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Johanna Samuels, Excelsior! (Basin Rock/Mama Bird)

Johanna Samuels excelsior!C’est toujours un ensemble de sentiments complexes que celui qui a trait à l’intimité. Davantage encore lorsqu’il s’agit d’en restituer les nuances en chansons. Comment, en effet, exposer publiquement ce qui relève du plus profondément privé sans en détruire – dans l’instant – la substance ? Le premier album de Johanna Samuels s’intitulait déjà Double Bind (2014) et, en matière d’injonction contradictoire, celle à laquelle se confronte une fois de plus la songwriter californienne ne semble pas plus simple à résoudre sept ans après. « Juste avant d’enregistrer cet album, j’avais l’impression d’être plus que jamais éloignée de moi-même », racontait-t-elle récemment. Continuer la lecture de « Johanna Samuels, Excelsior! (Basin Rock/Mama Bird) »

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Todd Rundgren, Something/Anything? (Bearsville, 1972)

Todd RundgrenSi l’art de la musique pop est né dans les sixties des mains des Beatles, Beach Boys, Love et autre Zombies, la décennie suivante ne fut pas pour autant avare de grands disques à même de perpétuer cet héritage. Parmi eux, figure en bonne place Something/Anything? (1972) de Todd Rundgren. Le musicien de Philadelphie possède alors, derrière lui, une solide expérience. Il fait ses armes dans la formations garage Nazz, dont l’étrange nom fait référence à une chanson des Yardbirds (The Nazz are Blue). Avec le combo, il grave deux albums en 1968 et 1969. Nazz Nazz, le second LP, est aussi à l’origine de son départ :  le double album ambitieux est amputé de moitié par le label avec l’appui d’autres membres du groupe. Curieusement, plutôt que se lancer en solo, Todd Rundgren monte Runt, un nouveau groupe avec les frangins Hunt et Tony Sales. Le temps d’un quasi dyptique, Runt (1970) et The Ballad of Todd Rundgren (1971), le compositeur américain se cache encore derrière le collectif. Pourtant, le deuxième effort est largement enregistré en solitaire par Rundgren. Continuer la lecture de « Todd Rundgren, Something/Anything? (Bearsville, 1972) »

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Exclu : Le premier album de A Trois Sur La Plage (Gone With The Weed)

A Trois Sur La Plage
A Trois Sur La Plage à l’Espace B / Photo : Jenny Jenn Lysiane

Claviers minimalistes, boîtes à rythmes tantôt douces, tantôt lourdes mais toujours métronomiques, rappellent une époque pas si lointaine où des projets synthétiques voyaient le jour aux quatre coins du pays. Après un EP sur cassette sortie en 2019, le duo A Trois Sur La Plage  –Liza Liza (This Is Pop, Calypso) et Sophie Massa – revient avec un premier album à paraître dans quelques jours, ce vendredi 21 Mai chez Gone With The Weed. Enregistré entre Rennes au Fiat Lux Studio par Alexis Lumière (Cité Lumière, les Cavaliers) et au Château Vergogne chez Maxime Smadja (Rixe, Digital Octopus), puis masterisé par Paul Rannaud, le voici en écoute exclusive.


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The Reds, Pinks & Purples, Uncommon Weather (Tough Love / Slumberland)

Par deux fois, on a cru qu’il se produirait. La première, c’était en 2008 au moment de la sortie de Gorgeous Johnny, puis lors de la parution de Rough Frame en 2010.  Depuis You Might Be Happy Someday, le miracle tant attendu semble enfin s’être réalisé. Glenn Donaldson reçoit enfin l’attention qu’il mérite depuis 20 ans. Ses disques se vendent comme des petits pains et font l’objet de rééditions. Aussi, la moitié de l’année 2021 ne s’est pas encore écoulée que le Franciscanais a déjà fait paraître trois nouveaux albums. Commençons donc par des excuses, car les très beaux disques de Painted Shrines avec Jeremy Earl de Woods et Vacant Gardens aux côtés de Jem Fanvu méritent également leurs chroniques.  Mais voilà, puisque faute de temps, il ne faut en choisir qu’un, et parce que c’est probablement le plus singulier, le plus intime, à la fois le plus dénudé et le plus mystérieux – comment peut-on faire d’aussi jolies chansons avec si peu de moyens sans jamais lasser ? – c’est à nouveau d’un album de The Reds, Pinks & Purples dont il s’agira. Continuer la lecture de « The Reds, Pinks & Purples, Uncommon Weather (Tough Love / Slumberland) »

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Jonathan Richman, I, Jonathan (Rounder, 1992, réédition Craft Records 2020)

 

Jonathan Richman, I, JonathanJojo, le héros.

Le vôtre, le mien, le nôtre, le tout un chacun, chacun sait, chacun a sa version.

C’est un homme qui sort un brin de l’ordinaire.

Faire court ? Lui sait, moi pas. Cette réédition en vinyle d’un album de 1992 permet toutefois d’en dire pas mal. Car c’est le moment où il est notre idole absolue (sur les bons conseils des Pastels, de Galaxie 500, des oubliés Rockingbirds et de Duglas des BMX Bandits) et même s’il ne sait pas trop où il en est lui-même, il sait toujours où nous trouver. Il sort d’ailleurs régulièrement des disques relativement excitants à l’époque, à l’inverse d’un Lou Reed*.

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Le club du samedi soir #49 : Cosey Fanni Tutti & co

La traduction de l’autobiographie de Christine Newby / Cosey Fanni Tutti constitue un véritable événement. Comme document sur une aventure créative exceptionnelle tout d’abord : du collectif COUM Transmissions à Throbbing Gristle, en passant par Chris and Cosey ou Carter Tutti Void, c’est tout un pan de l’histoire des arts sonores bruitistes, de la performance multimédia, du body art et de la musique électronique proto et post-techno que Art Sexe Musique nous permet d’aborder. Mais c’est aussi et surtout un témoignage à la portée sociale et politique importante : une vie et une pratique qui a toujours eu pour caractéristique de perturber les normes de genre, de se confronter aux rapports de domination, avec tout ce que cela implique d’intensité mais aussi de difficultés et de souffrance personnelle.

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Jean-Luc Le Ténia par Aurore Bagarry

Jean-Luc Le Ténia par Aurore Bagarry
Jean-Luc Le Ténia par Aurore Bagarry

C’est mon amie Aurore qui me l’a rappelé. « C’est parce que ce sont les dix ans de sa mort, je pense beaucoup à lui en ce moment. »  Moi, je n’avais pas pensé à lui depuis quelques temps. Pourtant, j’avais demandé (pour une éventuelle playlist) aux copains de Section26 des idées de chansons illustrant les mots de Chris Marker qui affirmait justement que l’humour est « la politesse du désespoir ». Continuer la lecture de « Jean-Luc Le Ténia par Aurore Bagarry »

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Le Phare – Marco Martella, Gap Year, Jane Campion

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Jane Campion
Jane Campion

J’observe un hêtre sculpté par le vent, le vert de ses feuilles semble voler dans l’air, presque se gommer. Le parfum iodé pénètre les coloris, les embaume de fadeur. Il y a pourtant, toujours, un éclat quelque part dans le paysage et cela, comme dans le tableau de William Strang qui nous montre une Vita Sackville-West coiffée d’un chapeau orange vif détonnant avec un vert de pénombre pour décor. Sackville-West a écrit un livre délicieux – Journal de mon jardin – pour les rêveurs comme moi qui n’ont pas la main verte et possèdent un jardin. Continuer la lecture de « Le Phare – Marco Martella, Gap Year, Jane Campion »