Un dimanche après-midi sur la nationale 118, après un repas dominical aux saveurs vénitiennes, j’écoute Radio Nova. Un chant dans une langue inconnue, émerge sur les ondes, d’un grand et éclectique mix. Le nom de Kit Sebastian apparaît au fil de mes recherches à la découverte de leur discographie. À ma grande surprise, ils n’ont sorti qu’un seul album en juillet dernier sur Mr Bongo, connu depuis plus de trente ans pour ses rééditions d’albums et single oubliés d’artistes du monde entier et de genres très divers (MPB, Tropicàlia, Afro-beat, Soul…) Sensible aux musiques du monde, Mantra Moderne s’inscrit dans la lignée de ces trouvailles et raretés de musiques pop étrangères et exotiques que réédite le label anglais. Continuer la lecture de « Kit Sebastian, Mantra Moderne (Mr Bongo) »
Étiquette : Lieu : Angleterre
Catégories quiz
De l’importance d’être prétentieux
Combien d’auteurs énoncés dans « The Booklovers » de The Divine Comedy avez-vous réellement lu ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, fût une époque où apparaître cultivé, voire franchement prétentieux, était une arme de séduction, aussi bien chez les filles que chez les garçons. Conséquence directe d’une adolescence solitaire (et d’un physique parfois ingrat), passée à lire Oscar Wilde, Salinger ou Françoise Sagan, à regarder des classiques hollywoodiens ou des films de la Nouvelle Vague, cette revanche des « eggheads » initiée en partie par Morrissey trouva pleinement écho dans la musique de nombreux groupes des années 90, qui de Pulp (« We learned too much at school », Mis-Shapes) aux Manic Street Preachers (« Libraries gave us power », A Design For a Life) en passant par Belle & Sebastian, revendiquèrent pleinement ce snobisme intellectuel et firent du droit à la culture une revendication quasi-politique, avec une naïveté parfois touchante.
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Catégories interview
Looking for a certain ratio
Les 40 ans du groupe culte de Factory Records.

En 1974, dans The True Wheel, Brian Eno chantait : « We are the 801 / We are the central shaft / Looking for a certain ratio / Someone must have left it underneath the carpet / Looking up and down the radio… » Quatre ans plus tard, quatre petits gars de Manchester, « four slim boys » – Simon Topping, Peter Terrell, Jez Kerr et Martin Moscrop – s’inspirent de cette chanson pour le nom de leur groupe et s’en vont écumer la scène mancunienne en shorts et chemises militaires, partageant notamment une salle de répétition avec Joy Division à l’arrière du cinéma Rialto à Salford. Continuer la lecture de « Looking for a certain ratio »
Catégories chronique réédition
Section 25, Always Now (Factory Benelux)
Des pylônes électriques en rase campagne, le reflet d’un visage atterré, une rythmique butée mais libre, une basse obsédante, lourde comme un nuage déversant ses miasmes sur un chenal de tungstène, une guitare fractionnée et des êtres humains presque normaux, extrêmement concentrés, qui n’ont déjà cure (sic) de l’uniforme cold-wave. Visible en ouverture de la VHS A Factory Video, parue en 1982 sous la référence FACT 56 avant qu’on ne la découvre religieusement quelques années plus tard, le clip de New Horizon de Section 25 nous aura presque autant marqué que sa ligne de basse pétrifiante, aussi énigmatique qu’emblématique. Des moutons, de la roche noire, trois types moins sinistres que prévu donc, et déjà des collines à perte de vue. Les mêmes collines que l’on retrouvera trois ans plus tard sur la pochette de From The Hip (1984), un album qui bénéficie de la production de Bernard Sumner, faisant entrer sur le tard Section 25 au panthéon des pionniers de la dance moderne. Continuer la lecture de « Section 25, Always Now (Factory Benelux) »
Catégories chronique nouveauté
Anthony Reynolds, A Painter’s Life (Rocket Girl Records)
Dès l’instant où j’ai entendu ma voix répondre « oui », je savais que j’avais fait une erreur. Pourtant, l’attaché de presse a eu la gentillesse de m’accorder une seconde chance : « Et donc, tu en es sûr, on peut organiser l’interview après le concert ? »
Bruxelles, 2002. C’est peut-être le printemps. Anthony Reynolds est le chanteur du groupe Jack, qui sort un troisième et dernier album au titre génial (The End Of The Way It’s Always Been), avec une chanson promise à l’éternité (With You I’m Nothing). Pour couronner le tout, l’histoire voit le jour sur le label belge ressuscité Les Disques du Crépuscule, alors, dire qu’on est proche de la perfection relève du pléonasme. Continuer la lecture de « Anthony Reynolds, A Painter’s Life (Rocket Girl Records) »
Catégories billet d’humeur
Have you ever FELT?

Ce fut par un après-midi d’été qui ne semble en rien différent à tant d’autres, de ceux qui se versent sans effets les uns dans les autres, qu’au détour d’un verre, j’avoue à Thomas S. – à peine honteux – que je ne comprends pas un traître mot à l’affirmation « heureux détenteur du 06 de Lawrence-de-Felt » qui orne le fanzine de niche dont il est l’un des fondateurs.
Je viens d’y signer un minuscule confetti de texte et j’ai alors la jeunesse nécessaire pour revendiquer mon ignorance lorsque je lui jette au visage : « Mais qui est Lawrence-de-Felt ? ». J’ai deux hypothèses ce jour-ci, elles sont toutes fausses, j’en dispense donc les lecteurs. Je les dispense aussi des réponses qui me sont proposées par Thomas S. : elles sont, sur ce média, bien représentées.
Catégories hommage
In memoriam : Trish Keenan, Colour Me In (demo)

Le 28 septembre, c’est le jour souvenir. Chaque année depuis sa disparition, à l’occasion de l’anniversaire de Trish Keenan, James Cargill met en ligne un titre inédit de Broadcast en sa mémoire. Cette année, c’est une version démo enregistrée en 2001 du titre Colour Me In qui nous émeut. Pour rappel, sa version réarrangée est le titre d’ouverture de Haha Sound paru en 2003. Ici, une guitare et un filet de voix, à la manière de Vashti Bunyan, suffisent à nous transporter. Rappelez-vous les mots de Pascal : « Qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n’est pas un autre sommeil un peu différent du premier, dont nous nous éveillons quand nous pensons dormir ? »
Et rêvez maintenant : Trish Keenan est juste à côté.
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Catégories chronique nouveauté
Studio Electrophonique, Buxton Palace Hotel (Violette Records)
C’est très précisément au moment où l’on se dit qu’on ne nous y reprendra plus que ça nous tombe sur le coin de la gueule. C’est très précisément au moment où l’on se dit : « ouf, finies les histoires improbables qui foutent la vie sens dessus dessous » qu’en commence une nouvelle – dont bien sûr, on ne connait pas la fin. C’est très précisément au moment où l’on sait que, de toute façon, on a déjà tout vu, tout entendu, que se pointe un jeune type à la gueule d’ange, la mèche négligée et le look impeccable (comprendre un peu sixties) qui en dit long sur les ambitions. Même pas trente ans au compteur et pourtant. Et pourtant, ce garçon écrit des chansons qui bouleversent les habitudes. Des chansons dont on tombe amoureux en un claquement de doigt – parce qu’on est d’accord, hein, c’est bien de cela qu’il s’agit quand on écoute un disque ? – à cause d’un changement d’accord, d’une note d’orgue haïku qui se pointe au détour d’un refrain, d’un mot comme murmuré du bout des lèvres. Continuer la lecture de « Studio Electrophonique, Buxton Palace Hotel (Violette Records) »