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Suede – Still Life

Discographie commentée par le groupe à l’occasion de la sortie d’un nouveau Best Of et de l’annonce de dates en 2021 pour les 25 ans de « Coming Up »

Il n’en faut pas beaucoup pour que les souvenirs affleurent. Cet automne, la réédition d’une compilation de b-sides – See You In The Next Life (2004) – à l’occasion du Disquaire Day puis la sortie d’un nouveau Best Of – Beautiful Ones – et l’annonce simultanée de quelques dates commémoratives au printemps 2021, afin de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de Coming Up, 1996 ont suffi. Il y a eu cette première vie, glorieuse et fascinante et ces trois premiers albums qui confortent un peu plus chaque année leur statut de classique. Et puis le déclin, l’éclipse provisoire avant un retour en 2013 sur lequel on n’aurait pas misé plus de quelques pennies et qui, pourtant, n’est dépourvu ni de panache ni de pertinence. Un pas en avant, un coup d’œil en arrière :  c’est ainsi que Suede a décidé de durer. C’est en janvier 2016, pour évoquer la sortie de Night Thoughts, une œuvre dense et arrangée qui confirmait le regain de forme inattendu du groupe, que l’on avait évoqué les fleurons majeurs de cette discographie avec Brett Anderson et son inamovible bassiste Mat Osman. Continuer la lecture de « Suede – Still Life »

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Robert Wyatt, His Greatest Misses (Domino)

Toutes les occasions sont excellentes. Celle-ci tout autant que les précédentes – l’exploration d’un fragment de discothèque confinée pour célébrer, quand même, le retour du printemps en réécoutant At Last I’m Free (1980) ; la republication pour le Disquaire Day automnal de Summer Into Winter (1982) cosigné avec le jeune Ben Watt, évoqué il y a peu ici. Plus que toute autre – en tous cas, davantage que beaucoup – l’œuvre de Robert Wyatt est de celle qui se prête volontiers aux plaisirs de la redécouverte, vierge de toute balise trop convenue tant elle semble, à chaque fois, s’échapper de toute part vers l’Inouï. Et force est de constater qu’elle confère encore l’envie d’écouter et d’écrire. Continuer la lecture de « Robert Wyatt, His Greatest Misses (Domino) »

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Juniper, Juniper (Fabcom ! Records)

juniperD’abord, il y a Juniper Shelley. Au premier plan. Elle est âgée d’une quinzaine d’années à peine.  » Elle chante depuis aussi longtemps qu’elle – ou que quelqu’un d’autre – s’en souvienne «  lit-on dans une biographie forcément brève. Cela laisse déjà entendre que sa précocité a eu des témoins et qu’ils ont été attentifs : c’est très important. Mais on y reviendra. Juniper a publié il y a quelques mois un premier album, celui d’une jeune fille de quinze ans, bien élevée, mais pas trop. Elle y interprète –et y compose même quelques fois –  des chansons à la fois de son âge et d’un autre, plus ancien : des fragments d’adolescence poisseux comme du bubblegum, des chroniques méditatives sur les garçons, la vie de collège et la musique, où la candeur des sentiments, exprimés avec une sincérité qui ne se targue jamais d’être pure, n’exclut pas des traits de génie d’une implacable lucidité – Kids On My Corner, portrait drôle, à la fois impitoyable et attendrissant, des groupes qui trainent dans les garages des environs. Continuer la lecture de « Juniper, Juniper (Fabcom ! Records) »

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Ian Skelly, Drifter’s Skyline (Silver Songs) / Paul Molloy, The Fifth Dandelion (Spring Healed)

Ian Skelly Paul Molloy

Comme toujours, dans ces cas-là, on commence par parler d’albums solo. « C’est pas faux », comme dirait l’autre, histoire de laisser entendre que l’on a, justement, rien compris d’essentiel. Plus que jamais, l’expression apparaît comme une commodité de langage qui ne restitue rien d’exact, ni de vraiment fidèle au contenu des deux œuvres ou à l’intention manifeste qui les anime. Deux membres émérites de The Coral ont, certes, publié coup sur coup deux albums estivaux signés de leurs noms propres. Pourtant, à les écouter, il semble difficile d’y entendre les velléités de ruptures et d’émancipation communément associées à ces prises d’autonomie discographique. Continuer la lecture de « Ian Skelly, Drifter’s Skyline (Silver Songs) / Paul Molloy, The Fifth Dandelion (Spring Healed) »

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Clip : Solaris Great Confusion, Traffic Jam (Mediapop Records)

Solaris Great Confusion
Solaris Great Confusion / Photo : Christophe Urbain

En excellente compagnie – Elise Humbert au violoncelle, Yves Béraud à l’accordéon, Aurel Troesch aux guitares, Jérôme Spieldenner à la batterie, Foes Von Ameisedorf à la basse et Jacques Speyser aux chœurs – Stephan Nieser alias Solaris Great Confusion s’apprête à publier un deuxième album de folk élégant et plein de nuances acoustiques subtiles, Untried Ways. Comme en témoigne ce deuxième extrait, où les contrepoints du violoncelle, les arpèges des guitares et les bruissements des balais s’accordent parfaitement à la trame rêveuse de la mélodie, c’est encore une fois à l’Est – le grand, of course – que le soleil finit par se relever.

Untried Ways, le second album de Solaris Great Confusion sortira le 23 octobre chez Mediapop Records.

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Martin Phillipps : « J’ai été un des derniers à pouvoir vivre mon rêve »

Réédition de deux chefs d’oeuvre de The Chills. Le seul membre original a avoir survécu aux 15 line-ups du groupe en parle.

Martin Phillipps
Martin Phillipps

L’ascension, bientôt suivie de la chute. Le succès, dont on s’approche au plus près et qui corrompt. Le mythe d’Icare recyclé dans l’univers impitoyable de l’industrie culturelle. La structure de ce récit est bien connue. Elle imprègne très largement la construction dramatique de The Chills : The Triumph And Tragedy Of Martin Phillips (2019) ce documentaire souvent bouleversant, réalisé par Julia Parnell et Rob Curry et qui retrace pas à pas l’anti-carrière et les drames plus intimes de Martin Phillipps, songwriter néo-zélandais fragile et génial, qui conduit tant bien que mal depuis près de trois décennies le destin fluctuant d’un groupe au sein duquel se sont succedés plus d’une vingtaine de membres. Les narrateurs s’attachent notamment à situer le point de bascule le plus décisif au tout début des années 1990. Tout pile entre deux albums presque jumeaux, et simultanément réédités en vinyle par Fire Records sans aucun inédit pour fausser les impressions d’origine. Submarine Bells (1990) et Soft Bomb (1992).  Continuer la lecture de « Martin Phillipps : « J’ai été un des derniers à pouvoir vivre mon rêve » »

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Oddfellow’s Casino – Potion magique

Oddfellow's Casino
Oddfellow’s Casino

Vingt ans. Pas moins. Répétons-le une fois, au moins, pour en prendre toute la mesure : vingt ans que David Bramwell, seul maître à bord d’un vaisseau taillé par ses propres soins à la dimension de ses compositions étincelantes et méconnues, navigue dans les eaux les plus secrètes de la pop britannique. Depuis les rivages de Brighton, ce dandy touche-à-tout, écrivain, druide de fraîche date, et laborantin pour la BBC à ses heures pas si perdues, n’a eu de cesse de contempler les paysages embrumés d’une Angleterre mi-réelle, mi-fantasmée et dont il excelle à restituer en chansons les mystères poétiques. Sans rompre le fil continu d’une œuvre désormais considérable, Burning ! Burning !, septième album publié en plein cœur du mois d’août, prouve une fois de plus à qui aura le bonheur de l’entendre que Bramwell excelle dans l’art délicat de la rêverie musicale mélancolique et raffinée où, comme chez ses maîtres Mark Hollis et Robert Wyatt, les arrangements savamment dosés et les respirations silencieuses confèrent tout leur relief à des mélodies d’une délicatesse admirable. Mieux encore : afin de célébrer dignement ses deux décennies de passion musicale, il précise dans la foulée que cette nouvelle collection constitue, en réalité, le premier volet d’un triptyque déjà enregistré et dont la suite et la fin  s’enchaîneront dès l’automne. Autant de prétextes bienvenus pour profiter de l’occasion festive et engager avec lui la discussion, tout aussi captivante et riche de surprises que ses chansons. Continuer la lecture de « Oddfellow’s Casino – Potion magique »

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Cry Babies, Running In The Outer Space (In Fact !)

Tout l’été, les albums qui ont échappé aux radars des plateformes de streaming.

La power-pop – puisque c’est une fois encore d’elle et de ses évangiles dont il s’agit ici – n’a jamais eu très grosse cote, encore moins dans sa version originale, au beau pays du Yéyé. Prenez My Sharona de The Knack, par exemple : la France demeure à ce jour le seul pays où il aura fallu attendre 2004 et une adaptation façon grosse poilade de Michaël YounComme Des Connards – pour que le tube le plus universel du genre s’impose au sommet des charts. A défaut de pouvoir ici décrypter les fondements cachés de cet atavisme paillard, force est de constater qu’il n’y a que dans l’Hexagone où les très rares exemples de diffusion massive de cette forme musicale pourtant profondément accessible ont systématiquement dû emprunter les chemins dévoyés de la gauloiserie en VF. Continuer la lecture de « Cry Babies, Running In The Outer Space (In Fact !) »