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Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique »

Sean O'Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell
Sean O’Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell

Une semaine s’est à peine écoulée depuis la publication de Hey Panda et dans le Landernau – petit, convenons-en – des passionnés d’indie-pop, le débat commence déjà à faire rage. Sacrilège ! On entend de l’auto-tune sur le nouvel album des High Llamas, ces gardiens consacrés d’un temple dont les piliers semblaient sculptés, depuis plus de trente ans et donc pour l’éternité, dans le marbre inaltérable de Pet Sounds (1966). A chaque époque ses dogmes et ses trahisons, ses Dylan électriques et ses « Judas ! ». Toujours est-il qu’on ne peut pas feindre de s’épancher sur la Rétromanie galopante, déplorer que tout est déjà joué, rejoué et archi-joué et ne pas, au moins, consentir à jeter une oreille intriguée et admirative sur cette tentative pour rebattre aussi vigoureusement les cartes alors même que – coïncidence sans doute – un revival Microdisney bât son plein au Royaume-Uni après la diffusion toute récente d’un documentaire dont Sean O’Hagan pourrait se contenter d’assurer le service après-vente. Continuer la lecture de « Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique » »

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Les bugs de l’an 2000

Retour sur la scène glitch des années 1990/2000 à travers trois rééditions.

Héliophore de laHéliophore de la collection Prospective XXIe siècle du label Phillips collection Prospective XXI du label Phillips
Héliophore de la collection Prospective XXIe siècle du label Philips

Il y a quelque chose de frappant lorsqu’on fait retour sur la musique électronique des années 1990, celle des labels Mille Plateaux, Mego, Scape ou encore Raster-Noton : une forme d’optimisme moderniste, d’élan avant-gardiste, qui résonne aujourd’hui d’une manière résolument mélancolique. Un peu comme les pochettes à partir d’héliophores de la collection Prospective XXIe siècle du label Philips, ou encore ces vielles photos de studios de recherche comme ceux de la WDR ou du GRM, qui témoignent d’un progressisme radical ouvrant sur une forme paradoxale de nostalgie. Méditer sur les futures perdus, sur une utopie au statut spectral, tel pourrait en effet être la signification fondamentale du rétrofuturisme si présent lorsqu’on se penche sur les musiques électroniques de cet âge d’or post-rave. Continuer la lecture de « Les bugs de l’an 2000 »

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Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova

Crépuscule à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe
Crépuscule hivernal à Roncherolles-sur-le-Vivier / Photo : Viktor der Panini Joe

Peut-on écouter Elvis Costello sans avoir envie d’être déjà en été ?
Et il faut l’avouer : Burt Bacharach en février, ça dégèle n’importe quelle matinée.

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.  Continuer la lecture de « Climats #42 : Jim O’Rourke ou Burt Bacharach, Maria Stepanova »

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Bill Callahan, YTI⅃AƎЯ (Drag City)

Ce que je retiendrai du scoutisme, au-delà d’un paquet de nerfs, du savon noir, de l’odeur, à la longue écœurante, des feux de bois et de petites humiliations, c’est que le danger n’est jamais loin et qu’il faut rester à l’affût. Et j’avoue volontiers avoir baissé ma garde à propos de ce sacré Bill. Mais, bien au-delà du confort souvent majestueux que ses disques récents m’ont toujours apporté, la lassitude rentrant peu à peu en ligne de compte, vous n’avez pas idée de mon vrai métier, et l’ennui n’est pas forcément étranger à la félicité. Bien au-delà de ça, dans ces disques jolis, et loués unanimement par les professionnels de la profession, ô combien je m’ennuyais. Parfois, pas toujours (Apocalypse quand même), mais souvent. Mais je restais à l’affût, en vain mais pas toujours. Et aujourd’hui, me voilà bien récompensé.

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Stranger Teens #28 / Guest : Chevalrex

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

"Eureka" de Jim O'Rourke sur le clavier de Chevalrex.
« Eureka » de Jim O’Rourke sur le clavier de Chevalrex.


Valence. Hiver 1999. Je suis en 1ère littéraire dans un lycée en périphérie de la ville, une classe de vingt-cinq filles et trois garçons. J’habite à dix minutes en voiture. Tous les matins, mon père m’y conduit. En vrac, les yeux encore collés, les cheveux en épis, j’interromps la matinale de RTL en glissant mes cassettes dans l’autoradio. Nous écoutons les groupes que j’écoute déjà en boucle à la maison et dont les images tapissent les murs de ma chambre, Pavement, Smog, Little Rabbits, Cat Power ou Dominique A. Avec leurs chansons, leurs voix singulières, ces musiciens laissent entrevoir à l’adolescent solitaire que je suis une possibilité : trouver sa voie, sa musique, sa langue. Continuer la lecture de « Stranger Teens #28 / Guest : Chevalrex »

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Bill Callahan & Bonnie « Prince » Billy, Blind Date Party (Drag City)

Bill Callahan & Bonnie "Prince" Billy Blind Date Party En principe, il n’y a pas, dans le rock, grand-chose de plus vain, ennuyeux et déprimant que l’idée d’un album de reprises. Bien sûr, il existe quelques exceptions, des disques très réussis comme le Nilsson Sings Newman (1970) de Harry Nilsson, le Cover Magazine (2002) de Giant Sand ou le très beau To Willie (2009) de Phosphorescent, mais, dans l’ensemble, l’exercice semble plutôt réservé à des artistes souffrant d’un manque criant de créativité. Et le fait que Will Oldham en soit déjà à son septième opus du genre (en comptant les disques de réinterprétations de ses propres chansons) depuis 2004 en dit malheureusement assez long sur le lent déclin de son œuvre depuis qu’il a adopté le pseudo de Bonnie “Prince” Billy. Pourtant, Will Oldham est également l’un des rares à maîtriser l’exercice. Certains de ses disques du genre, Greatest Palace Music (2004), The Brave and the Bold (2006), enregistré avec Tortoise, ou l’excellent EP Ask Forgiveness (2007), figurent même parmi ses plus belles réussites depuis vingt ans. Continuer la lecture de « Bill Callahan & Bonnie « Prince » Billy, Blind Date Party (Drag City) »

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Selectorama : Mess Esque

Mess Esque
Mess Esque

Lorsque l’on évoque le natif de Melbourne Mick Turner, on pense immédiatement aux essentiels Dirty Three dont il fut le membre fondateur. Ce serait faire l’impasse sur quarante années de projets dont le dernier en date, Mess Esque, vient de sortir sur Drag City. Le groupe est né en 2020 sur la base d’échanges à distance entre Mick Turner et Helen Franzmann qui s’est fait connaître en sortant des albums sous le nom de McKisko. Leurs chansons sont de purs produits de la pandémie, chaque titre respire l’isolation, la solitude et la mélancolie. Il s’en dégage pourtant une chaleur et une beauté qui nous invite à pénétrer dans leur cercle intime sans voyeurisme. On y trouve même un certain réconfort. Cela est d’autant plus incroyable que Mick et Helen ne se sont jamais rencontrés physiquement. La formule fonctionne grâce au juste équilibre entre minimalisme, expérimentations et mélodies foutraques. Ce Selectorama proposé par les deux membres du groupe vous éclairera sur leur univers étrange et fusionnel qui a donné à naissance à deux albums en moins d’un an. On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. Continuer la lecture de « Selectorama : Mess Esque »

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Bonnie « Prince » Billy : les années Palace

Bonnie "Prince" Billy
Bonnie « Prince » Billy / Photo : Lindsey Rome


A l’heure (du loup) où Will Oldham se réacoquine avec son compère Matt Sweeney sous le nom de Superwolves, nous avons remis la main sur cette interview d’avril 2004, où il évoque ses années Palace.


En choisissant de réenregistrer des chansons de ses diverses incarnations Palace (Brothers, Songs, Music), sélectionnées par le vote des internautes sur le site du label américain Drag City, Will Oldham est parvenu à revisiter de manière sobre et cohérente les différentes pièces d’un palais où régnait souvent l’intranquillité. Soucieux du moindre détail, il revient sur les lieux d’un des plus imposants édifices de la musique américaine contemporaine, ce Greatest Palace Music en forme de best of fantasmé.

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