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V/A, Bienvenue au Club 1 (Bienvenue au Club)

S’il m’a fallu du temps pour aborder cette compilation disponible via bandcamp, c’est qu’il y une raison, enfin, plusieurs. Plusieurs pièces d’un puzzle que mon cerveau a mis du temps à assembler, le temps que plusieurs planètes s’alignent. Je vous raconte : d’un côté, une amie me demande quel groupe je ferais jouer dans un grand raout organisé par l’institution pour laquelle elle travaille dans ma ville européenne. Elle me demande si Sinaïve serait ok, je lui dis, en bon crypto impresario qui prendrait un pourcentage au passage (je plaisante, hein), que bien sûr. Mon amie insiste sur le fait que le groupe remplisse des critères de jeunesse et slash ou que ses membres soient inscrits à l’université. Je réfléchis ensuite des heures, des nuits, à quel autre groupe pourrait bien faire l’affaire si jamais le néo trio ne pouvait assurer la date. Panne plus ou moins sèche. Parallèlement, j’échange avec un ami qui s’occupe de la programmation d’une salle de bonne taille dans notre même ville. C’est le privilège de l’âge, pas mal d’amis sont aux commandes, c’est amusant. On échange sur une première partie possible (importante, dont on reparlera) et il me dit, tiens, pour Groupie, tu devrais écrire quelque chose sur Beatrice Melissa, un duo électro pop. Continuer la lecture de « V/A, Bienvenue au Club 1 (Bienvenue au Club) »

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Pierre Gisèle, Distorsion (Flippin Freaks, Safe In The Rain)

Ce n’est pas parce que je n’habite pas à Bordeaux que je vais me priver des conseils du disquaire du coin, Martial de Total Heaven. Un peu de prosélytisme, des rappels pour les étourdis, sur les réseaux, ça ne nuit à personne, la preuve, j’arrive deux mois après la bataille, mais on s’en fiche. L’EP, Distorsion de Pierre Gisèle est sorti fin janvier et je viens juste de tomber dessus. Pierre Gisèle est une chanteuse issue du collectif Flippin Freaks dont j’avais survolé les sorties jusque là sans accrocher, si ce n’est le J’ai raté ma vie du groupe Teeth, parce que ça parle de dentition, et que ça me touche. Continuer la lecture de « Pierre Gisèle, Distorsion (Flippin Freaks, Safe In The Rain) »

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Jacques, LIMPORTANCEDUVIDE (Recherche & Développement)

 

« Quand on m’demande ce que je fais
dans la vie, j’me le demande aussi »

Cher Jacques,

                    Évacuons d’emblée cette histoire autour de ta coupe de cheveux qui peut en incommoder plus d’un : j’ai toujours pensé qu’elle faisait de l’ombre à ta musique, même si elle m’a fait réfléchir à ce que sont les normes physiques et à ce qu’on attendait d’un homme et d’un musicien, la transgression, le rapport au ridicule, tout ça. Je me doute qu’elle te sert aussi à créer une image que tout le monde peut facilement mémoriser et instantanément identifier. Les casques de Daft Punk, les lunettes d’Elton John (je repense toujours à cette fabuleuse fin d’un numéro du Muppet Show dans lequel il était invité, entouré par les marionnettes qui portaient toutes des lunettes multicolores en plumes), les globes oculaires géants des Residents ou, bien sûr, les tonsures des Monks. Mais peut-être que je fais fausse route, peut-être que tout le monde s’en fiche de cette coupe de cheveux, je me dis juste que tu devrais profiter que tu en as, parole de cinquantenaire décati. Continuer la lecture de « Jacques, LIMPORTANCEDUVIDE (Recherche & Développement) »

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Marie Delta, Route de nuit (autoproduit via La Souterraine)

« J’aimerais faire l’amour
dans un appartement vide »

Si je devais créer un sous-ensemble récent des musiques pop synthétiques et hantées, j’y rassemblerais quelques beaux disques parus ces mois-ci : celui d’À trois sur la plage par exemple, ou celui de Rémi Parson. J’y ajouterais ce disque de Marie Delta qui vient de sortir en vinyle après avoir été mis sous les projecteurs par les agents secrets de la Souterraine en avril de l’année dernière. Ils ont tous en commun une simplicité apparente, un flou qui dissimule de fortes personnalités et des paroles qui ne respirent pas forcément la joie de vivre. Une sorte de nouvelle petite vague froide qui se serait débarrassée de ses oripeaux et surtout de ses figures folkloriques encombrantes. Continuer la lecture de « Marie Delta, Route de nuit (autoproduit via La Souterraine) »

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Jokari, Main gauche (Pop Supérette, Another Record, Cheptel)

Un dimanche grisâtre en ce début d’année ne promettait rien d’autre que de voir Jokari en concert, quelque part dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg. Sous la pluie, à vélo, j’essayais de me rejouer les mélodies préférées de l’album CD que je venais de recevoir en provenance de Toulouse, c’est drôle, parce que j’étais persuadé d’avoir commandé une cassette. J’avais pu écouter la musique de Marion Josserand il y a pas mal de temps, sur les conseils d’une amie en commun : Julie, aka Lispector pour laquelle Marion avait joué dans son groupe d’accompagnement sur la tournée Small Town Graffiti. Et c’est vrai que sa musique de chambre (comprendre : peu de moyens, fragilité de la voix, mélodies entêtantes et paroles toutes personnelles de journal intime) m’avait de suite touché. Continuer la lecture de « Jokari, Main gauche (Pop Supérette, Another Record, Cheptel) »

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Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique)

« Au pied de ton immeuble
tu descends tes poubelles

Tes deux mains dans la merde
Je t’attends bouche ouverte

Pour te dire que je t’aime
et avaler celle pour laquelle
j’ai patienté 13 heures devant un HLM

J’aurais préférer aller à H&M »

On ne sait pas trop sur quel pied danser avec ce couple de Grenoble (Poupard, donc : Laurie et David) qui consigne des petites tranches de vie sur 4-pistes (visiblement pour la troisième fois, parce qu’on a pas tout suivi, il faut bien l’avouer). Une étonnante chanson faussement réaliste piano-voix qui fait mouche en préambule (Le pont de ma jeunesse), des séquences de talk over sur un petit mur de son qui galope (l’adorable et effrayant Coma où un fil  semblerait pouvoir se tisser naturellement avec Bambi de Diabologum période Palladium Rock  ou Heaven Boulevard, par exemple), un duo garçon-fille forcément réussi (Pendant des mois), pas parce que c’est, en grammaire pop, mon exercice favori, mais parce qu’on dirait une version disloquée d’un duo Jacky-Lio qui me colle à la peau en ce moment, Un flic au coeur tendre  concourant, lui, au prix du plus mélancolique hommage à nos génériques télé des années 80 (entre Cosma et De Roubaix). Mais vous n’étiez pas nés pourtant ? Vous connaissez Kojak, sérieux ? Continuer la lecture de « Poupard, Cérémonie Malgache (Choléra Cosmique) »

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Clara Le Meur, Hier à la plage (Le Syndicat des Scorpions)

« T’as fait un glitch dans mon cerveau,
je n’arrive plus à trouver les mots,
je mets de la reverb sur le loop,
pour brouiller les pistes »

Et s’il suffisait de deux chansons pour bien commencer cette année 2022, deux chansons très belles diffusées sur la cassette de Clara Le Meur, parue le 26 décembre 2021, l’idée parfaite pour passer inaperçue aux yeux du monde, mais c’est un projet comme un autre après tout. Il s’agit d’abord de T’as fait un glitch située sur la face A : mini précis de la journée de la musicienne amoureuse où tout se mélange. Mode d’emploi et enregistrement, sentiments, confusion entre les deux et synthèse dans la chanson de 02’40, comme un Electrelane au ralenti, privées de ses guitares, avec ses harmonies vaporeuses et émouvantes. Continuer la lecture de « Clara Le Meur, Hier à la plage (Le Syndicat des Scorpions) »

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Hicks & Figuri, Sayonara Muchacho (Herzfeld)

Hicks & Figuri

« There’s nothing wrong about you
The blues is always right
There’s nothing else you can do
When the blues run wild
Falling in love
Makes the blues run wild »

On pourrait avec un plaisir d’archéologue patenté s’amuser à dresser la liste longue comme dix bras des apparitions de Pierre Walter ces vingt dernières années, depuis son apparition publique sous le nom de Spide pour le label Vergo jusqu’à son deuxième album pour Herzfeld par l’intermédiaire de son alias Hicks & Figuri (j’évoquais déjà le précédent LP, Navaja dans ces colonnes). On le fera sans doute un jour, rien ne presse, et Discogs prendra sa fessée, on vous le promet : projet mystérieux, inconnus, non aboutis, parus en micro quantité sur des micro labels, caché dans des groupes derrière d’autres musiciens, on ne peut pas dire que l’auteur-compositeur-interprète se soit un jour économisé. On peut même dire qu’il joue avec le feu, qu’il arrive même qu’il se brûle sur les flammes de sa production massive de chansons miniatures, toujours à peu près les mêmes, qu’il tisse la journée, pour les défaire la nuit venue, et les remettre sur l’ouvrage le lendemain, telle Pénélope attendant son Ulysse, sous la forme de plus en plus parfaite de LA chanson. Continuer la lecture de « Hicks & Figuri, Sayonara Muchacho (Herzfeld) »