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Warpaint, Radiate Like This (Rough Trade)

Warpaint Radiate Like ThisWarpaint porte dans ses inflexions mélodiques le soleil et le sable californiens, Warpaint flirte avec des amoureux people s’appelant Chris Cunningham, Josh Klinghoffer, John Frusciante ou James Blake, mais si Warpaint balance de prime abord des paillettes à la sauce hollywoodienne, le groupe ne doit son succès qu’à sa musique subtilement élaborée et repoussant sans cesse ses limites hippie-easy listening ; il faut savoir tendre l’oreille et repérer les ralentissements et noirceurs mélancoliques d’une neo new-wave introspective et d’un rock shoegaze à la puissance voluptueuse.
Je me souviens avoir entendu la musique des quatre filles de Warpaint être étiquetée de soupe girly ; je n’en croyais pas mes oreilles. Les fleurs et les oiseaux peuvent sans doute aussi être qualifiés de soupe biologique passablement ennuyeuse. Je n’en croirais pas mes oreilles. Ulysse n’a qu’à bien se tenir et enfoncer ses boules Quiès un peu plus dans son conduit auditif car les sirènes de Warpaint ont encore pas mal de mélodies addictives dans leur sac. Continuer la lecture de « Warpaint, Radiate Like This (Rough Trade) »

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Arlt, Turnetable (Objet Disque)

Qui écoute Arlt ?
Qui écoute Arlt, ici, aujourd’hui, en l’occurrence, pour de vrai ?
C’est une histoire ici, en l’occurrence, donc, de fous.
De maîtres fous, que l’on rencontre.
J’ai rencontré la musique de ce duo par le travail, et ça fait sens, et par un livre, une fois est coutume parfois, il y a longtemps, un certain temps avant que la prose lumineuse de Sing Sing, auteur-compositeur-co-interprète de la géométrie variable à noyau dur appelée Arlt, l’autre moitié de l’atome étant Éloïse Decazes, n’imprègne sensiblement qui s’aventure à écrire sur et autour de Arlt, de foules de métaphores burlesques. Continuer la lecture de « Arlt, Turnetable (Objet Disque) »

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LL, LL♥️ (Neutral)

« J’fais des cabrioles dans une Jeep noire »

Quand j’avais décidé de me remettre à écrire sur la musique, je m’étais dit que ça serait une bonne idée de retourner dans le passé et m’intéresser à mes vieux polaroids doudou rangés dans mes cartons : Kid Vynnyl, Les Scoubidous, plus tard Les Calamités pour les années 80, Newell et le label Lithium pour les années 90. A chacun ses marottes. Mais tout cela n’allait pas sans une attirance certaine pour les photos numériques nouvelles, les terra incognita du présent, les musiques réalisées dans une même économie de moyens que j’avais connues. Même si les outils n’étaient plus les mêmes, au magnétophone 4-pistes avaient succédé les ordinateurs, les fanzines avaient laissé place aux Insta et les cassettes compilation aux Soundcloud et autres Bandcamp. Écrire et éditer les œuvres de Sinaïve et Paris Banlieue allaient de soi, tant elles me semblaient s’inscrire dans le grand arbre généalogique de nos musiques secrètes. Continuer la lecture de « LL, LL♥️ (Neutral) »

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Adios Amores, Sus Mejores Canciones (Ground Control / Snap! Clap! Club)

Adios Amores, Sus Mejores CancionesIl y a quelques semaines, je dévorais le livre de JD Beauvallet, Passeur, un livre qui ne parle pas qu’aux mélomanes avertis ou aux lecteurs des Inrocks, mais un livre qui parle à tous ceux qui ont une passion chevillée au corps et un besoin irrépressible de la partager. C’est un beau livre, un livre que l’on a envie de relire, d’offrir, de faire lire – et j’aimerais que ma fille le lise, cet été peut-être. C’est un beau livre dont même le titre est parfait : Passeur. J’en étais même un peu jaloux parce ce mot-là, je l’ai souvent utilisé pour tenter d’expliquer ce que je faisais au quotidien – je suis assez adepte de l’allégorie sportive (à chacun ses faiblesses) – et que j’utilise même aujourd’hui quand on me fait remarquer le fossé qui existe entre ma vie d’avant et ma vie d’aujourd’hui : je réponds le plus souvent qu’il n’y a pas tant de différences que cela en fait, que c’est ça que je reste, un passeur… Continuer la lecture de « Adios Amores, Sus Mejores Canciones (Ground Control / Snap! Clap! Club) »

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V/A, Bienvenue au Club 1 (Bienvenue au Club)

S’il m’a fallu du temps pour aborder cette compilation disponible via bandcamp, c’est qu’il y une raison, enfin, plusieurs. Plusieurs pièces d’un puzzle que mon cerveau a mis du temps à assembler, le temps que plusieurs planètes s’alignent. Je vous raconte : d’un côté, une amie me demande quel groupe je ferais jouer dans un grand raout organisé par l’institution pour laquelle elle travaille dans ma ville européenne. Elle me demande si Sinaïve serait ok, je lui dis, en bon crypto impresario qui prendrait un pourcentage au passage (je plaisante, hein), que bien sûr. Mon amie insiste sur le fait que le groupe remplisse des critères de jeunesse et slash ou que ses membres soient inscrits à l’université. Je réfléchis ensuite des heures, des nuits, à quel autre groupe pourrait bien faire l’affaire si jamais le néo trio ne pouvait assurer la date. Panne plus ou moins sèche. Parallèlement, j’échange avec un ami qui s’occupe de la programmation d’une salle de bonne taille dans notre même ville. C’est le privilège de l’âge, pas mal d’amis sont aux commandes, c’est amusant. On échange sur une première partie possible (importante, dont on reparlera) et il me dit, tiens, pour Groupie, tu devrais écrire quelque chose sur Beatrice Melissa, un duo électro pop. Continuer la lecture de « V/A, Bienvenue au Club 1 (Bienvenue au Club) »

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Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records)

Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records)Pour tenter de restituer l’enthousiasme éprouvé à l’écoute d’un album, l’exercice critique consiste, la plupart du temps, à articuler tant bien que mal des arguments particuliers avec le registre générique de l’événement. Pour évoquer, à la fois, ce qui surgit de manière étonnante en modifiant la situation préalable et ce qui doit être considéré comme important, par sa valeur discriminante. Quel que soit le point de vue dont on le considère, ce nouvel album de Boo Hewerdine a tout d’un anti-événement. D’abord parce que, selon toute vraisemblance, il n’altèrera pas le flux tranquille d’une carrière au long cours, entamée dans les marges presque confidentielles il y a bientôt quarante ans. En groupe (The Bible, State Of The Union), en duo avec Eddi Reader ou Chris Difford et le plus souvent en solo : Hewerdine n’a jamais cessé d’accumuler régulièrement les jalons d’une œuvre dont un récapitulatif indispensable a permis, l’an dernier, de saisir quelques-uns des éléments obscurs et essentiels – Selected Works, 2021. Comparé aux épisodes précédents, ce qui semble être son quinzième album solo – à ce degré de profusion, les décomptes comportent sans doute une marge d’erreur – ne contient donc rien de radicalement neuf. Il n’apparaît pas non plus comme le point culminant qui dispenserait de tout retour attentif sur le long parcours qui l’a précédé. Ni révélation, ni chef d’œuvre ultime dans cet ensemble quatorze nouvelles chansons trop tranquilles. Et pourtant, sans la moindre prétention tapageuse à l’attention, elles ont fini par s’incruster dans le quotidien, évinçant au passage bon nombre de leurs concurrentes aux charmes plus immédiats ou plus clinquants. Continuer la lecture de « Boo Hewerdine, Understudy (Reveal Records) »

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Simon Love, Love, Sex & Death (Tapete Records)

SImon Love Love sex & death TapeteCertains artistes ont le don très rare de ne jamais décevoir. C’est le cas de l’indispensable Simon Love, qui vient tout juste de nous livrer son troisième album solo Love, Sex & Death, sorti sur Tapete Records. Depuis ses premiers pas avec son groupe The Loves, il y a plus de 20 ans, le londonien n’a jamais changé d’obsession : écrire des tubes pops au classicisme assumé, dans le sillage des Beatles, des Kinks, des Monkees ou encore de Bob Dylan, sans renier bien sûr l’héritage britpop. Et comme tous les petits maîtres, Simon Love a su, en s’inspirant de ses idoles sans jamais les singer, développer son propre univers, fait d’humour décalé, d’autodérision, de textes doux-amers et de mélodies immédiatement accrocheuses. Continuer la lecture de « Simon Love, Love, Sex & Death (Tapete Records) »

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KG, Ein mann ohne feind (October Tone / Médiapop Records)

KG

Il existe une contrée foutraque où ne résonne aucune loi, où la réalité n’est que celle que l’on se créé, où les stratégies sont forcément obliques. Bienvenue au pays des merveilles de Rémy Bux alias KG qui distille lentement mais surement et depuis déjà trente ans une electro-noise-lo-fi et dont le dernier album Ein mann ohne feind sort sur les labels associés October Tone et Mediapop Records, l’autre prescripteur pointilleux de chemins de traverses mulhousien.

Quelques décennies donc que le manitou de Sausheim, son village d’origine dans la banlieue mulhousienne qui abrite sa maison et son studio, multiplie les projets sous-marins des plus crédibles aux plus improbables, de l’initial et bruitiste Sun Plexus avec le guitariste Sébastien Borgo jusqu’à la formation à choix multiple de Ich Bin, embarquant parfois deux frères potaches survoltés aux blagues dignes des meilleurs feuilletons de Placid et Muzo, en passant par des activités d’ingénieur du son pour le label soigné et strasbourgeois Herzfeld, sans compter, à coup sûr, d’autres activités non cartographiées. Continuer la lecture de « KG, Ein mann ohne feind (October Tone / Médiapop Records) »