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Gamine, Voilà les anges (Barclay, 1988)

C’est fou comme certains disques sont liés à une époque, à un lieu, à une image, même si on les a écoutés longtemps après toutes ces scènes-là, même si on les écoute encore aujourd’hui – pour preuve, ma fille reconnait le groupe dès les premiers accords de cette chanson parfaite qu’est Les Gens sont Si Bizarres. Et puis, c’est Biarritz, l’été 1989, la R5 rouge et la cassette en boucle, Nathalie au volant parce qu’en bon Parisien (ou tout comme), “on n’a pas besoin du permis”. Les histoires qu’on inventait parce que nous étions toujours ensemble sans même être un couple (“Oui, nous sommes cousins”), les allers et retours aux plages d’Anglet, les verres partagées sur le Port des Pêcheurs, au Big Ben, les nuits au Play Boy, les serviettes posées sur la Grande Plage pour se remettre de la soirée de la veille, les siestes sous le soleil exactement, les sandwichs du Milk Bar, les parties de Badminton du samedi soir – j’ai encore la raquette que Nathalie m’a offerte pour ma fête, un 21 août, et je crois bien que c’était cet été-là. Continuer la lecture de « Gamine, Voilà les anges (Barclay, 1988) »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE NOVEMBRE 2021

Les feuilles tombent et les affaires reprennent. A la queue-leu-leu, nos chers indépendants nous donnent de leurs nouvelles et guess what, elles sont excellentes. Grouper, Cate Le Bon, Laetitia Sadier, The Wedding Present pour les plus confirmés, et une foule de nouveaux venus tout aussi attachants. Toi aussi, choisis ton nouveau coup de cœur.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify et en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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Selectorama : Bantam Lyons

Les bretons défendent leur nouvel album samedi au festival Le Grand Saut à Angers.

Bantam Lyons
Bantam Lyons

Après un album et trois EP – le dernier datant de 2017 – on attendait impatiemment le retour de Bantam Lyons. Défi relevé avec brio, le nouvel album Mardell s’imposant comme une suite évidente et superbement brute. Huit titres obsédants qui sentent tous la fumée, la bière, le vent et la pluie. Car on ne peut dissocier Bantam Lyons de Brest et de la Bretagne, en témoigne, s’il le fallait, la fiévreuse Ar Stêr, chanson en breton. Ce n’est pas la Bretagne des toits de chaume et des chaumières ensevelies d’hortensias, mais un pays rêche, sauvage. Et beau.

Certaines chansons finissent en sec coup de fouet – Pintor – d’autres étirent un spleen mélodieusement triste – The Lass of Breacon – d’autres encore tapent un rythme envoûtant – St Dô… A chaque fois un univers dans lequel on se laisse engloutir avec volupté, de la mélancolie feutrée au spleen violent, le sombre décliné jusqu’à l’outre-noir, un vrai Soulages musical mais toujours infusé d’un brouillard lumineux. La sensibilité ne tombe jamais dans l’introspection grandiloquente, peut-être est-ce dû à la langue anglaise, un rempart qui leur permet de préserver l’intime. Continuer la lecture de « Selectorama : Bantam Lyons »

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Mendelson, Le Dernier Disque

Mendelson
Mendelson lors de l’enregistrement de ce dernier album.

C’est une vieille histoire.

Susurrée, de vieux trucs censément parlants, de vieux trucs censément beaux. Sauf que tout, toujours, est vieux, donc je peux enlever ce mot.

Quand Je ne veux pas mourir nous explose les tympans sur une compile de rentrée des Inrocks – tiens – on a déjà fini – de ne pas être vieux – de ne pas être – on a déjà conscience que – disparaître – ce n’est pourtant que le lycée, encore.

J’ai toujours aimé Mendelson, l’idée de Mendelson, et pourtant ces histoires de deux batteries, de contrebasse, de tout ça, m’ont toujours – un peu – fait chier. On s’en fout, c’est vrai, il y a du zim boum et du boum boum, il y a des basses fréquences pour élargir le spectre, ça suffit et le reste ressort de – si j’ai la flemme de l’empathie – ressort de l’indulgence. Sauf qu’avec des paroles pareilles, on ne peut pas – on ne peut pas jouer au free rock – au free truc – on ne peut pas jouer à l’adulte.

Mais, quand même, c’est beau. Continuer la lecture de « Mendelson, Le Dernier Disque »

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The Brothers Steve, Dose (Big Stir Records)

C’est l’une des nombreuses vertus de la somme imposante que Simon Reynolds a consacrée à ce genre musical – Shock And Awe (2016, traduction française publiée chez Audimat l’an dernier) – que de souligner à quel point le Glam s’articule, dans bon nombre de ses embranchements foisonnants, avec le monde de l’enfance et les plaisirs encore naïfs de l’imaginaire. Les trois minutes réglementaires de la chanson pop comme point d’accès privilégié à un arrière-monde plus lumineux, plus coloré et dont l’inauthenticité même garantit la valeur toute particulière. C’est un peu de cette quête passionnée des artifices insouciants que l’on retrouve dans le second album de The Brothers Steve. Continuer la lecture de « The Brothers Steve, Dose (Big Stir Records) »

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Flóp, Deep Fake Flóp (Le Pli)

En marge du Superpizza Club de Kim, un groupe privé mais ouvert à tous et passionnant tant il aborde tous les aspects du métier de musicien, on a beaucoup discuté de l’initiative du propriétaire des lieux : il lançait son Patreon, une sorte d’abonnement à un artiste qui délivre, moyennant une somme mensuelle, des inédits, des albums réservés, des clips en avant-première et autres babioles au choix. C’est avec Flóp que j’ai échangé le plus sur le sujet. Je lui faisais part de mes réserves parce que je voyais le champ de la pop comme un lieu d’infidélité, d’amours éphémères, de retournements de veste honteuses ou assumées, où l’on passe de l’amour fou extravertie à la déception sourde rentrée, et inversement. Je me disais aussi que c’était plus un sujet pour les pages high tech de Sciences & Vie Micro (un peu comme quand Jacques, l’artiste ultra doué, se fend d’un cours sur les BlockChain pour introduire son nouveau single !). Peut-être qu’une relation au long cours, numérique, contractualisée, automatisée, n’est pas de mise entre un fan et son artiste. Peut-être aussi que ça n’est qu’une nouvelle forme de fanclub justement, bien pratiqué avant l’avènement de l’internet par votre serviteur, pas de quoi s’énerver. Bref, Flóp choisit de s’investir dans ce type de relation, et, peu convaincu par les solutions clé-en-mains, décide de produire son club via son ancien site et de proposer contre monnaie trébuchante une promesse de quatre albums pour l’année, et je décide, contre toute attente, de plonger avec lui. Continuer la lecture de « Flóp, Deep Fake Flóp (Le Pli) »

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« Pourquoi aimes-tu Billie Eilish ? »

Tel Bartelby, je préférerai ne pas. Ne pas quoi ? Ne pas écouter Billie Eilish. Je ne me sens pas légitime – « T’es pas trop vieux pour ça ? » – et puis, les vieux réflexes qui reviennent, et qui me fatiguent : y chercher – et trouver ? – des échos du passé, jouer le donneur de leçon, voire le vieux con – « C’était mieux avant » -. Pour ces raisons, j’ai préféré, pendant longtemps, laisser à cette jeunesse à laquelle je n’appartenais pas, ses disques, ses chansons et n’écouter que des choses qui faisaient le lien avec les disques qui m’avaient, on va dire, construit. Je ne sais plus ce qui m’a alors conduit à m’intéresser à Billie Eilish mais je me souviens très bien de la réaction de ma fille, surprise forcément, quand elle s’est aperçue que j’écoutais I love you, moi qui n’avais jamais témoigné la moindre émotion, ni le moindre intérêt, aux musiques qu’elle écoutait. Elle aurait pu être écœurée – à sa place, à son âge, si j’avais surpris mes parents en train d’écouter un de mes disques, je l’aurais été – mais ce dont je me souviens c’est son sourire. Nous sommes tous les deux sur le canapé, je lui rappelle alors ce moment. Face à nous, sur l’écran, la photo d’une Vierge aux yeux baignés de larmes.

NDLR : Pour une meilleure lecture de cet article, nous vous conseillons d’écouter simultanément l’album dont le lien se trouve à la fin de l’article.

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Selectorama : Aquaserge

Aquaserge
Aquaserge

Prog. C’est le vilain adjectif facile que certains bas du front réservent habituellement à ce qui leur pose trop de questions. Un raccourci que j’ai moi-même utilisé sans fard pour Aquaserge. Plus souvent à tort qu’à raison. Car même pour le fan absolu de King Crimson que je suis (pour Yes, c’est toujours NO, en revanche), les circonvolutions tapageuses dont j’ai été le témoin semblaient se poser plus dans une logique de l’exagération que de la finesse. Un concert, il y a quelques années, en Belgique, où j’avais eu peine (malgré une certaine excitation et les excès dus au pays, le bien boire et le bien manger) à devancer le magma facétieux de la formation. Un groupe, restreint, qui semblait effectivement marcher à la Vander. Mais c’est précisemment le genre de question que pose l’étiquette infamante du « prog » à nous, ceusses qui venu à l’esthetique, d’abord râpeuse et affirmée du post punk puis celle, variable et bien plus colorée de la pop anglaise indépendante ou non, puis du rock dit « alternatif » de la vieille union des Amériques. En parlant de post punk, je ne saurais feindre la surprise de trouver  aujourd’hui, précisement, The Possibility Of A New Work From Aquaserge dans la mythique série Made To Measure du prestigieux label bruxellois Crammed Discs. Continuer la lecture de « Selectorama : Aquaserge »