Selectorama : Widowspeak

Widowspeak
Widowspeak / Photo : Alexa Viscius

En mars dernier, le duo new-yorkais nous enveloppait de sa pop vaporeuse avec The Jacket, un sixième album à l’élégance et à l’intemporalité propres aux choses simples : des percussions délicates, des boucles de guitares claires et, en suspension, la voix caressante, Sandoval-esque de Molly Hamilton. En aparté de leur récent passage à Petit Bain, elle a réalisé pour nous la sélection ci-dessous : dix titres essentiels pour elle et son complice Robert Earl Thomas, dix titres pour réchauffer nos premiers pas dans ce mois de décembre.

01. Cowboy Junkies, Blue Moon Revisited (Song For Elvis)

On adore les Cowboy Junkies. C’est un groupe pour lequel nous nous sommes pris de passion au fil des ans. Ils sont maîtres dans la création d’atmosphère, et cette reprise leur sied parfaitement. Tu as l’impression d’être dans un bar enfumé avec eux, au milieu de nulle part, pris par hasard dans un moment parfait. La voix de Margo Timmins est l’une de mes préférées de tous les temps. Leurs chansons originales sont incroyables aussi, mais j’adore Elvis. C’est le genre d’enregistrement qui te transporte et c’est ce à quoi on aspirait pour notre dernier album : qu’il suggère un endroit, une histoire.

02. Barbara Keith, Detroit or Buffalo

Nous sommes tombés sur cette chanson parmi d’autres rééditions que nous écoutions, et elle a immédiatement été un coup de cœur. Pour être honnête, nous en savons peu à propos de Barbara Keith, mais c’est le genre de chanson qui te donne la sensation d’avoir toujours connu cette artiste et cette voix. C’est familier et confortable.

03. Richard & Linda Thompson, The Calvary Cross

Nous avons commencé à nous intéresser à Richard et Linda Thompson — et particulièrement à cet album — quand nous faisions Plum, mais nous en avons creusé plus profondément le son et la production lors de l’écriture et de l’enregistrement de The Jacket. J’aime la manière dont ce morceau progresse doucement, qu’il soit à la fois chaotique et dérangé, mais aussi méthodique et révérencieux.

04. Acetone, Shaker

Il est difficile de choisir un titre d’Acetone en particulier tant ce groupe nous a inspiré, de manière générale, au cours de ces dernières années, mais celui-ci a une ambiance toute particulière. Il y a ce calme, cette décontraction, mais aussi un peu de tension et d’étrangeté.

05. Snapper, Gentle Hour

En fait, j’ai découvert ce titre il y a une quinzaine d’années grâce à la reprise de Yo La Tengo qui figurait sur la compilation Dark Was The Night, mais ce n’est que récemment que je me suis penchée sur l’original et sur le reste de la musique de ce groupe (dont il y a en fait peu de traces enregistrées). Le son est très pur et expressif, duveteux d’une manière chaleureuse et réconfortante. J’adore comment les voix sonnent ensemble.

06. Andre Ethier, Big Wheel at the Ashram

Rob est entré dans la musique d’Andre Ethier il y a quelques années. C’est un musicien canadien, basé à Toronto, qui a joué dans plusieurs groupes au fil des ans. Il a une manière très douce d’utiliser sa voix, ce qui complète vraiment la narration de ses chansons. C’est comme si chaque ligne comportait le nombre parfait de syllabes, placées pile au bon endroit pour dire exactement ce qu’il a besoin de dire. Il en va de même pour l’instrumentation, qui prends de l’ampleur et se réduit juste aux bons moments.

07. Yo La Tengo, Tears Are in Your Eyes

Nous n’avons pas besoin d’en dire beaucoup sur Yo La Tengo, à part que c’est probablement notre groupe préféré, et que je les apprécie de plus en plus avec le temps. Il y a tant de chose à explorer dans leur discographie, et puis il y a des chansons comme celle-ci, comme tout cet album en fait, qui restent une éternelle obsession. C’est une chanson parfaite.

08. Tucker Zimmerman, She’s an Easy Rider

Je ne sais plus comment nous avons connu ce titre, mais je crois qu’il était parmi d’autres recommandations dans la playlist d’un.e ami.e, puis nous l’avons ajouté à notre propre playlist d’inspiration avant d’entrer en studio. Finalement, nous n’avons pas tant emprunté à ce titre, mais l’atmosphère et le sujet, l’image de cette route à perte de vue, cela allait avec ce que The Jacket évoquait pour moi.

09. Sandy Denny, It’ll Take a Long Time

J’adore Sandy Denny et Fairport Convention, et ce titre est particulièrement intéressant pour moi par la manière dont la mélodie se ballade et se transforme en un refrain très différent, avec des guitares presque prog et de l’écho. Sandy Denny évoque comme si de rien n’était des émotions très profondes, très tristes de la vie, et la chanson en est à peine alourdie. Elle le fait d’une manière vraiment unique, si belle.

10. Bill Callahan, Night

C’est une chanson que j’aime depuis très longtemps. Je me souviens que je passais cet album dans l’émission de radio de mon université. J’adorais Smog, et je sentais une connexion profonde avec cette chanson en particulier. Quand je compose, je tends à construire sur des riffs simples, qui s’installent sur le temps ; j’aime cet effet méditatif, hypnotique dans les chansons des autres, et je pense qu’une très large part de celles que je préfère ont cette caractéristique-là. Celle-ci est un classique de Callahan, elle est spontanée mais tellement efficace. Il dit exactement ce qu’il doit dire, et c’est juste beau et vrai.


The Jacket par Widowspeak est disponible chez Captured Tracks.

The Jacket by WIDOWSPEAK

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