On en est persuadé depuis longtemps : la transmission de témoin peut devenir parfois, en matière de musique, un art à part entière. Et même une forme majeure pour tous ceux qui bénéficie de l’expertise transitionnelle des passeurs les plus doués et les plus convaincus de la nécessité impérieuse de défendre une cause presque perdue. En 1984, The Long Ryders font partie de ceux-là. Depuis quelques années, les membres du groupe gravitent alors autour de cette scène californienne au sein de laquelle des connections de plus en plus directes s’établissent entre la spontanéité crue et brutale du punk contemporain et la fascination légèrement teintée de nostalgie pour le rock garage des années 1960. Continuer la lecture de « The Long Ryders, Native Sons (1984, Frontier Records / réédition Cherry Red) »
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Uranium Club, Infants Under the Bulb (Static Shock Records / Anti-Fade Records)
L’air de rien, cela va bientôt faire dix ans que Brendan Wells, Harry Whol, Ian Stemper et Matt Stagner ont commencé à se produire sous la bannière d’Uranium Club (ou parfois de The Minneapolis Uranium Club), devenant sans débat possible l’un des groupes de post-punk américain les plus excitants de ces dernières années. Mais après une poignée de singles, de E.P., et avec trois albums au compteur – dont l’incontournable All Of Them Naturals, sorti en 2017 -, on aurait pu croire que les quatre agités du Minnesota se seraient essoufflés. Leur plus récent album The Cosmo Cleaners et leur dernier single en date – l’excellent Two Things at Once – nous avaient définitivement démontré que le quatuor en conservait encore beaucoup sous la pédale, pourtant presque toujours poussée à fond. Continuer la lecture de « Uranium Club, Infants Under the Bulb (Static Shock Records / Anti-Fade Records) »
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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE FÉVRIER 2024
Vous l’aurez peut-être remarqué, en ce début d’année, nos publications se sont faites un peu plus espacées. Alors oui, on peut assumer cette phase un peu moins active et motivée de la part de nos équipes qui ne me contrediront pas. Pas toujours évident de maintenir ce cap ambitieux que nous nous étions fixé il y a presque 6 ans, à savoir un choix éditorial de passionnés, aussi diversifié que possible dans sa vision de la pop moderne, au rythme d’un article par jour, le tout 100% indépendant et bénévole. Illusoire peut-être dans ce contexte où labels indépendants mettent clé sous la porte à tour de bras, où une bonne partie des auditeurs imaginent encore que tout est gratuit, où la presse papier musicale n’en finit plus de tirer la langue, où certains sites de référence souffrent du rachat par de gros groupes, où la mondialisation galopante tend à favoriser les artistes de grande envergure autant sur scène que sur les sites de streaming. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Plus que jamais, nous croyons sincèrement au partage de la culture, entre générations, entre genres, entre milieux, entre identités. Tant qu’on aura envie de vous donner envie d’écouter ces trente-cinq nouveautés par mois (sans compter le reste, à peu près tous les jours sur le site), et surtout tant qu’elles seront de cette qualité-là (non, l’indie n’est pas mort, chers pisse-vinaigre), section26 existera, envers et pour vous.
Thomas Schwoerer
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
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Mathilde rêve toute éveillée
C’est peu dire qu’on apprécie et qu’on admire depuis longtemps la capacité de Fred Fortuny à mettre ses talents de compositeur et de metteur en sons au service des voix féminines – de Valérie Leulliot à Brisa Roché, la liste est longue. Premier single issu de sa collaboration avec l’autrice-compositrice Mathilde (alias MonteRosso pour quelques titres publiés sur les compilations Kitsuné), Rêve De Gloire nous plonge d’emblée dans le son westcoast de la fin des années 1970 : une voix limpide, directe, dépourvue de ces chichis superflus qui noient trop souvent sous les effets de style la variété contemporaine, une mélodie à la fois évidente et raffinée, un arrangement pop d’esthète. Continuer la lecture de « Mathilde rêve toute éveillée »
Catégories selectorama
Selectorama : Rrrrrose Azerty
Rrrrose Azerty, c’est la vie 4.0, c’est-à-dire ce qui grouille d’encore vivant sous la bannière fière de celle.ux du camp du faire, c’est-à-dire, encore autrement dit, de ce qui reste d’enrichissant et d’autonome sous les échangeurs mornes des autoroutes de l’information siglées GAFAM. Rrrrose Azerty, vous la croiserez au détour d’un clic, tout comme moi un jour enjouée par le vidéo-clip génial et HYPER-rom-CORE de son titre Extrêmement PD de toi mis en images par la vidéaste Sofia Versaveau. Ou bien encore sur Twitch au cours du premier épisode d’un podcast prometteur, Gamedolls Advance, à tirer les fils du lien fort convaincant entre Erik Satie et Hatsune Miku. Rrrrose Azerty, c’est donc la personne à suivre si vous aimez les blips et les bloops du DIY extraordinaire, la musique utilitaire et libératrice accessible à tous.tes, les catalogues infinis de musique noise et improvisée, les oscillations entre dark folk et chiptune, quelque part exactement donc entre Animal Crossing et The Caretaker. Continuer la lecture de « Selectorama : Rrrrrose Azerty »
Catégories chronique nouveauté
Grandaddy, Blu Wav (Dangerbird/Soundworks)
Sans doute faut-il commencer par faire taire toutes les tentations d’évaluation comparative. Ne pas chercher à savoir si Blu Wav est le meilleur album de Grandaddy depuis le meilleur album de Grandaddy, depuis etc… Le passé est loin, The Sophtware Slump (2000) aussi. Peu importe après tout et Jason Lytle va manifestement assez mal pour ne pas le condamner dès la première écoute à trimballer son œuvre comme un boulet supplémentaire. En 2017, au moment de la sortie de Last Place, il avait semblé encore vaguement décidé à jouer le jeu. Non sans réticences, mais quand même un peu. Le jeu du collectif, du grand retour, des entretiens promotionnels où il nous racontait que ses seuls contacts avec l’humanité se limitaient désormais à ses balades dominicales dans la cafétéria IKEA la plus proche de son domicile californien. Continuer la lecture de « Grandaddy, Blu Wav (Dangerbird/Soundworks) »
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The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971)
Avant que la house n’enflamme les pistes de danse de Chicago, la ville de l’Illinois avait développé dans les années 60-70 une tradition soul, dans un paysage marqué par la Motown ou la Stax. Au delà de Jackie Wilson ou Curtis Mayfield (avec/sans The Impressions), Chicago pouvait en effet compter sur une scène particulièrement riche : Tyrone Davis, Gene Chandler, Jerry Butler, Fontella Bass, Billy Stewart, Baby Huey, The Staple Singers, The Dells, Rotary Connection ou encore les Chi-Lites qui nous intéressent aujourd’hui. Ces artistes adoptaient évidemment les codes de leur époque, mais y injectaient une vraie sensibilité, propre à la Windy City. Définir le son de la Chicago soul n’est pas si aisée, pourtant dès que vous mettez un disque produit dans cette métropole, quelque chose de spécial se passe. C’est groovy, avec un balancement presque nonchalant, plus soyeux que la southern soul, moins pop et amphétaminé que la northern soul. Continuer la lecture de « The Chi-Lites, (For God’s Sake) Give More Power To The People (Brunswick, 1971) »
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Thomas Jean Henri (Cabane) : « J’ai essayé de me persuader que j’étais capable d’écrire des chansons. »
On s’attendait à des échanges colorés de mélancolie, voire de tristesse. Pas forcément à ce que la cause principale soit de cet ordre. En ce vendredi 26 janvier, Thomas Jean Henri est de passage dans la capitale pour célébrer la concrétisation matérielle – longtemps incertaine et différée – du deuxième volet du triptyque Cabane. La veille, Anderlecht, son club de cœur, a perdu contre l’Union Saint-Gilloise pourtant réduite à dix et il semble en éprouver encore quelques traces de frustration désabusées. Ou de résignation sereine. Entre les deux. Passions supportrices mises à part, c’est très précisément dans cet espace interstitiel entre les émotions contrastées que se prolongent la conversation et surtout la découverte admirative de Brûlée. Les sensations éprouvées au cours des premières sessions d’écoute organisées au printemps 2023 se confirment. S’intensifient même. La délicatesse avec laquelle Thomas Jean Henri y organise le dialogue entre ses interprètes masculins et féminins ne laisse de surprendre et d’émouvoir, tout au long de ces évocations intimes et justes des résidus incertains des sentiments éphémères. Continuer la lecture de « Thomas Jean Henri (Cabane) : « J’ai essayé de me persuader que j’étais capable d’écrire des chansons. » »