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I Like 2 Stay Home #38 : Toutes les routes mènent à Saint Etienne

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Saint Etienne / photo : Paul Kelly
Saint Etienne / photo : Paul Kelly

J’ai beau retourner ma mémoire de moins en moins neuve dans tous les sens, je n’arrive plus à me souvenir de la première fois où j’ai écouté Saint Etienne. Ni quand, ni où. Encore moins avec qui. Même si je me dis que pas très loin, il devait y avoir Alex, Michelle, Daniel ou Jean Baptiste. Mais je sais que très vite, je me suis entiché de ce groupe qui au départ n’en était pas vraiment un. Plutôt la lubie de deux copains d’adolescence, Bob Stanley et Pete Wiggs, grandis dans la même banlieue que Kate Moss, des passionnés qui dans la deuxième moitié des années 1980, avaient déjà tout fait pour assouvir ladite passion : créer un fanzine, fonder un label (l’ultra-mythique Caff Corporation, dont la discographie relève à peu près du fantasme), écrire dans la « vraie presse » (pour le seul Bob, entre autres thuriféraire de la compilation Bubblegum Perfume)… En gros, il ne leur restait plus qu’à réaliser un disque, chose faite dès 1990 avec la comptine electrolascive Only Love Can Break Your Heart, relecture assez incroyable d’une des plus belles chansons de Neil Young publiée sous un nom qui annonçait déjà leur francophilie, Saint Etienne – en référence à la fameuse équipe de foot des années 1976 et 1977… Succès dans les milieux autorisés, remix génial d’Andrew Weatherall à la clé et les deux garçons se sont pris au jeu. Alors, à défaut de technique, ils ont suivi le postulat punk, ont mis leur érudition au service de leurs chansons et ont trouvé dès leur troisième single – le bien titré Nothing Can Stop Us, porté par un sample taille XXL d’une chanson de Dusty S. – la voix féminine dont ils rêvaient en la personne de Sarah Cracknell – qui, comme le monde et la Grande-Bretagne sont assez petits, avait été immortalisée dans une chanson de Felt. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #38 : Toutes les routes mènent à Saint Etienne »

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#38 : The Red Crayola, Born In Flames (Rough Trade, 1980)

The Red Crayola, sur pouf jaune.
The Red Crayola, sur pouf jaune.

Loin de moi l’idée de venir piétiner les plates-bandes de mes petits camarades mais quand je tombe en pâmoison devant certaines mixtapes labelisées I Like 2 Stay Home, je ne résiste pas toujours à venir m’ancrer, telle une vilaine tique, sur la bande sonore. D’autant que ça me dédouane totalement de trouver un quelconque lien entre confinement et 45 tours sélectionné. Ce fut le cas avec les Zarjaz (cf #14), et après m’être délecté de cet indispensable The Godlike Genius of Mayo Thompson, je réitère en ajoutant un tout petit caillou à l’édifice. Continuer la lecture de « #38 : The Red Crayola, Born In Flames (Rough Trade, 1980) »

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#37 : The Boo Radleys, C’mon Kids (Creation, 1996)

The Boo Radleys, malle à jouets.
The Boo Radleys, malle à jouets.

Je ne sais pas si tout le monde suit au fond, mais l’école a repris. Depuis le début de la semaine. En tout cas pour les élèves de la zone C, celle qui m’intéresse au premier chef. Il ne s’agit évidemment pas d’un retour en classe, qui fait s’arracher les cheveux aux enseignants ainsi qu’à une part non négligeable des parents, mais d’un comeback tonitruant de ces chères têtes blondes, brunes, rousses ou crépues dans nos pattes de tuteurs improvisés, répétiteurs sommés de suivre les instructions scolaires plutôt que les chemins vicinaux qu’on affectionne. Loin de moi l’idée de tacler le corps enseignant confiné qui parfois se lâche (je ne remercierai jamais assez une prof suffisamment à l’ouest pour avoir en classe de 4ème initié mon aîné à Philip Glass et Steve Reich), mais là je me retrouve avec un gamin de douze ans face au Moby Dick de Melville, bien embêté pour dire de qui ou de quoi Ismahel est le nom. Continuer la lecture de « #37 : The Boo Radleys, C’mon Kids (Creation, 1996) »

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I Like 2 Stay Home #36 : Broadcasted

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Je connais et écoute Broadcast depuis finalement peu de temps, en comparaison à ceux qui ont pu avoir la chance de voir la formation en concert, par exemple. Je les écoute tous les jours, inlassablement, en ayant toujours l’impression de saisir quelque chose de nouveau. Le groupe me réconforte. Une intimité rassurante se crée à force des écoutes : la voix douce et blanche de Trish Keenan (une frontwoman qui n’a rien d’une leader, et à qui je peux m’identifier), la basse enveloppante, les sons des claviers analogiques noyés dans le plus bel écho et la proximité du son parfait de la batterie créent en moi toutes ces sensations.

Une impression encore plus étrange car Broadcast n’a à première vue rien de rassurant. L’ambiance générale des morceaux semble issue et inspirée d’angoisses, de films d’horreur, de grande mélancolie et de fantômes. Donnant l’identité au groupe d’un mélange de berceuses hantées, de rythmes et d’arrangements inquiétants, parfois ressemblants à de exercices d’écriture automatique. Mais où le silence et les bidouillages psychédéliques ont aussi leur place.

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#36 : The Smiths, That Joke Isn’t Funny Anymore (Rough Trade, 1985)

The Smiths, pointillistes et pointilleux.
The Smiths, pointillistes et pointilleux.

I’ve seen this happen in other people’s
Lives
And now it’s happening in mine

Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures.

Inutile de gloser à n’en plus finir sur les Smiths. Encore moins sur la situation présente, qui ne fait plus rire personne.

Juste profiter pleinement de cette chanson, souffler, se requinquer, pour mieux repartir demain. Le chemin est encore long jusqu’au cap des 45.

(Pour l’anecdote et la bonne blague, That Joke est, Hand in Glove mis à part, le titre des Smiths qui s’est le moins bien classé dans le UK Single Chart, plafonnant scandaleusement à la 49ème position. Déjà en 1985, le monde ne tournait pas très rond.)

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#35 : Stockholm Monsters, All At Once (Factory, 1984)

Stockholm Monsters, syndrome de la lose.
Stockholm Monsters, syndrome de la lose.

Sur un plateau de la balance, Virna Lindt, Attention Stockholm. Sur l’autre, les Stockholm Monsters. Brett Anderson et Suede n’ont pas été convoqués.
Aller chercher l’exception suédoise en matière de stratégie sanitaire, le pays européen où le confinement n’est pas appliqué, où les écoles, les bars et les restaurants restent ouverts, où le port du masque est considéré comme une option négligeable, tout ça juste pour justifier le choix d’un disque, pointe clairement, après cinq semaines de circonvolutions, les limites de l’exercice. Mon stock d’alibis commence à dangereusement s’épuiser, la valse des sélectionnables s’emballe. Certains, assurés d’être sur la feuille de match, se sont vus renvoyés en tribune. D’autres, suite à je ne sais quel tour de passe-passe, ont été extirpés du chapeau. Si la France compte 60 millions de sélectionneurs, j’en viens à reconsidérer la position d’un Didier Deschamps avec un peu moins d’animosité. Retour à l’arbitraire, donc.
Considérant le match du jour, le nom de l’équipe va être déterminant. The Compact Organization ayant eu les honneurs du post #1, et Factory étant jusqu’ici aux abonnés absents, c’est vers Palatine Road que se tourne le jury. Continuer la lecture de « #35 : Stockholm Monsters, All At Once (Factory, 1984) »

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#34 : The Woodentops, It Will Come (Rough Trade, 1985)

The Woodentops, âge tendre et têtes de bois.
The Woodentops, âge tendre et têtes de bois.

Au moins nous reste-t-il le libre arbitre, le droit à la volte, l’opportunité de changer d’avis, que seuls les imbéciles se refusent. Ainsi ce matin étais-je parti sur un autre choix – à toute fin utile, je rappelle les règles de cette chronique : exhumer chaque jour un 45 tours de sa collection en lien avec la situation confinée, dérouler une géographie vinylique, intime, domestique, et tant qu’à faire un brin érudite. Les incursions politiques ne sont pas prohibées, non plus que recommandées, ce terrain glissant risquant d’occasionner de répréhensibles sorties de route. Continuer la lecture de « #34 : The Woodentops, It Will Come (Rough Trade, 1985) »

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#32 : Buzzcocks, Spiral Scratch (New Hormones, 1977)

Buzzcocks
Buzzcocks, l’ennui au creux du sillon.

Le premier réflexe serait de poser la face 2 sur la platine et la tête de lecture sur Boredom puis de déclarer, péremptoire, que quand même, depuis le début de ce confinement, qu’est-ce qu’on s’emmerde ! Surtout les dimanches.
Et d’en rester là. Point. A la ligne et à demain. C’est un geste, se justifierait-on.
Sauf que, si ce n’est pas faux, ce n’est pas tout à fait vrai non plus, et que l’ennui, ce bon camarade, mérite mieux. Mieux qu’un raccourci paresseux ou une sentence expéditive. Et ce post, mieux qu’une exécution sommaire. Bien qu’en proie à un terrible accès de flemme, je renâcle un peu à l’achever d’une balle dans la nuque – Shot By Both Sides serait plus approprié. Continuer la lecture de « #32 : Buzzcocks, Spiral Scratch (New Hormones, 1977) »