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Sinaïve, Révélation Permanente Bootleg / Tabula Rasa EP (autoproduit)

Cet été, nous vous avons proposé de relire quelques articles consacrés à des coups de coeur de la rédaction. Celui-ci nous a particulièrement emballés, via notre antenne strasbourgeoise et l’ultra productif Renaud Sachet, à qui l’on doit aussi les publications Langue Pendue et Groupie. Trois, puis quatre vingtenaires ont sorti ce qui sera une collection de trois EP, dont le dernier sortira à la rentrée et en vinyle, cette fois, par l’entremise de nos amis de Buddy Records, et on l’éspère aussi les voir sur scène. Vous avez loupé les premières aventures soniques des brillants Sinaïve? Rewind.

Sinaïve, Révélation Permanente Bootleg (autoproduit)

Sinaïve« à tous ces enjeux mouvants qui ne m’arrêteront pas »

Il y a quelques jours à peine, j’ai eu la chance de (re)voir Sinaïve – trio strasbourgeois dont j’ai déjà fêté avec ferveur les deux premiers EP, ici et – dans les conditions optimales du lieu dont on ne peut dire le nom : son poussé à fort volume, ambiance apaisée, présence attentive et amicale du public, volutes de fumées non identifiées, verres de bière généreux. Durant une petite heure, Sinaïve a déroulé son psychédélisme empreint d’une froideur concentrée, portée par une rythmique robotique et implacable. Sur place, une rumeur persistante promettait un inédit du groupe, enregistré disait-on avec du matériel analogique, à base de cassette, et de matériel d’equalisation en guise de production rudimentaire. Le disque était là, tiré à 69 exemplaires numérotés pour l’occasion, dans sa pochette de carton brun anonyme – si ce n’est les adresses postales et internet du groupe tamponnées, un polaroid du trio, de dos, à genoux et les mains sur la tête (en écho à de marquantes images de l’actualité récente) et un dépliant en noir et blanc avec les paroles des sept nouveaux morceaux. Continuer la lecture de « Sinaïve, Révélation Permanente Bootleg / Tabula Rasa EP (autoproduit) »

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Dean Wareham – La lune dans le caniveau

Dean Wareham
Dean Wareham

Alors que Dean Wareham réalise avec sa compagne Britta Phillips un nouveau disque de reprises enregistrées pendant le confinement,  Quarantine Tapes, exhumation d’un Rendezvous datant de 2004.

C’était une belle journée de l’année 2004, une belle journée d’automne ou de printemps je crois. En tout cas, le soleil inondait la pièce des bureaux de la RPM – époque rue du Sentier – où nous recevions cette après-midi-là Dean Wareham, ce Néo-zélandais que tout le monde prend pour un Américain puisque c’est sur le Nouveau Continent que l’homme a mené un parcours du genre exceptionnel. Parangon d’une scène indie arrivé à son firmament – la fin des années 1980 et le début de la décennie suivante – alors qu’il est à la tête de Galaxie 500, il en est vite devenu l’une des brebis galeuses, accusé d’être l’unique responsable de l’implosion de ce trio qui maniait la naïveté avec une maestria bouleversante. Continuer la lecture de « Dean Wareham – La lune dans le caniveau »

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Le club du samedi soir #13 : Chaleur

Anna HB
Linogravure : Anna HB

« Il fait chaud » est sûrement la phrase que j’ai le plus entendu, mais aussi celle que j’ai le plus dit ces dernières semaines. Voilà donc une playlist compilée dans la chaleur du mois d’août, remplie de morceaux qui selon moi, se lient plutôt bien à la torpeur estivale.
Bien sûr, c’est très subjectif, mais peut être trouverez vous aussi les reverbes à ressort de Joe Meek rafraîchissantes, ou que la bossa Nova d’Antonio Carlos Jobim fait rêver à des cocktails glacés, ou encore que les Electric Prunes vous rappelleront ces nuits d’orages réconfortantes.
Sinon, vous pouvez toujours vous amusez à danser un slow transpirant sur du Roy Orbison, ou de danser sur le tube d’été de Todd Rundgren, ça ne fait jamais de mal. Et si la danse n’est pas votre dada, avec une bière ou une limonade, ça devrait être une bande-son adéquate.

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Pianosaurus, Groovy Neighborhood (New Rose, 1986)

Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.

Pianosaurus

Certains entendent le pratiquer, pour mieux le maîtriser. Quitte, sur la foi d’une virtuosité durement acquise autant que fièrement revendiquée, à l’asservir à de sombres desseins, souvent onanistes (Joe Satriani, retire tes mains de tes poches !). De plus humbles, sans pour autant que leurs intentions soient moins respectueuses ou louables, s’appliquent à le maltraiter, à lui ouvrir le ventre pour mieux le faire chanter, et tant pis s’il rend l’âme. Puis il y a ceux, missionnaires lambda, qui se contentent d’en jouer, pour mieux en jouir. Plus loin, si on s’autorise à pousser le bouchon, à taquiner les mots comme d’autre le goujon ou leur instrument (puisque c’est bien de ça dont il s’agit, mais dans la sphère strictement musicale), il y a la catégorie qui a décidé de s’en jouer, et advienne que pourra. Comme tout cela est très sérieux, étayons en convoquant John Cage qui, entre deux pianos préparés, n’a jamais caché une certaine affection pour les toys en tous genres. Enfin, dans d’ultimes retranchements, se trouve une communauté pour qui Eden rime avec Kindergarten et qui n’a rien trouvé mieux que d’instrumentaliser ses jouets pour faire revenir de loin une musique oscillant entre babillements bambins et cri primal – à quelques encablures de Janov, on considèrera que le Neil Jung sous vocoder de Trans (1982) est une (sublime) entité à part. Continuer la lecture de « Pianosaurus, Groovy Neighborhood (New Rose, 1986) »

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Morning Dews

Depuis plus d’un an, ce couple de mélomanes poste chaque jour sur les réseaux la reprise d’une de ses chansons fétiches.

Morning Dews
Morning Dews (Richard Robert et Marguerite Martin)

Hier, nous avons publié dans notre série Cover la très belle version de Just One Kiss de The Cure par Richard Robert. Cette reprise n’est pas un acte isolé. Elle est le maillon d’une série débutée par son interprète il y a plus d’un an, un peu par hasard, beaucoup par nécessité. Alors qu’aujourd’hui une chaîne YouTube abrite toutes les relectures imaginées par Richard et / ou sa compagne Marguerite Martin, il était temps de présenter ce projet pas tout à fait comme les autres, avec les mots de son initiateur. Parole à Richard Robert, donc. 
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Richard Robert reprend “Just One Kiss” de The Cure (inédit)

Je ne sais plus quel artiste avait déclaré cela, mais c’était dans un vieux numéro des Inrockuptibles – la formule bimestrielle, je crois : pour résumer, il affirmait que les chansons réussies étaient celles que l’on pouvait jouer à l’aide d’une simple guitare acoustique, débarrassées des enluminures de la production, libérées des arrangements, toujours splendides même quand elles s’offraient ainsi dans toute leur nudité. Sans bien savoir pourquoi, je trouvais cette image très belle, d’autant plus que, quelques semaines ou mois plus tard, je découvrais l’immense reprise de Bizarre Love Triangle par Devine & Statton : une guitare, donc, et la voix si blanche d’Alison métamorphosaient un maelstrom des dancefloors en une comptine d’une fragilité exquise, destinée à celles et ceux dont le cœur doute toujours un peu. 

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Alain Bashung – Novice

Dans l’album de Bashung se cache la proposition d’un monde, celui créé par David Lynch dans « Twin Peaks ».

Laura Palmer dans Twin Peaks de David Lynch.

… Et tous ces artistes pourquoi chantent-ils ?
Pourquoi ? Peut-être parce qu’ils sont mal placés dans leur époque, parce qu’ils s’y sentent dépaysés. Tout simplement.
Comme le Alain Bashung de Novice ?
Oui. Continuer la lecture de « Alain Bashung – Novice »

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Minna Miteru, A Compilation Of Japanese Indie Music (Morr Music)

Minna Miteru

À intervalles réguliers, le Japon nous envoie de ses nouvelles via de fidèles messagers écossais, australiens ou européens. Des labels, missionnaires, fureteurs de première, se posent en archivistes d’une histoire musicale en marche, en traducteurs d’un monde dont les tenants et les aboutissants semblent nous échapper à chaque fois qu’on pense pouvoir le cristalliser. Parmi ces documentalistes, on remarquait évidemment le label de Stephen Pastel et Katrina Mitchell, Geographic, qui devint par la force des choses une sorte de refuge pour une famille d’excentriques nippons comme Maher Shalal Hash Baz, Nagisa Ni Te, Kama Aina, ou les Tenniscoats. Les labels australiens Chapter Music et Someone Good en leur temps compilaient pour notre plus grand bonheur une première vague de groupes : la compilation Songs For Nao (2004), fondateur, et pour la génération Myspace de ces outsiders, l’excellent Add To Friends (2007), on en oublie sans doute et des meilleurs.  Continuer la lecture de « Minna Miteru, A Compilation Of Japanese Indie Music (Morr Music) »