Pleasure Principle, Buvez Le Poison (Born Bad)

Trois ans après un premier album très attachant, Paul Ramon, croisé chez Bryan’s Magic Tears, Skategang, The Dolipranes ou La Secte du Futur, revient sous le nom de Pleasure Principle, son projet personnel. Toujours publié par Born Bad Records (Forever Pavot, Star Feminine Band…), Buvez Le Poison confirme la place particulière du musicien dans la scène hexagonale actuelle. Faisant le choix de s’exprimer principalement en français, Pleasure Principle pratique une pop dansante bricolée aux horizons infinis. Enregistré à la maison, sans contrainte, Buvez Le Poison a gardé de l’approche DIY un goût pour l’expérimentation.

Pleasure Principle
Pleasure Principle

Profitant pleinement des moyens actuels, Paul Ramon les met au service d’une musique iconoclaste et inspirée. Pleasure Principle semble ainsi nous exhorter à danser sur les flammes d’une folle époque où les cataclysmes sont au coin de la rue. L’hédonisme fricote avec l’angoisse. L’album est une explosion cathartique et une affirmation vitale. Musicalement, Paul Ramon pioche dans tout ce qu’il aime. Il se méfie des chapelles et réfute le concept de bon/mauvais goût. Loin d’en faire un patchwork couleur vomi, le musicien arrive à insuffler une personnalité marquée à cette douzaine de compositions. Guadalupe est un tube qui s’ignore. Sous ses oripeaux de synthétiseurs casio bon marché apparaît une chanson pop sacrément efficace, un quasi-boogie pour jerker en attendant la fin du monde. Les Victimes Du Roi est une épopée psychédélique polychrome. La chanson convoque les drones de Terry Riley à une bacchanale arc-en-ciel. La Punition Commence nous plonge dans une dystopie à coup de samples tronçonnés avec une machine rouillée. La face A se conclue sur Héliopolis, une aventure de presque six minutes. Une solide basse électronique répond à de multiples guitares. Des notes de saxophones et clarinettes métamorphosent la chanson ; elle baigne désormais d’une lumière tiède. Les hostilités redémarrent en trombe avec l’efficace Rêves suivi de l’énorme Frappe Le Cuir. 

Pleasure Principle déménage, pour quelques instants, La Haçienda à Marseille. Après Eric Cantona, Paul Ramon relie aussi désormais l’Olympique à United. D’un autre genre d’hacienda, il est d’ailleurs question sur la sereine Hacienda. Un tempo lent et un beat puissant accompagnent ce très beau morceau à la fois nostalgique et planant. Il est désormais temps de raccrocher (temporairement) les gants avec l’hymne Buvez Le Poison, épilogue d’un disque singulier et passionnant. Pleasure Principle a définitivement plus d’un tour dans son sac à malices et le prouve avec un album personnel, avec des partis pris forts et enthousiasmants. À n’en pas douter, Buvez Le Poison est clivant mais c’est aussi sa plus grande qualité. Pleasure Principle préfère l’école buissonnière et les excès aux sages transcriptions d’un élève appliqué.


Buvez Le Poison de Pleasure Principle est sorti chez Born Bad Records.

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