Catégories selectoramaÉtiquettes , ,

Selectorama : Marinero

Marinero
Marinero / Photo : Suchit Upadhyay


Les meilleures rencontres sont souvent liées au hasard. Parmi les dizaines de mails reçus chaque semaine, le nom d’un artiste m’a intrigué :
Marinero. Cela semblait être tellement à l’opposé des groupes que j’écoute habituellement que la curiosité m’a poussé à cliquer sur le lien. Immédiatement plongé dans un univers sixties et seventies, j’ai d’abord été déboussolé. En mélangeant grands classiques américains, bossa, musique folklorique mexicaine à un chant alternant l’anglais et l’espagnol, Jess Sylvester a créé un disque hors du temps aux allures de trésor caché. Comme si Morricone, Gainsbourg, Jobim et quelques autres intouchables avaient grandi sous le soleil de Californie, à quelques kilomètres de la frontière mexicaine. Loin d’être un pastiche, le San Franciscain impressionne par la qualité des arrangements et l’inventivité de ses compositions. Si certains d’entre vous cherchent le disque idéal pour accompagner leur été, ne cherchez pas plus loin. Fermez les yeux, vous vous imaginerez immédiatement déjà au volant de votre voiture, vitres ouvertes, cheveux au vent, paysages sublimes et Hella Love à plein volume. Dans ce Selectorama atypique, Marinero dévoile les morceaux qui ont inspiré et influencé l’album. Vous y croiserez aussi bien Aldo y Los Pasteles Verdes que Gainsbourg ou Cindy Lee. Vous l’aurez compris, Marinero est un homme de goût.
Continuer la lecture de « Selectorama : Marinero »

Catégories livres, selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Christophe Conte

Christophe Conte
Christophe Conte / Photo : Astrid Karoual


A la parution du premier tome de l’Anti discothèque idéale en 2015, Christophe Conte, qui doit probablement me surestimer un chouia, m’avait gentiment confié que j’y ferais peut être éventuellement 2/3 découvertes. Comprendre que notre attachement aux causes perdues longtemps introuvables était parfois discordant mais pour l’essentiel, similaire. Et de Sagittarius à Linda Perhacs en passant par Felt ou Swell Maps, j’y retrouvais effectivement une bonne partie de mes classiques intimes. Pour ce deuxième volume, on peut dire que le désormais chroniqueur de Libération s’est surpassé parce qu’il met effectivement en avant, dans une écriture allègre et généreuse, plusieurs disques (je vous laisse deviner lesquels, tiens) dont je n’avais JAMAIS entendu parler. Mais des hollandais new wave de Flue au désormais classiques comme l’indispensable If Only I Could remember My Name de David Crosby tout en passant par des marottes largement partagées en ces pages (Plush) il arrive encore à tracer les lignes qui révèlent une histoire discordante mais néanmoins partagée. Le Selectorama qui suit le prouve plus qu’habilement.
Continuer la lecture de « Selectorama : Christophe Conte »

Catégories selectoramaÉtiquettes , ,

Selectorama : Iceage

Iceage
Iceage

Dans ce Selectorama, Dan Kjær Nielsen nous déclare son amour pour le groupe Total Control. Admirant notamment sa capacité à se renouveler, il aurait très bien pu comparer l’ambition de son groupe, Iceage, à celle des Australiens. Mettons au défi un néophyte d’enchaîner New brigade sorti en 2011 et Seek Shelter, leur nouvel album produit par Sonic Boom, et d’y trouver un point commun. Les morceaux joués le pied au plancher ont laissé place à des hymnes indie accompagnés de cuivres et d’une chorale gospel. La nostalgie contagieuse de Shelter Song, titre d’ouverture, nous replonge de la façon la plus jouissive et efficace dans les 90’s, comme si Pavement avait monté un super groupe avec les Longpigs et Spiritualized. Continuer la lecture de « Selectorama : Iceage »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : TDA

TDA
TDA

Percussions métalliques qui semblent surgir d’une usine la nuit, grondements de drone comme si la télésurveillance émettait un son inquiétant, voix caverneuse monocorde échappée d’une orée de bois, l’univers de TDA est certainement anxiogène, mais à travers cette perception industrialiste se cache un jeune multi-instrumentiste canadien, Samuel Gougoux, qui tire sans aucun doute l’atmosphère de son disque de son contexte de création. L’isolation, dans la campagne de son enfance, à Bas-Saint-Laurent, au Québec. Là, il s’imprègne des sons de l’extérieur, se documente sur les lieux, se perd dans la forêt. Entre le retour aux peurs primaires et les visions sculpturales du décor des arbres entremêlés, il imagine cet album complètement brut, où l’on ne sait plus si les sons viennent de la nature ou des machines. Ce puissant premier album Ascète se place en rupture radicale avec le son des groupes auxquels Samuel à participé (Corridor, Jonathan Personne) et affirme un créateur hyper singulier, entre musique industrielle, expérimentale, et no wave, chantée en français. Pour section26, il nous propose d’écouter quelques pierres qui ont jalonné son chemin dans la forêt.

Continuer la lecture de « Selectorama : TDA »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Lisa Li-Lund

Lisa Li-Lund
Lisa Li-Lund dans son clip « Janet », réalisé par Julien Ansault / Photo de plateau : Mathieu Tonetti

Appelons ça la vertu de l’expérience, plus de dix ans après son Big Crunch Theory paru chez Versatile, Lisa Li Lund revient chez Pan European et nous sert un Glass Of Blood qui invoque une ivresse immédiate. Enregistré en compagnie du fidèle Guillaume Léglise, l’album met d’emblée la barre beaucoup plus haut qu’auparavant. Et l’unité de cet élixir fascine durablement alors que le casting (ad hoc) aurait pu diluer le propos, or il n’en est rien mais jugez plutôt : Ben Mc Connell (Buvette, Beach House, Oiseaux Tempête), Chloe, Etienne Jaumet et Cosmic Neman (Zombie Zombie), Kim, Gaspar Claus et Romain Turzi. Belle équipe et grands sortilèges, le centre de gravité et de mélancolie reste pourtant d’aplomb. Il y a là du Kate Bush et du Windsor For The Derby, il y a là, enfin, une artiste qui a admirablement réussi à assumer totalement et frontalement son propos. Le mystère se dévoile un brin pour ce Selectorama assez finaud qui prouve que toute action, même minime, peut avoir d’heureuses conséquences, bien des années passées.

Continuer la lecture de « Selectorama : Lisa Li-Lund »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , , , ,

Selectorama : Nathan Roche

Nathan Roche
Nathan Roche

Alors qu’il vient tout juste de célébrer la sortie de son très réussi quatrième album solo Drink Up, Rainforest Sinatra (Gone With the Weed), le fantasque Australien installé en France Nathan Roche – par ailleurs frontman du Villejuif Underground -, nous a fait le plaisir de sélectionner dix chansons d’artistes qui ont particulièrement compté pour lui. Le commentaire accompagnant son e-mail illustre particulièrement bien la nature hybride et foutraque de de la musique de Nathan Roche, à la croisée de différents courants du rock : « Je veux dire, il est presque impossible de lister toutes mes chansons préférées avec dix titres. La liste est plus ou moins infinie comme la galaxie… mais, c’est au moins 30% de quelque chose qui pourrait ressembler à une influence… dans mon cosmos… mes influences les plus importantes viennent des gens, des lieux et de l’expérience. Toute la musique est un désordre confus de merde et de couleurs… Tu m’as demandé d’écrire ceci, et j’y ai réfléchi pendant 5 minutes et je l’ai envoyé en 10 minutes. Si je me donnais une heure, les choses seraient différentes. »
Continuer la lecture de « Selectorama : Nathan Roche »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Le Syndicat des Scorpions

Parfois, un Selectorama permet d’y voir plus clair sur un artiste ou un label méconnu. La région Grand Est compte autant de départements que d’artistes énigmatiques, de la grande triple alliance internationale de l’Est à TG Gondard, en passant par Zad Kokar. Au cœur d’un maillage de salles, labels, fanzines façonnés par des passionné(es), un label messin obscur. En place depuis plus de 5 ans, Le Syndicat des Scorpions édite nombre d’albums d’artistes solo ou groupes au noms aussi intrigants que Accou, Violent Quand On Aime, Regis Turner ou encore Scarlatine. Loin des sentiers balisés, il faudrait presque sortir son GPS pour arriver à lui coller la moindre étiquette. Nicolas défend les musiques à tendance électronique, parfois chantées en français, intimistes, bruitistes et la plupart du temps fabriquées dans des endroits à taille réduite. Un soin particulier est mis dans les pochettes, quelquefois fleuries, toujours colorées. Seul maître à bord, il parvient à sortir des cartons quatre productions par année, une par saison en somme. Dernière cassette en date : Du désespoir plein la trompette de  Magicien Windows parue le 2 mars dernier et déjà épuisée. Depuis 2018, il propose des sélections de qualité sur LYL radio dans l’émission L’Hypothèse Grise que nous vous recommandons fortement. Eclectisme de mise, à l’instar de sa sélection. La preuve en dix titres !

Continuer la lecture de « Selectorama : Le Syndicat des Scorpions »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Blackmail

Blackmail
Blackmail

Après Bones (2013) et Dur Au Mal (2015), on attendait une continuation dans la graduation de l’excellence pour les ex Bosco et Prototypes (Stéphane Bodin et François Marché) flanqués de l’ex Beat Mark Sylvain Coatleven. On s’est pourtant méchamment pris dans les dents cette Hallucination française, scan possible et affligeant (pas le disque en revanche) de l’état d’un pays psychiquement cerné par quatre années de présidence Macron et d’un an de pandémie gérée comme une problématique de grande école par la pire classe (crasse ?) de bureaucrates auto-centrés et définitivement incompétents. Si l’écoute du disque ne colle pas comme les précédents l’envie de se la mettre dans les grandes largeurs avant de dévaster un dancefloor improbable, son pari est pourtant rempli, assurant même plusieurs pistes possibles pour le futur de Blackmail, groupe trop sous-estimé à l’heure où l’on glorifie une énième fois les petits marquis d’une variété rock, un peu déviante certes, mais finalement ridicule et prévisible. Comme il disent, tu flippes ta race et ça nique tout. Pour le coup ce Selectorama pose une thématique hallucinatoire dont les prolongations n’ont rien d’un pois(s)on d’Avril. Continuer la lecture de « Selectorama : Blackmail »