Catégories avant-première, borne d'écouteÉtiquettes , , ,

Clip : The Attendant : « Teenage »

Un simple bénéfice secondaire du confinement ? Ou plutôt une tentative pour faire circuler librement un peu de la parole poétique qui s’accumule dans l’espace domestique restreint et cherche à s’étendre dans les rues vides ? Il y a un peu de cette urgence nouvelle et peut-être encore bien d’autres choses dans The Attendant, nouveau projet de Pete Astor, épaulé par Ian Button (Papernut Cambridge, Death In Vegas). Un premier 45 tours est déjà sorti au printemps, un troisième est annoncé. Entre les deux, Teenage s’intercale en guise de transition, comme une version dévastée et glaçante du prélude en talkover de Suburbia (1986) des Pet Shop Boys.

Catégories première nécessitéÉtiquettes , , ,

Clique & Collecte chez Locked Grooves à Strasbourg

Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.

Locked Grooves, Strasbourg.
Locked Grooves, Strasbourg.

L’histoire débute il y a cinq ans. David, Phil du défunt Mudd Club et Quentin (Winston Smith) font un choix qui sauve l’honneur de la ville au rayon des disquaires indépendants : créer à nouveau un lieu où l’on puisse découvrir des nouveautés en vinyle. Il fallait alors admettre qu’à part une seule autre option réservée à l’occasion, les disquaires avaient tous finalement mis la clé sous la porte. Situés à l’époque rue de la Division-Leclerc, l’échoppe propose une sélection assez orientée sur la musique de club, avant tout parce qu’ils sont tous les trois DJ’s. De disco à house et techno, avec des écarts funk et post punk, les maxis s’échangent parmi une clientèle ouverte sur la région Grand Est et le Bade-Wurtemberg frontalier. Aujourd’hui, resitué à côté de la Place des Halles, David est seul à bord, car le disquaire de niche, même dans une ville à priori européenne, ne nourrit pas trois estomacs. Les choix du patron évoluent aussi, et s’élargissent à la wave, l’indus, avec une ouverture sur les classiques 70s, le hip hop, le dub et l’afrobeat, que ce soit de l’occasion ou des beaux repressages. Quelques envies pointent aussi d’élargir vers la musique expérimentale, contemporaine et baroque. David espère aussi monter Locked Grooves, le label, avec très probablement un EP de Wilt, projet basé entre Strasbourg et Besançon, histoire de mettre en perspective la production locale. En attendant, des jours plus fastes, s’il reste un disquaire, c’est celui-là, et il faut aller le soutenir.

Locked Grooves, 10 Place des Halles à Strasbourg. Joignable en clicque et collecte sur leur page facebook, leur site , ou par téléphone au 06 62 81 71 76.
Tous les articles de la série Première Nécessité (un disquaire par jour) sont visibles ici.

Continuer la lecture de « Clique & Collecte chez Locked Grooves à Strasbourg »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Domenique Dumont, People On Sunday (The Leaf Label)

J’avais découvert Domenique Dumont, entité originaire de Riga (Lettonie), sous les feux croisés de recommandations privées (dont celle de l’avisé Michel Wisniewski, le patron de Scum Yr Earth, qui les avait vus en concert) et de prescriptions imparables (un texte de Stephen Pastel pour Monorail, sans doute). J’ai écrit « entité » parce qu’il y a un petit mystère autour de ce sobriquet francophile derrière lequel se faisait discret un certain Arturs Liepins. Solo, groupe, duo, mystérieux musicien français? Son entretien publié ici nous permettait de passer derrière le miroir des deux magnifiques disques inépuisables parus alors chez Antinote : Comme ça (2015) et Miniatures de Auto-Rhythm (2018). Continuer la lecture de « Domenique Dumont, People On Sunday (The Leaf Label) »

Catégories première nécessitéÉtiquettes , , , ,

Clique & Collecte chez Transat à Poitiers

Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.

Transat, Poitiers
Transat, Poitiers / Photo : Pierre Antoine

Fondé au milieu des années 80 par l’équipe de L’Oreille est Hardie, en haut du Pont Neuf qui relie le centre-ville de Poitiers à ses principales facultés, le Confort Moderne a attiré beaucoup de groupes précurseurs à ses débuts, devenant la salle de concerts aux oreilles grandes ouvertes, rarement pop mais toujours moderne, de la préfecture du Centre-Ouest. D’ailleurs, derrière la lourde porte ornée d’un logo inspiré du fameux personnage en jaune et noir Use hearing protection de Factory Records, le lieu a toujours cherché à décentraliser les pratiques créatives, offrant au public un espace d’exposition défricheur lui aussi, tout comme la Fanzinothèque, lieu unique d’archive de fanzines donc et de micro-éditions ; d’ailleurs Mushroom y siège, très bien entouré. Dans la cour du Confort donc, comme l’appellent les Pictaviens, au milieu des locaux de répétition, s’ouvre dès 1987 un disquaire, foncièrement indépendant, la Nuit Noire. Alors adolescent, j’y déniche un badge bleu et gris de Tuxedomoon du plus bel effet, ainsi que le noir et blanc classique de P.I.L., qui orneront ma veste en jean dans le lycée voisin. Quand la Nuit Noire ferme ses portes définitivement, Lionel Bouet, du groupe noisy pop Liquid Team, décide de reprendre le local à disques pour y monter Transat en 2001. Continuer la lecture de « Clique & Collecte chez Transat à Poitiers »

Catégories transmissionÉtiquettes , ,

TRANSMISSION #48 Spéciale Turquie 60s–70s

Spéciale Turquie 60s–70s

Émission du 15 novembre 2020, présentée par Thomas Schwoerer, Viktor Der Panini Joe et Volkan Ergen.

Continuer la lecture de « TRANSMISSION #48 Spéciale Turquie 60s–70s »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , , ,

Je déteste la musique

Schädel mit Kerze (Crâne avec bougie), Gerhard Richter, 1983
Schädel mit Kerze (Crâne avec bougie), Gerhard Richter, 1983

Sortir de la nuit : marcher vers la lumière — ne pas atteindre le bout du chemin. Peut-on, par l’entremise de la peur et de la désolation, perdre jusqu’à la dernière fonction émotionnelle ? Peut-on, sous la menace du temps qui file entre nos mains, craindre même l’écoulement de la chanson ?

J’écris ici à la lumière d’une bougie. Autrement dit : encore tapi dans la nuit, observant grâce au début d’un regain de lumière, ce qu’il manque encore de jour à la vie. Je voudrais que revienne mon attention au monde car je l’ai perdue. Des mois que je n’ai pas écouté le commencement d’une chanson sans que mon esprit s’égare et se referme. Des jours que je n’ai pas ressenti le début d’une émotion claire et distincte. Des heures que je n’ai pas appartenu à l’humanité pleine et entière. Continuer la lecture de « Je déteste la musique »

Catégories première nécessitéÉtiquettes , , ,

Clique & Collecte chez Dizonord à Paris

Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.

Dizonord, Paris
Dizonord, Paris.

Créé en 2019, Dizonord (pour Disquaire de la Zone Nord) s’est immédiatement imposé comme l’un des hauts lieux du digging pointu et oeucuménique. Field recording, Folk trad, musiques africaines, japonaises ou orientales, musiques pour enfants, expérimental, noise ou free côtoient toutes les formes de musiques électroniques – dancefloor, rave ou plus abstraites, l’offre est impressionnante. L’ambition, pour les fondateurs et animateurs du lieu, étant de réunir les multiples communautés qui gravitent autour des différentes chapelles musicales, de faire du shop un point de rencontres et d’échanges. Un établissement qui est aussi très actif dans son quartier (ateliers pour les enfants, dj set, rencontres, etc.), et qui fait office de label ou de maison d’édition. Mention spéciale pour leur capacité à dénicher les deadstocks des labels et autres distribs les plus improbables !

Dizonord 9 rue André Messager, 75018 Paris. https://dizonord.fr
Tous les articles de la série Première Nécessité (un disquaire par jour) sont visibles ici.

Continuer la lecture de « Clique & Collecte chez Dizonord à Paris »

Catégories interviewÉtiquettes , , , ,

David Costa (Trees) – Vieilles Branches

Trees / Photo : Hipgnosis
Trees / Photo : Hipgnosis

Deux petits tours et puis s’en vont. L’éphémère parcours de Trees au sein de la scène folk britannique au tout début des années 1970, est de ceux qui se prêtent le plus aisément aux plaisirs de la redécouverte. Comme souvent dans ces cas-là, quand l’intérêt rétrospectif est inversement proportionnel aux retentissements initiaux, il faut commencer par dissiper quelques soupçons réticents : depuis bien longtemps, l’exercice critique qui consiste à exhumer des oubliettes de l’histoire les prétendus trésors négligés qui y croupissent a été trop massivement pratiqué pour ne pas engendrer la méfiance devant ces incessantes tentatives de réhabilitation. Elles n’ont trop souvent comme seule vertu que de distinguer, avec une ostentation érudite, ceux mêmes qui les pratiquent du lot – trop commun à leurs yeux, sans doute – des simples amateurs prisonniers des hiérarchies convenues de l’histoire officielle. Pour Trees, il ne s’agit pourtant pas d’un de ces coups de force aussi audacieux qu’improbables pour inverser l’ordre des valeurs esthétiques et chambouler les classements établis. Aujourd’hui, la publication par Earth d’une intégrale augmentée – les deux albums originaux désormais replacés dans un contexte qu’éclairent bon nombre de démos et de versions inédites – apparaît comme l’aboutissement logique d’un travail de fond, entamé au début du siècle et soutenu par de nombreux acteurs. C’est plutôt bon signe. Continuer la lecture de « David Costa (Trees) – Vieilles Branches »