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#40 : Heavens To Betsy / Bratmobile, My Secret / Cool Schmool (K, 1992)

Heavens to Betsy + Bratmobile, belly stars.
Heavens to Betsy + Bratmobile, belly stars.

Telle La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, invisible puisqu’en évidence sur le fatras du bureau, elles trônaient là, surplombant toute la pièce depuis des mois, des années. Postées sur un des rayonnages les plus élevés de la bibliothèque, elles me toisaient, me faisaient de l’œil, parfois me sifflaient sans que je ne les voie ni les entende. Hey, petit mec, tu crois quoi ? Qu’on n’est pas assez bien pour toi et tes platitudes nombrilistes ?
So cute. Un amour de 45 tours. Une merveille de pochette, parangon de DIY estival, mais en noir et blanc quand même, l’air de dire méfiance, on n’est pas là pour (trop) rigoler. Un split single qui donne la banane, encore aujourd’hui. Publié sur K Records, label d’Olympia, État du Washington, drivé par Calvin Johnson. Papier plié, protection plastique, avec, faisant la nique à FAC 23 ou SARAH 18, la ref. parfaite, ultime, l’Everest du cool : PUNK 1. Continuer la lecture de « #40 : Heavens To Betsy / Bratmobile, My Secret / Cool Schmool (K, 1992) »

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#38 : R.E.M., It’s The End Of The World As We Know It (And I Feel Fine) (I.R.S. Records, 1987)

R.E.M., la fin des haricots ?

Celle-là, je l’aurai longtemps tenue en laisse, laisse sur laquelle elle n’a cessé de tirer. D’entrée j’ai pensé la renvoyer ad patres, au mieux au chenil. Il fallait m’en débarrasser, l’oublier au plus vite, elle puait trop l’évidence. Sur n’importe quel blog, dès les premières heures de la pandémie, des types – ou des filles, des femmes, je ne m’y retrouve plus, désolé Caroline, et tou.te.s mes respects inclusif.ve.s – se seraient empressés de la mettre en avant, pour mieux l’exécuter en quelques lignes. On a dû la croiser partout, engluée dans la toile, dans chaque impasse Tweeter, ou pire, sur des sites d’actu en continu – racontez-moi, je n’y étais pas. Et puis les semaines et les posts se sont succédés, beaucoup de disques nous ont épuisés, les munitions sont venues à manquer. Alors, quand redoublant d’insistance elle s’est à nouveau présentée, j’ai fait preuve de mansuétude, même si elle est loin d’être ma chanson de R.E.M. préférée, ou la plus représentative du génie (ooops, un gros mot !) des quatre d’Athens, Stipe, Buck, Mills, Berry, carré magique, même sans ballon.

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I Like 2 Stay Home #37 : The Godlike Genius of Mayo Thompson

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Mayo Thompson
Mayo Thompson

Si le nom de Mayo Thompson ou encore Red Krayola vous sont inconnus, vous avez sûrement un disque produit par ses soins dans votre discothèque. Voici une sélection non exhaustive de titres de Red Crayola (devenu très vite Krayola pour cause de procès avec des célèbres pastels), des morceaux issus de sa période britannique, Geoff Travis l’avait invité à produire les premières sorties de son label Rough Trade (The Fall, Cabaret Voltaire, Kleenex, The Raincoats…), ses albums avec le collectif d’artistes Art & Language et ses multiples collaborations… De retour aux États-Unis, il entame une longue collaboration avec le label Drag City depuis les années 90 et travaille avec (entre autres) David Grubbs, John McEntire ou encore Jim O’Rourke. Cinquante ans après la sortie de son premier album, Mayo Thompson est toujours très actif, son dernier disque date de 2016 et il se produit régulièrement sur scène. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #37 : The Godlike Genius of Mayo Thompson »

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#31 : Palace, Gezundheit (Hausmusik, 1995)

Palace, royal au bar.
Palace, royal au bar.

Prost, cheers, saúde, na zdrowie, kanpai, salud, santé, Gesundheit.

Même en multipliant les locutions étrangères pour faire la nique aux partisans de la fermeture des frontières, trinquer seul depuis 33 jours n’est paradoxalement pas le meilleur moyen de lever le pied sur la picole. Si les amis imaginaires sont depuis longtemps remisés dans les placards de l’enfance, toute une confrérie de buveurs descend régulièrement de la bibliothèque pour s’inviter à la table et me tenir compagnie. Le consul Geoffrey furète à la recherche d’une bouteille de mezcal, René propose de rhabiller les gosses pour la énième fois, déjà Charles s’est endormi. Continuer la lecture de « #31 : Palace, Gezundheit (Hausmusik, 1995) »

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I Like 2 Stay Home #29 : Tribute à Adam Schlesinger

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

C’est con, mais c’est ainsi. L’annonce de cette mort-ci m’a bouleversé davantage que toutes les autres, émergeant du flot presque ininterrompu des faire-part de décès qui s’écoule au gré des réseaux sociaux et ne s’accompagne, la plupart du temps, que du ronronnement convenu des condoléances et des hommages, parfois sincères mais rarement plus émouvants qu’un discours compassé d’entrepreneur de pompes-funèbres. Nous écoutons une musique de vieux, il faut s’y faire, et nous avons pris depuis longtemps l’habitude de voir des pans de notre discothèque soudain jumelés avec le coin de cimetière où s’amoncèlent les dépouilles des idoles. Comme dans la vie, ces lieux dédiés où s’alignent les sépultures ne sont pas vraiment propices au surgissement des émotions : trop glaçants, trop imprégnés du formalisme décalé des cérémonies qui s’y déroulent pour qu’y retentisse la vraie brutalité du deuil. Pas cette fois-ci. Bien sûr, je ne connaissais pas Adam Schlesinger et les quelques larmes versées dans la nuit du 1er avril ne proviennent que de cette part du souvenir où continuent de s’entremêler les chansons et ce que nous projetons d’intime en elle. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #29 : Tribute à Adam Schlesinger »

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#29 : Sparks, This Cannes Ain’t Big Enough For Both Of Us (Island Records, 1974)

Sparks, daltoniens sur tapis rouge.
Sparks, daltoniens sur tapis rouge.

Russel Mael ne descendra pas au Carlton. Ron Mael ne jouera pas de son Roland anagrammé Ronald sur la place de la Castre. Les Sparks ne monteront pas les marches sous les vivats, et on s’en désole.
Pas plus qu’en mai, Cannes 2020 n’aura lieu fin juin – début juillet comme l’appelait de ses vœux Thierry Frémaux, le délégué général du festival. Depuis lundi soir la plupart des festivals qui devaient se tenir cet été, dont celui d’Avignon, ont annoncé leur annulation. De même que les sélections parallèles cannoises, Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique, et ACID qui ont de concert plié les gaules. Mais pas Thierry Frémaux, qui s’entête, résiste, s’arc-boute pour trouver une solution, même s’il concédait mardi dans un communiqué qu’ « il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale ». Ayant balayé toute option d’un Cannes virtuel sur écran d’ordi, il lui faut trouver une forme inédite pour faire « exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre », et aussi veiller, même s’il se défendra de l’avouer, à ne pas se laisser tondre la laine sur le dos par Alberto Barbera et la Mostra de Venise – qui doit, sauf contre-indication, se tenir du 2 au 12 septembre. Continuer la lecture de « #29 : Sparks, This Cannes Ain’t Big Enough For Both Of Us (Island Records, 1974) »

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Debbie Harry, Face it (Harper Collins)

Debbie Harry
Debbie Harry

Icône punk, sex-symbol, blonde atomique… Les clichés sur Debbie Harry sont aussi nombreux et inévitables que les innombrables représentations qui existent de son visage parfait. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à choisir ce titre, Face It, pour ses mémoires illustrées de photographies connues (celles de Chris Stein) et d’œuvres envoyées par les fans, conservées par l’intéressée au gré des déménagements. Si de prime abord, l’inclusion de cet « artwork » semble un peu mièvre (« Merci mes fans, rien n’aurait été possible sans vous… »), il est en fait le vrai révélateur du mystère Debbie Harry et de sa dualité, où se côtoient le culte punk (les photos de Chris Stein avec le t-shirt Vultures) et le glamour international (le premier visage « imprimé par ordinateur » de Andy Warhol), le comique naïf (les dessins franchement hideux) et le turpide (même discrète, la drogue est souvent « visible »).

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#28 : The Make-Up, Free Arthur Lee (K, 1997)

The Make-Up, behind the bars.
The Make-Up, behind the bars.

They’re locking them up today
They’re throwing away the key
I wonder who it’ll be tomorrow, you or me ?
We’re all normal and we want our freedom
Freedom, freedom, freedom, freedom, freedom
I Want my freedom
(Love, The Red Telephone)

 

A l’été 1984, je suis à un tout petit point d’échouer au bac. Sommé de justifier cette piètre performance, je me garde bien de pointer les coupables et de les offrir à la vindicte parentale : dans la cellule familiale, Arthur Lee et les frères Head sont encore, plus pour très longtemps, des secrets bien gardés. Continuer la lecture de « #28 : The Make-Up, Free Arthur Lee (K, 1997) »