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Churros Bâtiment, Tendre macaque (autoproduction)

« J’écrirai un livre sur
les vacances de mon enfance,
un chef-d’oeuvre de la littérature,
il y aura 100 000 pages vides »

Après un très bon essai avec Poupard, duo domestique avec son amie Poupard (justement) il y a quelques mois, David Litavicki a rejoint son ami Gheno (peu importe le prénom, il change tout le temps) pour remettre Churros Bâtiment sur le métier. De Grenoble, le duo diffuse ce rock un peu sale, un peu grunge, remis vaguement au goût du jour : des boîtes à rythmes pour bébé, de l’autotune achetée sur le dark web… C’est sauvage, c’est libre, ça gueule (Esclave, hypnotique métal hurlant), ça rigole jaune (Médicaments), ça chante quand ça veut parfois. Le monstre à deux têtes de la capitale du suicide (je ne sais plus qui m’a raconté ça un jour, à cause des montagnes qui enserrent la ville, je ne sais pas si c’est vrai, à vérifier dans Wikipedia) nous envoie dix cartes postales dans la figure, sans adresse et sans timbre, directement dans l’œil. Il n’est donc pas question ici de s’enticher de styles ou d’écoles esthétiques, le groupe enregistre ce qui lui passe par une tête pas très bien faite. Continuer la lecture de « Churros Bâtiment, Tendre macaque (autoproduction) »

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Guided By Voices, Tremblers and Goggles by Rank (Guided by Voices Inc)

Tremblers and Goggles by Rank est sorti au début de l’été. Cette chronique est écrite à la fin de l’été. Il y a donc de fortes chances qu’elle soit obsolète quant à l’actualité de la  discographie du groupe. En effet, Robert Pollard et ses Guided By Voices ont pour vocation d’écrire vite, d’enregistrer encore plus vite et publient un disque tous les six mois. Sans compter les disques solo de chaque membre du groupe… Trentième album du groupe, quatorzième album depuis la reformation de 2016, Tremblers and Goggles by Rank prend la suite de Crystal Nuns Cathedral publié au mois de mars 2022 et poursuit le cycle entamé par Space Gun (2018). À savoir celui de l’excellence donc du mystère. Quel est le secret du groupe ? Comment tenir la corde après avoir enregistré… 500 chansons ? Quelle est leur potion magique ? Qui est leur Panoramix ? Continuer la lecture de « Guided By Voices, Tremblers and Goggles by Rank (Guided by Voices Inc) »

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Baron Fantôme, La nuit fantastique (Throatruiner)

« Je veux être l’ennemi du soleil »

Le punk aux accents new wave semble retrouver une certaine vigueur en ce moment dans les diagonales du vide : avec Hinin ou les Oi Boys en figures de proue, les salles peuvent enfin re-pogoter en Slang tout en hurlant des refrains dynamiques ou la basse se fait porteuse comme jamais. Avec Baron Fantôme, on franchit encore une marche, tout droit vers le caveau. Les guitares se font stridentes, pilotées par des basses lourdes et menaçantes et une rythmique bien gardée. Et surtout, il y a cette voix, bien en avant, à la limite entre incarnation et emphase qui joue dans la reverb. Elle est là, sans fausse pudeur, ni second degré et nous entraîne jusqu’au bout de la nuit. Continuer la lecture de « Baron Fantôme, La nuit fantastique (Throatruiner) »

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Emilie Vabre, Conneries (Le Pli)

« Je vous prie de bien vouloir excuser
mon retard… mental »

Phare flamboyant du petit monde que je me suis recréé autour de la chanson d’ici, Francisco Lopez a entrepris il y a quelques mois une nouvelle mission, Le Pli, du nom de son studio-maison. Le Pli, c’est un réseau qu’il alimente – plutôt par l’ancestrale mais toujours efficace newsletter – en enregistrements, albums, 4-titres, démos, de lui bien sûr, mais aussi de collaborations. Il s’essaie ainsi à un nouveau mode de diffusion, adapté à sa créativité débordante. Pour ceux qui le connaissaient d’avant Le Pli, rien de nouveau sous le soleil tant Flop a construit son œuvre de façon régulière en faisant feu de tout bois, construisant un style à nul autre pareil tout en y insufflant une énergie à chaque fois renouvelée. Il en avait parlé si bien dans le n°3 de Groupie, passant en revue un choix subjectif (le mien) de ses chansons. Continuer la lecture de « Emilie Vabre, Conneries (Le Pli) »

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Laura Veirs, Found Light (Bella Union)

She//In the dark//Found light//Brighter than many ever see

Langston Hughes

Ne pas faire comme si.

L’œuvre de Laura Veirs se nourrit d’autobiographie, et l’infusion de sa vie comme de ses lectures dans ses chansons ne saurait être éludée au nom d’une approche non biographique qui risquerait, dans le présent cas, de manquer la rencontre : Found Light paraît après le divorce de Veirs d’avec Tucker Martine, batteur-producteur couru et à l’œuvre à la réalisation sur tous les disques de l’autrice-compositrice-interprète depuis Carbon Glacier (2004) et Year of Meteors (2005), premiers de ses albums sortis sur Nonesuch/Warner, avec l’exposition correspondante. Continuer la lecture de « Laura Veirs, Found Light (Bella Union) »

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Nick Power, Caravan (AV8 Records)

Enregistré dans une caravane, le premier disque solo de Nick Power des The Coral est publié ces jours-ci pour la première fois en physique via AV8 Records. Un excellent prétexte pour évoquer de nouveau ce joli disque sorti en 2017.

De 2002 à 2007, les The Coral ont enregistré cinq albums. Un disque par an (si les mathématiques ne nous trompent pas). Et quels disques… Sans l’arrogance des Gallagher et sans la malchance des Head, ce groupe de Hoylake a permis aux fans d’Oasis de sortir des années 90 et aux adolescents des années 2000 de retourner dans le passé avec quelques références dans les poches. Mais quel était le secret de jeunesse de ces Scousers ? Comment expliquer ce rythme effréné ? Continuer la lecture de « Nick Power, Caravan (AV8 Records) »

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work_space, workspace (Bandcamp)

Plus que jamais, la passion musicale demeure essentielle et, à la fois, un peu dérisoire. En particulier lorsqu’on se surprend à exercer la même vigilance teintée d’anxiété à guetter les moindres nouvelles, même périphériques, en provenance d’un groupe particulièrement chéri que celle qui s’impose lorsqu’il s’agit de suivre les péripéties terrifiantes de l’actualité du vrai monde. Surveiller Glasgow en général et tout ce qui concerne Teenage Fanclub en particulier avec l’attention que mériterait, seule, l’ébauche d’un troisième conflit mondial : on a beau ne pas être complètement dupe du ridicule de ce genre de dérivatif, il faut bien vivre. Et se réjouir tant qu’on le peut de l’insignifiant : le retour sur scène de Gerard Love en ce début d’été, par exemple – en première partie des concerts locaux de The Bevis Frond et de Michael Head. Ou encore la découverte fortuite de ce premier album de Finlay MacDonald sous le pseudonyme de Wor_kspace. Continuer la lecture de « work_space, workspace (Bandcamp) »

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Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans)

Depuis 2010, Chaz Bundick a publié une demi-douzaine d’albums sous le nom de Toro Y Moi. Porté par la vague Chillwave aux côtés de Neon Indian ou Washed Out, le musicien californien a très vite pris les distances avec le genre et navigué au gré de ses intuitions. Chaque disque constitue alors un instantané de ses marottes personnelles. L’album What For? avait, par exemple, marqué les esprits en 2015 par ses accointances rock seventies et powerpop.  Si Toro Y Moi a annoncé que Mahal était en quelque sorte sa suite, l’album creuse certainement un sillon différent. À bord d’un Jeepney philipin, branché sur un ancestral poste de radio, l’album bourlingue dans les demeures abandonnées d’un rock psychédélique progressif cher à Todd Rundgren, frayant avec le funk des Isley Brothers. Continuer la lecture de « Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans) »