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Lonny, Ex-Voto (Horizon)

Lonny, Ex-VotoDès le premier coup d’œil, sans même en avoir écouté la moindre note, il y a des disques dont on devine qu’ils ne vont pas nous décevoir. Dont on devine qu’on va en tomber amoureux. Des disques où il n’y aura pas de chansons qui mentent, de chansons qui prennent la fuite sans crier gare, de chansons qui s’étirent pour mieux cacher le vide.

Au départ, il y a donc une pochette. Une peinture, un portrait façon plan américain – découvert un matin de peu de lumière au détour d’un post par le graphiste responsable de ce petit miracle. Un portrait qui est celui d’une jeune femme, dont le regard grisé et la bouche légèrement entrouverte laissent entendre qu’elle est perdue dans ses pensées – et pas forcément roses, les pensées. Au départ, il y a aussi un titre. Ex-Voto, un joli mot parce qu’après tout, au-delà de sa consonance religieuse, il symbolise l’espoir – l’espoir que certains vœux, parait-il, finissent par s’accomplir. Ce sont ces signes-là qui font qu’on se dit que “ce disque-là, il est pour moi”. Continuer la lecture de « Lonny, Ex-Voto (Horizon) »

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IndieSide, l’élégance vraie

Montse, l’auteur, Luis, Antonio Luque et quelques autres, un soir de mars 1995 / photo : Nathalie Paco

Si beaucoup d’entre nous sont devenus avec le temps familiers de la Movida, peu savent qu’au début et au mitan des années 1990 la scène indépendante espagnole a connu une effervescence assez folle, où le bruit, les mélodies, les structures indie, la techno intelligente et la mélancolie fricotaient avec candeur et insouciance… Un joli projet de livre de photos a pour ambition de rappeler tout cela. Continuer la lecture de « IndieSide, l’élégance vraie »

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The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS)

Dos by The ParrotsLa dernière fois que j’ai vraiment prêté attention à leurs chansons, c’était en 2019, dans la moiteur d’un été madrilène, pendant un festival où je m’étais rendu avec une femme pour voir The Cure. Je ne connaissais pas grand-chose de ces gars-là : une reprise très addictive d’un hit reggaeton (!) – Soy Peor, le temps d’une version à faire passer les Happy Mondays pour les Petits Chanteurs à la Croix de Bois –, des accointances avec les filles de Hinds – voir et revoir le clip de Davey Crockett (une reprise de Thee Headcoats, je le précise car sinon Etienne et Bertrand, parmi les meilleurs d’entre nous, pourraient avoir envie à très juste titre de me casser le figure alors que je suis plutôt un pacifiste) – et le fait qu’un ami pour la vie était tellement persuadé de leurs talents qu’il s’est entiché de leur destinée – et cet ami-là s’est rarement trompé pour ces choses-là (et pour d’autres aussi). Continuer la lecture de « The Parrots, Dos (Heavenly Recordings / PIAS) »

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The Reds Pinks & Purples, Don’t Come Home Too Soon (Tough Love Records)

Il y a des groupes comme ça. Des groupes qui sont comme taillés sur mesure, des groupes dont on sait déjà qu’ils ne nous décevront pas – et entre nous, il n’y a que des groupes pour réussir ça. Xavier, l’ami qui m’a fait écouter les chansons de ce type-là pour la première fois (parce que oui, pour celles et ceux qui n’auraient vraiment pas suivi, cette histoire, c’est avant tout l’histoire d’un homme seul, Glenn Donaldson), aurait sans doute résumé tout cela mieux que moi, aurait bien mieux dit la fausse légèreté de ces mélodies qu’on connait par cœur avant même de les avoir écoutées… Mais voilà, Xavier n’est pas là et c’est à moi de rappeler que justement, en matière de cœur, The Reds, Pinks & Purples ne fait jamais les choses à moitié, comme sur ce nouveau single à peu près parfait pour ponctuer l’été indien et annonciateur d’un quatrième album à paraitre le 4 février 2022.

The Reds Pinks & Purples, Summer at Land's End

Alors, en trois minutes et treize secondes (environ), quand bien même on s’était juré qu’on ne se laisserait plus prendre, Don’t Come Home Too Soon (ce titre, une fois encore) porte haut les couleurs de la mélancolie en donnant une idée assez précise de comment auraient pu sonner certaines des plus belles chansons de The Field Mice (toutes, donc) reprises par St. Christopher. C’est vous dire la splendeur des ébats.


Don’t Come Home Too Soon par The Reds Pinks & Purples, premier single du nouvel album Summer at Land’s End, sortie le 4 février 2022 chez Tough Love Records.

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Gamine, Voilà les anges (Barclay, 1988)

C’est fou comme certains disques sont liés à une époque, à un lieu, à une image, même si on les a écoutés longtemps après toutes ces scènes-là, même si on les écoute encore aujourd’hui – pour preuve, ma fille reconnait le groupe dès les premiers accords de cette chanson parfaite qu’est Les Gens sont Si Bizarres. Et puis, c’est Biarritz, l’été 1989, la R5 rouge et la cassette en boucle, Nathalie au volant parce qu’en bon Parisien (ou tout comme), “on n’a pas besoin du permis”. Les histoires qu’on inventait parce que nous étions toujours ensemble sans même être un couple (“Oui, nous sommes cousins”), les allers et retours aux plages d’Anglet, les verres partagées sur le Port des Pêcheurs, au Big Ben, les nuits au Play Boy, les serviettes posées sur la Grande Plage pour se remettre de la soirée de la veille, les siestes sous le soleil exactement, les sandwichs du Milk Bar, les parties de Badminton du samedi soir – j’ai encore la raquette que Nathalie m’a offerte pour ma fête, un 21 août, et je crois bien que c’était cet été-là. Continuer la lecture de « Gamine, Voilà les anges (Barclay, 1988) »

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Blind Test Ian McCulloch (2001)

Ian Mc Culloch
Ian Mc Culloch / Photo Alex Hurst

C’est Michel qui a envoyé le message à la fin du mois de septembre : “Réservez votre soirée du 9 novembre”. Je n’ai compris qu’un peu plus tard qu’il parlait de l’année 2022. Car ce soir-là, dans la ville à côté de laquelle Hervé, Michel et moi vivons (mais pas ensemble) montera sur la scène de La Coopérative de Mai un groupe pas tout à fait comme les autres.
Pour certains adolescents des années 1980, Echo & the Bunnymen, ça a été quelque chose. Parce que parmi les groupes dont nous nous sommes entichés mes amis (mais ce n’était pas encore Michel et Hervé, c’était Laurent, Gilles, Thierry, puis Giuseppe, Vincent, Bruno, Christophe…) et moi, il a toujours eu une aura un peu différente. Sans doute parce que chacun d’entre nous aurait bien aimé ressembler à l’un de ces musiciens qui avaient tous une classe folle – même si le chanteur avait un don certain pour toujours choisir des chaussures un peu ridicules ; sans doute parce que ce groupe n’est jamais devenu aussi populaire que d’autres groupes que nous chérissions alors (et que oui, c’est vrai, nous chérissons toujours) et que nous avions donc un peu l’impression d’être des privilégiés ; sans doute parce qu’il y a eu ce concert diffusé aux Enfants du Rock, ce concert du 18 juillet 1983 au Royal Albert Hall de Londres ; sans doute parce que c’est ce soir-là, devant la télé, qu’on a entendu pour la première fois l’une de ces chansons dont on a su tout de suite qu’on ne se lasserait jamais (même après avoir été massacrée par Pavement), une chanson dont même le titre est parfait : The Killing Moon. Sans doute parce qu’on trouvait les interviews de Ian McCulloch, grande gueule du nord à l’humour décapant et au second degré enivrant, aussi drôles que géniales ; sans doute parce qu’il y a eu ce concert merveilleux au Grand Rex, à l’automne 1987 je crois ; sans doute parce que ça été le premier groupe de cette génération-là à publier une compilation de singles, Songs To Learn And Sing, et que toutes les chansons choisies étaient géniales ; sans doute parce qu’il y a eu la tristesse immense à l’annonce du décès soudain du batteur Pete De Freitas – et que pour la première fois, un musicien d’un groupe qu’on adorait disparaissait… Continuer la lecture de « Blind Test Ian McCulloch (2001) »

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Bonnes feuilles : Rosario Ligammari, “Buongiorno Pop” (Le Mot Et Le Reste)

Lucio Battisti
Lucio Battisti

Pas la peine de tourner autour du pot, je ne connais pas grand-chose à la pop italienne. Un single par ci, un album par-là, Litfiba grâce aux années new-wave (et tenez, penser à réécouter Istanbul ce matin même), Lucio Battisti grâce à Fabio Viscogliosi, les tubes des années adolescentes (Sarà Perché Ti Amo, Ma Quale Idea), les abonnés aux succès (Umberto Tozzi, Eros Ramazzotti, Zucchero), les quelques mots de Lio dans Week-End À Rome, Battiato grâce à Phœnix et puis le tour n’est pas loin d’être joué – en trichant, j’ajouterais bien Paninaro des Pet Shop Boys. Continuer la lecture de « Bonnes feuilles : Rosario Ligammari, “Buongiorno Pop” (Le Mot Et Le Reste) »

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Johnny Jewel via son label Italians Do It Better reprend 20 titres de Madonna

Italians Do It Better Johnny Jewel Madonna

Je crois que pour certains d’entre nous (plus que pour certaines sans doute), elle a été l’artiste qu’on a haï adorer… C’était une autre époque. Celle des clans et des tribus, des propos imbus et des affrontements. Robert Smith avait beau avoir arboré sur scène un tee-shirt à l’effigie de Marilyn – sur la tournée Faith, en 1981 –, la blondeur de celle qui était présentée comme son héritière (courbes obligent) détonnait trop parmi les oripeaux noirs qui garnissaient l’essentiel de nos garde-robes. Ça et puis la musique bien sûr, ces hits synthétiques et ces refrains aussi roses que des chewing-gums qui collaient inlassablement aux tympans. Alors qu’on avait érigé le spleen en idéal, Madonna chantait en esquissant des pas de danse aussi affriolants que ses hits, arborait une moue boudeuse mais toujours avec un sourire au coin des lèvres et faisait en fait tourner pas mal de (nos) têtes – et oui, on montait souvent le son de la radio quand un de ses morceaux était diffusé (surtout à partir de 1985 et d’Into the Groove). Continuer la lecture de « Johnny Jewel via son label Italians Do It Better reprend 20 titres de Madonna »