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Selectorama : Sylvie (Ben Schwab)

La vie dans les replis du temps. Ou plutôt dans les sillons d’un disque de Carole King. C’est à ce pas de retrait, loin de l’époque, que nous invite pour l’instant Ben Schwab, en vacances de Drugdealer. Sur le premier album de son nouveau projet, Sylvie, il est beaucoup question de prolonger les lignées musicales, de maintenir une certaine forme de fidélité aux héritages. C’est, en effet, après avoir découvert, dans les combles de la maison familiale, une caisse de bandes magnétiques enregistrées par son père et ses camarades en 1975 et demeurées inédites à ce jour que Schwab a décidé d’honorer à sa manière ces vestiges de l’archéologie intime. Déja-Vu, comme chantaient les quatre autres, ou déjà entendu ? Sans doute, mais ce n’est pas vraiment la question. Il y a, dans la ferveur personnelle qui imprègne ces sept morceaux, quelque chose de plus puissant et qui échappe aux nostalgies convenues de la reconstitution historique. Un sens de la continuité enthousiaste que l’on retrouve dans les propositions d’écoute défendues par Schwab et qui, tout comme lui, bousculent les contraintes trop strictes de la cohérence chronologique. Continuer la lecture de « Selectorama : Sylvie (Ben Schwab) »

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The Besnard Lakes, The Besnard Lakes Are The Last of The Great Thunderstorm Warnings (Full Time Hobby)

Lorsqu’ils sont des voyages, les albums sont plus beaux. Et force est de constater que les concept albums se font plus rares dans les sorties actuelles, les titres sont souvent plus courts, moins cohérents entre eux et moins nombreux. Alors quand on tombe sur une proposition comme celle de The Besnard Lakes Are the Last of the Great Thunderstorm Warnings, on y regarde de plus près, et on entre dans ce qui sera forcément une expérience. Ici, c’est un voyage au travers de la mort. Comme nombre d’albums de deuil, tels Carrie & Lowell de Sufjan Stevens ou Spirit of Eden de Talk Talk, il y a la puissance de la catharsis à l’œuvre. Jace Lasek, fondateur du groupe avec Olga Goreas, ayant récemment perdu son père, devait se sortir de cette souffrance. Visiblement grandi. Continuer la lecture de « The Besnard Lakes, The Besnard Lakes Are The Last of The Great Thunderstorm Warnings (Full Time Hobby) »

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Selectorama : Dana Gavanski

Dana Gavanski

D’Aoife Nessa Francess à Dana Gavanski, l’oeuvre de Cate Le Bon semble avoir marqué au fer blanc une nouvelle génération d’artistes. Pour sa part, Dana Gavanski a parfaitement su digérer l’influence de la pop minimaliste bien que parfois complexe de la Galloise sur son premier album, Yesterday Is Gone. Ecouter sa musique relève de l’expérience émotionnelle. Principalement grâce à une voix unique, d’une beauté troublante, posée sur une musique pop légèrement expérimentale. La présence de Mike Lindsay de Tuung à la production n’y est certainement pas pour rien. Sorti à quelques jours du confinement chez Full Time Hobby, Yesterday Is Gone est loin d’avoir reçu la présence médiatique qu’il aurait méritée. Wind Song, son nouvel EP de reprises sur lequel on retrouve des adaptations très personnelles de Chic ou King Crimson, devrait remettre les pendules à l’heure. Continuer la lecture de « Selectorama : Dana Gavanski »

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Mixtape Section26 #9 : The Saxophones

The Saxophones
Alexi Erenkov et Alison Alderdice / The Saxophones, sur la pochette de « Eternity bay »

The Saxophones, duo mari et femme nord-californien signé chez Full Time Hobby, vient de sortir Eternity Bay. Si le son est plus ample et chaleureux, la formule de ce deuxième album reste inchangée. Leur chansons imprégnées de mélancolie sont fortement influencées par la musique des années 50, l’exotica mais surtout le jazz qu’Alexi Erenkov a étudié avant de jeter l’éponge, se sentant un peu trop à l’étroit musicalement. The Saxophones tient d’ailleurs son nom de l’instrument dont il jouait pendant ses études et qu’il a mis au placard le temps de s’ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. Alexi ayant l’air d’avoir un sacré sens de l’humour, il nous offre un mix autour… du saxophone. Principalement composé de classiques jazz, on y trouve aussi Mulatu Astatke, Fela Kuti ou Orchestra Baobab. Par contre,  aucune trace de Never Tear Us Apart, Urgent, The Logical Song ou Careless Whisper, mais ce sera sans doute pour une mixtape “guilty pleasure”. Continuer la lecture de « Mixtape Section26 #9 : The Saxophones »

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Jacco Gardner, Hypnophobia (Full Time Hobby)

Jacco GardnerJacco Gardner avait ouvert en grand les portes de son Cabinet Of Curiosities (2013), le public s’y pressa, émerveillé par les beautés baroques qui y étaient exposées. Succès critique autant que populaire, le juvénile batave a aujourd’hui la lourde tâche de donner une suite à cette prouesse sonore, d’une délicatesse inouïe. Hypnophobia (2015) nous entraîne ainsi dans les nuits blanches du hollandais volant de vingt sept ans. Ce périple sinueux dans les tourments angoissés d’une âme romantique et pure, moins immédiat que son prédécesseur, confirme cependant les espoirs placés dans le timide jeune homme. Les chemins de traverse instrumentaux (All Over, Grey Lanes) à la croisée d’Air, Michel Legrand et Broadcast y rencontrent le psychédélisme chamarré de Syd Barrett et The Move (Find Yourself). Il flotte un doux parfum d’encens rassurant, des volutes de fumées de narguilé emplissent la pièce vide (Outside Forever). Jacco attrape sa guitare sèche, il improvise des arpèges au grès de son inspiration, laissant ses doigts filer sur le manche (Brightly). Le troubadour épigone de Donovan et Nick Drake hante ses nuits de mélodies antiques pour surmonter son insomnie (Hypnophobia). Aux rêves éveillés, bouffées de délire (Before The Dawn) succèdent berceuses en demi-teintes (Make Me See), cependant Jacco ne trouve toujours pas le repos tant désiré. Il se plonge à corps perdu dans sa collection de romans gothiques (Face To Face, Another You) préférant le mythe de Prométhée à une réalité aussi bruyante que déconcertante.