Selectorama : LoneLady

LoneLady
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Julie Campbell, amoureuse des espaces industriels désolés dont elle tire magie et sens, vient de sortir – après deux albums et cinq ep – un album au groove sec et élégant, Former Things (Warp Records), qui ne pourra que plaire aux fans de Cabaret Voltaire. Pour écrire et enregistrer l’album, en solo, elle a quitté Manchester, s’est installée en résidence à Londres aux Somerset House studios, un stand de tir de la Marine datant du XVIIIe siècle, et s’est immergée dans la musique et ses souvenirs d’enfance tout en projetant sur les murs des clips de Cabaret Voltaire (justement) et des films d’Ingmar Bergman« Le résultat d’un grand mélange de sang, sueur et larmes qui me rend heureuse d’enfin pouvoir le partager », dit-elle. Et c’est un album à la fois brillant, obsédant et dansant – un vrai album de mancunienne. Julie a tourné avec Wire, fait la première partie de New Order et Gang Of Four… des groupes que l’on retrouve dans le selectorama qu’elle a volontiers accepté de faire alors qu’elle est très occupée. On ne pourra que la remercier chaleureusement, tout comme pour le clin d’œil à Section 25.

01. Neneh Cherry, Buffalo Stance

Raw like Sushi est un album vraiment génial, il sonne toujours tellement punchy et frais. Quand j’étais gamine, j’avais plein de cassettes de Janet Jackson, Kylie, Neneh Cherry. Mon nouvel album Former Things revisite quelques-unes de ces textures et sons électro pop crunchy que j’adorais à l’époque et que j’aime toujours.

02. R.E.M., Low

J’ai avant tout connu R.E.M. par le biais de Out Of Time… mais sous l’optimisme apparent de l’album, il y avait une série de chansons atmosphériques, et en réalité vraiment sombres. J’étais subjuguée par Low et la vidéo qui l’accompagnait, figurant une peinture qui s’éveille à la vie. C’était incroyablement mystérieux et gothique. A partir de là, j’ai progressivement acheté tout leur catalogue et je suis devenue obsédée. R.E.M. reste une très grande influence pour moi, peut-être la plus importante. J’ai rencontré brièvement Michael Stipe lors de la signature de l’un de ses livres de photos à Londres. Je lui ai serré la main et nous avons échangé quelques mots. C’était vraiment trop pour moi et quand je me suis éloignée au coin de la rue, j’ai éclaté en sanglots.

03. R.E.M., Gardening At Night

J’étais obsédée par R.E.M. et je suis remontée à l’origine, qui est le EP Chronic Town, quelque part mon disque préféré du groupe. L’urgence nerveuse de la guitare de Peter Buck a eu une influence énorme sur ma façon de jouer, en particulier sa façon de choisir les motifs mélodiques et les arpèges jumeaux. Je ne pense pas qu’il ait la reconnaissance qu’il mérite en tant que guitariste. Chronic Town est un EP plein de joie et d’effervescence, c’est un folk gothique et étrange et je l’adore.

04. Joy Division, Transmission

L’intensité, la tristesse et la violence de Joy Division… Je pense que Transmission est d’une certaine façon la chanson ultime de Joy Division par son urgence, sa folle intensité qui monte toujours plus haut. La production de Martin Hannett m’a beaucoup influencée. C’était un honneur pour moi de jouer plusieurs fois en première partie de New Order. En 2019 à Bristol Harbourside, je me trouvais sur scène quand ils ont fait le soundcheck de Transmission… Ces accords qui résonnaient dans l’air vide m’ont envoyé un frisson dans la colonne vertébrale. C’était une telle émotion d’être si proche d’une musique qui reste toujours aussi puissante.

05. New Order, Everything’s Gone Green

Je suis très attachée aux premiers albums de New Order et leur mélange de synthés avec le son de guitare. Les synthés et séquenceurs de cette époque début et milieu des 80s sonnent tellement bien et sont toujours imprégnés d’une humanité bancale, de quelque chose qui a du grain.

06. Gang Of Four, Return The Gift

La première fois que j’ai écouté Entertainment!, le son a littéralement ricoché des enceintes sur les murs de mon petit appartement. C’est devenu une grosse influence, parmi mes préférées. Quand j’ai rencontré Andy, il s’est jeté sur moi, m’a secoué la main avec enthousiasme et m’a dit :« J’adore ce que tu fais ! ». J’ai pensé que c’était exactement ce que je voulais lui dire. C’était un grand honneur de faire la première partie de Gang Of Four et bien que je ne demande jamais d’autographes, j’ai fait une exception avec Andy – je lui ai demandé de signer une de mes vieille guitare électrique. Il a écrit « Bravo LL! » et signé avec une petite fleur. En 2019, j’ai été très honorée que ma reprise de Not Great Men fasse partie de la compilation The Problem Of Leisure, célébrant Gang Of Four.

07. Wire, Another The Letter

J’adore Wire… À l’époque de mon premier album Nerve Up, j’ai tourné avec eux, c’était une expérience géniale. Plus récemment, j’ai joué à la guitare sur l’album de Malka Spigel (de Minimal Compact), Every Day Is Like The first day, produit par Colin Newman. Le côté inventif et ludique de Wire m’a toujours étonnée et inspirée. Que le son soit nerveux et anguleux, pop, synthé ou abstrait, ils sonnent toujours de façon fraiche et fascinante. J’aurais pu choisir n’importe quelle chanson, d’ailleurs leurs trois premiers albums forment une trilogie iconique.

08. Michael Jackson, Wanna Be Startin’ Somethin’

C’est une chanson qui m’a toujours donné de l’énergie, quel que soit le nombre de fois où je l’ai écoutée. C’est une collaboration artiste / producteur parfaite avec le formidable Quincy Jones. J’ai utilisé le même gros son punchy de Linn Drum pour Hinterland et sur mon nouvel album.

09. Cabaret Voltaire, Ghost Talk

Je me suis retrouvée plongée dans une spirale Cabaret Voltaire pendant un bon moment, en écoutant toute leur production et celle de Richard H Kirk, et leur période Drinking Gazoline  a eu une influence claire sur mes nouvelles productions, en particulier les lignes de basses au synthé. J’ai acheté sur Ebay du matériel de studio bien cool, j’avais lu que Cabaret Voltaire l’avait utilisé dans leur studio – un Soundcraft Desk et une console de mixage Yamaha EMP.

10. Cybotron, Clear

Je ne me rappelle plus comment je suis tombée sur Clear, le classique de Cybotron qui date de 1982, mais ça m’a renversée. Ces sons et textures classiques électro / early techno ont filtré à travers les bandes originales des films 80s que j’adorais quand j’étais enfant, du coup trouver Cybotron était comme retrouver leur source, ça a eu une grosse influence et un point de départ pour mon nouvel album.

+ BONUS : Section 25, Always Now

J’ai tellement écouté les deux premiers albums de Section 25 que je les ai complètement usés et d’aileurs, je pense qu’ils devraient être plus appréciés. Leur musique possède un genre de qualité sous-estimée, hypnotique et lumineuse… Une atmosphère spectrale, entre deux mondes, que j’adore.


Former Things de LoneLady est disponible chez Warp Records.

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