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#45+3 : Joy Division, Love Will Tear Us Apart vs. Girlschool, Nothing To Lose (Factory vs. Bronze, 1980)

Girlschool / Joy Division, Nothing To Tear Us Apart.

« Le hard rock, c’est comme la Ligue Communiste Révolutionnaire. Ce qui est grave, ce n’est pas d’y passer, mais d’y rester. »

(Anonyme, Congrès de l’Hay-les-Roses, novembre 1979)

« She wears denim wherever she goes /
Says she’s gonna get some records by the Status Quo /
Oh yeah oh yeah »

(Teenage Fanclub, The Concept, novembre 1991)

Qui prétend qu’en mai 1980 je portais une veste à patchs ? Une Rica Lewis sans manches, délavée comme il faut, et constellée d’« écussons » – c’est ma mère qui coud, c’est ma mère qui cause. AC/DC, Judas Priest, Thin Lizzy, Rainbow et Trust« L’élite est entrée sans préveniiiir !!», faudra ensuite s’échiner à la faire sortir fissa.
Eric frime, il est le seul à arborer un Motörhead grand format au dos de la sienne, ce qui lui permet à coups d’Umlaut de faire le malin en cours d’allemand. Parfois la Singer peine et cale. Faut finir le boulot à la main, on saisit l’intérêt du dé à coudre. Continuer la lecture de « #45+3 : Joy Division, Love Will Tear Us Apart vs. Girlschool, Nothing To Lose (Factory vs. Bronze, 1980) »

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Deuxième Division

Ian Curtis est mort il y a 40 ans jour pour jour. Et si ce n’était jamais arrivé?

Joy Division et Kurtis

Ils ne s’étaient jamais reformés et s’il a accepté, c’est uniquement pour permettre aux autres de mettre un peu de beurre dans leurs épinards : le groupe qu’ils ont formé après son départ n’a jamais connu de succès et a fini par se séparer, faute de combattants. Un parcours totalement inverse au sien, puisqu’il bénéficie aujourd’hui aussi bien d’une immense crédibilité que d’un compte en banque enviable. Pourtant, qui aurait misé, à l’aube des années 80, sur ce chanteur épileptique qui semblait porter sur ses frêles épaules toute la misère du monde ? Ian Curtis envisage aujourd’hui la chose avec philosophie. Dit qu’il a eu la chance, après des débuts laborieux, « d’être au bon endroit au bon moment », et qu’il ne regrette aucun choix qu’il a pu faire. Y compris celui de reformer Joy Division quarante ans après avoir quitté le navire.

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Badly Drawn Boy, année 00

Damon Gough, alias Badly Drawn Boy / Photo : Olivier De Banes

Il est des chansons qui, dès l’intro, vous font réaliser une impressionante culbute spatio-temporelle. Disillusion, l’un des singles extraits du pléthorique premier album de Badly Drawn Boy, The Hour Of Bewilderbeast, paru en l’an 2000, est de celles-là. Alors, dès que retentit le premier roulement de batterie, c’est un vendredi ou un samedi soir dans la cave du Pop In (11 rue Amelot, à Paris), à une époque où je fumais cigarette sur cigarette – au grand dam de Robert qui voyait la cendre tombée sur les vinyles, les platines et la console – en sirotant du vin blanc – certaines légendes parlent aussi de pintes de whiskey orange ou de vodka pamplemousse mais je crois que ce ne sont que des légendes. Continuer la lecture de « Badly Drawn Boy, année 00 »

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I Like 2 Stay Home #51 : I painted such a picture that golden fires burned in your head

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Ce n’est pas toujours le cas, mais pour certains groupes, certaines chansons, vous vous souvenez très précisément du moment où vous les avez écoutés pour la première fois. Je n’en ai pas le temps et vous n’avez sans doute pas l’envie que je dresse une liste exhaustive de toutes ces fois-là. Mais bizarrement, je me rappelle très bien que j’ai découvert The Lovecats de The Cure (le groupe m’était déjà familier) un soir de l’automne 1983, vers 22 heures, sur un petit poste de radio dissimulé sous mon oreiller alors que j’écoutais l’émission Feedback de Bernard Lenoir. Oui, vous vous en doutez – et j’en ai déjà parlé : je me rappelle aussi très bien de la première fois où j’ai écouté Felt et de quelle chanson il s’agissait. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #51 : I painted such a picture that golden fires burned in your head »

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#45+1 : The Sea Urchins, Pristine Christine (Sarah Records, 1987)

The Sea Urchins
Oursins de mer sur leur lit de Sarah.

La voisine du troisième m’observait d’un sale œil alors que j’étais accroupi dans la cour, occupé à ramasser le verre brisé. Synchrone avec l’acmé de nos effusions sonores, le carreau avait bruyamment volé en éclat, traversé par sa paume ouverte qui criait une douleur n’appartenant qu’à elle. Tu ne vois ni ne comprends jamais rien, balaya-t-elle d’un geste qui faisait écho au mien, essaimant quelques gouttes de sang qu’il me faudrait aussi nettoyer. Rien de méchant pour autant, la plaie s’avérait moins profonde que son désarroi, pas de quoi retourner aux urgences. Novembre était compliqué, octobre avait été pire. Le pic de la crise était survenu la semaine de la sortie de Sonic Flower Groove, le premier LP de Primal Scream, qui du coup s’était paré d’une teinte plus sombre. Son humeur pouvait déteindre sur certains disques, ou en raviver les tréfonds. Ainsi Darklands qui presque instantanément était devenu à son contact un disque de fin d’automne, dans lequel on entrait comme dans une nuit profonde. A considérer les disques comme des balises mouvantes, vibratiles, le lendemain du jour du carreau j’allais en rencontrer un qui m’ouvrirait les portes d’une autre maison, guère plus vaste, mais dont la luminosité n’a jamais décliné. Continuer la lecture de « #45+1 : The Sea Urchins, Pristine Christine (Sarah Records, 1987) »

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#45 : The Soup Dragons, I’m Free (Big Life, 1990)

I’m Free d’attendre encore un peu.

Au soir du premier jour de confinement, alors que le reste de la famille s’adonnait au visionnage d’une série (pas ma came), je m’étais retiré dans mon antre-bureau, non sans avoir répondu favorablement à cette proposition de dernière tournée lancée par le consul du bouquin de Malcolm Lowry. Voilà pour le début de l’histoire, et bien que j’en ai déjà posé les bases dans le #1, je ne vois pas pourquoi je m’interdirais d’y revenir à nouveau puisqu’il est dit que la boucle doit être bouclée – je suis persuadé que cette phrase aurait pu tenir en deux fois moins de mots mais on ne se refait pas, disait le scorpion à la grenouille.
C’est donc en tombant inopinément sur un 45 tours du label The Compact Organization que germa cette idée dans mon cerveau passablement imbibé. Après m’être déhanché sur quelques pépites de northern soul pour célébrer ça – une idée c’est un peu une fête, on n’en a pas à longueur de journée, chantait jadis l’ami Prudence – je décidais de laisser reposer, rôdé à voir mes lubies du soir frappées d’inanité le lendemain matin, et bien en peine, les pauvres, de rivaliser avec ma gueule de bois. Continuer la lecture de « #45 : The Soup Dragons, I’m Free (Big Life, 1990) »

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#43 : J.C. Brouchard with Biff Bang Pow !, Someone Stole My Wheels (Creation, 1986)

Biff Bang Pow !
Biff Bang Pow !, pas la cinquième roue du carrosse Creation.

Il fait super beau, pourquoi j’irai à Reims alors qu’on a l’occasion d’aller au Touquet ? Elle n’en démord pas. A peine si je tente un tantinet d’argumenter, puis cède. Ça tenait de la gageure de lui résister. Et nous voilà partis direction la côte d’Opale dans la R5 bleue en faisant attention à ne pas croiser le camion qui a fauché Coluche deux jours plus tôt. Le soir je noie mon amertume dans un bar à buts qui retransmet Brésil-France. Peut-être qu’au moment même où à Guadalajara Bats stoppait le tir au but de Zico, à la MJC Claudel de Reims le groupe entamait une reprise du Outdoor Miner de Wire ? Je n’ai jamais su. Nous sommes le 21 juin 1986 et j’ai tout juste vingt ans. C’est la Fête de la Musique et la France de Platini accède aux demi-finales de la Coupe du Monde en sortant le Brésil de Sócrates. C’est bien. Mais je viens de rater le premier concert de Felt en France – et chacun sait qu’ils ne furent pas nombreux. Continuer la lecture de « #43 : J.C. Brouchard with Biff Bang Pow !, Someone Stole My Wheels (Creation, 1986) »

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Saint Etienne, Finisterre (Mantra recordings)

Qu’on le veuille ou non, il existe un mystère Saint Etienne. Un mystère que personne n’a pu encore éclaircir. En théorie, ce groupe représente la quintessence de la perfection pop. Pas plus, certes. Mais certainement pas moins. Depuis ses débuts, il a toujours eu en main les cartes maîtresses. À commencer par une érudition irréprochable : sans cela, on n’a pas l’idée de reprendre – magistralement qui plus est – Only Love Can Break Your Heart de Neil Young, Who Do You Think You Are? de Candlewick Green ou Tous Les Garçons Et Les Filles (sous son titre anglais originel, Find A Boy) de Françoise Hardy ; Et l’on n’ose d’autant moins sampler si effrontément Dusty Springfield sur Nothing Can Stop Us. Mais surtout, ce trio a trop souvent fait preuve d’une virtuosité à l’heure de composer des mélodies délicieuses, de Spring à Heart Failed (In The Back Of A Taxi), en passant par Avenue, Like A Motorway ou The Bad Photographer. Autant de chansons qui, dans un monde plus juste – les sixties, en fait, époque à laquelle les alchimistes de la mélodie et des arrangements alignaient les hits comme d’autres enfilent des perles –, auraient dû caracoler aux sommets des charts du monde entier. Continuer la lecture de « Saint Etienne, Finisterre (Mantra recordings) »