Selectorama : Penny Arcade

James Hoare / Photo : Kate Mount
James Hoare / Photo : Kate Mount

Une voix et un visage que nous connaissons depuis plus de dix ans déjà et pourtant, James Hoare présentait en début de mois, sous le nom de Penny Arcade, son premier album en solitaire. Membre de certains des groupes les plus marquants de la scène indie pop des années 2010 – Veronica Falls, Ultimate Painting ou Proper Ornaments –, l’Anglais s’était ces derniers temps retiré de l’effervescence de la capitale britannique pour se rapprocher de ses origines, à l’ouest du pays. On le retrouve avec Backwater Collage, un disque mélodieux, au son très clair et lumineux, tout en douceur et en lenteur ; mellow, dirait-on chez lui. C’est aux fondements de sa culture musicale qu’il revient aussi lorsqu’il commente les dix titres qu’il a sélectionnés pour nous. Il y a dans ses paroles des récurrences qui font sourire tant elles reflètent son identité musicale : la guitare comme colonne vertébrale, la nécessité du do it yourself, le minimalisme en maître-mot.

01. The Shoes, Do I Get So Shy

J’ai tendance à être attiré par des albums enregistrés à la maison ou dans des studios improvisés. L’album One in Versailles de The Shoes était en avance sur son temps : il n’y a pas d’embellissements de studio et son aspect dépouillé, minimaliste, était précurseur de ce que les groupes se sont mis à faire une décennie plus tard. Cet album m’influence subtilement depuis des années ; il est toujours pertinent aujourd’hui. The Shoes ont continué à faire de bons albums dans des environnements plus professionnels mais pour moi, ils n’ont jamais sonné mieux que sur celui-ci, enregistré dans leur salon.

02. Can, Oh Yeah

Tago Mago de Can. Un autre album enregistré dans un cadre inconventionnel, un château cette fois, avec des enregistreurs cassette 2 pistes et quelques micros, en jouant tous en même temps et sans faire d’overdub [enregistrer les instruments séparément pour les réunir au moment du mixage]. Le jeu de batterie de Jaki Liebezeit place Can au-dessus du lot, et les trois albums qu’ils ont fait avec Damo Suzuki font partie de mes préférés de tous les temps.

03. Antena, Camino del Sol 

Un ami m’a donné une copie de l’EP Camino del Sol quand j’étais ado. Je n’en savais pas grand-chose à l’époque mais je l’écoute régulièrement depuis. J’adore leur approche minimaliste et la manière dont ils ont mélangé la musique latino-américaine et la musique électronique. Ils demeurent une sorte de mystère et ça me plaît bien comme ça.

04. Jack Name, Sacred Place

Magic Touch de Jack Name est un excellent album ; j’aurais pu en choisir n’importe quel titre. C’est un tout qui fonctionne de manière très belle, et qui réussit à évoquer à la fois des sonorités familières et nouvelles. L’album a quelque chose d’étrangement reminiscent ; il me rappelle beaucoup de musiques que j’aimais il y a des années tout en ayant un son et un caractère qui lui sont propres.

05. Cleaners From Venus, Time in Vain

La première fois que j’ai entendu parler des Cleaners From Venus, c’était dans un livre écrit par Giles Smith, membre du groupe dans les années 1980. Ils me fascinaient mais je ne pouvais trouver leur musique nulle part (c’était à la fin des années 1990). Quand j’ai réalisé qu’on pouvait trouver des chansons obscures sur internet, c’est le premier groupe que j’ai « streamé » et ils ont plus que dépassé mes attentes. On est encore sur de l’enregistrement fait-maison, puisque ça a été enregistré par Martin Newell sur une cassette 4 pistes dans son salon.

06. The Lovin’ Spoonful, Butchie’s Tune

The Lovin’ Spoonful sortent des clubs de folk et on peut vraiment l’entendre dans leur jeu de guitare. On peut les retrouver – ou en tout cas mon interprétation de leur style – dans certains des albums que j’ai faits au fil des années. John Sebastian a écrit des chansons fantastiques. J’écoute certains de leurs morceaux quand j’ai besoin d’une dose d’énergie.

07. Link Wray, Fire and Brimstone

Le son de Link Wray a changé entre ses premiers albums et cet album homonyme de 1971. Il a été enregistré par son frère dans un abri à poules transformé en studio, surnommé three-track shack [cabane 3 pistes] puisqu’il consistait en un enregistreur cassette 4 pistes (dont une était cassée), quelques instruments basiques et c’est à peu près tout. Ils ont vraiment réussi leur coup avec ce morceau. Pas la peine de préciser que ça ne s’est pas vendu à l’époque, c’était trop loin de ce que les gens attendaient de lui et trop brut pour ces années-là. J’adore le jeu de guitare et la production. Je suis en train de travailler sur quelques nouvelles chansons qui s’inscrivent dans cette tradition.

08. Fugazi, Slow Crostic

Fugazi n’est peut-être pas une influence qui saute aux oreilles à l’écoute de ma musique mais ils font partie de mes classiques et je pense que ça peut s’entendre sur Instrument Soundtrack (enregistré à la maison par Ian MacKaye pour être la bande originale d’un documentaire à propos du groupe). J’ai écouté cet album un soir tard puis j’ai écrit la chanson Black Cloud, qui est dans l’album de Penny Arcade. J’adore leur jeu de guitare et l’approche minimaliste qu’ils ont choisie pour cet album. J’ai beaucoup de respect pour Ian MacKaye et Fugazi.

09. Comet Gain, I Close My Eyes to Think of God

C’est une très belle chanson. Quand j’ai écrit le morceau Dennis, je pouvais entendre l’influence de David Feck me traverser. L’album Realistes de Comet Gain est rempli de bonnes chansons, mais celle-ci en particulier a toujours marché sur moi.

10. England’s Glory, City of Fun

Peter Perett avant The Only Ones. Je l’adore lui et The Only Ones et ne me lasse jamais de ses chansons. Ce titre est une démo qui est sortie bien des années après qu’elle ait été enregistrée. On est évidemment tous les deux (Peter et moi) énormément influencés par Lou Reed.


Backwater Collage de Penny Arcade est sorti sur Tapete Records et le groupe sera en tournée européenne ce printemps.

11 mai : Southend on Sea (UK), Twenty-One
12 mai : Amiens (FR), Chez Bertille
13 mai : Angers (FR), Joker’s Pub
15 mai : Paris (FR), Tony SSD
16 mai : Lyon (FR), Le Sonic
30 mai : Neu-Ulm (GE), Gold
31 mai : Freiburg (GE), Swamp
8 juin : Falmouth (UK), The Underland
21 juin : Coventry (UK), Just Dropped In

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