Piroshka

Piroshka
Piroshka / Photo : Neil Stewart

Qui ?

Miki Berenyi (Voix, guitare)

Kevin J McKillop, alias Moose (Guitare)

Mick Conroy (Basse)

Justin Welch (Batterie)

Où ?

Londres, Royaume-Uni

Quoi ?

Ne jamais dire jamais. Miki Berenyi – dont la maman a fait une apparition furtive en bikini dans le James Bond de 1967, On Ne Vit Que Deux Fois – aurait dû le savoir mieux que quiconque… Flashback. 17 octobre 1996. Chris Acland, le batteur de Lush, met fin à ses jours dans la demeure de ses parents. Pour les trois survivants – Miki, Emma Anderson et Phil King –, aucune hésitation : cette terrible disparition sonne le glas du groupe, qui avait presque tout connu le temps d’un septennat – hype médiatique, descente aux oubliettes avant une improbable résurrection grâce à l’épiphénomène britpop. Si ses deux acolytes vont finalement continuer à fricoter un temps avec la sphère musicale (Sing-Sing pour elle ; Jesus & Mary Chain entre autres pour lui), Miki, elle, tourne bel et bien le dos à ses anciennes amours pour se consacrer à sa famille – elle est en couple depuis plus de vingt ans avec l’ex-Moose Kevin J McKillop – et son métier : elle travaille dans la presse. En l’espace de deux décennies, on la trouve juste impliquée dans trois projets comme invitée DeLuxe. Jusqu’en 2016. Cette année-là, avec une vieille connaissance à la batterie, l’ex-Elastica Justin Welch, Lush fait son grand retour scénique (tournées américaine et européenne couronnées de succès) et même discographique (le EP Blind Spot). On pense que le quatuor va donner suite… Mais c’était sans compter sur les sautes d’humeur et autres problèmes internes qui dégénèrent. Phil King tire sa révérence avant même la dernière date anglaise à Manchester, en novembre 2016. Le groupe fait appel en catastrophe à un autre vieil ami, le bassiste de Modern English Mick Conroy“Ce fut peut-être le meilleur concert de la reformation”, confie aujourd’hui sur le ton du secret un témoin encore plus attentif que les autres, Kevin J McKillop. Il n’empêche : le rideau tombe. Définitivement cette fois. Mais d’autres portes s’entrouvrent. “Justin et moi sommes devenus très amis lors de cette reformation”, explique Miki depuis son appartement londonien. “Et lorsque l’histoire a touché à sa fin, il m’a confié qu’il serait partant si jamais je considérais une aventure solo. Mais ce n’était pas du tout dans mes projets ! Et puis, lorsque Mick a remplacé Phil, nous avons fait les premières répétions tous les trois et nous nous sommes éclatés. Quelques semaines après le concert de Manchester, Justin m’a envoyé des fichiers musicaux en insistant pour que j’écrive des paroles et trouve des mélodies. Lorsque j’ai fini par m’y mettre, Mick a tout de suite proposé des lignes de basse et des arrangements… À partir de là, comme je faisais écouter tous ces morceaux à Moose, il m’a paru évident de lui demander de s’impliquer dans le projet…” Le groupe n’est pas en panne d’inspiration, compose vite et enregistre quelques titres en maquette avant même d’avoir trouvé un nom. Armés de l’appréhension que l’on croit d’ordinaire réservée aux débutants, les quatre comparses demandent leur opinion à quelques personnes de confiance… “Au tout début, nous avons souhaité garder cette histoire la plus secrète possible. Mais nous avions besoin de nous nourrir des opinions et des attentes des autres. Nous adorions ce que nous faisions, sans avoir aucune idée jusqu’où cela pourrait nous mener, d’autant que les aspects pratiques nous paraissaient écrasants…”, poursuit Miki, en toute honnêteté. Une fois avoir choisi l’identité de Piroshka – qui en hongrois (la nationalité du père de Miki) signifierait missile et désignerait également le Petit Chaperon Rouge  –, la chanteuse et guitariste contacte Simon Raymonde, autre ami de longue date, ex-Cocteau Twins et actuel Lost Horizons, à la tête de l’excellent label Bella Union. “J’attendais juste des conseils de sa part, j’espérais quelques encouragements qui viendraient entériner le fait que nous étions sur la bonne voie… Jamais je n’aurais imaginé qu’il nous propose de sortir un… album !” L’aventure est cette fois définitivement lancée. Le plus dur alors ? Garder le secret jusqu’à l’annonce officielle sur les réseaux sociaux de l’existence du groupe en septembre dernier. Sans que personne n’ait écouté la moindre note, l’enthousiasme déclenché par la nouvelle impressionne. Jusqu’aux principaux intéressés, loin d’être blasés.

Tube absolu

Everlastingly Yours, morceau composé par Kevin J McKillop et première rencontre auditive avec Piroshka, est un superbe numéro de funambule entre un certain classicisme sixties – John Barry et Ennio Morricone ne sont jamais très loin – et des atmosphères échappées des années 80, histoire de mieux renouer avec cette mélancolie bleutée dont le groupe Moose s’était fait l’un des plus fervents ambassadeurs à la toute fin du siècle dernier. Mais le quatuor a plusieurs cordes à son arc. Entre racket punk-glam (Bedlam, Never Enough) et hits pop taillés sur mesure pour la voix piquante de Miki Berenyi (What’s Next, Hated By The Powers That Be ou Run For Your Life), le groupe s’offre aussi de jolies virgules plus introspectives, à l’instar de Lullaby. Pour résumer, les amateurs des quatre groupes dont sont issus nos néo-acolytes devraient aisément en avoir pour leur argent. Aisément.

Le revenant

Si les trois autres membres du groupe ont gardé plus (Justin Welch a joué entre autres avec Suede ou The Pretenders depuis la disparition d’Elastica en 2001 ; Mick Conroy est toujours sur les routes – en particulier américaines – avec son groupe historique Modern English) ou moins un pied dans la musique (Miki et ses collaborations avec The Rentals, Flat 7 ou Seinking Ships), Kevin J McKillop, l’une des deux éminences grises de Moose avec Russell Yates, avait complètement disparu des radars, alors que sa vie de couple laissait nourrir à certains les espoirs les plus fous – pour ne pas dire plus. Justement… “Nous avons bien sûr eu l’idée de faire des choses ensemble depuis tout ce temps”, confie d’abord Miki, “Mais nous n’avions jusque-là trouvé ni le temps ni l’énergie. Après une journée passée à bosser et une soirée consacrée à élever nos enfants (ndlr. Miki et Moose ont une fille et un garçon), je n’avais plus l’énergie nécessaire pour me lancer dans une aventure créative… Et puis, la fin de Lush liée à la mort de Chris a fait que j’ai souhaité refermer la porte sur cette partie de mon passé… Pendant longtemps, je n’ai eu aucune envie d’y revenir. C’est avec la reformation, malgré tout le stress que cela a impliqué, que je me suis rappelée à quel point j’aimais composer et jouer de la musique, et à quel point cela me manquait”. Le principal intéressé joue lui aussi cartes sur table. “Si je n’ai rien fait pendant toutes ces années, c’est avant tout lié à un manque d’inspiration. Mais aussi et surtout, à une absence cruelle de désir. Du désir d’écrire à nouveau des chansons… Je pouvais composer des musiques, mais j’étais incapable d’imaginer des paroles. Je me suis un peu amusé dans mon coin, j’ai réalisé quelques instrumentaux plutôt électroniques. Mon fils Joe (ndlr. enfant d’une union précédente, à qui fait référence la chanson Joe Courtesy sur l’album Honey Bee de Moose) en a utilisé certains dans un film qu’il vient de terminer. Mais quand Miki a mis en route Piroshka, j’ai vite su que je devais m’impliquer, en particulier dans le songwriting. Heureusement, j’avais quelques idées qui me tenaient à cœur… Hated By The Powers That Be, Village Of The Damned et Everlastingly Yours sont vraiment le fruit de l’amour… J’ai passé plus de temps sur ces trois chansons que sur n’importe quelle autre de mes compositions. Je voulais juste qu’elles soient parfaites et pour cela, j’avais besoin d’entendre Miki chanter dans ma tête…” Jusque-là trop discret (timide ?) et, oui, dilettante, Kevin J McKillop s’offre une seconde vie artistique et doit désormais tout mettre en œuvre pour être enfin reconnu à sa juste valeur – pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents, on tient juste là l’un de ces auteurs-compositeurs d’exception que seule semble pouvoir offrir la prude Albion.

Futur conditionnel

Tout en étant à double tranchant, le passé de chaque membre du groupe semble promettre à Piroshka un avenir plus que passionnant. D’autant que les chansons se montrent à la hauteur des attentes suscitées. Suite à la parution de Everlastingly Yours et à un premier concert londonien le 27 novembre – les places se sont arrachées en quelques minutes –, un second single verra le jour en janvier 2019, très rapidement suivi, le 15 février, d’un premier album intitulé Brickbat. Piroshka a également déjà calé une série de dates européennes pour le printemps, avec un passage parisien au Backstage, le jeudi 25 avril 2019. De quoi voir la vie en rose pour Miki et les garçons ? “Orange et lumineuse, plutôt”, rétorque la dame. “Ou si tu y tiens, rose, mais avec du rouge et du jaune également”.

L’album Brickbat sortira le 15 février 2019 sur le label Bella Union, en précommande ici.

Tracklist :
01. This Must Be Bedlam
02. Village Of The Damned
03. Never Enough
04. Blameless
05. What’s Next
06. Hated By The Powers That Be
07. Run For Your Life
08. Heartbeats
09. Everlastingly Yours
10. She’s Unreal

www.facebook.com/piroshkaband/

twitter.com/piroshkaband

www.instagram.com/piroshkaband/

Playlist : Introducing Piroshka

Dates de la tournée :
27/11 LONDRES – Lexington / SOLD OUT!
29/03 MANCHESTER – Soup Kitchen tickets
30/03 GLASGOW – Stereo
31/03  LEEDS – Brudenell Social Club
04/04 LONDON – Oslo tickets
05/04 CAMBRIDGE – Portland Arms
06/04 BRISTOL – Rough Trade
25/04 PARIS – Backstage
26/04 AMSTERDAM – Bitterzoet
27/04 BERLIN – Privatclub
28/04 COPENHAGUE – Vega
01/05 BRUXELLES – Botanique

Une réflexion sur « Piroshka »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *