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Rien sur Noël – Drab City, Pascal Bonitzer, Sarah Chiche

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Abd El Halim Hafez
Abd El Halim Hafez

Elle portait deux tatous sur chaque cheville, un croissant de lune et un soleil. Des tatouages que je retrouverais par pur hasard, des années plus tard, portés par une jeune libraire. La vie est une éternelle métamorphose. Noël 2001, un peu à l’écart d’Aix en Provence, dans un vieux mas décati aux tuiles rongées de soleil, j’allais passer d’étranges fêtes. Elle venait de me faire écouter Abd El Halim Hafez, au petit matin. Les cordes tragiques et orientales semblaient serpenter entre les oliviers. Au loin, une brume mauve rasait l’horizon des plaines. Elle me disait que c’était une brume similaire au Caire, mais là-bas, les vapeurs venaient matin comme soir. Continuer la lecture de « Rien sur Noël – Drab City, Pascal Bonitzer, Sarah Chiche »

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Selectorama : Tim Burgess

Tim Burgess / Photo : Cat Stevens

Il est loin, le temps des premiers Charlatans. L’inépuisable Tim Burgess sort I Love The New Sky demain, son cinquième disque solo. Mi pop mi expérimental, ce nouvel album est la synthèse parfaite de ses trente années au service de la pop. De l’hommage appuyé au Boys Don’t Cry de The Cure sur Empathy For The Devil au subtil mariage électro acoustique de Laurie, Tim Burgess donne l’impression de ne rien s’être refusé. L’envie de se faire plaisir est palpable, mais la sagesse le fait rester dans la retenue. C’est cet équilibre qui fait de I Love The New Sky un album réussi. L’enthousiasme et la passion de Tim Burgess ont récemment contribué au succès des listening parties qu’il a organisé sur Twitter pendant le confinement. Pendant ces sessions d’écoute où il est souvent possible de discuter avec les artistes eux-mêmes, Burgess est capable de vanter son amour du Boat To Bolivia de Martin Stephenson & The Daintees comme du Love de The Cult. Cet éclectisme musical et sa soif de découverte transpirent dans ce Selectorama. Il y a quelques années certains indie kids arboraient un t-shirt “Who the fuck is Tim Burgess ?”. Cet homme mériterait que plus personne ne se pose cette question. Continuer la lecture de « Selectorama : Tim Burgess »

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B.C. Camplight, Shortly After Takeoff (Bella Union/PIAS)

Soy Tonto!, proclamait-il déjà haut il y a bientôt treize ans sur l’un des titres de son deuxième album, Blink Of A Nihilist (2007). Nul besoin, en effet, de posséder un diplôme de troisième cycle en psychologie pour comprendre qu’il règne encore et toujours une agitation inhabituelle sous le chapeau melon de Brian Christinzio. Sa biographie officielle n’en a d’ailleurs jamais fait mystère en évoquant régulièrement quelques séjours en établissements spécialisés. Et pourtant, l’admiration que suscite une fois de plus l’homme-orchestre qui se dissimule derrière le pseudonyme de B.C. Camplight n’a pas grand-chose à voir avec la fascination un peu malsaine qu’entretiennent la plupart des autres grands givrés de l’histoire de la pop – de Roky Erickson à Daniel Johnston, la liste est longue. Nulle trace ici de délire paranoïaque ou d’exposition obscène de pathologies psychotiques. Il s’agit plutôt d’une folie douce, d’une fantaisie extrême et non dénuée d’humour. Continuer la lecture de « B.C. Camplight, Shortly After Takeoff (Bella Union/PIAS) »

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Piroshka, Brickbat (Bella Union / PIAS)

Piroshka BrickbatJ’étais à peu près sûr de ne pas avoir jeté « jeté » ces premiers mails reçus le 18 septembre 2017, à une époque où j’avais la tête ailleurs. Je n’avais donc pas tout à fait réagi comme il se devait à la nouvelle – comme il se devait ? Faire des bonds de cabri dans le salon, ressortir tous les disques des personnes concernées (une vingtaine de disques au total), déboucher une bouteille de vin (Rioja, merci), passer une nuit blanche à tout réécouter et tirer quelques plans sur la comète. Pour résumer, depuis Londres, un ami un peu perdu de vu — mais beaucoup croisé dans les années 1990 – m’annonçait la naissance d’un nouveau projet avec sa compagne. Cette nouvelle, en fait, je l’attendais depuis plus de deux décennies. Continuer la lecture de « Piroshka, Brickbat (Bella Union / PIAS) »

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Piroshka

Piroshka
Piroshka / Photo : Neil Stewart

Qui ?

Miki Berenyi (Voix, guitare)

Kevin J McKillop, alias Moose (Guitare)

Mick Conroy (Basse)

Justin Welch (Batterie) Continuer la lecture de « Piroshka »

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Playlist : Introducing Piroshka

Alors qu’un premier single est sur le point de paraitre – un peu comme si, au hasard, Lush épousait John Barry – et que les premières dates de concerts viennent d’être annoncées, retour en chansons sur le passé musical des quatre membres de Piroshka. Car derrière ce nom exotique, se cachent Miki Berenyi (Lush), Justin Welch (Elastica), Mick Conroy (Modern English) et, last but not least, Kevin J McKillop (Moose), acteurs aux fortunes diverses dans les années 1980 et 1990 qui, un premier album sous le bras, prouveront en 2019 que le talent, l’inspiration et l'(im)pertinence n’ont que faire du nombre des années…

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Spiritualized, And Nothing Hurt (Bella Union/Pias)

Spiritualized And Nothing HurtMême si on s’en doute toujours un peu, avec une sorte d’excitation un peu stupide mais toujours renouvelée plus de trente ans après, si l’on inclut ses débuts mirobolants au sein des Spacemen 3 (Playing With Fire – 1988, meilleur somnifère imagé de nos insomnies intoxiquées adolescentes et bien au-delà…), on ne sait jamais exactement ce que Jason Pierce va mettre dans sa boîte à musique. Continuer la lecture de « Spiritualized, And Nothing Hurt (Bella Union/Pias) »

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Jonathan Wilson, Rare Birds (Bella Union/Pias)

Jonathan WilsonAvant de poser Rare Birds sur la platine, je me méfiais beaucoup de ce que j’allais entendre. Tout d’abord parce qu’après deux albums splendides, Jonathan Wilson nous avait livré Slide By, un EP poussif (hormis Angel, une impeccable reprise de Fleetwood Mac). Ensuite le teasing de l’album s’est effectué avec des clips très vilains, aux images numériques périmées et d’un psychédélisme écœurant. On nous parla alors de synthés, d’électronique, de changements radicaux dans la production. Pendant des semaines alors, je n’arrive plus à écouter aucun disque folk de Laurel Canyon. Je dors mal. Je ressasse d’improbables rêves où David Crosby chante avec Devo. Parfois dans un cauchemar effroyable, Skrillex remixe Joni Mitchell. Je tente de calmer ces terreurs nocturnes en écoutant Trans de Neil Young. Mais en vain. Poussé par un relent d’audace, bravant les derniers avertissements lancés par cette infâme pochette, je me décide enfin à ouvrir ce Necronomicon bleu électrique.

Non seulement les premiers titres rassurent, mais ils subjuguent. Immédiatement. Avec Trafalgar Square, Over The Midnight et There’s a Light, Wilson érige une cathédrale de guitares folk, rock ou soul mâtinée de country. Une fois le décor planté, la pop retro délicieuse de Rare Birds va basculer imperceptiblement dans une autre dimension. Sur Sunset Blvd, il ralentit le rythme et déploie cordes et vocoder dans un ambiance onirique, voire cinématographique. Les claviers prennent une place centrale sur ce disque, mais pour autant, le musicien n’a pas radicalement modifié son écriture, ni sa production, comme on a pu l’entendre dire. En revanche, il a étendu sa palette, ouvert ses compositions à de nouvelles sonorités : il a mis du Air dans son CSN&Y, du Talk Talk dans son Jack Nitzsche et même du Dire Straits dans son Tom Petty. (Et au passage, il fait ça mieux que The War On Drugs.) A côté de ça, il récite aussi son Sgt Pepper comme personne (Miriam Montague). Continuer la lecture de « Jonathan Wilson, Rare Birds (Bella Union/Pias) »