The Maureens, Everyone Smiles (Meritorio)

C’est très exactement le genre d’album avec lequel on rêvait de tourner la page hivernale d’une nouvelle année. Non pas un monument qui en imposerait par sa stature démesurée ou sa majesté exigeante. Simplement une collection de treize chansons qui réchauffent, remplies de mélodies aimables à fredonner, d’accords de guitares qui tranchent la grisaille nocturne et d’harmonies constamment réconfortantes. The Maureens appartient en effet à cette Internationale discrète qui réunit, par-delà les frontières, quelques artisans entièrement dévoués à une cause désuète et presque désespérée : perpétuer avec une ferveur enthousiaste des formes musicales anciennes sans pour autant renoncer à l’espoir un peu vain d’en entendre surgir quelque chose de neuf et d’inédit.

The Maureens
The Maureens

Pour la quatrième fois en dix années d’existence, les Hollandais s’efforcent donc de prolonger les traditions qui leur tiennent à cœur, initiées pour la plupart dans les sixties par les Beatles et les Byrds avec une modestie et une ferveur qui les honorent. Il y a quelque chose de quasiment tragique dans cette démarche : rouvrir à chaque fois les pages du même livre, en extraire les meilleurs fragments, les assembler avec un soin et un savoir-faire admirables tout en ayant conscience, tout du long, que le poids du passé finira par l’emporter. C’est sans doute pour cela que les chansons des Fab Four d’Utrecht semblent imprégnées de cette mélancolie joyeuse qui anime les passionnés débarrassés de leurs illusions.

A l’instar de l’ensemble de leur discographie, Everyone Smiles apparaît donc comme une tentative parfaitement aboutie pour rafraîchir les classiques. Peaufinées pendant près de quatre ans et produites avec l’assistance précieuse du producteur Frans Hagenaars – souvent remarqué pour sa participation aux plus belles réussites de la pop néérlandaise contemporaine (Johan, Daryll-Ann) – ces chansons sans aspérités notables mais pourtant pas dépourvues de relief séduisent instantanément par leurs résonances familières et enjouées. L’omniprésence des harmonies à trois ou quatre voix y est particulièrement remarquable, poussant vers les hauteurs le refrain mémorable et enjoué de Fell In Love tout autant que les ballades douces amères (Start Again ou Alison). Rien de tout cela n’est fait pour altérer le cours de l’Histoire, on le sait bien. Peut-être simplement pour bouleverser quelques personnes. C’est déjà beaucoup.


Everyone Smiles par The Maureens est disponible chez Meritorio.

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