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Andrew Gabbard, Homemade (Colemine/Karma Chief)

Il a mis quelques mois pour parvenir jusqu’à nous – un peu moins de trois pour être exact – en transitant par les méandres confidentiels des recommandations parfois entraperçues au détour des réseaux sociaux. Et pourtant, au-delà des hasards et des accidents de cette rencontre fortuite, impossible de ne pas éprouver, dès la première écoute de ce premier album solo d’Andrew Gabbard, la conviction paradoxale qu’il nous était destiné. Très profondément et très exactement. Nous ne savions pourtant rien de son auteur et, il faut bien l’avouer, après quelques recherches connectées, nous n’avons toujours pas appris grand-chose. Continuer la lecture de « Andrew Gabbard, Homemade (Colemine/Karma Chief) »

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Selectorama : Tanz Mein Herz

Tanz Mein Herz
Tanz Mein Herz / Photo : Pierre Bujeau, 2016.

On ne sait pas trop s’il s’agit d’un collectif ou d’un supergroupe, mais peu importe, seul le résultat compte. Musique expérimentale ? Traditionnelle ? Le curseur s’affole sans se poser. Après plusieurs essais improvisés, Jérémie, Mathieu et Yann décident de segmenter leurs différents projets et de les nommer : naissent alors France, Zeitspielraum ou encore Meutr. Au gré de rencontres et sans opter pour un line-up statique, ils décident un soir, au Crous de Valence, d’appeler leurs efforts communs Tanz Mein Herz, en référence aux maigres notions d’allemand de Mathieu. En guise d’introduction aux musiques traditionnelles, la bande fréquente assidûment les concerts de Toad, le projet de Yann Gourdon & Guilhem Lacroux vite rejoints par Pierre-Vincent Fortunier. « C’était complètement barjo, ça jouait très fort, très sale avec une nonchalance très rock qui ne pouvait que nous plaire ». L’amitié entre tous les membres de Tanz Mein Herz est le lien qui fédère l’ensemble, leur musique est non calculée, navigue au gré des sensibilités et des envies. Ils prennent leur temps, fonctionnent par thèmes, pour les enregistrements comme pour les lives. Tout part souvent d’une rythmique, d’une ligne de basse et d’un placement spécifique des membres en cercle, car comme le dit si bien le groupe d’une seule voix, il veut être également auditeur de son propre son.

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The Apartments, hier, aujourd’hui et demain.

Alphaville (1965) de Jean-Luc Godard
Alphaville (1965) de Jean-Luc Godard

Ce matin même, je réécoutais In And Out The Light – ai-je d’ailleurs cessé de l’écouter ? – quand mon cœur s’est, comme à chaque écoute, emballé lorsque la voix de Peter Milton Walsh a lâché ces mots magnifiques : « If I could, l’d put some blue sky in your head ». Pendant un instant, je n’étais plus sûr des mots que j’entendais, – est-ce head que j’entends ou est-ce hair ? -. C’est comme si un coup de pinceau s’était posé sur cette toile musicale – head est effacé, le pinceau pose hair -, la phrase devient alors : « If I could, l’d put some blue sky in your hair ». La lumière de la chanson se transforme, elle devient plus douce – ou différente – mais reste toujours aussi belle. Les images, les souvenirs, changent eux-aussi, nous sommes ensemble, elle et moi, nos regards sont entremêlés, nos cœurs aussi, et avec le revers de ma main, j’écarte avec tendresse ses cheveux… Continuer la lecture de « The Apartments, hier, aujourd’hui et demain. »

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Climats #9 : Destroyer, Isaac Babel, Georges Didi-Huberman

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #9 : Destroyer, Isaac Babel, Georges Didi-Huberman »

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David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare

David Scott (The Pearlfishers)
David Scott (The Pearlfishers)

On avait pris contact avec David Scott, une première fois, il y a environ deux ans alors que la publication de son dernier album en date – l’excellent Love & Other Hopeless Things, 2019 – coïncidait tristement avec l’annonce semi-officielle de la disparition du label qui l’avait hébergé pendant près de vingt ans. Fausse alerte, on s’en réjouit. Les allemands Marina Records semblent avoir survécu à ce premier faire-part de décès et republient même sur support vinyle, en ce début d’année, des versions augmentées de trois des jalons essentiels de la discographie de The Pearlfishers, cet ensemble aux contours fluctuants et dont Scott est toujours apparu comme le seul véritable maître permanent : The Young Picnickers, 1999, Across The Milky Way, 2001 et Up With The Larks, 2007 ont extraordinairement bien vieilli. L’occasion est trop belle de rattraper les anciens rendez-vous, manqués à plus d’un titre tant on a sans doute sous-estimé, tout au long de la décennie 2000, l’importance et le talent de cette figure majeure de la scène indie-pop écossaise. Continuer la lecture de « David Scott (The Pearlfishers) – Perle rare »

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Appel entrant : KG

Le nouveau clip du duc de Sausheim en avant-première.

Non mais t’as vu ce qui se passe ? Confiné depuis la sortie de l’impeccable Jesus Weint Blut (2019) chez Herzfeld, Rémy Bux aka le duc de Sausheim n’avait pas donné de nouvelles ou presque. Les rares inconscients qui le suivent pour des raisons sociales sur les réseaux sociaux avaient pourtant senti le vent tourner, retour à l’électronique sur le mat bien érigé de diverses performances qui prouvent que des reflets intenses qui s’estompent en six shampoings ne font pas tout face au génie. Âmes sensibles et français de l’intérieur au cœur pur, passez votre chemin, El Buxo revient aujourd’hui dans une débauche lascive dont même mon vieux cœur de fan ne saurait se remettre. Ruf Mich An. En spray ou en gel aqueux, une ouverture délicate mais toujours impressionnante vers un nouvel album cryptique et infernal, Eine Mann Ohne Feind, à paraitre chez October Tone/Mediapop vers la mi-avril, si nous sommes encore là pour le voir de nos yeux. Et si t’as quelque chose besoin, appelles.
Vous voilà putain de prévenus.

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Studio Electrophonique, Happier Things (Violette Records)

Il y a le rose des lettres qui sent bon le parfum du bubblegum. Il y a l’élégance de la typographie qui évoque quelques autres disques que l’on chérit depuis longtemps – des disques de Factory, oui, mais de Tamla Motown aussi. Il y a des notes de pochette au verso – et depuis les premiers disques de The Style Council, on sait qu’au même titre qu’une chanson, une mélodie ou quelques mots glissés dans un refrain, elles peuvent changer une vie (ou au moins quelques années d’une vie et entre nous, ce n’est déjà pas si mal). Il y a les titres de chansons qui semblent en annoncer la couleur (et parfois la douleur), mais on ne l’apprendra qu’un peu plus tard, ce sont souvent des chausse-trappes. Il y a toujours ces titres de chansons qui, croit-on, font des clins d’œil appuyés à un univers qu’on croyait être le seul à partager – parce que dès avoir lu All-Time Biggest Fans, sont venus à l’esprit ces quelques mots-là : I’m your biggest fan cos’ you don’t give a damn”… Il y a, de part et d’autre de la Manche, ces ainés qui ont baissé la garde dès les premières notes, deux types pas nés de la dernière pluie et auxquels (après tout) on a le droit de reprocher beaucoup mais sans doute pas la presque perfection de leurs gouts musicaux et de leurs coups de cœur – Étienne Daho et Richard Hawley. On a connu pire comme thuriféraires. Et il y a James Leesley. Continuer la lecture de « Studio Electrophonique, Happier Things (Violette Records) »

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Climats #8 : Lithium, Lesneu, Jiri Menzel

Meteo Satellite Lesneven / Meteo France

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #8 : Lithium, Lesneu, Jiri Menzel »