues, leurs attitudes. Il y avait ce monde auquel nous n’avions pas accès, si ce n’est par procuration. Il y avait dans les journaux, dans les magazines, sur les pochettes – extérieures ou intérieures, recto ou verso – ces photos qui prouvaient qu’ils étaient différents. D’ailleurs, je me souviens très bien à quel point j’avais trouvé terrifiant un article paru dans le NME ou le Melody Maker au moment de la sortie du premier album de The House Of Love où le journaliste résumait la situation par une sorte de « c’est cool, ils sont comme tout le monde ». Bah non. Justement. Ce n’était pas cool du tout. Et je crois que cette image a fait que j’ai décidé de me désintéresser du groupe de Guy Chadwick – je sauve tout de même la première version de Shine On, sans doute parce qu’à l’époque de sa première écoute, je ne savais pas encore pour la normalité…
Aujourd’hui, pour les quelques raisons évoquées plus haut (les chansons ET LE RESTE), s’il y a bien une pop star, c’est Matt Fishbeck. Depuis la Côte Ouest des États-Unis, il cultive le mystère, sort des disques au compte-gouttes, porte des fringues comme personne ne sait les porter, prend des photos qui ressemblent à des tableaux et peint des tableaux qui ressemblent à des photos, écrit des chansons que lui seul peut chanter et enregistre des mixtapes d’une beauté bouleversante. Dans quelques semaines, le label Mexican Summer va rééditer (pour la première fois en vinyle) le premier album de Holy Shit – son groupe dans lequel sont passés Ariel Pink et Christopher Owens –, Stranded At Two Harbors (2006). Pour cette occasion, Matt Fishbeck m’a demandé d’écrire quelques mots – des notes de pochettes comme on dit dans le jargon. J’ai bien sûr accepté, en essayant de ne pas trop laisser paraitre à quel point j’étais fier et impressionné – oui, fier ET impressionné, et d’autant plus qu’elles ont été traduites de français en anglais par Winston Tong, l’éternel interprète de In A Manner Of Speaking. Je me suis exécuté et je crois que le résultat a plu. Le disque sortira cet été. Ou peut-être à la rentrée. Mais avant cela, Matt Fishbeck a souhaité me remercier – et rien ne l’y obligeait, je vais être payé pour ce travail (oui, il parait que c’est un travail). Alors, hier, il m’a envoyé cette chanson. C’est une reprise. Une reprise magnifique. Solennelle. Personnelle. Mais comme les plus beaux cadeaux sont ceux qu’on finit toujours par partager, la voici…