The Primitives, Lovely (RCA Records, 1988)

Formés en 1984 à Coventry dans les West Midlands, The Primitives furent un des groupes les plus à succès de la vague C86. Ils obtiennent, en effet, la sixième place du chart album britannique, avec leur premier disque Lovelysorti en 1988. Ce succès, ils le doivent en particulier à l’inoubliable tube Crash. Comme beaucoup de grandes chansons, le titre a très vite sa propre existence. Six ans après sa parution initiale, un remix, avec d’inutiles nouvelles pistes, se fraye un chemin sur la bande original de Dumb and Dumber, succès des frères Farrelly. Trop pop pour les puristes, pas assez pour le grand public, les Primitives souffrent parfois de cette position intermédiaire.

The Primitives
The Primitives

Pas toujours pris aux sérieux par les élites de la musique indé, le groupe créé pourtant son propre label, Lazy, pour publier ses excellents premiers singles. Ils sont compilés sur l’indispensable Lazy 86-88 (1989). Leur premier album est également une très belle réussite. Le groupe y développe une pop nerveuse et inspirée. Leur musique lorgne souvent vers les sixties, Velvet Underground en tête, mais sans les pasticher. La musique des Primitives s’inscrit assurément dans les années quatre-vingt. À quelques encablures de The Jesus and Mary ChainSoup Dragons, Primal Scream ou The Housemartins, The Primitives assortissent de magnifiques mélodies à un mur de guitare noisy. De ce vacarme émerge la voix sucrée de Tracy Spencer, membre permanente du groupe avec le guitariste Paul Court et le batteur (depuis 1987) Tig Williams. Le bassiste Steve Dullaghan complète le line-up sur Lovely.  Si les guitares s’amourachent de fuzz ou de larsen, la production fait une place importante à l’intelligibilité des mélodies. Le groupe assume avec aplomb de faire de la musique pop. Le disque est gorgé, jusqu’à l’ivresse, de tubes en puissance. Lovely est une Ferrari lancée à pleine vitesse sur l’autoroute du plaisir. Les grandes chansons se succèdent à un rythme effréné, sans repos, pour mieux atteindre l’euphorie. Dès l’entame, l’affaire est entendue. Crash est une petite merveille pop.

Croisement entre Blondie, The Smiths et les Ramones, la chanson est mémorable. Chaque écoute vous assure un petit rictus de délectation aux coins des lèvres. The Primitives tirent trois autres excellents singles de Lovely : Thru The Flowers est une petite décharge d’électricité noisy pop. Peut-être peut-on lui préférer la version originale en single, mais elle fonctionne aussi très bien dans le contexte de l’album. Stop Killing Me convoque la branche punk spectorienne de la C86. Elle rappelle, par exemple, les Shop Assistants. Enfin, Out of Reach est un autre remarquable single, un morceau qui bondit frénétiquement aux oreilles. Comment ne pas être heureux en écoutant cette chanson ? Lovely ne se limite bien sûr pas à ses singles. L’album offre une écoute équilibrée et engageante sur l’ensemble de sa durée. Lovely est effectivement un disque charmant, dont la bienveillance submerge : The Primitives vous veulent du bien.


Lovely par The Primitives est sorti chez RCA Records en 1988.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *