Selectorama : Dog Park

Dog Park / Photo : Clara de Latour
Dog Park / Photo : Clara de Latour

Plus d’un an que nous l’attendions, le premier album de Dog Park. Suite aux singles Sunny Decadence et Rewind, le quatuor parisien avait très vite enchaîné les belles dates en 2023 : la Boule Noire ou l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton à Paris, ainsi que plusieurs festivals estivaux en régions. Festina Lente est arrivé ce vendredi, porté par le label Géographie (Good Morning TV, Marble Arch…), comme un parfait préambule à un printemps qui, comme « festina lente » l’indique en latin, se hâte lentement. Dix chansons pop lumineuses aux mélodies entêtantes, au fil desquelles les quatre amis s’échangent les instruments et les micros, imprégnant chaque titre de leurs influences propres. Celles-ci se reflètent dans la sélection à suivre, puisqu’on y perçoit l’appétence d’Erica – par ailleurs moitié du duo Special Friend et aux voix chez eGGs– pour le rock alternatif américain des années 1990, celle d’Isabella pour les timbres veloutés aux accents jazz, la passion de Jean pour la pop à guitares ou la nostalgie poignante de Sarah ; autant de particularités coexistant dans un album néanmoins si fluide et harmonieux.

01. En Attendant Ana, Wonder

Dog Park : Groupe incontournable en ce moment, En Attendant Ana fait aussi l’unanimité entre nous quatre. On a retenu Wonder car elle rassemble tout ce qu’on aime. Il y a un début très pop, pas mal d’expérimentations tout au long de la chanson, et une fin beaucoup plus énergique. Le son de la basse est splendide, il y a cette voix incroyable et ces paroles répétées en boucle à la fin qui visent juste. La sonorité et l’instrumentation de cette chanson (comme de l’album), c’est un idéal de production.

Notre chanson Mirror fonctionne un peu de la même manière d’ailleurs, sans que cela soit voulu. On avait cherché à l’étirer un peu pour sortir du format pop couplet/refrain, ce qui a donné cette fin avec une courte boucle qu’on répète longtemps avec beaucoup plus d’énergie et des sonorités moins attendues.

02. Lætitia Sadier, Release from the Center of your Heart

Jean : Lætitia Sadier m’accompagne depuis un moment, et il y a dans cette chanson à peu près tout ce que je cherche dans un morceau pop : un duo basse/batterie sautillant, des cuivres et des chœurs célestes. Une voix claire, au centre, droit vers le cœur. Le tout en moins de 3 minutes, ça laisse un goût d’inachevé qui donne envie de réécouter immédiatement la chanson. C’est un peu ce travail qu’on a essayé de faire avec nos chansons : mettre une voix en avant, bien entourée d’instruments sans que rien ne soit superflu ou au-dessus.

03. Drop Nineteens, Another One Another

Erica : Une chanson récente des Drop Nineteens, qui ont sorti un album en 2023, trente ans après leur dernier. C’est d’une certaine manière si simple, exaltant et toujours pertinent, j’ai écouté cette chanson peut-être mille fois en boucle. Elle est aussi magnifiquement écrite sur le plan des paroles, la partie « but was this our last dance, are we our last chance? » serre mon cœur, j’ai l’impression que c’est une ode soit à l’amour soit à la musique, c’est ne pas savoir quand il est temps de tirer le rideau. C’est inspirant de voir tous ces vieux groupes continuer à sortir de la musique.

04. Deathcrash, American Metal

Erica : Parfait exemple d’une chanson de slowcore, mais d’un groupe plus récent de Londres. J’ai entendu parler d’eux après qu’ils aient ouvert pour Codeine à Paris et j’ai eu la chance de les voir plus tard ouvrir pour The Jesus and Mary Chain. Ils sont incroyables en live, avec le passage de la douceur et du calme à une soudaine vague explosive de sons et de batteries qui s’entrechoquent ; c’est très émo(tionnel). Avec 8 minutes 35 et une montée lente au milieu, cette chanson est l’une de mes préférées.

05. WU LYF, LYF

Sarah : Voilà bien longtemps que je ne me risque plus à écouter cette chanson, sortie en 2011 sur l’album Go Tell Fire to the Mountain, de peur de mal gérer la rencontre entre mon moi adulte et mon moi adolescent. Mais s’il y a bien un morceau qui m’a ouvert toutes les possibilités sensibles d’une chanson et accompagnée vers une image trouble de la liberté, c’est celui-ci. Quand à quinze ans on prend sa première cuite et qu’on réalise à quel point tout peut être si beau avec une seule chanson.

06. Smokey Robinson & The Miracles, Ooo Baby Baby

Sarah : Ooo Baby Baby est une chanson de Smokey Robinson & The Miracles composée en 1965 que j’ai découvert tard bien qu’elle ait été élue parmi les 500 plus grandes chansons de tous les temps par Rolling Stones en 2004. C’est le genre de chanson que vous ne pouvez qu’aimer dès la première écoute, celle qui vous fait croire à des souvenirs que vous n’avez jamais vécus et à des émotions que vous auriez héritées d’une vie antérieure, quelque part dans le Michigan autour de l’année 1966.

07. Maro, just wanna forget you

Isabella : J’ai choisi cette chanson parce que dernièrement, elle m’a fait ressentir beaucoup de choses. Nous écoutons tellement de chansons, de groupes, de projets, d’idées, de mélodies, de concerts, d’albums, que j’ai eu envie de mettre dans cette sélection une (pas si) simple chanson d’amour. Premièrement, je trouve drôle de voir à quel point les paroles peuvent vraiment nous concerner, de différentes manières, et tout dépend des périodes de la vie dans lesquelles nous vivons. Deuxièmement, c’est une chanson à trois guitares, une belle mélodie chantée par une belle voix. Rien ne peut changer cela.

08. Shana Cleveland, Faces in the Firelight

Isabella : J’adore la batterie dans cette chanson, les harmonies, les placements de la voix et à quel point c’est confortablement slow.

09. Real Estate, Crime

Jean : Les gens qui me connaissent savent à quel point ce groupe compte pour moi. Quand Dog Park a débuté, c’était à partir de démos où je m’étais remis à la guitare en rêvant d’arriver à composer des chansons aussi belles. Chez Real Estate, il n’y a jamais rien de trop, les harmonies sont parfaites et suffisent. Il y a une magie instantanée dans ces chansons : c’est lumineux dès les premières notes de guitare, doux, et toujours un peu mélancolique. Aucun autre groupe ne me fait sentir cet état de déconnexion totale où plus rien n’existe autour.

10. Vanishing Twin, Magician’s Success

Dog Park : Groupe tout simplement extraordinaire, qui tire la pop dans des contrées nouvelles plus psychédéliques. Cette chanson est d’une douceur incroyable. Les arrangements cordes et les rythmiques transportent immédiatement dans un autre monde. Leur biographie indique d’ailleurs que chaque membre endosse le rôle de multi-instrumentiste, un joli clin d’œil.


Festina Lente, premier album de Dog Park, est sorti vendredi 19 avril sur le label Géographie. Leur release party aura lieu le 31 mai au Pop Up du Label, à Paris.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *