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Stratis, New Face (Dark Entries)

Stratis, New FaceLa réédition d’œuvres oubliées ou considérées comme cultes fait aujourd’hui office de secteur bien identifié de la production discographique. Et ce jusqu’à une certaine forme de saturation, la recherche de la rareté à tout prix, l’exhumation de l’incunable (typique du digger), conduisant parfois plus au dispensable qu’à la redécouverte décisive—une logique qui est trop souvent celle de la surenchère érudite. Reconnaissons dès lors au label états-unien Dark Entries le mérite de ne pas céder à cette forme de facilité, et de toujours nous proposer un choix impeccable dans ses parti pris éditoriaux. Fondé en 2009 par Josh Cheon, on lui doit notamment les redécouvertes d’Eleven Pond, Zwischenfall, de certains disques de The Neon Jugment ou encore de superbes compilations du Patrick Cowley compositeur de BOF porno gays. Un catalogue cohérent qui couvre cette sphère underground 70’s/80’s croisant disco, post-punk, synthpop ou encore proto-house.

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Papivole #1
 – Mes histoires avec la presse musicale, 1978-2018


Les Inrockuptibles n°9, novembre-décembre 1987, pages 16-17.
« Chilly Willy », The Chills par Jean-Daniel Beauvallet.

Les Inrockuptibles Jean-Daniel Beauvallet Illustration : Pauline Nuñez
Illustration : Pauline Nuñez

Les inrockuptibles Jean-Daniel Beauvallet The Chills1987. À peine débarqué du collège, je glande dans la cours de mon nouveau lycée, le Lycée Courbet, au centre-ville de Belfort. Mon ami Raphaël, qui m’avait fait découvrir Etienne Daho et Tears For Fears, me signale qu’un nouveau magazine propose une interview de Terence Trent d’Arby, qui cartonne, cette année-là, avec son tube Wishing Well. Depuis Michael Jackson, qui m’a scotché avec Beat It, Billie Jean et Thriller, je me trouve une passion pour les chanteurs noirs et funky qui éveillent en moi quelque chose d’inédit, une envie de danse, et sans doute de baise – ça sera pour bien plus tard. Car James Brown, Prince et toute sa clique sont associés dans mon esprit pubère à l’émission Sex Machine des deux gogoles de la télévision française, Dionnet et Manœuvre, qui avaient ouvert en grand mes sept chakras, après des préliminaires délivrés quelques années auparavant par la playmate de Coco Boy. Terence Trent d’Arby, donc, est ma nouvelle passion. Continuer la lecture de « Papivole #1
 – Mes histoires avec la presse musicale, 1978-2018
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Steve Gunn, The Unseen In Between (Matador)

Steve Gunn, The Unseen In BetweenLorsqu’en 2016, je prétendais que Eyes On The Lines était le meilleur album de tous les temps de l’année paru ce mois-ci et encore, pfiou, bien au-delà, on me fit volontiers passer pour un candide de première catégorie.
Non seulement Steve Gunn venait de signer son premier album véritablement électrique (et sur un gros label – Matador – qui plus est, le faquin, le traître, le parvenu), mais de plus, j’avais probablement vaqué à mes occupations lorsque l’homme s’était produit en de nombreuses occasions dans notre bonne capitale sous les bonnes auspices de l’ami Maxime Guitton, plus en tant que digne représentant surdoué d’une école acoustique qui irait de John Fahey à David Grubbs.
Bref, j’étais complètement à côté de la plaque, je n’en restais pas moins ébahi.
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Elefant 30 : Le Mans

Elefant Records Le Mans
Benicassim août 95 / Photo : Michelle Pavlou

Pour mieux fêter cette année les 30 Ans d’Elefant Records (petit label madrilène devenu grand, dirigé par l’infatigable Luis Calvo, soutenu depuis toujours par Montse Santalla), Section26 va multiplier cette année les articles racontant les destinées improbables de certains artistes, disques et autres petites choses liées à la passion musicale. Il était a priori impensable de ne pas commencer cette série par Le Mans, qui fut longtemps le groupe totémique de la structure ibérique. Continuer la lecture de « Elefant 30 : Le Mans »

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Jerry Paper, Like a Baby (Stones Throw)

L’internet gentiment utopiste et DIY des débuts a laissé sa place aux écoles de commerce. La presse culturelle numérique en a évidemment souffert, mais il reste toujours quelques grappes de résistances, notamment en France (saluons nos collègues de Novorama, Soul Kitchen, Les Oreilles Curieuses, Benzine, Pop News, Pop is on Fire, Foutraque, etc).  Il y a des disques qui donnent envie de se battre pour les faire découvrir aux autres, tant ils semblent à nos yeux importants et bons, et se confondre avec les fréquences de battement de notre époque. Continuer la lecture de « Jerry Paper, Like a Baby (Stones Throw) »

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Machines #5 : E-MU SP-1200, A Wop Boom Bap

Après le Mellotron, clavier mythique des années soixante, faisons un bond dans le temps en 1987 et évoquons l’un des meilleurs sampleurs jamais créés : l’E-MU SP-1200. Si ses caractéristiques (notamment la taille de mémoire) peuvent prêter à sourire en 2019, la machine a marqué durablement son époque et au-delà, devenant l’une des références incontestables du sampling. Convoquons ainsi l’esprit d’une machine culte du Hip-Hop Boom Bap, dont les séquences hantent de nombreux hits, y compris dans des registres moins attendus…

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Selectorama : Zombie Zombie

Zombie Zombie
Zombie Zombie / Photo : Marco Dos Santos
Dans les dix premières minutes du film, pas de musique, ni de générique. Tout juste des ondes, des fréquences extrêmement basses viennent souligner le malaise. Le suicide d’un professeur, en pleine classe. Ce sont les premiers instants du film de Sébastien Marnier, L’heure de la sortie, à l’affiche dès aujourd’hui. Selon le réalisateur, la bande originale confiée au trio parisien Zombie Zombie « devait à la fois convoquer des forces telluriques, accompagner le dérèglement du monde et incarner la crise existentielle que traverse le personnage principal ». Mission accomplie. Si ce n’est de loin pas la première fois qu’ils s’adonnent aux musiques de film (Loubia Hamra de Narimane Mari, Irréprochable, premier film du même Sébastien
Marnier ou encore Zombie Zombie plays John Carpenter et leur soundtrack pour Le Cuirassé Potemkine lors d’un festival la même année), ils ont cette fois eu l’idée de génie de demander à une chorale d’enfants d’interpréter Free Money et Pissing in a river de Patti Smith, et conféré à leurs synthétiseurs un climat anxiogène d’un grande beauté. Excellente raison pour leur demander de nous livrer leurs bandes originales préférées dans ce selectorama spécial.

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Catégories disques rares et oubliés

Advertising, Jingles (EMI Records, 1978)

AdvertisingOn s’en aperçoit quarante ans plus tard : en l’an 1 post-punk (à savoir 1978), le réseau de la presse pop française a tiré la grande majorité de ses câbles pour traverser la Manche, et connecter nos cerveaux de façon quasi-exclusive à la new wave de nos voisins grands-bretons. Du coup, du haut de la tour Eiffel, l’équivalent outre-Atlantique de la même époque ressemble encore aujourd’hui à une contrée étrangère et vaguement inconnue mais ça, c’est une autre histoire, et on y reviendra un peu plus loin. Continuer la lecture de « Advertising, Jingles (EMI Records, 1978) »